Danse contemporaine : «Luka Okozua», une chorégraphie célébrant l’esprit de travail (Le Phare)

Tout démarre par un monologue du griot Nenkamu en sa langue vernaculaire sur la scène de la petite Halle de la Gombe presque totalement dans l’obscurité. Il débite des choses importantes mais inaudibles du grand public. Ce sont des plaintes sur l’avenir bouché par le manque de travail et les conséquences qui s’en suivent sur l’éducation des enfants, leur scolarité et leur santé… L’entrée des trois danseurs se déroule sur des pas en ralenti à travers une porte dérobée. Puis, ils s’éparpillent en vitesse comme des fouineurs d’or. Entre-temps, un brin de lumière apparaît sur le griot assis dans un coin de la scène entrain de jouer à la « sanza ». Ce rythme prompt à écouter communique l’espoir. Et, les danseurs s’y sont laissés obnubiler. Ils vont par d’incessants mouvements esthétiques déployer toute leur force à la recherche du trésor. Dès cet instant, le jeu chorégraphique développé met en exergue l’incertitude, la souffrance, la force et la vie… Comme pour dire que quiconque ne transpire pas, ne mange pas non plus ! Et, le signe de l’espoir est symbolisé sur scène par ses lampes tempêtes déployées jour et nuit, dans des mouvements à la fois linéaires et triangulaires. Un enchaînement de toiles bien agrémentées sous l’ombre du griot Nenkamu qui a propulsé le public vers le firmament avec sa flûte et ses xylophones.

Faire preuve de professionnalisme

C’est donc à une bonne quarantaine de minutes de danse admirable que le public a assisté. L’on a noté, cependant, quelques critiques liées au long monologue du griot. Y- a- t- il pas moyen d’écourter ce dialogue en quelques éléments essentiels (évidement toujours en dialecte pour continuer à imprégner l’originalité).

Sur le plan artistique, les danseurs doivent faire preuve de maîtrise de l’enchaînement de leurs mouvements de manière à éviter les hésitations. Il faut également écarter, à un certain moment, que le public lise la fatigue dans le jeu des acteurs.

Côté lumière, il faut rechercher certains effets qui ne lâchent pas le mouvement de chacun ou l’ensemble de danseurs. Il y a eu un tableau qui est resté longuement sous les projecteurs alors qu’il aurait fallu simplement encadrer les mouvements des danseurs tout en laissant l’autre espace sous une ombre potelée.

La création chorégraphique de Jacques Bana Yanga mérite des fleurs. Mais, cela ne doit pas vite lui monter sur les épaules de manière à oublier le sage conseil : l’humilité précède la gloire. Ou encore et surtout que la régularité dans la répétition est la mère des sciences. Et, enfin, faire attention à ses propos par respect envers le public. C’est à ce prix là qu’il confirmera son professionnalisme.

Eddy Kabeya
Kinshasa, 15/02/2006 (Le Phare, via mediacongo.net)

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