Mavinga ma Nkondo Ngwala, artiste peintre
En 1945, la famille retourne à Matadi, mais pour peu de temps, car des émeutes sociales y éclatent, obligeant sa famille à se réfugier au village. En 1947, Mavinga revient à Matadi et entre à l'Ecole Saint-Alphonse dirigée par les frères des Ecoles chrétiennes qui pressentent déjà sa vocation artistique au désespoir de son père qui le destine à l'agronomie.
En 1953, à la suite d'un concours de dessin qu'organise chaque année l'Ecole Saint-Luc de Kinshasa, Mavinga se voit primé et sélectionné. A l'insu de son père qui se trouve alors en mer, Mavinga quitte Matadi et entre à l'Académie des Beaux-Arts (Saint-Luc) de Kinshasa, dirigée à cette époque par le très révérend frère Marc Wallenda. Il s'inscrit dans la section Peinture et Art décoratif. Diplômé du cours supérieur en 1961, il est chargé du cours de dessin figuratif successivement à l'Ecole Saint-Georges de Kintambo et à la Colonie scolaire de Boma avant d'être rappelé à l'Académie des Beaux-Arts en 1962 pour dispenser les cours de croquis, peinture et illustration. |
Le gouvernement belge lui accorde en 1967 une bourse qui lui permet d'effectuer un stage à l'Ecole Saint-Luc de Liège. En 1971, à son retour de stage, il est promu assistant à l'Académie des Beaux-Arts qui vient d'être intégrée au sein de l'Université nationale du Zaïre (UNAZA). En 1975, il devient chef de travaux et assume les fonctions de chef du département Peinture. En 1981, il est chef de section. Mavinga compte à son actif plusieurs expositions et une multitude de voyages. 1958 : exposition à l'hôtel Métropole de Matadi avec le grand peintre Nkusu; 1959 : à l'hôtel Mangrove à Moanda; 1965 : au musée de la Vie indigène et au Collège Albert Ier, puis, dans le cadre du Festival mondial des arts nègres à Dakar, par un envoi; 1967 : à l'Université Lovanium lors du Congrès des médecins; 1968 : à Bruxelles, sous le patronage de Théo Verwilghen; 1970 : à Kinshasa, à l'occasion de la visite officielle du roi des Belges ; 1973 : au troisième congrès extraordinaire de l'AICA à N'Sele; 1974 : à la Foire de Lausanne (55e Comptoir suisse); 1975 : à la Foire de Paris; 1977 : au Festival mondial des arts nègro-africains (FESTAC) par un envoi; 1978 : aux Foire de Bâle, de Bruxelles et de Paris; 1979 et 1983 : à la Belgolaise à Bruxelles; 1980 : exposition des avant-gardistes (Grand Atelier) à Kinshasa. Peintre très personnel, Mavinga aime affirmer son indépendance vis-à-vis de toute influence extérieure. Son secret réside dans son extrême sensibilité. "Quand je peins, avoue-t-il, il ne s'agit pas de me laisser impressionner par ce que je vois, mais d'exprimer ce que je suis et pense". Sur un fond qui est resté sagement académique, il exprime les lieux communs de la voie traditionnelle avec une fine psychologie que sert une palette tantôt lumineuse et chaude, tantôt obscure et froide. Il est très marqué par les événements qui, d'une façon ou d'une autre, influencent son existence comme ce fut le cas en 1981 avec la perte de son épouse. Ses thèmes de prédilection sont les scènes religieuses, la maternité, l'amour et le flirt, le marché et la vie au village. Sur ses personnages transpirent l'angoisse, l'inquiétude, l'interrogation permanente; le tout part de l'Afrique, sa terre natale. Les oeuvres de Mavinga peuplent les collections tant officielles que privées aussi bien au zaïre qu'à l'étranger. Il a eu à collaborer dans des productions remarquables avec des céramistes et des batteurs de cuivre. On peut citer à Kinshasa la dalle en céramique du building de l'Institut national de la sécurité social (INSS), les céramiques et les cuivres monumentaux à l'aéroport international de n'Djili et, à Gbadolite, les fresques murales à l'hôtel Nzekele. D'un esprit alerte, aimant la discussion sur l'art, Mavinga se signale par des prises de position qui sont le reflet d'une réflexion et d'une pensée profondes. Il est présent aux différents forums, notamment au Colloque national sur l'authenticité organisé en septembre 1981 par l'Union dse écrivains zaïrois à N'Sele. Avant-gardiste de première heure, Mavinga est aussi membre associé de l'AICA/Zaïre. Plusieurs écrits et travaux de recherche ont déjà été consacrés à la vie et à l'oeuvre de Mavinga – notamment des travaux de fin d'études à l'ABA. |