1830 La Brabançonne
La Brabançonne
Ô Belgique! Ô Mère chérie! A toi nos coeurs, à toi nos bras,
A toi notre sang, ô Patrie Nous le jurons, tous, tu vivras,
Tu vivras, toujours grande et belle, Et ton invincible unité,
Aura pour devise immortelle
Le Roi, la Loi, la Liberté
Léopold I |
Léopold II |
Albert I | Léopold III |
Baudouin I |
Albert II |
De
tous les airs joués pendant les fêtes de notre
Compagnie, il en est un que l'on entend en d'autres
occasions, lorsque l'un de nos athlètes nationaux monte
sur la plus haute marche d'un podium, aux manifestations
patriotiques, ou lors d'une réception à l'étranger
d'un de nos dirigeants.
Vous aurez tous compris que je veux parler de
notre hymne national: LA BRABANÇONNEC'est un air assez méconnu des étrangers et dont peu de
Belges connaissent encore les paroles que l'on apprend
rarement encore dans les écoles.Il est vrai qu'à notre époque, on entend plus
fréquemment le Vlaamse Leeuw ou le Tchant des Wallons.Alors, au risque de passer, avec fierté, pour un
nationaliste, aujourd'hui où l'on parle beaucoup de
fédéralisme, je vais vous rappeler, en bref, l'histoire
de celle que tout Belge digne de ce nom salue.Je vous invite à retourner à l'époque où le Lion et
le Coq chantaient de concert l'air devenu célèbre de
"L'Amour sacré de la Patrie".
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En ce 25 août 1830, "La Muette de
Portici", relatant la révolte napolitaine, est
jouée au théâtre de la Monnaie à Bruxelles devant une
salle archicomble.
Le duo de l'Amour sacré de la Patrie avait
échauffé un public enthousiaste lorsqu'au troisième
acte Nazarello, au son du tocsin, brandit une
hache et chante:"Courons à la
vengeance !Des armes, des flambeaux !
Et que notre vaillance,
Mette un terme à nos maux"
La salle se leva répétant: "Aux armes,
aux armes ! ".Ce cri courut comme une traînée de poudre dans la foule
qui sortit du théâtre en hurlant: "Au National !
Au National ! "Se répandant dans les rues ils se dirigèrent tous vers
les bureaux du journal pro-orangiste de Libri Bagnano,
rédacteur principal du National, qui soutenait
les prétentions du Roi Guillaume contre les libéraux et
les catholiques belges coalisés.L'établissement fut saccagé tout comme les maisons du
Ministre de la Justice Van Mannen, du Directeur de la
Police de Knyff et du Procureur du Roi Schuerrnans, tous
partisans de la maison d'Orange.Le peuple belge d'alors en avait assez de subir les
vexations et les inégalités,l'injustice et l'impôt.
"Amour sacré de la Patrie,
Rends nous l'audace et la fierté,
A mon pays je dois la vie,
Il me devra la
Liberté."
Ce sont ces vers chantés par le ténor
Lafeuillade qui mirent le feu aux poudres.Déjà dans les rues, des mains anonymes avaient
placardé des affiches sur lesquelles ont pouvait lire:
SAMEDI:
ILLUMINATIONSDIMANCHE: FEU D'ARTIFICE
LUNDI: REVOLUTION"
La révolte grondait.
Elle éclata et donnera à notre pays son indépendance
Je vous renverrai à vos livres d'histoire ou au lien
ci-dessus pour en connaître tous les détails.
Les airs que
l'on chante au berceau d'un peuple, ne sont pas des
mélopées qui endormentmais des coups de clairon qui réveillent.
La Brabançonne fut ce coup de clairon.
Au café "A l'Aigle d'Or" tenu par
Cantoni, Rue de la Fourche près de la Place de la
Monnaie,JENNEVAL déclame devant ses amis réunis en cette
journée de début septembre 1830, les vers de LA
BRABANCONNE qu'il vient d'écrire et que VAN CAMPENHOUT
qui en composa la musique leur chantera peu après.Jenneval composa plusieurs versions du "Chant
national belge", versions qu'il adapta au fur et à
mesure de l'évolution des événements.Dans la première version, le texte est franchement
pro-orangiste.Jenneval a en effet écrit son texte sous l'empire d'une
croyance assez répandue à l'époque, d'un compromis
encore possible avec la Hollande, du triomphe pacifique
des revendications des Belges et d'un accommodement avec
le Roi Guillaume.Il demande à Guillaume d'Orange, souverain des Pays-Bas,
de donner satisfaction au peuple belge qui continue à le
respecter.La personnalité du Roi n'est donc pas en cause à cette
époque, c'est toujours une révolte et pas encore une
révolution.Voici sa première version de la Brabançonne, elle se
veut un avertissement au Roi
Dignes
enfants de la BelgiqueQu'un beau délire a soulevés,
A votre élan patriotique
De grands succès sont réservés.
Restons armés, que rien ne change!
Gardons la même volonté,
Et nous verrons fleurir l'Orange
Sur l'arbre de la Liberté
Au cris de mort et de pillage,
Des méchants s'étaient rassemblés,
Mais votre énergique courage
Loin de vous les a refoulés.
Maintenant, purs de cette fange,
Qui flétrissait votre cité,
Amis, il faut greffer l'Orange,
Sur l'arbre de la Liberté,
Et
toi dans qui ton peuple espère,Nassau, consacre enfin nos droits;
Des Belges en restant le père,
Tu seras l'exemple des rois.
Abjure un ministère étrange,
Rejette un nom détesté,
Et tu verras mûrir l'Orange
Sur l'arbre de la Liberté.
Mais
malheur si de l'arbitraire,Protégeant les affreux projets,
Sur nous du canon sanguinaire
Tu venais lancer les boulets !
Alors, tout est fini, tout change,
Plus de pacte, plus de traité,
Et tu verras tomber l'Orange,
De l'arbre de la Liberté.
Le
courant d'opinion changea très vite cependant, face à
l'intervention des troupes armées.Puisque ce Roi nous méprise, jetons-le dehors et avec
lui son armée.
Les
troupes hollandaises ne résistèrent pas fort longtemps,
face à la ferme volonté des milices belges, venues pour
combattre, tant de Bruxelles que du reste du pays, entre
autres de Liège d'où les Volontaires partirent le 4 septembre 1830,
menés par Rogier et accompagnés du
célèbre Charlier à la
jambe de bois,
historique canonnier.
Jenneval modifia son texte et écrivit une deuxième
version supprimant du texte original tout ce qu'il
contenait de conciliant pour la Maison d'Orange.C'est cette version que le compositeur Van Campenhout
chanta ce soir du 28 septembre dans l'estaminet de
Cantoni.
Qui l'aurait cru …de
l'arbitraire,Consacrant les affreux projets,
Sur nous de l'airain militaire,
Un Prince a lancé les boulets
C'en est fait ! Oui Belges tout change
Avec Nassau plus d'indigne traité
La mitraille a brisé l'Orange
Sur l'arbre de la Liberté
Trop généreuse en sa colère,
La Belgique vengeant ses droits
D'un Roi, qu'elle appelait son père,
N'implorait que de justes lois,
Mais lui dans sa fureur étrange
Par le canon que son fils a pointé
Au sang belge a noyé l'orange
Sous l'arbre de la liberté !
Fiers Brabançons peuple de
braves,Qu'on voit combattre sans fléchir,
Du sceptre honteux des bataves
Tes balles sauront t'affranchir.
Sur Bruxelles, aux pieds de l'archange
Son Saint Drapeau pour jamais est planté
Et fier de verdir sans l'orange,
Croît l'arbre de la liberté.
Et vous, objet de nobles
larmes,Braves, morts au feu des canons,
Avant que la patrie en armes
Ait pu connaître au moins vos noms
Sous l'humble terre où l'on vous range
Dormez martyrs, bataillon indompté,
Dormez en paix, loin de l'orange
Sous l'arbre de la liberté.
Un couplet supplémentaire fut ajouté par le frère
de Jenneval après la mort de ce dernierOuvrez vos rangs, ombres des braves,
Il vient celui qui vous disait:
Plutôt mourir que vivre esclaves !
Et comme il disait, il faisait
Ouvrez vos rangs noble phalange,
Place au poëte, au chasseur redouté !
Il vient dormir, loin de l'Orange
Sous l'arbre de la liberté !…
Lors
de sa première rédaction, Jenneval avait fait imprimer
ses vers chez Jorez, 6 rue au Beurre, et voulut les
intituler "La Bruxelloise", mais l'éditeur lui
faisant remarquer que ce titre existait déjà, il finit
par opter pour "La Brabançonne"Pendant que Van Campenhout composait sa musique,
l'éditeur crut bon de sa propre initiative d'ajouter
"Air des Lanciers Polonais " qui était en
vogue à l'époque, ce qui amena plus tard à la fausse
conclusion que Van Campenhout avait copié cette musique.La première version de La Brabançonne fut chantée en
public par le ténor qui s'était déjà illustré
dans la Muette de Portici, le soir du 12 septembre 1830,
peu avant la mort de JennevalC'était un méridional plein de fougue que ses frasques
et sa belle voix avaient rendu populaire et qui était
alors âgé de 31 ans.La seconde version de Jenneval ne subsista que quelques
années.Elle fut en effet encore modifiée en 1860.
Le texte que nous lui connaissons aujourd'hui, moins
belliqueux, est certainement l'œuvre de plusieurs
collaborateurs anonymes auxquels est resté attaché le
nom de Charles Rogier alors premier ministre et qui
adoucit fortement les paroles virulentes de Jenneval
écrites dans l'effervescence et qui sentaient trop la
poudre.
Seul le quatrième
couplet est chantéLa musique de La Brabançonne a été si souvent
modifiée par les arrangeurs que le ministre de la guerre
belge, par un arrêté du 5 juin 1873, a prescrit aux
musiques militaires d'avoir à se conformer à une
partition arrangée par Bender, inspecteur des musiques
de l'armée belge.
O dierbaar België, o heilig land der vaad'ren, Onze ziel en ons hart zijn U gewijd, Aanvaard ons kracht en het bloed van ons aad'ren,Wees ons Bloei, o land, in eendracht niet te breken, Wees immer u zelf, en ongeknecht, Het woord getrouw dat g' onbevreesd moogt spreken. Voor Vorst, voor Vrijheid en voor Recht. Het woord getrouw dat g' onbevreesd moogt spreken. Voor Vorst, voor Vrijheid en voor Recht, |: Voor Vorst, voor Vrijheid en voor Recht. 😐
O Vaderland, o edel land der Belgen, Zo machtig steeds door moed en werkzaamheid, De wereld ziet verwonderd uwe telgen, Aan 't hoofd van kunst, van handel, nijverheid. De vrijheidszon giet licht op uwe wegen, En onbevreesd staart gij de toekomst aan. Gij mint uw Vorst, zijn liefde stroomt u tegen, Zijn hand geleidt u op de gloriebaan. Gij mint uw Vorst, zijn liefde stroomt u tegen, Zijn hand geleidt u op de gloriebaan. |: Zijn hand geleidt u op de gloriebaan. 😐 Juicht Belgen, juicht in brede vol' akkoorden Van Haspengouw tot aan het Vlaamse strand, Van Noord tot Zuid, langs Maas- en Scheldeboorden, Juicht, Belgen juicht, door gans het Vaderland. Een man'lijk volk moet man'lijk kunnen zingen, Terwijl het hart naar eed'le fierheid streeft. Nooit zal men ons van onze haard verdringen Zolang een Belg, 't zij Waal of Vlaming leeft. Nooit zal men ons van onse haard verdringen Zolang een Belg, 't zij Waal of Vlaming leeft. |: Zolang een Belg, 't zij Waal of Vlaming leeft. 😐
|
O liebes Dir unser Herz, Dir unsere Hand, Dir unser Blut, dem Heimathere, Wir schwören's dir, o Vaterland! So blühe froh in aller Schöne, Zu der die Freiheit Dich erzog, Und fortan singen Deine Söhne: «Gesetz und König und die Freiheit hoch!»
|
Ô Belgique! Ô Mère chérie!
A toi nos coeurs, à toi nos bras A toi notre sang, ô Patrie Nous le jurons, tous, tu vivras Tu vivras, toujours grande et belle Et ton invincible unité Aura pour devise immortelle Le Roi, la Loi, la Liberté (Ter)
Après des siècles, des siècles d'esclavage, Le belge sortant du tombeau A reconquis par son courage Son nom ses droits et son drapeau. Et ta main souveraine et fière, Peuple désormais indompté, Grava sur ta vieille bannière : "Le Roi, la Loi, la Liberté" (Ter) Marche de ton pas énergique, Marche de progrès en progrès! Dieu qui protège la Belgique Souris à tes males succès. Travaillons! Notre labeur donne A nos champs la fécondité Et la splendeur des arts couronne Le Roi, la Loi, la Liberté (Ter) Ô Belgique! Ô Mère chérie! A toi nos coeurs, à toi nos bras. A toi notre sang, ô Patrie Nous le jurons tous, tu vivras. Tu vivras toujours fière et belle, Plus grande en ta forte unité Gardant, pour devise éternelle Le Roi, la Loi, la Liberté (Ter) |
Cette
"Version officielle de 1953:" se retrouve dans des
chansonniers des scouts catholiques
ou d'anciens manuels scolaires de l'enseignement catholique
On y retrouve une connotation catholique que Rogier n'a
certainement pas écrite !
Pays d'honneur ô Belgique ô Patrie !
Pour t'aimer tous nos coeurs sont unis.
A toi nos bras notre effort et notre vie.
C'est ton nom qu'on chante et qu'on bénit.
Tu vivras toujours fière et belle,
Plus grande en ta forte unité
Gardant pour devise immortelle :
Le Roi, la Loi, la Liberté !
Gardant pour devise immortelle :
Le Roi, la Loi, la Liberté !
Le Roi, la Loi, la Liberté !
Le Roi, la Loi, la Liberté !
JENNEVAL,
de son vrai nom
Hippolyte Louis Alexandre Dechez (ou Dechet),
Lyonnais de naissance, il avait fait de la Belgique sa patrie
d'adoption.
Comédien, il apparut d'abord sur la scène à Ajaccio et à
Marseille, puis en 1826 fut engagé à l'Odéon qu'il quitta pour
Lille puis Bruxelles où il fut artiste à la Monnaie.
En 1828, engagé à la Comédie Française, il joua dans
"Mérope" (tragédie de Scipione Maffei) et "
L'Etourdi " (comédie de Molière).
Il quitta Paris après les journées des 27, 28 et 29 juillet
1830 (les Trois Glorieuses qui mirent fin au règne de Charles X)
pour rejoindre Bruxelles où il s'inscrivît parmi les membres de
la Garde Urbaine qui voulaient maintenir l'ordre lors des
troubles de la Révolution.
Héros de théâtre, il mourut en héros le 19 octobre 1830 en
défendant Lierre dans le Corps dArmée de NIELLON, entre
Lierre et Malines, la tête emportée par un boulet hollandais.
Les patriotes dont il porte l'uniforme sur la gravure lui firent
des funérailles émues à sainte Gudule et à la Place des
Martyrs.
François VAN
CAMPENHOUT
Ce bourgeois de Bruxelles y est né en
1779
Chanteur, compositeur et écrivain, il fit ses études musicales
sous la direction du violoniste Pauwels.
Il quitta l'emploi que son père lui avait trouvé dans le bureau
d' un procureur, pour se lancer dans la carrière artistique.
D'abord violoniste dans l'orchestre du théâtre de la Monnaie,
puis ténor au théâtre de Gand, il obtint rapidement une
réputation comme chanteur et fut applaudi dans des villes comme
Bruxelles, Anvers, Brest, Paris, Amsterdam, La Haye, Rouen, Lyon
et Bordeaux.
En 1828, il avait terminé sa carrière dramatique et était venu
se fixer à Bruxelles où il fut chef de musique à la Grande
Harmonie.
On retiendra certaines de ses créations comme les opéras
"Grotuis" ou le Château de Lovesteyn", le
"Passe~partout", et "L'heureux mensonge"
joués à l'étranger, un ballet; "Diane et Endymion"
et une cantate en l'honneur de Corneille, ainsi qu'une variété
d'œuvres, opéras, chœurs, cantates, messes,
symphonies, etc…, restées inédites après sa mort en 1848.
Son oeuvre la plus marquante restera sans conteste la musique de
La Brabançonne qu il composa pour accompagner les vers de
Jenneval.
INAUGURATION EN 1930 DU MONUMENT DE LA BRABANCONNE
cent ans près les journées de septembre 1830,
un monument est élevé à la gloire des couplets de Jenneval
et de Van Campehout, Place Surlet de Chokier à BruxellesMme Delvair de la Comédie Française déclame une "Ode
à la Brabançonne".En médaillon, Charles Rogier un des premiers hommes d'état
belge qui remania en 1860 les vers de Jenneval
En réalité, il
n'existe pas de version officielle de "La
Brabançonne".Différentes commissions ont été chargées d'examiner le
texte et la mélodie de "La Brabançonne" et d'en
établir une version officielle. Leurs travaux n'ont jamais
abouti.Néanmoins, une circulaire ministérielle du Ministère de
l'Intérieur du 8 août 1921 décrète que seule la 4e
strophe du texte de Charles Rogier doit être considérée
comme officielle, tant en français qu'en néerlandais (cfr. www.belgium.gov.be)Le texte de la partition ci-dessus quant à lui me semble un
tantinet farfelu.
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