Itinéraires et convergences des musiques traditionnelles et modernes dAfrique (Publié par souindoulasimao@yahoo.fr )
L'on notera, parmi la trentaine de communications reproduites dans cet ouvrage, celles de Simao SOUINDOULA, historien au Centre International des Civilisations Bantu, remarquable analyse de l'évolution moderne des traditions musicales en Afrique centrale à travers l'antologique oeuvre de Manuel de Oliveira (1915 – 1987) et de l'irréprochable approche de Sylvère Mbondobari, chercheur à lUniversité de Bayreuth, en Allemagne, sur la pratique discursive de limmense Pierre-Claver Akendengué.
Scellés en 475 pages, ces actes, organisés par Mukala Kadima-Nzuji et Alpha Noel Malonga, abordent le thème de cette réunion en deux grands regroupements qui mettent en relief, dune part, lévolution des musiques africaines dans leurs similitudes et particularités, et dautre part, leurs constructions poétiques et visées thématiques. Une troisième partie restitue les travaux des ateliers tenus en marge du symposium sur la complexe problématique des droits dauteur sur le continent et la lancinante question de la contrefaçon.
Lon retiendra, parmi les aspects étudiés, lanalyse stylistique et sémantique du chant traditionnel et de la chanson contemporaine africaine, la jeliya ou lart griotique mandingue, la rencontre des expressions musicales du nord et du sud du Sahara, le spectaculaire succès des musiques religieuses dexpression locale, linvariable synthèse organologique constatée, les particularismes du français dans la chanson urbaine, les incessantes migrations et lexpansion des musiques, ladoption musicale et lintégration sous-régionale, la chanson africaine et la transition démocratique, le cinéma et la promotion musicale, la musique africaine, la world music et le marché international. Ces différents axes danalyse portent, dans une dizaine de textes, et comme il fallait sy attendre, sur la frénétique créativité musicale dans le Bassin du Congo.
Lon retrouve, parmi les spécialistes, auteurs de contributions du Symposium du « Palais du Peuple », le congolais de la rive droite, Manda Tchebwa, Directeur Artistique du Marché des Arts et des Spectacles Africains ( MASA ) dAbidjan, Gihad Sami Daoud, Professeur au Conservatoire de Musique du Caire, Mahaman Garba, Directeur National des Affaires Culturelles du Niger, Charles Nyakiti Orawo de
Sagissant de Sylvère Mbondobari, celui-ci sest attaché à analyser dans une rigoureuse étude intitulée « Regard critique sur lAfrique coloniale et post-coloniale à partir de la chanson francophone dAfrique. Le cas de lœuvre de Pierre-Claver Akendengué », la construction, par ce grand nom de la musique gabonaise, dune esthétique de la résistance de type panafricaniste. Cet élan militant est minutieusement disséqué à travers quelques chansons sélectionnées dans les trois principales productions dAkendengué : Nandipo/Afrika Obota, Eseringila et Carrefour Rio.
Quant à Simao Souindoula, qui a aussi une étude sur le père de « Nkéré », publiée par lUniversité allemande de Tubingen, il a donc démontré à travers la fabuleuse discographie de Manuel De Oliveira, musicien angolais installé dans lex-Léopoldville et chef de file du groupe « San Salvador », que la construction des nouvelles expressions artistiques qui ont émergé du Stanley Pool, résultat dune dynamique entre lhéritage traditionnel et les acquisitions organologiques modernes, a été lœuvre de plusieurs musiciens, originaires de divers pays de lAfrique centrale. Et, ceux-ci ont crée lun des foyers artistiques parmi les plus créatifs du continent.
Linfluence structurante de De Oliveira et de ses compagnons Jorge Eduardo et Freitas, sur cet hypocentre musical peut-être appréciée par les ré-interprétations des célèbres « Georgette Eskins » et « Chérie Bondowé » par, respectivement, son compatriote Sam Mangwana et lOrchestre Ok Jazz.
Lon pourra aussi évaluer son exceptionnel talent par les adaptations faites de certains morceaux et textes du « San Sala », par Tshala Muana et le regretté Ntesa Dalienst.
Interrogé sur limportance de la sortie de ces actes, Souindoula, qui est aussi membre du Comité de Direction du FESPAM, a révélé que ceux-ci étaient les premiers à être édités. Par ailleurs, le Directeur des Productions Culturelles du CICIBA a aussi souhaité la parution des actes des précédentes réunions qui avaient fait, dune part, le bilan de la musique africaine au XXème siècle et, dautre part, produit de nouveaux éclairages de type linguistique et anthropologique sur la place du tambour dans les sociétés africaines.
Enfin, lhistorien dAwendjé s‘est dit réconforté par cette publication, qui marque une avancée encourageante dans laccomplissement des objectifs assignés par Addis Abéba à ce festival, lune des voies de la construction de la tant souhaitée « LAfrique à lunisson ».
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