Mwenze Kibwanga, artiste peintre
L'Académie d'art populaire indigène opère la première rupture de l'artiste évolué avec son milieu coutumier, notamment par le truchement de la technique picturale, la peinture étant presque inconnue comme telle en Afrique traditionnelle, sauf dans la préhistoire. |
Cet art des premiers temps à Lubumbashi reste profondément imprégné des traditions et de la spontanéité des vrais primitifs. Mwenze ne s'offusque nullement des formules de métier ou des stéréotypes de sujet. Il ne cherche ni la profondeur de l'espace, ni la rigueur des proportions académiques, ni la virtuosité de la composition, mais se complaît dans le pur décoratif. Elle figure dans des collections aussi célèbres que celles du Musée royal de Tervuren ou du musée Rockefeller de New York. Ses tableaux sont animés sur le fond et les motifs par des hachures plus larges et moins souples que celles des toiles de Pili-Pili faisant penser aux fonds de certaines nattes. Mwenze peint souvent des biches, des antilopes, des poissons et des scènes de la vie villageoise. Les couleurs de sa palette sont généralement monotones avec prédominance de tons bruns. L'oeuvre de Mwenze Kibwanga est bien connue des spécialistes de l'art africain. |
La profondeur du contenu de l'oeuvre de Mwenze a été perçue par son ancien maître qui n'a pas hésité à s'expliquer là-dessus : " La technique de Mwenze faite de petites barres, épousant la forme des objets, révèle un être plus complexe que la moyenne du Conglais, a dit Desfossés, sa peinture exprime des conflits psychologiques, une rare puissance d'imagination. Parfois, il explore même le domaine de l'érotisme. Dans l'entrelacement des forces humaines, par exemple, Mwenze mêle sa propre subjectivité à la représentation matérielle et atteint, à tous points de vue, un équilibre parfait. Ses bacchanales de boucs et de serpents, dans une atmosphère tragique, ont une telle expressivité de tons et de matières qu'on peut dire qu'il représente la tension émotive des tensions qu'il représente. " |
Mwenze a participé à de nombreuses expositions dans le pays, notamment à Kinshasa, à l'Académie des Beaux-Arts, au Musée national, à la Foire internationale (FIKIN) et à la Galerie de la BCZ. A l'étranger, il a pris part à la Foire de Lausanne en 1974 et à l'exposition des avant-gardistes à Paris en 1975. |