11.07.06 Les ateliers de sérigraphie font de bonnes affaires, par AMEDEE MWARABU KIBOKO (Le Potentiel)
Kinshasa, comme le reste des provinces de la République démocratique du Congo marche au rythme de la campagne électorale depuis le 29 juin dernier. Elle se poursuivra jusquau 29 juillet prochain. Une trentaine de candidats à la présidentielle et plus de 9500 à la députation nationale sont en challenge. Et les affiches sont le moyen par excellence pour séduire et convaincre lélectorat. Cest donc une période propice pour les ateliers artisanaux de sérigraphie qui pullulent dans la capitale. Ces maisons, occupées très souvent par des sérigraphes formés sur les tas, sont sollicitées par les acteurs politiques en campagne électorale pour limpression de leur effigies sur les t-shirt, de banderoles, des affiches et de plusieurs imprimés de propagande très remarquables aux bordures des artères de Kinshasa. Certains concurrents notamment les candidats président de la République, ont mis de grands moyens et, au lieu de recourir à lindustrie locale qui a du mal à faire face à la mondialisation, ont jugé utile, certainement pour raison de qualité de leurs affichent, recourir à lextérieur pour leur tissus imprimés.
Cependant, les maisons de sérigraphie locale, bien que détenues par des jeunes qui se sont formés sur le tas, fournissement un travail de qualité. Romeo Lusaki est dans le métier depuis plus de 20 ans. Il détient une maison de sérigraphie dans la commune de Barumbu. Certes, il affirme que les demandes se sont accrues depuis le début de la campagne électorale mais il fait constater que la plupart des députés nont pas des moyens financiers nécessaires pour commander un grand nombre de t-shirts et banderoles. Certes, il confirme que la demande est forte présentement, mais se rappelle les élections des commissaires du peuple (députés aujourdhui) des années 80. « Dans le temps, on sentait un grand engouement dans les commandes. Mais, aujourdhui, les clients ne sarrêtent qu à une centaine sinon 200 polos quils négocient, dailleurs au prix le plus bas possible ».
Par ailleurs, les sérigraphes locaux éprouvent beaucoup de difficultés pour sapprovisionner en matières premières, notamment la soie et lencre quadrichromie. Ces produits viennent de lAfrique du Sud, en ce qui concerne lencre, et de lAsie pour la soie. Romeo Lusaki soutient quen ce moment, avec la forte demande sur le marché, il arrive quils ont une rupture des stocks des matières premières. Ce qui freine lexécution de certaines commandes. Cependant, dans ces maisons de sérigraphie artisanale, tout est fait manuellement.
PRINCIPE DE LA SERIGRAPHIE
Sérigraphie vient du latin sericum, «soie» et du grec graphein, «écrire». Cest un procédé dimpression utilisant un écran de soie qui laisse passer lencre à travers certaines mailles (celles qui nont pas été obstruées daprès le motif à reproduire). Ce procédé est capable dimprimer de nombreuses matières : papier, carton et tissus, mais aussi plastiques, métal, bois, verre ou céramiques. La sérigraphie passe par trois étapes. Dabord, il y a un écran constitué dun tissu synthétique ou dune toile métallique très fine tendue sur un cadre. Ensuite, les parties du motif qui ne doivent pas venir en couleur sur la matière à imprimer sont mises en réserve. Pour cela, il y a différentes techniques : des procédés artisanaux et artistiques utilisent des colles et autres produits imperméables, des vernis protecteurs ou le découpage de film. Le procédé mécanique et industriel utilise le report photographique grâce à un typon. Enfin, au stade dimpression, celle-ci se fait à laide dune raclette en caoutchouc : on étale une petite quantité dencre dun bord à lautre de lécran. Lencre passe à travers lécran et imprime la matière voulue, excepté aux endroits qui ont été bouchés selon le motif à reproduire.
Cependant, dans lindustrie de la sérigraphie, les choses se passent différemment. Lindustrie de la sérigraphie se décompose en deux grandes branches : une branche purement graphique permettant limpression daffiches, dautocollants et qui utilise aujourdhui des machines de haute qualité dimpression et de grande vitesse (de lordre de 4000 feuilles à lheure pour le papier) ; une branche industrielle permettant limpression directe dobjets très divers comme les CD, les bouteilles plastiques, les bouteilles en verre, etc. Elle utilise aujourdhui des machines de haute technologie (commandes numériques) et de haute cadence (jusquà 6000 objets/heure), plus ou moins adaptées à la forme des objets. Les machines semi-automatiques possèdent des systèmes dencrage et de raclage automatiques tandis que, sur les machines automatiques, la mise en place et lenlèvement des objets ou des feuilles sont complètement mécanisés.
A Kinshasa, « Congo Tex » utilise le procédé industriel de la sérigraphie mais peine à faire face à la concurrence des multinationales du textile. Heureusement, le gouvernement la exonérée de certaines taxes en vue de la rendre compétitive sur le marché national. Ce moment de campagne devrait justement permettre à cette société de maximiser ses recettes. Mais, certains acteurs politiques, qui pourtant prétendent avoir une politique économique à même de développer le pays, nont pas hésité à recourir aux sociétés dAsie ou de lUnion européenne pour commander leurs imprimés de tissus. Dommage !