20.03.06 Retard africain dans le plan de développement de l'accès à l'eau (Reuter)

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A l'exception de l'Ouganda et de l'Afrique du Sud, la totalité des pays de l'Afrique sub-saharienne ne parviennent pas à tenir les préconisations en matière d'accès à l'eau contenues dans les Objectifs du Millénaire pour le développement.

Ce programme de développement mené sous l'égide des Nations unies se fixe notamment pour objectif de réduire de 50% d'ici 2015 la population mondiale n'ayant pas accès à l'eau potable.

A ce jour, sur une population africaine estimée à 800 millions d'habitants, 300 millions d'Africains sont privés d'eau potable et 313 millions manquent d'installations sanitaires de base.

"Il nous faut des investissements. L'eau et les installations sanitaires ne viendront pas par décret", a déclaré Anna Kajumulo Tibaijuka, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour les habitations humaines (Onu/Habitat).

Lors d'une conférence de presse, les Nations unies ont annoncé l'obtention d'un prêt de 550 millions de dollars de la Banque africaine de développement qui financeront sur les cinq prochaines années des projets urbains de petite ampleur liés à la question de l'eau.

Mais Kalyan Ray, expert de l'Onu, souligne que cette somme est insuffisante en regard des besoins de l'Afrique. "On estime qu'il faudra entre 15 et 30 milliards de dollars à l'Afrique au cours des dix prochaines années", rappelle-t-il.

URBANISATION EXPLOSIVE

Dans la corne de l'Afrique, la sécheresse va accentuer le problème dans des pays comme le Kenya ou la Somalie.

Le lac Victoria, troisième réserve d'eau douce du continent, souffre lui d'une pollution grandissante à mesure que se développent les concentrations humaines sur ses rives et qu'augmentent les rejets de déchets industriels et d'eaux usées.

Il faut donc traiter les eaux du lac Victoria pour les rendre propres à la consommation.

L'an passé, les autorités tanzaniennes ont dénoncé pour absence de performance un contrat les liant à deux entreprises européennes qui étaient chargées de cette tâche.

Andrew Mushi, qui travaille dans le secteur humanitaire en Tanzanie, explique que sa facture mensuelle d'eau dépassait les 20 dollars (le salaire moyen d'un fonctionnaire tanzanien formé à l'université est de 85 dollars par mois) et encore devait-il le faire bouillir avant de la boire.

L'exode rural et l'expansion des zones urbaines posent un autre problème pour les spécialistes de l'accès à l'eau.

Au rythme actuel de son urbanisation, la moitié de la population africaine devrait vivre en villes d'ici 2030. Le schéma traditionnel de la "corvée d'eau" ne pourra plus s'appliquer.

"Dans les petites villes, cette corvée d'eau n'est déjà plus possible pour de nombreuses femmes. Les vendeurs d'eau empêchent les femmes et les filles d'avoir accès aux sources. L'eau devient une industrie de matière première", note Anna Kajumulo Tibaijuka.

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