Dialogue sur l'actuel phénomène religieux au Congo et dans la diaspora Congolaise. (CongoVision)
Congo Vision : Pouvez-vous nous entretenir de l'actuel phénomène religieux au Congo et dans la diaspora congolaise ?
M. Ngudiankama: Auparavant, je voudrais vous assurer combien je me sens très à l'aise de m'engager dans un tel dialogue. Je ne suis pas le dépositaire du savoir sur ce phénomène, cependant, deux raisons expliquent mon enthousiasme.
Premièrement, si Kinshasa est le miroir par excellence de l'actuel phénomène religieux Congolais, je voudrais vous assurer que j'en connais un peu l'histoire de ses origines. Deuxièmement, mon statut de pasteur, théologien et anthropologue m'octroie les outils pour analyser le phénomène en question.
Fils d'un enseignant de l'école primaire baptiste de Lukala, j'ai été introduit à l'histoire du Christianisme Congolais dès le jeune âge. Mais c'est à Kinshasa, que j'ai découverte à mon adolescence, que j'ai beaucoup appris sur le phénomène religieux Congolais. Il me faut évoquer quelques souvenirs…
Avec le Révérend Professeur Massamba Mampolo, nous avons une fois parcouru Kinshasa à la recherche d'un Monsieur pour le faire intervenir à une conférence où le Professeur devait parler de la sorcellerie. La sorcellerie est l'un des thèmes importants dans la préoccupation pastorale de Massamba Mampolo. J'ai habité chez Papa Disidi Mpongo, à l'époque Président/Représentant légal de la Ligue pour la lecture de la Bible et des Eglises des Assemblées de Dieu. Celui-ci est une bibliothèque vivante de l'histoire de plusieurs institutions chrétiennes Congolaises et surtout protestantes. Papa Mfuta, qui à l'époque, était aumônier de prison, ne cessa de nous parler sur la façon dont le Suisse Jacques Vernaut, le pasteur de la Borne, était arrivé au Congo. Prof. Noé Diawaku Dianseyila, une des merveilles de l'histoire protestante Congolaise, musicologue, musicien et pédagogue m'entretenait, souvent en Kikongo, de quelques aspects de l'histoire du protestantisme Congolais. En effet, quelle grâce! Mon amour de la langue Kikongo m'a rapproché des anciens parmi lesquels: Papa Kifukidi Bernard de la CBFZ/Lisala, Papa Ngonda Bernard de la CBZO/ dont le jeune frère Mansianga Georges me parlait beaucoup de l'ABAKO, Papa Zola Emile de la chorale Mille voix qui m'aimait beaucoup et me racontait les histoires de quelques missionnaires. Je venais de découvrir un autre géant et connaisseur de l'histoire des institutions chrétiennes Congolaises. Il s'agit de Tata John Piete Mfuiluakanda. Je ne cesse de boire à cette fontaine sapientiale.
Pour ceux de ma génération, avant l'effervescence actuelle du phénomène religieux au Congo, deux institutions attiraient beaucoup notre attention. Il s'agit de la Ligue pour la lecture de la Bible et du Ministère du Campus pour Christ. Je me souviens qu'une fois, avec mon anglais très limité, j'ai servi d'interprète lors d'une grande réunion de la Ligue pour la lecture de la Bible où Emmanuel Oladipo, un Nigérian responsable de la Ligue pour la lecture de la Bible, section Afrique, devait intervenir. J'ai encore l'image de cette réunion à Ndjili. Je me souviens des exhortations de Frère Kabisekela, secrétaire général de la Ligue à l' époque: tu vas bien interpréter, Adrien, l'anglais du Fr. Oladipo est clair! J'ai maintes fois revu le Frère Kabisekela à Londres lors de sa formation à All Nations.
Nous avons fait du Campus pour Christ notre chambre à coucher. C'est grâce au Fr. John Malala, un des responsables du groupe CPK/NDJILI qui y était en formation. Il a créé l'Institut de Formation des Combattants où nous fûmes élèves : Bosco Kande, Bafiname Charles, Charlotte Makuiza, Jean Marie Dibayula, Anita Makelele Zingi, Muteba Timothee, pour ne citer que ceux-ci parmi mes co-disciples. L'orchestre du Campus pour Christ nous faisait un grand bonheur. On y trouvait Mbuta Mente, Fr. Elie, Sr. Barbine et son mari Musenga. J'ai bien connu Mukengeshayi et le Fr. Kibutu. Je n'ai jamais rencontre le Fr. Nsita Luemba, un des premiers responsables du Campus pour Christ, et un des artistes du groupe de Prière GEPS de la cité Salongo. Groupe que fréquentèrent des gens comme Dr Parsekle. Quelques années plus tard, je m'entretiendrais constamment avec Sita Luemba depuis Montpellier alors qu'il finissait son doctorat de théologie en Hollande. J'ai bien connu le Dr Parsekle avec ses discours sur les maladies psychosomatiques.
Modestement, la Ligue pour la lecture de la Bible et le Ministère du Campus pour Christ sont deux institutions qui ont joué un grand rôle dans les milieux érudits et estudiantins Congolais.
Enfin ce sera toutes ces histoires de Pont Kasa-Vubu. Véritable plate-forme des prédicateurs. On y voit Jean-Louis Jayet avec sa chanson « Il est le roi des rois, le Seigneur des Seigneurs ». On y voit André et Sergine Snanoudj. Ces derniers sont devenus de grands amis. Je les ai invités à Londres pendant une semaine.
Les cellules voire groupes de prière, je les ai bien connus. La cellule de Yasa, avec Ya José Mayandu, celle de Simba avec le Frère Doyen et Frère Shambel.
Kinshasa, c'était aussi les croisades d'Ayini Abala. Il est l'homme de la FEPAZA/Nzambe Malamu. Dans l'histoire des croisades à Kinshasa, il ne faut jamais oublier l'importance de la place Ste-Thérèse, Ndjili, Pont Gaby, Kasa-Vubu et le Stade du 20 Mai. Ce sont des véritables plates-formes où des prédicateurs tel que Philippot, Osborn et autres sont passés.
Quoi d'autre ? Enfin c'est la France. 175, Rue de Courlis, Argenteuil, est la maison qui nous a accuelli. Une maison d'à peine 4 mètres carrés qui logeait des fois plus de dix personnes. Il ne faut pas demander comment on y dormait! Cette maison fut un véritable carrefour des Chrétiens Congolais et Angolais de tout groupe ethnique. Nos hôtes étaient les Pasteurs Mayimona Yim Mayika et Jacques Matina que nous connaissions depuis la CADZ, Quartier 3, Ndjili. Dans cette maison régnait une ambiance spirituelle, sociale et culturelle qui attirait tout le monde. J'y étais le plus jeune et le plus amusant, continuent-ils à dire chaque fois que je passe à Paris. Ils veulent toujours m'entendre parler Kikongo. Lors de mon dernier passage à Paris, ils m'ont demandé de prier en Kikongo dans leur Eglise. Notre maison d'Argenteuil était aussi une véritable maison de batu ya Kitendi.
Aussi, je me souviens des réunions de tous les pasteurs Congolais à Métro Alfort Ecole Vétérinaire chez le Pasteur Luzolo. J'y étais convié alors que je n'étais pas pasteur. J'étais aussi le plus jeune dans ces réunions Je me souviens des encouragements du Pasteur Albert Wato, missionnaire mennonite et enseignant à l'Ecole Biblique, pour ma poursuite du savoir théologique. La Maison d'YMCA, à Métro Cadet, était le lieu ou l'on trouvait toutes les Eglises que l'on a au Congo. Dans ce même immeuble, on trouvait les Bima, Nzambe Malamu, Mpeve A Nlongo, les baptistes et que sais-je encore.
Après la France, je suis parti à Londres pour poursuivre mes études. Il y avait à peine quelques églises Congolaises. La plus ancienne, sauf si je m'abuse, est celle d'Harlesden. Avec quelques amis on en a mis sur pied une. Je me souviens des moments passés avec les amis dont les Pasteurs Nascimento, Lubila, Ngombo, Maps et autres.
J'ai beaucoup de gratitude pour les Pasteurs MODESTE et MAPS qui ont grandement participé à mon ordination à Bloomsbury Central Baptist Church. Un grand évènement avec l'intervention de Mlle Ruth Page, une ancienne missionnaire au Congo qui dans les années 50 était aussi l'enseignante de mon père à Kibentele et à Ngombe Lutete. Trois voire quatre langues furent parlées à mon ordination: le francais, le kikongo, le lingala et l'anglais. Ruth nous a fait rire quand elle nous a dit en kikongo qu'elle est arrivée au Congo dans les années 40. Que c'était beau! Ruth était vraiment une Mundibu! Que son âme se repose en paix!
Tout ce que je viens de dire ne peut que vous rassurer à propos de ma connaissance de l'actuel phénomène religieux Congolais. La diaspora Congolaise est un microcosme du phénomène religieux actuel au Congo. A mon sens, mon pèlerinage qui se veut d'ailleurs continu et continuel ne peut que constituer la première condition de mes réflexions pastorales, théologiques et anthropologiques sur le phénomène en question.
Congo Vision: Peut-on faire une lecture critique du présent phénomène religieux au Congo et dans la diaspora Congolaise?
M. Ngudiankama: Il est du devoir du scientifique social d'apporter un regard critique sur tout phénomène social. La science n'épargne rien, moins encore la religion. Cependant, tout regard critique sur le phénomène religieux tel qu'il se vit chez nous et parmi nous doit être bien informé. Car la religion, comme on le note même parmi les plus gentils comme Max Weber, constitue c'est lieu où l'on parle de la grandeur de la civilisation de l'autre. Est-ce vrai? Kizeyeko. Je me demande ce que diraient Weber et autres qui expliquaient la grandeur des civilisations occidentales sur la base du christianisme et du monothéisme dans un Occident où l'idée d'un Dieu unique et monothéiste est rejetée en faveur d'autres formes des religions voire l'athéisme.
Notons quand même que les écrits d'autrefois parlaient de l'Africain comme d'un être sans religion, et sinon comme un animiste ou un polythéiste. Selon Sir Samuel Baker dans "Races of the Nile Basin" (1867), les Africains "sans exception, n'ont aucune croyance en un Etre suprême". Pour Sir Richard Burton, dans son livre "A Mission to Gelele, King of Dahomey" (1864), "the Negro has never grasped the idea of a personal deity, a duty in life, or a moral code".
Vous connaissez bien ce que dit Hegel dans les dix pages consacrées à l'Afrique Noire dans son livre « La philosophie de l'histoire » . Hegel nous refuse l'identité humaine, car dit-il, les Africains n'ont pas le concept d'un "Etre Absolu". Il nous traite de personnes sans éthique, cannibales et ne faisant pas partie du monde historique. Nous pouvons parler de ces anthropologues évolutionnistes dont Durkheim et Levy-Bruhl qui sur la base de la religion, nous voient être au bas de l'échelle du progrès.
Je me souviens de la peine que j'ai eue quand j'ai lu les 10 pages de Hegel sur l'Afrique, au moment ou j'étais étudiant de théologie au King's College. J'en avais discuté avec C. Schwoebel, superviseur de mon travail de Philosophia Masters sur Luther et Mbiti qui me répondit que ce livre fut l'objet des grandes controverses à l'université de Berlin. C'est un mauvais point de départ pour lire Hegel, ajouta-t-il. Avais-je vraiment le choix? N'est-il pas de la nature humaine de s'intéresser sur ce qui est écrit sur lui, son peuple et son histoire? Ma réaction est toute à fait normale, comme le fait remarquer Bourdieu dans « Ce que parler veut dire » (1994), parlant de l'irritation que lui inspiraient « les travaux américains de l'ethnologie de la France ».
La religion est le sujet qui continue de faire couler beaucoup d'encre dans le contexte postcolonial. Elle est à la fois le sujet le plus intéressant et le plus sensible . Nous avons eu le discours apologétique des théologiens et philosophes africains contre le discours colonial, il y'a eu le discours des théologies africaines prônant le thème de l'acculturation, surtout avec les théologiens catholiques Congolais et le Kenyan Mbiti, de la théologie de la libération, avec les théologiens d'Afrique du Sud et le Camerounais Jean Marc Ela, de la théologie de reconstruction, avec le Kenyan Mugambi et autres.
Le discours sur l'actuel phénomène religieux au Congo et parmi les Congolais en particulier, et en Afrique en général, est une forme d'échographie qui n'émane pas que de l'intellectuel mais plutôt de tout le monde qui commence à douter de la mission pastorale et évangélique de beaucoup d'églises et des artistes chrétiens La plupart font une exégèse marxiste et psychanalytique de ce phénomène sans le savoir. Ils parlent de ce phénomène religieux comme d'une forme d'exploitation et de défoulement.
Congo Vision: Quelles sont les principales caractéristiques de l'actuel phénomène religieux Congolais?
M. Ngudiankama: La prolifération des Eglises dites indépendantes ou de réveil d'un côté, et celle des groupes d'artistes Chrétiens de l'autre. Au Congo et parmi les Congolais, tout le monde est pasteur, tout le monde est musicien ! Congo Bar tomelaka masanga, lelo ekoma ndako ya Nzambe chantait un de nos grands artistes. Toute maison est une potentielle église/temple. Le Congo est devenu une véritable fabrique de pasteurs, et non d'abbés et de curés. Dieu a accru ses théophanies aux Congolais. On s'endort païen, on se réveille pasteur ! C'est le déclin du régime dictatorial, ses artistes et architectes deviennent les grands évangélistes et pasteurs. En un clin d'œil, l'on passe de la musique séculaire au chant du Christ!
Au départ et souvent avec une forme d'aveuglement, on devient compagnon de tels gens, en disséminant leur pseudo-temoignages d'avoir couché avec des serpents, d'avoir fréquenté tous les marabouts sur la planète, d'avoir enseigné les morts à Kimbaseke. L'on applaudit et on dit: ils étaient perdus, aujourd'hui ils sont en Christ. C'est « l'Amazing grace" Congolaise . Par après, on se rend compte que ces gens ne font que nous duper et profiter de notre vulnérabilité psychologique résultant de nos angoisses sociales. Sont-ils vraiment convertis ces gens qui ont fait notre misère avec le régime qui nous a foncièrement déshumanisés? Est-elle convertie cette mafia du régime dictatorial Congolais, en prônant l'attitude de Zachée qui restitua en quadruple ceux qu'il avait destitués? (Luc 19:8)
Prêchent-ils la justice à l'instar d'Esaïe, Jérémie et Ezéchiel, ces pasteurs qui pour assurer leurs besoins quotidiens, embrassent et se font de vrais amis de ces pseudo-convertis?
Pareil pour beaucoup de ces musiciens chrétiens qui sortent des disques chaque semaine dont la qualité de chansons n'a souvent aucune richesse théologique et pastorale. Pourvu qu'elles soient mélodieuses, à même de bercer, de faire oublier, et d'apprivoiser la majorité qui croupit dans le chaos socio-économico-politique national. Ne sont-ils pas aussi devenus une autre classe exploitante et bourgeoise beaucoup de ces musiciens qui vous amassent de la fortune comme s'ils amassaient les moustiques de Kinshasa?
En protestant évangélique, luthérien et baptiste, je crois dans le sacerdoce universel et en l'impératif de la louange. Notre Dieu siége au milieu de la louange et que pour l'éternité, comme le dit Paul, nous chanterons gloire et louange à notre Dieu. Cependant, ce qui s'observe parmi nous est de prime abord une statement de notre crise sociale, économique et politique . Le discernement s'avère très important et la vérité de Matthieu 7:21 et 2 Corinthiens 11:13-15 devrait constamment retentir à nos oreilles.
Congo Vision: Peut-on parler d'un réveil spirituel au Congo?
M. Ngudiankama: Le réveil il en faut. Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ resplendira sur toi, nous dit Paul dans Ephésiens 5: 14. Le Congo est un pays de grands réveils. Il faut souligner celui de 1921 avec Tata Simoni Kimbangu. On évoquera aussi Philippe Mbumba et Massamba Esaïe dans le Bas-Congo.
Mais, je ne crois pas que l'actuel phénomène religieux au Congo et parmi les Congolais doive être immédiatement interprété comme un réveil. Pas du tout. Est-ce un réveil quand l'Eglise, le pasteur et le musicien exploitent la majorité? Un réveil qui endort les gens à comprendre qu'ils sont dupes, qu'ils sont dépouillés. Un réveil qui ne connaît que les comptes et les adresses du Pasteur et de son état-major. Un réveil qui accroupit la plupart dans la misère alors que le pasteur et l'artiste chrétien deviennent les ambassadeurs plénipotentiaires qui déjeunent à Tokyo, dînent à New York et dorment à Berlin. Est-ce un réveil quand la majorité des croyants marchent à pied de Kingasani à Gambela pour vendre des légumes, alors que les pasteurs, les soi-disant convertis de régime dictatorial, et les musiciens se promènent dans de belles voitures?
Le réveil est une véritable repentance qui exige que l'on prenne conscience de son malheur, de son arrogance, de son exploitation, en proclamant l'amour de Dieu et celui du prochain. Le réveil n'est pas simplement une réalité spirituelle où les malades sont guéris, les jeunes sont multipliés et que les gens viennent à l'Eglise en grand nombre . Le réveil touche à tout l'homme et il a de l'impact sur tout l'homme. Voila pourquoi, je ne cesserai de suspecter les fausses conversions de beaucoup de ceux qui ont fait notre misère pendant les trois décennies du régime Mobutiste et qui aujourd'hui se transforment en de grands PRECHEURS/PREDICATEURS. Ce sont des opportunistes qui savent bien comment avoir la majorité des Congolais. A moins qu'ils ne fassent comme Zachée, Dieu leur demandera assez quant à leur contribution à notre peine.
Congo Vision: Quelle est la leçon à tirer de ce phénomène religieux congolais?
M. Ngudiankama: Réitérons davantage que le soi-disant phénomène de réveil religieux au Congo et parmi les Congolais n'est qu'avant tout une statement de notre instabilité socio-economico-politique. D'un côté, il y'a les opportunistes pour qui elle apporte un grand bonheur en exploitant et apprivoisant la majorité au nom de Dieu, et par de fausses conversions et chansons qui nous bercent face à la misère qui nous déshumanisés. De l'autre, il y a la majorité qui, à cause de l'intensité de ses douleurs, ne sait que faire sinon se défouler par la prière et les chansons berçantes . Est-ce que ceci s'applique à d'autres pays africains? Je n'en sais rien. Méconnais-je les analyses de Ka Mana et autres sur l'Afrique comme le fer de lance du Christianisme au troisième millénaire? Pas du tout.
Souvent quand je réfléchis sur l'actuel phénomène religieux au Congo et parmi les Congolais, il m'arrive de me référer à ce que disait Senghor de la pensée qui est hellène et l'émotion nègre. Je n'aime pas trop cette assertion que beaucoup ont à juste titre critiquée. Neanmoins, elle s'applique un peu au contexte actuel du phénomène religieux au Congo et parmi les Congolais.
Dans nos milieux, l'émotion prédomine la raison. Pourvu qu'on les approche avec le nom de Dieu et qu'on élabore quelques histoires où l'on raconte avoir couché avec les Mamiwata on répond: Alleluya, Amen. Beaucoup de nos pasteurs africains ont presque la même théologie que celle de beaucoup de missionnaires coloniaux qui nous exploitaient, en nous infligeant la docilité aux injustices socio-économiques, et en nous parlant d'un lendemain merveilleux au paradis alors qu'eux même s'enrichissaient et vivaient dans l'opulence. Le Congolais est une personne qui aime Dieu . Notre spiritualité est dense. Seulement que notre spiritualité ne devienne pas le lieu où nous devons nous laisser exploiter et déshumaniser. Il nous faut constamment discerner ce qui nous est dit comme le faisaient les Chrétiens de Beree dans les Actes des apôtres. Enfin comme le dit un des amis de Christ dans 2 Pierre1: 3-11:" faisons tous nos efforts pour joindre à notre foi la vertu, à la vertu la connaissance,…
Congo Vision: Avez-vous d'autres pensées pour finir notre dialogue?
M. Ngudiankama: Pour clore, merci une fois de plus pour les amitiés et la fraternité de Congo Vision. La qualité de votre travail reste exceptionnelle. En cette période ou nous commémorons les efforts conjugués de nos aînés pour se libérer du joug colonial, je ne peux vraiment finir ce dialogue sans exprimer ma bonne pensée aux pères de l'indépendance Congolaise. D'abord au grand martyr de l'histoire Africaine Tata Simoni Kimbangu, qui, de 1921 à 1951, passa 30 ans en prison dans le Katanga, à ses compagnons de lutte parmi lesquels Mama Mikali. Beaucoup sont restés dispersés dans tout le territoire congolais. Aussi ma pensée patriotique à Joseph. Kasa Vubu, Jean Bolikango, Kingotolo, Nzeza Nlandu, Mbuta Kanza, au martyr africain Emery Patrice Lumumba, et à tous ces hommes, femmes et enfants qui ont souffert et marché avec eux.
Propos recueillis par Sylvestre Ngoma, Congo Vision .