28.06.06 30 juin 2003-30 juin 2006 : l'économie congolaise sous l'emprise de la politique (Le Potentiel)
N République démocratique du Congo, l'année 2003 a été marquée au plan politique par l'application effective de l'accord global et inclusif signé à Pretoria le 17 décembre 2002, la promulgation de la constitution de transition, la mise en place des institutions de la transition parmi lesquelles un Gouvernement d'union national qui est entré en fonction en juillet 2003, et un Parlement et un Sénat en 2004 ainsi que celles d'appui à la démocratie, ainsi que la réunification effective du territoire national avec pour effet la libre circulation des personnes et des biens sur toute l'étendue du territoire de la république.
Ce nouveau contexte politique a fortement influencé la gestion économique en RDC durant toute la période de transition dont la fin devrait intervenir initialement le vendredi 30 juin prochain.
Mais au plan économique, l'année 2003 restera celle qui a marqué le début de la fin du miracle congolais. Ce miracle qui n'aura en somme duré que trois ans a consisté en une restauration de la stabilité du cadre macroéconomique, laquelle, avec la mise en œuvre satisfaisante d'un certain nombre de reformes structurelles et sectorielles, a permis de replacer l'économie congolaise sur un sentier de croissance positive perdu depuis toute une décennie. Après une baisse réelle ininterrompue du PIB de 5,5% en moyenne par an entre 1991 et 2000, le taux de croissance est devenu positif passant de -2,1% en 2001, 3,5% en 2002, 5,7% en 2003.
Cette croissance, que le rythme annuel a été plus qu'accéléré, avait à l'époque relancé l'espoir de voir la RDC titiller en l'horizon 2015 les objectifs du développement du millénaire consistant à la réduction pour moitié du niveau de pauvreté qui assujettit plus de 80% de la population, il suffisait pour cela que l'économie nationale atteigne des taux de croissance à deux chiffres.
Car en effet, avec un taux de croissance de 5% l'an, la RDC ne pourra pas réduire la pauvreté de moitié d'ici l'an 2015, l'incidence de la pauvreté passerait de 70% à près de 45%.
Des études ont révélé qu'avec un taux de croissance de 8% l'an, la RDC pourra atteindre le premier des OMD (Objectifs du Développement du Millénaire) vers l'an 2015-2016. Avec un taux de croissance de l'ordre de 10% l'an, la RDC pourrait atteindre cet objectif vers l'an 2011-2013. Tandis qu'avec un taux de croissance de l'ordre de 12% l'an, cet objectif pourrait être atteint vers l'an 2011.
Il en résulte dès lors que le pari de réduire de moitié l'incidence de la pauvreté en RDC n'était pas a priori une forteresse imprenable d'autant plus qu'avec le bénéfice du retour (que les économistes qualifient de rebond post conflit) de la paix consacrée par la mise en place des institutions issues du dialogue intercongolais, le rythme de croissance des années 2001-2003 pouvait s'accélérer au point d'atteindre des taux de croissance désirés (à deux chiffres).
Dégradation du cadre macro-économique
Et pourtant, la stabilité du cadre macroéconomique considérée comme gage du retour des investissements productifs, impératifs d'une croissance durable, a été durement fragilisée en moins d'une année de la mise en place des institutions issues des accords de Pretoria, puisque l'année 2004 a consacré la résurgence des tensions sur les marchés des biens et service sur fond de dépréciation du taux de change du franc congolais par rapport au dollar américain et à l'euro sur le marché des changes.
En République démocratique du Congo, la situation sur les marchés est souvent à mettre en parallèle avec l'état d'exécution des opérations financières de ce l'on appelle souvent le secteur public, c'est-à-dire le compte général du trésor (Gouvernement) et le compte d'exploitation de la Banque centrale du Congo.
A tel point qu'en cas des tensions sur les marchés de biens et services ou sur le marché des changes (voir les deux), l'on a vite fait de trouver la source dans l'existence d'un déficit dont la couverture par les avances du système bancaire et particulièrement celles de l'institut d'émission a fait s'accroître excessivement les moyens des paiements au sein de l'économie sans considération aucune de l'état stationnaire des biens et services disponibles, forçant ainsi les prix à s'élever et le taux de change à se dégrader.
Tableau 1. Taux d'inflation et variabilité du taux de croissance économique (2000-2005)
Et les tensions qui ont pris corps sur les marchés congolais pour la première fois au cours du second semestre de 2004 n'ont pas dérogé à cette logique, avec comme exception qu'à l'origine de ce déficit se trouve notamment les dépenses publiques liées l'urgence de la restauration de la paix à l'est du pays troublée par un certain Laurent Nkundabatware. Le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté de la RDC (juin 2006) relève ainsi avec intérêt qu' « en 2004, en raison des dépenses militaires additionnelles au cours du troisième trimestre, le Gouvernement a eu des difficultés dans la maîtrise des autres dépenses courantes, ce qui a provoqué un accroissement rapide de la base monétaire suivi d'une forte dépréciation de la monnaie nationale et de la résurgence de l'inflation en 2005 ».
L'économie ne faisant pas toujours bon ménage avec une situation des tensions qui tend surtout à se perpétuer, les indicateurs économiques ont commencé progressivement à se détériorer.
Il en est ainsi de la croissance du produit intérieur brut dont le taux de croissance a commencé à enregistrer un ralentissement justement à partir de l'année 2005 se situant à 6,6% tandis que les prévisions du Programme Economique du Gouvernement le situant à 7 et que par ailleurs l'année qui a précédé cet indicateur économique était estimé à 6,8%. Ces études menées en termes de variabilités du PIB confirment la tendance à la détérioration de cet agrégat.
En effet, après une augmentation de 4,80 en 2001 à 5,60 points de % en 2002, dès 2003, année de la mise en place des institutions de la transition politique en RDC, la variabilité du PIB congolais a commencé a baissé d'une année à l'autre pour devenir négatif en 2005 avec un taux de -0,30 point de pourcentage.
Explosion des dépenses publiques
L'emprise de la politique sur l'économie au cours de trois années qui ont suivi la mise en place des institutions issues du dialogue intercongolais ne s'est pas seulement manifestée par des dépassements budgétaires, elle s'est également traduit par une mauvaise qualité de la dépense publique, un accent particulier étant mis sur l'exécution des dépenses liées notamment aux institutions politiques largement au-delà des prévisions. Toujours selon le DSRP de la RDC
« Les dépenses ont connu une augmentation, passant de 8,2 % du PIB en 2001 à 15,3 % en 2005 contre un niveau moyen de 11,0 % du PIB entre 1997 et 2000, suite aux difficultés rencontrées dans la maîtrise des dépenses, notamment de souveraineté (militaires et institutionnelles) et des charges communes, dont les dépassements se sont fait au détriment des crédits des secteurs sociaux. Les dépenses d'investissement et de réduction de la pauvreté sont demeurées insignifiantes en raison de la situation politique qui prévaut dans le pays,… ».
Il apparaît dès lors évidemment que les impératifs politiques ont du, contexte politique oblige, bénéficié d'avantage d'attention de la part des pouvoirs publiques en RDC que les impératifs économiques. L'exemple le plus marquant aura été vraisemblablement le report à deux reprises du point d'achèvement de l'initiative Ppte à laquelle le pays a accédé depuis juillet 2003 avec comme conséquence la perte du bénéfice de réduction de 90% du stock de la dette extérieure congolais pendant la période de transition et ce malgré le fait l'on s'accordait à dire que le fardeau de la dette était un sérieux obstacle à la réalisation des objectifs socioéconomiques du pays.
Le deuxième éléments de manque d'attention des pouvoirs publics aux impératifs économiques est évidement l'échec du programme économique du gouvernement qui a comme corollaire le retrait de l'appui financier dont la RDC a bénéficié de la part des partenaires extérieurs, en particulier le prêts budgétaires, les prêts projets et l'appui à la balance des paiements. L'absence de cette assistance financière rend plus que jamais l'exécution des opérations financières du secteur public tributaire des avances des la banque centrale (planche à billets) dont les conséquences sont évidentes : hausse des prix, retour à une économie de casino ou de spéculation.
Paul Luwansangu Assistant/Unikin
© Copyright Le Potentiel
28.06.06 30 juin 2003-30 juin 2006 : l'économie congolaise sous l'emprise de la politique (Le Potentiel)
N République démocratique du Congo, l'année 2003 a été marquée au plan politique par l'application effective de l'accord global et inclusif signé à Pretoria le 17 décembre 2002, la promulgation de la constitution de transition, la mise en place des institutions de la transition parmi lesquelles un Gouvernement d'union national qui est entré en fonction en juillet 2003, et un Parlement et un Sénat en 2004 ainsi que celles d'appui à la démocratie, ainsi que la réunification effective du territoire national avec pour effet la libre circulation des personnes et des biens sur toute l'étendue du territoire de la république.
Ce nouveau contexte politique a fortement influencé la gestion économique en RDC durant toute la période de transition dont la fin devrait intervenir initialement le vendredi 30 juin prochain.
Mais au plan économique, l'année 2003 restera celle qui a marqué le début de la fin du miracle congolais. Ce miracle qui n'aura en somme duré que trois ans a consisté en une restauration de la stabilité du cadre macroéconomique, laquelle, avec la mise en œuvre satisfaisante d'un certain nombre de reformes structurelles et sectorielles, a permis de replacer l'économie congolaise sur un sentier de croissance positive perdu depuis toute une décennie. Après une baisse réelle ininterrompue du PIB de 5,5% en moyenne par an entre 1991 et 2000, le taux de croissance est devenu positif passant de -2,1% en 2001, 3,5% en 2002, 5,7% en 2003.
Cette croissance, que le rythme annuel a été plus qu'accéléré, avait à l'époque relancé l'espoir de voir la RDC titiller en l'horizon 2015 les objectifs du développement du millénaire consistant à la réduction pour moitié du niveau de pauvreté qui assujettit plus de 80% de la population, il suffisait pour cela que l'économie nationale atteigne des taux de croissance à deux chiffres.
Car en effet, avec un taux de croissance de 5% l'an, la RDC ne pourra pas réduire la pauvreté de moitié d'ici l'an 2015, l'incidence de la pauvreté passerait de 70% à près de 45%.
Des études ont révélé qu'avec un taux de croissance de 8% l'an, la RDC pourra atteindre le premier des OMD (Objectifs du Développement du Millénaire) vers l'an 2015-2016. Avec un taux de croissance de l'ordre de 10% l'an, la RDC pourrait atteindre cet objectif vers l'an 2011-2013. Tandis qu'avec un taux de croissance de l'ordre de 12% l'an, cet objectif pourrait être atteint vers l'an 2011.
Il en résulte dès lors que le pari de réduire de moitié l'incidence de la pauvreté en RDC n'était pas a priori une forteresse imprenable d'autant plus qu'avec le bénéfice du retour (que les économistes qualifient de rebond post conflit) de la paix consacrée par la mise en place des institutions issues du dialogue intercongolais, le rythme de croissance des années 2001-2003 pouvait s'accélérer au point d'atteindre des taux de croissance désirés (à deux chiffres).
Dégradation du cadre macro-économique
Et pourtant, la stabilité du cadre macroéconomique considérée comme gage du retour des investissements productifs, impératifs d'une croissance durable, a été durement fragilisée en moins d'une année de la mise en place des institutions issues des accords de Pretoria, puisque l'année 2004 a consacré la résurgence des tensions sur les marchés des biens et service sur fond de dépréciation du taux de change du franc congolais par rapport au dollar américain et à l'euro sur le marché des changes.
En République démocratique du Congo, la situation sur les marchés est souvent à mettre en parallèle avec l'état d'exécution des opérations financières de ce l'on appelle souvent le secteur public, c'est-à-dire le compte général du trésor (Gouvernement) et le compte d'exploitation de la Banque centrale du Congo.
A tel point qu'en cas des tensions sur les marchés de biens et services ou sur le marché des changes (voir les deux), l'on a vite fait de trouver la source dans l'existence d'un déficit dont la couverture par les avances du système bancaire et particulièrement celles de l'institut d'émission a fait s'accroître excessivement les moyens des paiements au sein de l'économie sans considération aucune de l'état stationnaire des biens et services disponibles, forçant ainsi les prix à s'élever et le taux de change à se dégrader.
Tableau 1. Taux d'inflation et variabilité du taux de croissance économique (2000-2005)
Et les tensions qui ont pris corps sur les marchés congolais pour la première fois au cours du second semestre de 2004 n'ont pas dérogé à cette logique, avec comme exception qu'à l'origine de ce déficit se trouve notamment les dépenses publiques liées l'urgence de la restauration de la paix à l'est du pays troublée par un certain Laurent Nkundabatware. Le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté de la RDC (juin 2006) relève ainsi avec intérêt qu' « en 2004, en raison des dépenses militaires additionnelles au cours du troisième trimestre, le Gouvernement a eu des difficultés dans la maîtrise des autres dépenses courantes, ce qui a provoqué un accroissement rapide de la base monétaire suivi d'une forte dépréciation de la monnaie nationale et de la résurgence de l'inflation en 2005 ».
L'économie ne faisant pas toujours bon ménage avec une situation des tensions qui tend surtout à se perpétuer, les indicateurs économiques ont commencé progressivement à se détériorer.
Il en est ainsi de la croissance du produit intérieur brut dont le taux de croissance a commencé à enregistrer un ralentissement justement à partir de l'année 2005 se situant à 6,6% tandis que les prévisions du Programme Economique du Gouvernement le situant à 7 et que par ailleurs l'année qui a précédé cet indicateur économique était estimé à 6,8%. Ces études menées en termes de variabilités du PIB confirment la tendance à la détérioration de cet agrégat.
En effet, après une augmentation de 4,80 en 2001 à 5,60 points de % en 2002, dès 2003, année de la mise en place des institutions de la transition politique en RDC, la variabilité du PIB congolais a commencé a baissé d'une année à l'autre pour devenir négatif en 2005 avec un taux de -0,30 point de pourcentage.
Explosion des dépenses publiques
L'emprise de la politique sur l'économie au cours de trois années qui ont suivi la mise en place des institutions issues du dialogue intercongolais ne s'est pas seulement manifestée par des dépassements budgétaires, elle s'est également traduit par une mauvaise qualité de la dépense publique, un accent particulier étant mis sur l'exécution des dépenses liées notamment aux institutions politiques largement au-delà des prévisions. Toujours selon le DSRP de la RDC
« Les dépenses ont connu une augmentation, passant de 8,2 % du PIB en 2001 à 15,3 % en 2005 contre un niveau moyen de 11,0 % du PIB entre 1997 et 2000, suite aux difficultés rencontrées dans la maîtrise des dépenses, notamment de souveraineté (militaires et institutionnelles) et des charges communes, dont les dépassements se sont fait au détriment des crédits des secteurs sociaux. Les dépenses d'investissement et de réduction de la pauvreté sont demeurées insignifiantes en raison de la situation politique qui prévaut dans le pays,… ».
Il apparaît dès lors évidemment que les impératifs politiques ont du, contexte politique oblige, bénéficié d'avantage d'attention de la part des pouvoirs publiques en RDC que les impératifs économiques. L'exemple le plus marquant aura été vraisemblablement le report à deux reprises du point d'achèvement de l'initiative Ppte à laquelle le pays a accédé depuis juillet 2003 avec comme conséquence la perte du bénéfice de réduction de 90% du stock de la dette extérieure congolais pendant la période de transition et ce malgré le fait l'on s'accordait à dire que le fardeau de la dette était un sérieux obstacle à la réalisation des objectifs socioéconomiques du pays.
Le deuxième éléments de manque d'attention des pouvoirs publics aux impératifs économiques est évidement l'échec du programme économique du gouvernement qui a comme corollaire le retrait de l'appui financier dont la RDC a bénéficié de la part des partenaires extérieurs, en particulier le prêts budgétaires, les prêts projets et l'appui à la balance des paiements. L'absence de cette assistance financière rend plus que jamais l'exécution des opérations financières du secteur public tributaire des avances des la banque centrale (planche à billets) dont les conséquences sont évidentes : hausse des prix, retour à une économie de casino ou de spéculation.
Paul Luwansangu Assistant/Unikin
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