Mars 2006 La quête d’une identité noire contemporaine:

Dans cet affrontement des peuples pour la suprématie et le contrôle du monde, il n’y a que l’Afrique qui brille par son absence, occupée à régler les urgences créées par les problèmes sociopolitques et existentiels en perpétuelle inflation. Heureusement, face à la démission de ses dirigeants politiques à donner à leurs peuples une identité ou un horizon, les intellectuels africains ont décidé eux-mêmes de rentrer dans la danse. Mais à ce geste audacieux, doit s’ajouter aux divers domaines d’excellence du génie humain, dessinant le panorama de l’agir dans la modernité, une compétence reconnue par les autres, qui vivifie un visage dont chaque peuple est l’incarnation. Toutes les civilisations jouissant d’une tradition de pensée et d’activité sans cesse interrompue, de leur présent riche en événements, regardent l’avenir en lui lançant des défis. De l’espace immense et incommensurable, l’Orient et l’Occident jurent d’en connaître les secrets, infatigables à la tâche, dussent-ils sur le corps des autres peuples marcher. De leur passé vers leur avenir, ils assurent le relais, fécond ou stérile dans la croyance en leurs dieux, ils donnent à l’univers le signe de leur présence. Le monde arabe frustré, gratte sans cesse l’hégémonie de cet Occident, à la recherche du pouvoir temporel perdu, la foi en Allah guidant ses pas. Il sait faire trembler les grands et s’est donné un visage qui inspire la crainte. En pauvre orpheline, l’Afrique, à défaut d’être dépositaire des brevets d’une nouvelle invention technologique du monde moderne, pacifique jusqu’à la lâcheté, et incapable de vivre au temps présent, s’accroche à un passé incertain avec lequel il n’a aucune charge affective.

Ils sont nombreux ces intellectuels africains qui, pris dans la tourmente d’une nudité assommante et décoiffante de notre tragédie de noir, versent dans une dialectique négative, à fantasmer le fondamentalisme d’un génie noir à l’origine de toutes les civilisations, mais qui, chose inquiétante, sommeille depuis trop longtemps sans aucun signe d’éveil. Impuissants à opposer une résistance à la violence et au mépris des autres peuples, ils entretiennent une relation romantique avec un passé plusieurs fois millénaires : l’Égypte antique. On peut encore s’en réjouir, la fatuité ne les a pas encore gagnés. Nous sommes en train de glisser une fois de plus dans la revendication affective d’un passé révolu comme à l’image de la négritude, sans lien avec le présent. Au lieu de chanter ces gloires passéistes, dont nous n’avons aucun vécu, regardons vers l’avenir en nous mobilisant dès l’instant présent. Qu’en est-il d’aujourd’hui ? Telle devrait être la question essentielle et notre préoccupation unique. En dehors de cette interrogation, nous donnons corps à la désertification du présent, à l’absence criarde et couarde de nous même. Pendant ce temps, le fossé grandit, nous laissant éternellement à la banlieue d’une vie authentique et noble, au moment où les autres civilisations sculptent et alimentent leur corne d’abondance.

Il nous faut nous réveiller de ce sommeil léthargique, sinon ce romantisme trompeur risque de construire le tombeau des civilisations africaines. Notre salut est dans l’action et seulement l’action; nous devons nous fixer un horizon à court et à long terme et en nous donnant les moyens de l’atteindre: plan d'action, feuilles de route. Laissons le passé aux historiens, attachons nous à la construction du présent, c’est le contenu du projet "action" du think tank Afrology…

Korh, l’Africain.

 

 

 
   

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