République démocratique du Congo : L’or vert de Bwamanda (L'Intérêt général (CH))

"A la demande des planteurs, nous avons fait des démarches et dès 1988, explique Joseph-Marie Ngaleko Baranga, nous avions le label Max Havelaar", la référence du secteur. "Cela a été déterminant pour nous. Bien que seuls 15 % des 3000 tonnes de café que nous exportons par an soient dans le circuit équitable, cela nous a permis de maintenir les plantations à une époque où elles disparaissaient par dizaines dans le pays", souligne M. Ngaleko. C’est grâce aux revenus garantis du café que le Centre de développement intégral Bwamanda a pu poursuivre et amplifier son programme de développement, insiste-t-il.

Palliant les déficiences chroniques de l’Etat, sous le régime de Mobutu, puis pendant les guerres qui s’en suivirent, la coopérative a directement influé sur la vie des habitants dans un territoire grand comme le Benelux. Avec le soutien de l’Union européenne et la coopération belge, le Centre de développement intégral Bwamanda a créé un centre de recherche en agronomie, financé la construction de 6 écoles, de 8 hôpitaux et de 80 dispensaires, de 450 puits d’eau dans des villages, et entretient 800 km de route et de dessertes agricoles.

Le Centre de développement intégral Bwamanda paye directement les salaires et la formation de 350 fonctionnaires de la santé et a mis en place en 1989 un système de mutuelle qui profite aujourd’hui à 114000 personnes. "L’adhésion coûte l’équivalent d’un kilo de soja (environ 1 dollar) par an. En échange, 80% des frais d’hospitalisation sont pris en charge", explique M. Ngaleko. "Sans le commerce équitable, nous n’aurions jamais pu faire tout cela. Le label Max Havelaar a permis d’augmenter de 30 % à 50 % les revenus des petits exploitants. Pendant la guerre, cela nous a permis de survivre alors que la production était tombée à 500 tonnes par an. Or le café, c’est, aujourd’hui, 50 % de nos revenus", dit-il.