N'Djoli Yori: la capacité créatrice des danseurs congolais
A visite de N'Djoli a réconforté le groupe. Le spectacle « Isse seke », la résistance de la culture face à la violence de la guerre offert par les amis de Jean-Marie Baba Asilia, directeur artistique de la COFADF, est stupéfiant.
N'Djoli Yori |
Il est inédit. Un cocktail culturel et un partage de folklores de pygmées, sakata, pende assaisonnés de façon professionnelle par les fada et intro du beau folklore Hemba, Luba, Manianga…Le délire est total. Mais aussi de l'émotion, lorsque sur scène, l'un des danseurs se perce la peau de la joue à l'aide d'une tige. Qui l'eût cru ? La hôte est bouche bée. « Est-ce de la magie ou de la sorcellerie », s'exclame-t-elle ?
Le spectacle tient tout le monde en haleine : l'accoutrement des danseurs aux corps marqués par des tatouages vêtus parfois de peaux de bêtes et les visages couverts par des masques, épouvante le public. Des voix pareilles à celles de rossignols, des batteurs aux doigts magiques, des talentueux danseurs… Le groupe est constitué d'artistes des générations distinctes. Le plus vieux et le plus jeune n'ont que 75 et 15 ans. Mais ils ne manquent pas de talent. La COFADF respire la maturité et suscite l'admiration. Elle fait mieux que les discours pour favoriser la réconciliation entre les groupes longtemps opposés.
Facteur de rapprochement
Pour mener à bien l'ambiance, les artistes créent une sorte de dialogue vocal afin de permettre au public de monter sur scène. N'Djoli Yori très souriante, exhibe lentement des pas de danse. Magnifique. La beauté du geste lui vaut un tonnerre d'applaudissements. Ce déplacement sur scène rend le spectacle plus vivant, plus attrayant. La démonstration est époustouflante.
Au terme de la représentation, le président artistique de la COFADF, Jean-Marie Baba Asilia a vivement remercié la présidente de l'Ong Salisa pour son regard pointu en faveur du folklore en particulier et de la culture en général. Un cadeau de masque tchokwe, pièce maîtresse du groupe, a été offert à la présidente de l'Ong qui n'a pas caché son émotion. N'Djoli a salué la technicité et le talent des artistes, en leur demandant de persévérer sur cette voie.
« La culture et l'art ont toujours été un facteur de rapprochement des peuples. Les acteurs culturels sont des acteurs économiques de développement, pas des amuseurs de galerie, ni de la scène », a reconnu Mlle N'Djoli.
La COFADF est née du constat selon lequel la RDC souffre de l'absence d'un cadre concret d'encadrement et de promotion du folklore congolais. Les thèmes des spectacles sont puisés au cœur des racines. Pour ceux qui ne connaissent pas encore l'originalité de la COFADF, un seul conseil : courez voir des spectacles tout les lundi et jeudi au siège du groupe à Limete, vous y apprendrez tout ce qu'il faut savoir sur le folklore pur congolais.