L'economie congolaise, situation et perspectives

Les développements qui suivent ne cherchent cependant, ni a étayer une fois de plus ce regard dominant, ni a présenter un regard alternatif. Ils cherchent simplement au travers des quelques indicateurs macroéconomiques, des considérations structurelles, du comportement des principaux acteurs, a esquisser quelques perspectives pour une économie du Congo réellement sur le chemin du développement.

I.Quelques indicateurs macroéconomiques récents

I.1. La croissance

Pendant les 45 ans de la periode postcoloniale, cette croissance est passée par quatre moments. Elle s'effondre pendant les années 1960-1966, devient positive dans la période 1967 à 1974, devient négative entre 1975 et 2001. Depuis 2002, on assiste à la reprise de la croissance positive. Si l'on compare les taux de croissance du Produit Interieur Brut (PIB) à celui de l'accroissement démographique durant la période de référence (plus ou moins 3%),il ne fait pas de doute que le produit par tête s'est littéralement effondré.

I.2. L'inflation et le taux de changeMalgré quelques moments de stabilité de la monnaie congolaise en période postcoloniale, ce sont l'hyper-inflation et l'hyper-dépreciation qui ont le plus souvent caracterisé l'économie congolaise postcoloniale. Pendant la décennie 1990, l'inflation a été si forte qu'elle a même atteint le record de 9.796% en 1994. Mais pour toute cette décennie, la moyenne a été de 367%;

Pour la même décennie toujours, la dépreciation de la monnaie congolaise par rapport au dollar américain a été de 70%. Depuis 2002 cependant, cette hyper-inflation tend a être maîtrisée. Ainsi, elle n'est plus que de 15,8% en 2002, de 4,4% en 2003, de 9,22 % en 2004. Elle est estimée a 22% pour 2005. Le taux de change aussi tend à se stabiliser.

I.3. Les finances publiques

Elles ont souvent été déficitaires. Le financement de ce déficit a souvent été realisé par le recours a la planche à billet, de la part de la Banque Centrale. Nous sommes là devant le mécanisme qui a le plus nourri l'hyper-inflation dont nous avons parlé. Il faut dire que le budget de l'Etat, de 300 millions de dollars en 1988, est aujourd'hui d'environ 1.700 millions de dollars financé à plus de la moitié par la communauté internationale.

I.4. Les relations avec le reste du monde

La dette extérieure est estimée entre 11 et 14 milliards de dollars. La balance des paiements est la plupart du temps déficitaire. Les exportations, jadis assez diversifiées et equilibrées entre les produits miniers et les produits agricoles (en 1958: produits miniers 54% et produits agricoles 41%) dépendent maintenant à plus de 80% des seuls produits miniers.

Depuis qu'il respecte des programmes d'assainissement avec les institutions de Bretton Woods, le Congo est sur la liste des pays éligibles aux facilités concedées aux pays dits pauvres très endettés (PPTE). De ce fait, il peut béneficier d'une remise importante de sa dette extérieure publique.

II. Les considérations structurelles

Les transformations qui ont caracterisé l'evolution de l'economie heritée de la colonisation peuvent etre declinées en quatre points comme suit;

II.1. La contraction de la base productive

Il s'agit ici principalement de l'économie d'accumulation, dite économie moderne. Cette base était plus diversifiée – dans la production d'exportation – que dans la plupart des autres pays africains alors colonisés. Ainsi en plus de l'équilibre entre les produits miniers et les produits agricoles comme dit ci-dessus, la diversité etait aussi forte à l'interieur et des produits miniers et des produits agricoles. Pour les recettes en provenance des exportations agricoles par exemple, la part des produits du palmier était de 30%, celle du café de 25%, celle du coton 15%… Aujourd'hui, le café a lui seul, représente plus de 80% des recettes que procurent les exportations agricoles.

II.2. Le demantèlement de pans entiers du système productif

L'économie agricole capitaliste d'exportation et nombre d'unités de l'industrie manufacturière ont disparu du paysage économique congolais. Les activités de l'économie dite formelle se sont donc extrêmement réduites. Et avec elles la chute du volume de l'emploi lié a ces activités. Ainsi on estime que ce volume de l'emploi représenterait aujourd'hui, au maximum, 5% de la population active du pays.

II.3. La recomposition de la structure et de la dynamique de croissance

Ceci est particulièrement vrai pour ce qui concerne l'agriculture. En effet l'agriculture d'exportation, naguère plus dynamique que celle destinée au marche interieur, s'est effondrée alors que la dernière est en croissance. Même si cette croissance est inférieure à celle de la population. Et puis à l'interieur de cette derniere, on estime que la production d'autosubsistance est plus dynamique que celle destinée a la commercialisation.

Pour les produits miniers, la recomposition porte sur les acteurs de la production.

Les producteurs artisanaux de diamant (plus de 700.000 creuseurs), du cuivre (plus de 80.000 creuseurs) et du coltan (chiffre inconnu) supplantent souvent les producteurs industriels.

II.4. L'explosion de l'économie dite informelle ou populaire

Fort diversifiée, souvent de survie, c'est elle qui fait vivre la majorité écrasante de la population. De ce fait,elle est incontournable dans toute stratégie du développement du pays.

II.5. Les infrastructures

Elles se sont déteriorées sur une grande échelle. La destruction des routes par exemple est telle que de nombreuses régions rurales sont devenues enclavées. Nombre de centres de santé et d'écoles ne fonctionnent plus. Les services d'assainissement ne sont pas operationnels, au vu de l'amoncellement d'immondices dans la ville de Kinshasa. L'accès a l'eau potable, a l'electricité et a un habitat salubre demeure problématique.

III. Problèmes

Nous les regroupons en deux sous-ensembles qui sont: les problèmes institutionnels et les problèmes de gestion.III.1. Les problèmes institutionnels concernent pour l'essentiel l'état

L'établissement du pouvoir d'Etat stable, les lois et réglements simples et stables, la securité des personnes, des biens de production, des infrastructures économiques et sociales de base… ont fait défaut et cela a contribué largement à la déglingue a laquelle nous avons assisté.III.2. En matière de gestionIV. Les perspectives

Nous pouvons les résumer en cinq points comme suit:

IV.1. Le renforcement des capacités institutionnelles et des ressources de l'Etatpour qu'il puisse jouer pleinement et son rôle régalien et celui de fournir des infrastructures économiques et sociales indispensables.

IV.2. Mais pour réussir cela, l'Etat devra rompre avec le modèle de prélèvement et d'allocation des ressources que nous venons de dénoncer.

IV.3. Prendre en compte l'économie informelle pour lui permettre de dépasser le stade de la survie et développer ainsi ses différentes potentialités.

IV.4. Promouvoir la diversification de l'économie, aussi bien pour la production destinée au marche intérieur que celle d'exportation, en visant plus particulièrement l'agriculture vivrière et l'industrie manufacturière.

IV.5. Promouvoir l'intégration de l'économie, aussi bien entre les différentes regions du pays qu'entre les secteurs et branches d'activité.

© CongoForum, professeur Clement Kazadi Tshamala.

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