Petna Ndaliko Katondolo : itinéraire dun cinéaste, chorégraphe et danseur au palmarès impressionnant (Le Potentiel)
Petna a les deux pieds sur terre et le parfait profil dun cinéaste qui sait ce quil veut dans sa vie. Jaloux de son indépendance, Ndaliko mène un combat sur tous les fronts. Lévolution et le devenir du cinéma africain et son homme sont devenus, son cheval de bataille.
CARRIERE EMERGEANTE
Né en 1974 à Goma (province du Nord-Kivu) en Rdc, Petna, depuis sa jeunesse, rêve de devenir comédien. Il se dit timide, il a du talent pour le dessin, et vers sa dixième année, il vend son premier dessin. Plus tard, il découvre le cinéma avec ses amis : des films asiatiques de Kung Fu (Bruce Lee, Ti Lung, etc) et des comédies musicales (films indiens) et pratique le Karaté.
A lâge de sept ans, il rêve de devenir Bruce, Ti ou Chang Shing. Il trouve des livres sur le cinéma, des acteurs et réalisateurs de films célèbres à la bibliothèque de la maison de la Jeunesse de Goma (chambre de la jeunesse) et de lAlliance française. Il admire les héros du cinéma français et américain (Jean Paul Belmondo, Clint Eastwood, etc.). Il suit une formation de théâtre avec le Nzobo à Tchimba auprès de latelier ‘‘Expérimental Culturel et Ecologique.
En 1993, il y obtient le diplôme de la mise en scène de théâtre. Un an plus tard, il écrit sa première pièce de théâtre « Victime de la guerre » sur le thème de la mémoire des survivants du génocide rwandais. Dès lors, il est sollicité ci et là et réussit à sintégrer dans le projet ‘‘Implantation et Exploitation de LAudiovisuel (Piena) à Goma. En 1995, il termine un cours de cameraman et de montage organisé par le Piena. Entre-temps, il travaille déjà comme producteur à Ozrt/Nord Kivu. Il y produit le film « Mukama » (1996) qui connaît une large diffusion via les stations des télévisions locales. Un programme à la télévision nationale parle de Ndaliko-Katondolo comme lespoir de la province du Nord Kivu en matière de production audiovisuelle.
En 1997, il écrit une nouvelle pièce de théâtre qui sera adoptée pour la campagne de sensibilisation pour la paix et la promotion de la tolérance dans le Nord Kivu. Puis, la guerre arrive dans sa région, et en novembre de cette année-là, il fuit dans la forêt avec un groupe de jeunes. Après quelques semaines, ils se retrouvent dans un camp de réfugiés à Kampala.
En août 2000, Ndaliko fonde avec la hollandaise Ellen Lammers le Centre culturel Yole ! Africa pour réfugiés à Kampala. La même année, il écrit et réalise la première performance de danse et drame : Homeless au Théâtre National à Kampala. Deux ans plus tard, il termine son documentaire ‘‘Wakimbizi (Réfugiés) traitant de la vie de jeunes réfugiés vivant à Kampala. Durant ces années, il suit des ateliers et des cours en audiovisuel à luniversité de Nyundo.
Sa participation en 2003 à latelier sur laction visuelle lui augure de nouveaux horizons. En 2004, Ndaliko voyage successivement à Nairobi, Amsterdam, Barcelone, Düsseldorf, Bruxelles et Amiens. A Nairobi, il est invité à faire partie dune équipe internationale de cinéma pour le tournage dun film sur le retour de lauteur Kenyan Ngungi Wa Tshiongo après 21 années dexil.
Cette équipe comprend le cinéaste ghanéen Manthia Diawara, professeur à lUniversité de New York, et le cinéaste congolais Balufu Bakupa Kanyinda. Au même moment, son film documentaire ‘‘Lamokowang (La calebasse), produit avec le soutien de lambassade de France en Ouganda et lAlliance française de Kampala, est sélectionné pour participer au forum Psbt de lUnesco à New Delhi, en Inde.
A Amsterdam, Petna Ndaliko Katondolo prépare sa participation avec ‘‘Baobab Connections à lOnu Habitat forum de Barcelone. Au cours de ce forum, le jeune Ndaliko montre son film documentaire de dix minutes réalisé à Kampala, Cape Town et Bujumbura. A cette même occasion, il est invité par Bakupa à faire partie de léquipe de tournage de son film « Juju Factory ». Lors de son voyage en Allemagne, il prépare avec Saliani une future collaboration dans le domaine de la danse et du théâtre visuel. Dès son retour, il présente le court-métrage ‘‘Lamokowang au Ciné Week de Nairobi.
GOMA, CAPITALE DU CINEMA
Entre temps, ce film expérimental de 13 minutes tourné en Ouganda est sélectionné pour la compétition officielle des courts-métrages par le 24ième festival international dAmiens. Avec Mwenze Ngangura et Dieudonné Kabongo, il participe à la table ronde sur le cinéma du Congo belge. Ndaliko présente son court métrage, dont lesthétique cinématographique est inhabituelle de la part dun cinéaste africain. Il prend la calebasse comme métaphore de lAfrique. Il suggère ainsi que la calebasse nest pas quun élément dune Afrique ancienne, mais que cest aussi celui dune Afrique contemporaine.
Il veut ainsi briser limage de lAfrique en mettant ce fruit dans un contexte intemporel, en retravaillant limage avec des techniques audiovisuelles modernes, notamment numériques. Les rythmes des images et des sons se mêlent pour mieux questionner le cinéma dhier et apostropher celui de demain : lère numérique sera-t-elle un rêve de plus ou tournera-t-elle au cauchemar ? Ce genre de prédilection ne peut pas être considéré comme de la fiction ou du documentaire.
En novembre 2004, il produit ‘‘Digital 01 dans le quartier Matonge à Bruxelles. Ce documentaire est réalisé au moment où il tourne son film ‘‘Juju Factory.
En septembre 2005, Petna et son frère Sekombi ouvrent avec leur film ‘‘Goma, Capitale du cinéma le premier festival de cinéma organisé au Nord-Kivu à la suite de festivals de Bukavu (Sud-Kivu) et de Kalemie (Katanga). Par lintermédiaire du titre, ils veulent faire savoir au monde entier quen dehors de Kinshasa, il y a encore des Congolais qui font du cinéma. Dans cette production, Petna Ndaliko-Katondolo présente les acteurs, techniciens et réalisateurs du centre Cepv. Il explique aussi dune manière subtile la différence entre théâtre filmé et cinéma. Une scène confronte le jeu exagéré dun comédien du théâtre à celui, plus naturel, dune actrice de cinéma.
En intégrant dans son film le directeur de la Rtnc locale, qui diffuse ses films et ceux du centre, il démontre que la production de Goma est une affaire sérieuse (ce quelle est, au vu de sa présence dans des festivals internationaux) ! Fin 2005, il achève deux documentaires : le premier, Mad-ia, est une réflexion sur le rôle des médias dans la société. Le réalisateur pose la question de savoir si les médias sont un instrument du monde capitaliste pour manipuler la vérité ou sils contribuent au développement de lhumanité.
Le second, ‘‘Threatened fate évoque les effets de la globalisation sur lhumanité et montre comment lécosystème mais aussi lhomme, paie le prix de cette globalisation. En février 2006, Petna Ndaliko a été invité par linitiative Talent Campus du festival de Berlin.
D. MONGA MONDUKA ENVOYE SPECIAL A BRUXELLES