Les Bantous
Il faut souligner que ce terme est purement linguistique. Il ne se réfère aucunement à une race (pour autant que ce mot veuille dire quelque chose). Certes, la langue étant importante dans la pensée et la culture, il peut se justifier d'employer des expressions comme "pensée bantoue", culture bantoue", tout comme nous parlons de "sensibilité latine" ou de "culture germanique". Mais il serait téméraire et scientifiquement injustifié d'aller plus loin ! Il n y a pas de race bantoue. Par exemple, au Rwanda une même langue est parlée par des groupes de gens au physique très contrasté. Le groupe ancestral commun sest diversifié ; leur langue a été adoptée par des populations différentes, tandis queux-mêmes étaient influencés, dans leur physique, par des populations quils assimilaient.
Les langues bantoues ont en commun environ 3000 racines de mots. De plus, elles possèdent des classes nominales : les noms se répartissent en plusieurs classes ayant chacune un préfixe différent ; les adjectifs et les verbes saccordent au nom, sujet de la phrase, en reprenant son préfixe. Les langues bantoues, excepté le swahili, sont des langues à tons ; le langage tambouriné, dans les forêts congolaises, est intelligible parce quil reproduit la succession des tons de phrases.
Les linguistes pensent que les langues bantoues viennent toutes dune même langue originaire, dont elles ont divergé il y a plus de 2000 ans. Les ancêtres des Bantous habitaient aux confins du Nigeria et du Cameroun central. Ils se sont répandus très rapidement vers le sud et vers lest, en traversant ou en contournant la grande forêt équatoriale.
Très tôt, ils ont atteint la côte de locéan indien au niveau de
Il est probable quavant de commencer leur migration ils connaissaient la métallurgie du fer ; les régions quils envahissaient étaient occupées par des chasseurs – récolteurs, encore à lâge de la pierre taillée ; ils les dominèrent aisément grâce à leur supériorité technique.
Ils ne purent sinstaller dans la forêt équatoriale quaprès avoir adopté des plantes qui y sont adaptées, ces plantes furent importées dAfrique par locéan Indien.
Les bantous ont élaboré des modes de vie variés.
Dans la forêt équatoriale se sont formées des petites communautés indépendantes les unes des autres, cultivant dans les clairières ce qui est nécessaire à la subsistance. Lautorité y est détenue par les anciens, représentant les ancêtres. La coercition nest pas nécessaire car tout le monde se connaît ; lopinion publique, la crainte des ancêtres, et parfois celle des sociétés secrètes, suffisent à faire respecter la loi coutumière. Cest ainsi que vivaient, par exemple, les Fang et les Kota du Gabon, les Mongo du Congo Kinshasa.
Dans la savane au sud de la forêt équatoriale les Bantous ont crée des royaumes puissants. La culture permet la constitution de réserves qui sont conservées dans les greniers. Cest une condition nécessaire à léclosion du pouvoir politique : en effet ceux qui contrôlent les réserves peuvent contrôler aussi dautres hommes plus pauvres et exiger deux des services, qui peu à peu se sont spécialisés. Le royaume du Congo était fort bien organisé lors de larrivée des Portugais au 15e siècle ; Les royaumes luba et lunda, qui existaient encore au 19e siècle, dans le sud de lactuel Congo – Kinshasa, ont été fondés au 16e siècle, daprès leurs traditions. Léconomie de ces Etats était prospère et diversifiée ; de nombreux artisanats y florissaient. Le royaume des Kuba (Congo – Kinshasa) est célèbre pour ses statuettes royales, ses tissages, ses objets de bois sculpté. Larchéologie atteste la présence, dans ces régions, de sociétés très organisées, dés la fin du premier millénaire (sites de Sanga et de Katoto, sur le fleuve Lualaba).
Les Bantous qui vivent à lest et au sud des Grands Lacs sont, le plus souvent, à la fois pasteurs et cultivateurs. La possession dun troupeau de bovidés est source de prestige. Au 19e siècle, le sud de cette immense région a été bouleversé par les Zoulou, une sous tribu des Nguni ; leur chef Shaka poussa très loin lorganisation militaire par classes dâge ; sa stratégie le rendit invincible ; il fit des conquêtes territoriales qui eurent des répercussions jusquà
Source : Histoire de lAfrique centrale, des origines au milieu du 20e siècle, Auteurs : E. MAQUET, I.B.KABE, J.SURET-CANALE, édition : Présence africaine.1971