19.04.06 Me M-Th Nlandu Mpolo : « La femme doit contribuer à la restauration de la dignité de la nation congolaise » (Le Potentiel)

Congolaise authentique, Me Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene a vu le jour le 6 janvier 1953 à Kisantu (Kinkasi), dans la province du Bas-Congo. Mariée à Noël Mbala Nkondi, cette mère de quatre enfants exerce la profession d’avocat depuis 1982. Pour en arriver là, elle a dû faire ses études primaires au Sacré Cœur de Kipako, terminer le cycle secondaire au Sacré Cœur de Mbanza-Mboma, avant de décrocher sa licence en droit à l’Université de Kinshasa (Unikin) qui l’avait accueillie de 1972 à 1979. Cette femme a aussi une connaissance en informatique, et une maîtrise parfaite de la bureautique avec Word, comme l’Excel. Sa vie professionnelle et politique est bien fournie. Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene a fait un stage de magistrat au parquet de la République de Kinshasa/Gombe en 1979. Ella a assumé successivement les fonctions de conseiller juridique, chef de division, directeur des relations extérieures au ministère de la Condition féminine et Famille (1980-1982).

Inscrite au barreau depuis 1982, elle a été conseiller juridique à la Primature en 1987, conseiller juridique au cabinet de la Présidence de la République de 1989 à 1990, chef de cabinet du président de l’Uféri (Union des fédéralistes) et du premier ministre de 1991 à 1992, avant de connaître un exil politique à l’étranger de 1993 à 2002. Présidente du Parti pour la paix au Congo depuis 2003, Me Nlandu Mpolo a dû aussi exercer d’autres activités, telles que celles de membre de la Commission de réforme du Droit congolais (1986-1990), membre de la commission de vulgarisation du Code de la famille (1988-1989), et a connu une large participation à divers séminaires et conférences internationales. Membre de Universal Peace Federation (2005), elle a été aussi proclamée ambassadeur pour la paix en 2003 par cette association américaine.

Certains grands procès marquent son parcours d’avocat. Les plus connus sont : Affaire Fina contre Django et consorts ; affaire Essolomwa, ou le procès dit « des massacres de Lubumbashi », procès Bundu dia Kongo ; procès Abako ; procès Atundu ; affaire pasteur Kutino, procès colonel Amundala Kabengele ; dossier Type K (victimes du crash d’avion en 1996, avec 590 morts qui ont laissé 1464 orphelins) ; dossier des soldats ex-Faz ; affaire pasteur Théodore Ngoy, etc. Me Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene parle couramment le français, l’anglais, le kikongo et le lingala. Pour Mme Nlandu, «la femme doit contribuer à la restauration de la dignité de la nation congolaise».

LA FEMME, BOUEE DE SAUVETAGE

Me Nlandu dit que, il faudra identifier tout ce que nous avons comme problèmes au plan politique, au plan économique et au plan social. Pour se faire entendre au plan politique la femme doit être sur le terrain du combat politique, et munie d’un projet de société. Il va sans dire, précise-t-elle, que la différence entre l’homme et la femme tourne essentiellement autour de la procréation. Mais pour ce qui est de la sagesse et de l’intelligence, une femme peut l’être autant qu’un homme, ou davantage. Et vice-versa.

La présidente de Congo-Pax argue que plusieurs femmes ont assumé des fonctions de chef d’Etat à travers le monde, y compris dans le royaume Kongo. A tire d’exemple, on peut citer la reine Elisabeth d’Angleterre qui est là depuis 1952, et dont le pays a connu une expansion au profit de tout le monde, ou encore la reine Béatrice des Pays-Bas qui a fort travaillé pour son pays. En Rd-Congo, il y a eu la reine Ndona Nzinga qui a régné trente ans et qui a combattu les Portugais ; sans oublier Kimpa Vita ou Dona Béatrice qui s’est battue pour la restauration du royaume Kongo. En Afrique, il y a Elen Johnson Surleaf qui se bat maintenant pour la restauration de la dignité de l’homme au Liberia. C’est grâce à elle que Taylor est présentement poursuivi en justice. Ceci, pour l’intérêt de son pays et de l’Afrique. Aujourd’hui pour la République démocratique du Congo, enchaîne la présidente de « Congo-Pax », le projet de société que doit avoir une femme doit se traduire par une vision de sauvetage, d’élévation de l’homme et de la femme en dignité. Nous assistons aujourd’hui à une situation de grande précarité pour la femme et l’homme congolais. Ces jours-ci, un Congolais peut vendre son frère pour 5 dollars américains. Pour 3 dollars Us, la jeune fille se prostitue.

Face à la famine dans une famille, certains parents qui hier étaient considérés comme des hommes dignes – aujourd’hui fonctionnaires envoient leurs enfants à la rue, avec espoir de les voir ramener de quoi manger en famille. Pour avoir l’argent, ces filles n’ont même plus peur du Sida. Et tout ceci s’est empiré pendant le règne des hommes. Une société qui a dégringolé à un tel niveau, argue l’ancienne élève du Sacré Cœur de Mbanza Mboma, est morte sur le plan spirituel. Même si l’espoir du mieux vivre pousse ces hommes et ces femmes dans les églises.

LES QUATRE PILIERS DU PAYS

La femme avocat soutient donc que par rapport à ces quelques éléments, un projet de société viable doit nécessairement intégrer l’assainissement des finances publiques, le contrôle de celles-ci par une inspection non corrompue et une gestion des finances transparente; assortie d’une reddition des comptes devant un parlement crédible. Il faut surtout la recomposition du salaire du fonctionnaire, intégrant les charges quotidiennes de trente jours, augmentées d’un minimum d’argent destiné à avoir un crédit. Il en est de même du travailleur, de l’enseignant, du magistrat, de l’employé et du soldat.

Si toutes ces catégories sont payées de façon décente, affirme Marie-Thérèse Nlandu Mpolo Nene, «le Congo peut démarrer. Car, c’est ça la classe moyenne. Il faut nous mettre à l’esprit que la sécurité sociale (salaire, emploi, soins de santé, chômage) est l’assurance de la croissance économique. Les catégories susvisées constituent les quatre piliers d’un pays, sans lesquels il n’y a ni paix ni développement». Ces quatre piliers d’un Etat sont constitués par les forces armées organisées, l’administration publique moderne et fiable, l’opérateur économique et la justice indépendante. Quand ils ne marchent pas comme c’est le cas actuellement, le pays est par terre. Ces catégories constituent la force d’un pays; force sans laquelle il n’y a ni paix ni développement.

Comme on le sait, les forces de sécurité sont là pour la protection des biens et des personnes. Un soldat, qui a sa solde à la fin de chaque mois, ne peut que bien travailler, et assurer la sécurité de son pays. Pour faire arrêter un voleur, on a besoin d’un policier. Mais, que peut-il faire s’il n’est pas bien payé ? Pour lutter contre un ennemi, on a besoin d’un militaire. Mais, s’il n’est pas bien rémunéré, on a alors les viols, les assassinats, les pillages. «N’oublions pas que les premiers pillages ont été provoqués en 1991 par les militaires. Et depuis, ils n’ont fait que se répéter. Aussi, c’est le fonctionnaire qui doit nous remettre l’acte de naissance, l’attestation de résidence et ainsi de suite. Mais qu’arrive-t-il quand il n’est pas payé ? C’est la corruption à grande échelle. Il faut des acrobaties pour avoir un document officiel. Quand bien même celui-ci coûte 10 dollars américains, on vous en exige 20. D’où il faut que les gens soient bien payés, quitte à prévoir des sanctions correspondantes pour anéantir la corruption». Telle est la profession de foi de Me Nlandu.

Lorsque la justice est réellement indépendante, et qu’elle suscite la confiance au sein de la population, elle constitue le fondement du développement d’un pays. La mauvaise administration de la justice fait d’un Etat un Etat voyou, qui va à vau-l’eau. Pour tout résumer, quand ces quatre piliers marchent bien, le pays marche et le reste suit, soutient-elle.

«En restaurant ces secteurs, nous restaurons l’homme, nous restaurons la femme, nous restaurons le Congo», dit-elle.

La famille nucléaire doit être aussi redynamisée. Aujourd’hui, la famille est quelque peu disloquée, du fait que l’homme n’a plus de salaire comme hier (à l’époque où la Congolaise appelait son mari « Mon mari capable ». Avec le phénomène « Shayi », la femme saute le mari, quitte le lit et lui dit : « Tata na bana, tikala na ndako, ngai nakeyi shayi. Sokola ba sani, sokola bana, kombola ndako. Soki nazongi, nakopesa yo deux boules. Ndlr : (Père de mes enfants, reste à domicile, je vais me débrouiller. Nettoie la vaisselle, lave les enfants, balaie la maison. A mon retour, je te donnerai deux boules). » Quelle éducation peuvent avoir les enfants d’une telle famille, où la maman rentre à domicile à 20 heure. Celle-ci doit préparer la nourriture la nuit. Et fatigués d’attendre, les enfants mangent en dormant. Le défi à relever demain, c’est de restaurer cette famille en mettant l’homme à sa place de chef de famille. Cet homme aura un salaire décent, qui fera de lui le mari capable d’antan. Ainsi, il peut assumer le rôle d’un bon père de famille, sans gêne vis-à-vis de la femme, ni des enfants; au grand bonheur de la femme, bien sûr. La femme continuera à travailler, mais dans le respect des principes fondamentaux de la constitution d’une famille, base de la société.

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