Liyolo Limbé M'Puanga, sculpteur

C'est une petite localité d'ivoiriers et de sculpteurs de bois, Bolobo, dans le Bandundu, qui a recueilli le premier souffle de Liyolo Limbé M'Puanga le 30 mai 1943.

Petits-fils d'un célèbre chasseur d'hippopotames et fils de l'ivoirier M'Puanga, il fréquente très tôt les ateliers de ses aînés avant d'entreprendre en 1952 ses études primaires à Brazzaville. Sa passion innée pour le dessin le conduit tout naturellement à l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa où, après ses études du degré moyen, il obtient son diplôme de sculpteur. Puis, de 1962 à 1963, il enseigne le dessin dans une école de Kintambo.

La vente d'oeuvres en ivoire sculptées de ses propres mains et de quelques cartes postales lui permet de réunir une somme suffisante pour aller en Autriche, en 1963. 

Là, il est admis, après concours, à l'Ecole des arts appliqués de Graz. Ses talents éclatent rapidement au grand jour et lui donnent l'occasion de passer à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne dans la classe des maîtres sculpteurs sous la direction du maître Wander Bertoni. Il décroche son diplôme de maîtrise en sculpture et un grand prix de cette Académie en 1969. Auparavant, en 1968, il a épousé Mlle Friederike Gessl, une Autrichienne en compagnie de laquelle il affrontera, de retour au pays, une passionnante aventure artistique.

A la faveur d'une rencontre en Autriche avec le général Mobutu, président de la République, qui l'invite à rejoindre son pays pour contribuer à l'essor de l'art zaïrois moderne inspiré et soutenu par lui, Liyolo rentre au Zaïre en 1970. Il est nommé assistant à l'Institut supérieur des arts plastiques, Académie des Beaux-Arts ; puis, directeur des études. En 1974, il devient secrétaire académique, fonction qu'il assume jusqu'au 4 août 1986, date à laquelle il est porté, par ordonnance présidentielle, à la tête de l'Académie des Beaux-Arts en tant que directeur.

L'oeuvre de Liyolo est aussi abondante que variée. Ses sculptures monumentales et autres, influencées au début par l'art occidental, acquièrent progressivement leur originalité en s'inspirant des styles filiformes du terroir. Liyolo évolue dans un naturalisme expressif ne négligeant ni le charme des formes ni l'élégance des lignes.

A la suite de ses expériences européennes, il réalise quelques oeuvres abstraites de bonne qualité. S'il ne paraît pas poursuivre cette voie, il en a hérité le souci d'une stylisation libre du corps humain dont le bonheur s'observe surtout dans les petits groupes en métal. Parmi ses meilleures créations, on peut retenir les diverses " maternités " , les "musiciennes " , les "couples ", l'Oeil de Dieu, l'Entente, la Voix du Zaïre, la Penseuse, Paix et Bénédiction, Symphonie, Noé, l'Envol, la Nymphe… Deux de ses monuments érigés à Kinshasa ont désigné Liyolo à l'attention du public : le Militant de la N'Sele et le Bouclier de la Révolution qui domine le mont Ngaliema.

Travailleur infatigable, Liyolo parvient à se doter d'ateliers de grande capacité, équipés d'outils modernes et installés dans son domaine du mont Ngafula, véritable joyau d'architecture et d'horticulture. On y retrouve notamment une section de Céramique, une section de Sculpture en métaux divers et une section de joaillerie. Deux belles galeries, montées de sa propre initiative chez lui et en ville, offrent l'occasion aux amoureux de l'art de venir se régaler des oeuvres du sculpteur et d'autres artistes zaïrois et étrangers de renom.

Grand voyageur, il a l'occasion de présenter ses créations dans de nombreux pays dont la Tunisie (Festival de la jeunesse et du sport en 1973), la Suisse (Foire internationale de Lausanne en 1973, Comptoir suisse de Lausanne en 1974, Festival de Bâle en 1978,

Foire de Berne en 1982), la France (Exposition des avant-gardistes zaïrois à Paris en 1975 et 1978, au Louvre en 1982), la Belgique (Exposition de Bruxelles en 1978, de la Banque Belgolaise à Bruxelles en 1979 et 1983), la Yougoslavie (symposium " Marbre et son " à Arandjelovac en 1976), le Nigeria (deuxième Festival mondial des arts négro-africains de Lagos en 1977), les Etats-Unis d'Amérique (Exhibition of Contemporary African Modern Arts à Washington en 1977, Los Angeles en 1979), le Canada en 1980, le Chili (par un envoi à la Biennale de Valparaiso en 1980).

Il prend part en 1985 à la foire de la GIFA à Dusseldorf et tient deux grandes expositions à Paris en 1986, respectivement à l'UNESCO et avenue Kléber, à l'occasion du sommet des chefs d'Etat d'Afrique et de France. La même anée, il expose pour la première fois en Afrique, à Yaoundé au Cameroun.

Homme d'idéal, Liyolo s'est toujours préoccupé de porter bien loin le f1ambeau de la révolution de l'art zaïrois contemporain dont il se veut l'ambassadeur. Sa volonté de la recherche d'un art authentique dans son pays l'amène à adhérer, dés sa création, au groupe des avant-gardistes.

Naturellement, son oeuvre et ses idées n'échappent pas aux controverses qui alimentent les débats des critiques. Trois albums abondamment illustrés et contenant des textes riches, des travaux de fin d'études de graduat ainsi que de nombreux articles de presse tant au Zaïre qu'à l'étranger ont déjà été consacrés à ce grand sculpteur qui jouit de la considération de son peuple et des hommes d'autres horizons.

Relevons enfin que Liyolo a bénéficié de nombreuses décorations en raison de ses mérites. Nous citerons en substance : les médailles de mérite des Arts, Sciences et Lettres (en bronze, en argent et en or), l'incorporation au sein des ordres nationaux du Léopard dont il est le commandeur après avoir été chevalier et officier, le premier prix de sculpture des Vingt Ans de la Deuxième République ; il est membre de la Pléiade de l'Association des parlementaires des pays d'expression française.

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