Portrait d'un danseur contemporain « made in Congo »: DAVID KAWAMA KAZEMBE

AFRICARE
"Illustration

 Cette saison s'ouvre avec le spectacle Africare de Lorent Wanson dans lequel apparaissent 6 acteurs congolais qui parlent, dansent et jouent les témoignages sur les atrocités de la guerre et où des guerres subit par le peuple congolais depuis la fameuse « libération ». Ce spectacle se déroule dans le cadre de Yambi, la grande rencontre culturel entre la Wallonie et le Congo.

Fasciné par sa passion pour la danse contemporaine, nous avons voulu échanger avec lui sur cet art au Congo, en marge du spectacle qui l'a amené en Belgique. La danse contemporaine est une forme de danse libre et très avant gardiste et difficile à comprendre quand on est pas outillé. Le resultat des créations peut-être très beau ou catastrophique, selon le public. Au contraire de la danse classique, la danse contemporaine est une invitation à la découverte, à l'ouverture d'esprit et à l'imagination. Commment se fait-il qu'un jeune congolais se retrouve dans un courant pareil? Comment vit-il son art ou le pratique-t-il?

David Kawama nous explique que la danse contemporaine est un don. Il dit être un danseur né, comme bon nombres de congolais. Il a su intégrer cette danse dans son cursus professionnel. Passion et connaissance ont fort influencé son choix.
La danse contemporaine souffre au Congo de la concurrence des danses populaires. Or, elle est un mélange des danses modernes, classiques, folkloriques et de l'inventivité du danseur. Une des difficultés d'éclosion de cette danse à Kinshasa, c'est son côté avant gardiste. On peut danser sans musique rythmée : crépitement d'un feu de bois, chant d'oiseau. Or, le public congolais apprécie une danse sur fond d'une mélodie. Il se réfère à la mélodie pour apprécier le déhanchement du danseur.
En plus, c'est une musique méconnue, qui est pratiqué par trois compagnies sur toute l'étendue du Congo.
Les troupes qui sont connus, font du ballet et de la danse traditionnelle. Il arrive aux groupes folkloriques de passer dans des écoles, et de gagner des sous, de faire des spectacles. Mais la danse contemporaine étant incomprise dans certaines mentalités cela ne passe pas.
Les pratiquants de cet art en son réduit à créer des spectacle et pratiquer leur art de manière bénévole. Les seuls qui manifestent un intérêt pour cet art sont les expatriés dont les organisateurs de Yambi. David a été retenu comme acteur dans le spectacle de Lorent Wanson « AFRICARE ». Pour lui c'est une opportunité qui lui permet de vendre son art, de se faire connaître, et de sortir du ghetto avec l'espoir de susciter un intérêt pour son propre travail, ses propres créations.

AFRICARE
Mise en scène et conception générale Lorent Wanson, assisté de José Bau, Adolphe Iragi, Eric Yakuza, Wedou Wetungani, David Kawama Kazembe et Karine Kapinga. Lumières Guy Simard et Manu Yasse. Scénographie Daniel Lesage. Chorégraphie Jacques Bana Kanga .

Fruit d’un travail d’immersion de longue haleine dans les réalités congolaises d’aujourd’hui (Kinshasa, Bukavu, Kisangani), Africare s’est nourri de rencontres avec des comédiens, danseurs, chanteurs, musiciens, griots,… Pas de message à donner, pas de thématique, mais un travail en contrepoint du mythe d’Icare. Une manière de théâtraliser les différents labyrinthes et défis auxquels doit faire face cette population magnifique, forte, enthousiaste. «Notre rapport européen à l’Afrique est compassionnel, voire culpabilisé, et, la plupart du temps, moral. En débarquant dans l’ancienne colonie (de mon pays, pas la mienne!) j’ai voulu de suite mettre la morale de côté. Sinon tout aurait été biaisé. Pour Africare, j’ai voulu construire une fable avec une forme de tragédie grecque contemporaine qui raconte l’absurdité que traverse ce pays gigantesque rempli de traditions, de rites de passage, d’une étonnante diversité culturelle.» Lorent Wanson

Lembe Nzau
09 septembre 2007 16:52:43

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