Il a en effet publié régulièrement, de façon quasi artisanale sur de simples feuillets (dont l'impression et le tirage sur du papier recyclé n'étaient pas leur qualité première), des BD en noir et blanc uniques en leur genre, à la fois par le trait faussement naïf choisi par leur auteur, et grâce aux savoureuses transcriptions langagières des petites gens campés à la va-vite dans toutes les situations possibles qu'ils devaient quotidiennement affronter pour survivre durant ces années de guerre et de crise économique. Parmi les réussites de cette micro-édition distribuée sur les marchés et dans les rues de la capitale, on doit retenir "NGUMA A MELI MUASI NA KATI YA KINSHASA", paru en 1990, dans lequel Mfumu'eto lui-même, en proie à une sorte de mysticisme, s'interrogeant chaque nuit sur la meilleure façon de parvenir à réaliser une grande BD populaire capable de sortir la population de sa torpeur, trouve enfin un riche imprimeur qui lui donne l'occasion de réaliser son rêve. Finalement, en compagnie d'un jeune disciple qu'il initie deux années durant aux mystères de l'art populaire, il réalise et sort sa revue. Celle-ci obtiendra un tel succès qu'elle finira par faire de l'ombre aux puissants du régime, ceux-ci décidant d'en interdire la parution. Une autre de ses fameuses séries sera consacrée à ridiculiser l'ancien dictateur Mobutu qu'il fait apparaître comme un personnage satanique dans "Satan Aboyi Mobutu!", "Mobutu alingi asala Satan coup d'Etat?" et "Mobutu a ceinter mwasi na 2e monde".
Quelques années plus tard, Papa Mfumu'eto, "bédéaste et grand prêtre de la peinture mystico-religio-secrète africaine", comme il se qualifie lui-même, décide alors de se lancer également dans la peinture populaire, donnant naissance à une oeuvre étrange où il mélange sur ses toiles des éléments de la vie quotidienne kinoise agrémentés de textes plus ou moins mystiques qui font souvent référence à la magie noire. Biographie rédigée par Alain Brezault, reproduite avec son aimable autorisation dans le cadre de l'exposition "Talatala" sur la BD congolaise à Bruxelles. |