11.04.06 Développement durable : l'industrie du biogaz, une réponse à la pollution des déchets dans les villes de la RDC (Le Potentiel)

A travers ses recherches, le professeur Monzambe Mapunzu du département des Sciences agronomiques et vétérinaires de l'Université pédagogique nationale certifie que la technologie du biogaz peut être très utile notamment dans un pays comme la République démocratique du Congo. Un pays où, en dépit de la grande diversité et des potentialités des sources énergétiques, le taux d'électrification est l'un des plus faibles en Afrique, soit 6%, et dont les grandes villes, Kinshasa en premier lieu, connaissent des sérieux problèmes de gestion des déchets. La technologie du biogaz consiste à produire de l'énergie à la suite d'un processus de transformation des déchets.

« Le diagnostic du développement des milieux ruraux dénote une grande pauvreté. C'est ainsi que la production décentralisée et autonome d'énergie, par la biométhanisation des sous-produits agricoles et des déchets solides urbains est susceptible : – de substituer l'utilisation du biogaz à la consommation de bois de feu / bois de chauffe pour la cuisson des aliments dans les zones sensibles à la désertification et aux environs des centres urbains ; de faciliter le développement de la petite motorisation agricole (meunerie, pompage, réfrigération, etc.) ; d'améliorer la fertilité des sols par l'apport de matières organiques résiduelles méthanisées », note le professeur Monzambe dans un article publié dans le tout dernier cahier sectoriel « Eau, Energie, Environnement et Agriculture » du département économique de l'ambassade du Royaume de Belgique en RDC. De l'avis de ce chercheur, la technologie du biogaz peut contribuer à la réduction de la charge polluante de l'environnement et des substances olfactives.

Réduire la pollution microbienne

En effet, indique-t-il, le processus méthanigène s'accompagne de la conversion de la matière organique en biogaz et en matériel cellulaire, ce qui se traduit par la modification du substrat de départ (réduction de la charge polluante, de la mauvaise odeur, de l'aspect physico-chimique, etc.). En outre, il a été prouvé que le passage d'un substrat dans le digesteur méthanigène entraînait l'élimination des bactéries pathogènes (plus de 90%), des vers intestinaux, 90-100%) et de leurs oeufs (35 – 100%). Il y a ainsi réduction de la pollution organique, microbienne, olfactive et esthétique lors de la digestion méthanigène.

Avec son taux moyen d'urbanisation de 30%, son taux moyen de croissance démographique de 3,3% (le plus élevé d'Afrique), son exode rural croissant, associé aux nombreuses guerres politiques depuis 1963 – 1964 jusqu'à ce jour, les centres urbains en RDC sont de plus en plus surpeuplés. Ils se développent par ailleurs sans une politique cohérente de planification : l'État ne construit plus de logements ; les nouveaux quartiers se développent sans normes d'urbanisation (pas d'égouts, pas de latrines publiques, pas d'espaces verts ou de récréation pour les jeunes, absence de couverture énergétique ou de distribution d'eau potable, absence de voies de circulation, pas de décharges publiques, …).

Pallier à la gestion des déchets

Pour le professeur Monzambe, il existe une corrélation entre l'explosion démographique, la production de déchets et la dégradation de l'environnement. Ceci revient à dire, qu'il n'y a pas de consommation sans déchets et que toute consommation entraîne la production de déchets. Connaissant les normes de production de déchets d'un individu (0,5 kg de déjections par personne par jour, 1 kg de déchets municipaux par personne par jour et 194 litres de déchets liquides par personne par jour), les 6 millions de Kinois produisent journellement 3.000 tonnes de déjections humaines, 6.000 t de déchets municipaux solides et 11.640.000 hectolitres d'eaux usées. C'est ce qui est à l'origine, à Kinshasa, de la création spontanée de nombreux dépotoirs sauvages (même dans les marchés) et de la transformation des rivières en poubelles publiques et égouts à ciel ouvert.

Actuellement à Kinshasa, les déchets sont non seulement peu gérés mais aussi et surtout, le plus souvent, laissés longtemps à l'air libre. Cette pollution reste la principale cause des nuisances et de la recrudescence des maladies d'origine hydrique (choléra, typhoïde, etc.) et des maladies respiratoires (pneumoconioses, etc.). Au nombre des solutions potentielles figure la technologie du biogaz. Cette dernière peut contribuer à la réduction de la charge polluante de l'environnement, des nuisances olfactives et de la pollution esthétique. Aussi, cette technologie présente plusieurs autres avantages : elle un prestige social dans le milieu rural, par suite de la cuisson au gaz, de l'éclairage, de la réfrigération, de la petite industrialisation (meunerie, pompage, irrigation, etc.) ; garantit l'économie en temps et en main-d'œuvre, jadis dépensée dans la collecte et la préparation de bois de feu ou charbon de bois. De même, l'utilisation des effluents de la digestion méthanigène comme amendements peut améliorer la fertilité des sols.

Amédée Mwarabu Kiboko © Le Potentiel 10.04.2006

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