Enseignement du français à l'école primaire, Considérations méthodologiques (A. NYEMBWE Ntita- Francparler)

La pratique du français, dans les milieux scolaires particulièrement, recule et dans tous les cas, elle reste approximative. Cela est dû à de nombreux facteurs parmi lesquels la baisse de la qualité de l’enseignement, la non qualification de nombreux enseignants de français, le manque d’outils pédagogiques et de matériels didactiques, l’environnement socioculturel dominé par la pratique des langues véhiculaires congolaises, le faible pouvoir d’achat de principaux acteurs du système éducatif : enseignants et parents d’élèves, le faible degré de motivation des apprenants pour l’acquisition et la maîtrise de la langue d’enseignement.

Le présent article concerne principalement les principes et orientations méthodologiques de l’enseignement du français à l’école primaire tels que le recommande le programme national.

Objectifs de l’enseignement du français

Il faut distinguer d’une part les objectifs finaux et d’autre part les objectifs intermédiaires.

Objectifs finaux

Au terme de l’apprentissage de la langue française au cycle primaire, l’élève congolais devra être capable de : comprendre un message et y répondre ; s’exprimer avec aisance et de manière spontanée dans des situations de communications familières ; lire couramment, clairement et correctement un texte simple et le comprendre ; produire des textes simples en situations de communication réelles.

Comme on peut le constater, il s’agit de faire acquérir à l’apprenant les aptitudes fondamentales de compréhension, de lecture et d’expression tant à l’oral qu’à l’écrit. Mais ces objectifs ne peuvent être atteints que progressivement, selon les étapes définies par les degrés de l’enseignement primaire qui distingue un niveau élémentaire, un niveau moyen et un niveau terminal.

Objectifs intermédiaires

a) Au degré élémentaire (1re et 2e années), l’élève devra être capable de : comprendre un message oral et y réagir ; exprimer oralement, en français simple et correct, ce qu’il peut communiquer couramment avec son entourage ; exprimer par des gestes, actes, comportements et attitudes ce qui est dit en français par une autre personne ; répondre oralement en français aux questions posées.

b) Au degré moyen (3e et 4e années), l’élève devra être capable d'assimiler, en première acquisition systématique, les éléments fondamentaux du mécanisme de la langue française ; de maîtriser la nature de mots, de phrases, leurs fonctions grammaticales qui lui permettront de comprendre le message, de parler, de lire et d’écrire correctement.

c) Au degré terminal ( 5e et 6e années), l’élève sera capable de : lire et comprendre un texte simple ; d'identifier les mots et les phrases d’après leur nature et leur fonction grammaticales ; de conjuguer correctement les verbes d’usage courant ; d'orthographier correctement les mots d’un texte ; de comprendre des phrases et des textes courts ; de reproduire de manière vivante un texte étudié.

Contenu d’apprentissage

La fonction principale d’une langue est celle de communication et c’est donc dans sa forme orale que le français, à ce niveau d’enseignement, doit s’imposer.

a) Au degré élémentaire

Les élèves sont initiés aux structures de base. Il s’agit des structures simples mais usuelles destinées à faciliter l’apprentissage proprement dit du français. Les manuels de français doivent privilégier une pédagogie basée sur les actes de langage pour communiquer de façon fonctionnelle. Une pédagogie qui fait une large place aux exercices d’entraînement pour consolider de manière toujours active les acquis linguistiques.

b) Au degré moyen

L’acquisition des structures simples mais usuelles permettra aux élèves de parler librement entre eux. Il est question principalement d’acquérir un nombre suffisant de structures adéquates, d’en contrôler le bon usage et d’en tirer d’autres à l’infini comme si c’était un jeu. L’important est de créer des habitudes, de développer des automatismes indispensables à l’expression orale, par la répétition et le réemploi spontané de ces structures dans des situations quelconques de la vie réelle.

c) Au niveau terminal

Le français devra devenir la langue d’enseignement, langue de contact, véhicule de connaissances diverses. L’élève doit savoir la parler et l’écrire dans des situations les plus variées. A ce niveau, il est question de réussir à rendre l’élève de plus en plus capable de satisfaire ses besoins d’expression dans n’importe quelle situation de la vie.

Stratégie d’orientation

La manière d’enseigner la français au cycle primaire a toujours fait l’objet de controverses qui ont influencé de nombreuses prises de position officielles. Certaines en faveur du français, langue étrangère (c’est-à-dire non maternelle) ; d’autres en faveur du français, langue d’enseignement (c’est-à-dire comme s’il était langue maternelle). Mais le français en RDC n’est pas totalement une langue étrangère ni totalement une langue maternelle.

Or, s’il est admis que le rôle de l’enseignement est d’aider le plus grand nombre possible d’élèves à améliorer leurs performances en classe, à partir des dons qu’ils ont déjà et en premier lieu à partir de leur langue maternelle, pour en tirer le maximum de résultats, il va de soi que le français devra être traité logiquement comme une langue seconde et enseigné comme matière selon une démarche qui privilégie le langage, la parole, l’oral, la langue parlée avant de passer à la lecture- écriture.

En conclusion, l’enseignement du français à l’école primaire en République démocratique du Congo exige de l’enseignant qu’il réussisse à accroître la capacité langagière ou de communication des élèves en multipliant les occasions qui favorisent la communication entre individus.

Les textes de lecture sont les fondements de ces occasions que l’enseignant offre aux élèves. C’est la raison pour laquelle l’enseignant doit bien connaître la langue française pour l’enseigner suivant une progression méthodique et régulière. Les élèves, pour leur part, doivent être constamment actifs et prêts à participer, à répondre. Ce qui, malheureusement, n’est pas toujours le cas.

Kinshasa, avril 2005

Source : FPO-11/04/05

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