Papa Wemba arrêté par mandat d'arrêt international pour «trafic d’êtres humains»


Papa Wemba. La descente aux enfers du Roi de la SAPE.

Il a été mis en examen pour aide en bande organisée au séjour irrégulier d'étrangers, ainsi que pour falsification de document, usage et faux, obtention indue de documents administratifs et détention de faux. Papa Wemba risque gros. Une peine de cinq ans de prison.

Le chanteur a reconnu partiellement les faits, admettant avoir notamment reçu 100.000 euros (plus de 100.000 dollars) pour faire entrer clandestinement des étrangers, a déclaré une source proche de l'enquête.

Papa Wemba, de son vrai nom Shungu Wembadio Pene Kikumba, 53 ans, de nationalité belge, a été interpellé, ainsi que son épouse, le 18 février à Paris. Depuis décembre 2000, il est soupçonné d'avoir organisé, sous couvert de ses activités musicales, l'immigration clandestine en France de centaines de ressortissants de l’ex-Zaïre (R-dCongo), moyennant finances. Chacun de ces derniers devait débourser 3.500 dollars pour que le chanteur leur fasse obtenir un visa depuis l'ambassade de France à Kinshasa.

La justice belge qui était à ses trousses a dû précipiter son interpellation en émettant un mandat d’arrêt international après une erreur administrative – un fax de relevé d'écoutes téléphoniques a été transmis par erreur au domicile de l'intéressé.

Le chanteur et son groupe étaient invités par le ministre belge des Affaires étrangères à agrémenter les manifestations culturelles de la «semaine africaine» à Bruxelles où sont attendus le 22 février prochain les présidents congolais Joseph Kabila, burundais Pierre Buyoya et rwandais Paul Kagame mais celui-ci se fera représenter par son ministre des Affaires étrangères, Charles Murigande.

À l’occasion de ce concert, Papa Wemba avait fait venir des clandestins et la police belge en a interpellé une quinzaine en situation irrégulière, et l’une des personnes inculpées a avoué avoir déboursé une somme de 3.500 dollars depuis Kinshasa auprès du musicien.


«Marché juteux.»

Selon toutes les sources, ce «marché» juteux est populaire en R-dC et surtout auprès d’artistes musiciens célèbres, Papa Wemba a été épinglé pour servir de modèle.

«Pas un avion ne vient de Kinshasa sans avoir des clandestins à bord , des passagers disposant de fausses pièces d’identité ou de faux visas», selon une source policière jointe par «le Soft International» à Bruxelles.

D’autres dossiers seraient en cours d'examen. Car l'enquête n'est pas terminée pour le moment et les policiers sont très discrets sur les complicités dont le chanteur aurait pu bénéficier à l'ambassade de France de Kinshasa.

L'enquête française, confiée à l'Office central spécialisé de la Police aux frontières, PAF, avait commencé en décembre 2000, lorsqu'on s'était aperçu que plusieurs personnes arrivaient à l'aéroport parisien de Roissy, se prétendant musiciens et disant venir pour jouer dans l'orchestre «Viva la Musique» fondé par Papa Wemba, étaient en réalité des demandeurs d'asile.

Les investigations de l'Office de la PAF auraient permis d'établir que, au moins depuis cette époque, le musicien «roi de la rumba africaine», sous couvert de ses activités musicales, avait organisé l'immigration clandestine en France de plusieurs centaines de Congolais.

Selon l'enquête, chacun de ces derniers devait débourser 3.500 dollars pour que le chanteur leur fasse obtenir un visa depuis l'ambassade de France à Kinshasa.

Papa Wemba qui fut aussi, sous le régime Kabila-père, conseiller au ministère de la Culture et des Arts, est l'un des «princes» de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes), ces «night club bers» africains épris de fête qui accordent une grande importance à leurs tenues. Il tient sa passion du chant d'une mère «pleureuse», qu'il accompagnait lors des cérémonies d'enterrement.

En 1977, le chanteur s'était lancé en solo, à la tête du groupe Viva La Musica et avait tourné en Europe, au Japon, puis s'est installé en France. À la même époque, Peter Gabriel, l'ex chanteur du groupe Genesis, qui vient de lancer son label Real World dédié aux Musiques du monde, le prend sous contrat. Il publiera quatre disques chez Real World.

Mais la multinationale finira par rompre son contrat avec cet artiste difficile à maîtriser.

Depuis, Papa Wemba semble avoir perdu la possibilité de faire une carrière internationale, tout en restant encore très populaire auprès des amateurs de musique africaine.

lesoftonline.net 20/02/2003

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