23.06.07 L’Ong Etoile du Sud s’en va-t-en-guerre contre l’obscurantisme dans les masses populaires promues au développement (MMC)

L’Etoile du Sud (EDS) est une de ces rares Ong congolaises qui cherchent par tous les moyens à susciter un développement endogène dans les milieux  défavorisés de la capitale kinoise, en privilégiant d’abord la réflexion. A travers plusieurs structures d’encadrement, l’Etoile du Sud s’est effectivement fixée comme objectif de viser à libérer les masses populaires de toute forme d’obscurantisme, de domination et d’exploitation dans l’accomplissement de leurs actions de développement.

L’influence de l’EDS se mesure à l’impact des structures ci-après qu’il anime, à savoir : « Enfants de la République Démocratique du Congo », le Comité de développement de Kimpoko, le Centre de développement communautaire de Kingasani, le Centre Multiservices de Kimbaseke, Association des Eleveurs de Mokali, Foyer pour le Développement du quartier Matadi, Union des jeunes dynamiques pour la reconstruction de Masina Siforco, Groupe de réflexion et d’action pour le développement communautaire de Kimbaseke, Coopérative des Mamans Maraîchères de la Tshangu, le Comité de Santé Populaire de Masina Fumu Nsuka, le Centre d’hébergement et d’encadrement des Filles Egarées au Congo de Masina Fumu Nsuka, l’Association des Catcheurs et Arts Martiaux de Masina, Ndjili, Kimbaseke.

EDS se révèle une organisation qui se tient réellement à s’affirmer un fer de lance du changement des mentalités pour la transformation des milieux défavorisés pour les sortir de la pauvreté. Une occasion singulière s’est offerte à l’EDS pour marquer ses jalons. Pour commémorer la Journée de l’enfant africain, le 16 juin 07, l’Etoile du sud a, en effet, organisé une manifestation grandiose à Kimpoko sous l’égide du CODEKI, une de ses structures les plus agissantes.

La cérémonie a connu la présence de plusieurs participants dont le bourgmestre de Maluku, Mr Papy Epiana, représenté par son chef de service de la Jeunesse, Madame Marie-Thérèse Lisumbu, coordonnatrice ERDC qui représentait l’EDS, des notables locaux et tant d’autres personnalités locales.

Prenant la parole, Mr Sosthène Kulefwa, le Coordonnateur du comité de développement, a rappelé à l’assistance que c’était suite aux massacres de Soweto en Afrique du Sud ayant causé 500 morts et un millier des blessés que la communauté internationale avait institué cette Journée internationale de l’enfant africain. Pour l’orateur, la connaissance des droits de l’enfant est une grande nécessité pour les familles en particulier et toute la société en général, si nous voulons faire de l’enfant un facteur de développement humain et durable.

En organisant cette journée commémorative au profit des enfants, le CODEKI tenait surtout éveiller la conscience des autorités et des parents sur les droits des enfants, ainsi que le renforcement des capacités des enfants face à la consommation de leurs droits et à leurs devoirs. Par cette occasion, ensemble avec tous les enfants de la Tshangu représentés par les ERDC et ceux de la communauté de Kimpoko, le CODEKI a manifesté sa solidarité vis-à-vis des compatriotes congolais orphelins militaires, déplacés de guerre, et autres défavorisés, et leur a rassuré de sa détermination à défendre leurs droits.

Quelles sont les leçons à tirer de cette 6ème Journée de l’enfant africain à cinq mois du 18è anniversaire de la convention relative aux droits de l’enfant ? Quelle est la part des responsabilités de l’Etat et des parents dans la situation dégradante de l’enfant congolais aujourd’hui ? Car l’enfant africain en général et congolais en particulier, partout où il se trouve, est entrain de vivre un nouveau SOWETO avec ses atrocités, quand beaucoup d’enfants en âge de scolarité sont à la maison, parce que l’éducation n’est pas encore accessible à tous et pour tous.

La mortalité infantile ne cesse de s’accroître parce que la santé reste encore un apanage de la bourgeoisie congolaise. Les enfants orphelins, déplacés de guerre et autres défavorisés sont sans protection ni aide spécifique. Les parents ne connaissent ni n’appliquent les droits de l’enfant, parce qu’ils n’ont pas accès à la bonne information. Enfin les enfants eux-mêmes ne consomment pas leurs droits, parce que ces droits ne sont pas enseignés à l’école.

Après ce mot d’introduction de Mr Sosthène Kulefwa, la troupe de théâtre du CODEKI a présenté une pièce sur le thème du jour, à savoir : « Soyons solidaires, défendons le droit de l’enfant congolais ». Les enfants ERDC avaient aussitôt déclamé des poèmes réclamant un peu plus de droits aux enfants. Le message des enfants de la Tshangu à l’occasion de cette journée a porté sur leur réclamation de leur bon encadrement par l’Etat et les parents afin qu’ils deviennent eux aussi des hommes et des femmes responsables.

Si les veuves militaires sont régulièrement prises en charge par l’Etat, elles auront la possibilité de faire étudier les orphelins, a-t-il été dit, en l’occurrence. Que les autorités de la Troisième République rendent l’enseignement primaire gratuit comme au beau vieux temps, telle a été la troisième exhortation de ces enfants. Quant à ceux de Ngamanzo, ils ont plaidé pour la réhabilitation de leur école, tandis que les enfants orphelins et déplacés de guerre ont  sollicité la protection et le regard bienveillant des autorités tant civiles que militaires à leur endroit. La fin de la manifestation a été marquée par une remise symbolique de cadeaux aux enfants.

Vulgarisation de l’enjeu du budget

Le deuxième volet de cet événement du week-end culturel de l’Etoile du Sud a été l’organisation le dimanche 17 juin 2007 d’une conférence-débat sur le thème de « Comment interpréter et analyser le budget 2007 du gouvernement Gizenga » récemment adopté à l’Assemblée nationale. Cet événement de haute portée culturelle a eu comme cadre la bibliothèque de l’Etoile du sud située au siège de cette ONG sis avenue Tshikapa A45, au quartier Matonge dans la commune de Kalamu.

La bibliothèque en question gérée par Mr Gilbert Ndengo, un Congolais ayant fait ses études de bibliothéconomie au pays de Cheik Anta Diop, reçoit sans formalités ennuyeuses toutes les personnes désireuses de consulter les ouvrages gracieusement mis à la disposition du public. En outre la version vidéothèque projette des films de grande portée historique et d’éveil de conscience. Il s’agit des séances organisées à la fin de chaque fin de week-end, ou chaque fois qu’une association ou une institution le requiert.

S’agissant de la conférence sur le budget 2007, elle a connu comme orateur Mr. Martin Kibungi Makola, le coordonnateur de l’EDS, un des grands spécialistes en macroéconomique de la Rdc. Sous la modération de Mr Hubert Mupepe, son colistier habituel, le conférencier a tenu en haleine trois heures durant un auditoire de plus ou moins quatre vingt personnes venues de tous les horizons de Kinshasa. Le numéro un de l’Etoile du Sud a expliqué aux délégués de ces diverses organisations présents à la manifestation les tenants et aboutissants du budget de l’Etat exercice 2007qui a suscité beaucoup d’émotions avant son adoption.

Dans une approche à même d’être comprise et assimilée même par le commun des participants, Mr Martin Kibungi a commencé par expliquer les notions élémentaires d’un budget avant d’aborder la quintessence de celui qui vient d’être adopté par l’Assemblée nationale. L’orateur s’est appuyé sur le Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté, pour indiquer que le programme 2006 – 2007 du gouvernement Gizenga allait être axé sur les cinq chantiers de développement constituant la promesse électorale du Président de République, Chef de l’Etat élu pour cinq ans, Son Excellence Mr Joseph Kabila Kabange

D’entrée de jeu Mr Martin Kibungi a mis en garde les participants sur le danger de l’intoxication qui voudrait faire croire à la population que les cinq chantiers, en l’occurrence les infrastructures, l’emploi, l’eau et l’électricité, la santé et l’éducation, allaient être réalisés d’un coup avec une baguette magique. La réalisation de ces promesses, soutiendra-t-il, est un processus dont la première et véritable phase est la mise en marche du budget 2007. Pour le conférencier, le budget en question et que d’aucuns cherchent à vilipender, en cherchant la petite bête pour dénoncer une faille du gouvernement Gizenga, n’est que le reflet de la situation économique actuelle dans le pays. Même la plus belle femme au monde, rappellera-t-il à ce propos suivant le dicton populaire, ne peut donner que ce qu’elle a.

Le gouvernement Gizenga ne va donc pas inventer des moyens. Au contraire, c’est la population qui, en produisant et en payant des impôts et autres taxes, lui donnera ces moyens de sa politique. Le gouvernement Gizenga a hérité d’une situation qui ne lui a pas permis d’aller au-delà de ce qu’ils peuvent réaliser cette année. Sans nul doute, avec les performances réalisées ici et là, la population lui donnera dans l’avenir les moyens de proposer un budget équivalent à la taille des enjeux de la reconstruction nationale et du développement vivement attendus du pays.

Il serait donc un leurre, a encore indiqué Mr Martin Kibungi, de croire que tout allait se réaliser d’un seul coup, comme au cinéma. D’après lui, il va falloir que le peule dans son ensemble puisse adopter les attitudes du ‘’Civisme fiscal’’ dans son auto prise en charge de son développement, en mettant son génie dans un travail productif et bénéfique pour la Nation.

Après cette édifiante communication, le moment était venu à l’échange du jeu de questions et réponses entre l’orateur et l’assistance. M. Kibungi a répondu aux attentes de tout le monde. Eclairant les attentes des uns et des autres dans leurs pertinentes questions autour de la problématique débattue, le coordonnateur de l’EDS a expliqué que l’objectif de sa communication était de barrer la voie à l’intoxication dont souvent ont été victimes les milieux défavorisés. Il a, en plus, tenu à donner aux participants les rudiments de la loi financière pour qu’ils puissent  s’impliquer efficacement dans les processus du développement.

M. Kibungi a particulièrement insisté sur le fait que le budget sur lequel a porté le débat privilégie l’investissement curatif dans le domaine de la santé. En fait, cela fait partie des doléances de la population contenues dans le DSCRP. Presque tous les rapports venus de la base avaient effectivement fait état de l’inaccessibilité du commun des Congolais aux soins médicaux. En d’autres termes, il était question de faire comprendre ce que signifiait concrètement le budget 2007 que tout le monde semble tant fustiger.

D’après l’orateur, sa modicité est une conséquence du manque du civisme fiscal des congolais, et ce, aussi bien au niveau des gouvernants que de celui des gouvernés. Mr Martin Kibungi a encore indiqué que la fraude massive, légalisée et sauvage qui caractérise le comportement économique de la communauté congolaise est favorisée à tous les niveaux, y compris par la population elle-même. Elle est de ce fait à la base des allures timorées déplorées dans le budget concerné. Le contribuable congolais paye souvent inutilement plus en parafiscalité, et cela sans réclamer des quittances aux arnaqueurs.

Ces pratiques profitent injustement à quelques individus plutôt qu’à l’Etat congolais. A titre exemplatif, le communicant a cité le cas du passeport, titre officiel de voyage que tout le monde arrive à acheter à presque 140 $ US, voire 200 $ US, alors que son prix officiel n’est que de 40 $ US. Or, en payant correctement ses impôts et autres taxes, le contribuable ne devrait en fait débourser que des montants moins importants que ceux auxquels lui contraint la procédure frauduleuse. Et au bout du compte, on n’aiderait mieux que l’Etat congolais à augmenter ses possibilités financières.

Le deuxième motif de la modicité du budget actuel est imputable à la production nationale inadaptée aux ambitions du grand Congo et de ses 60 millions d’habitants. Cela est dû, d’après le tribun du jour, à la destruction méchante de l’outil de production lors des deux pillages de triste mémoire que le pays a connus. La vétusté et l’obsolescence des équipements ne permettent pas non plus la réalisation d’une production performante. L’inexistence de l’investissement national laisse les PME et les PMI aux mains des étrangers pendant que les nationaux qui en ont les moyens préfèrent dilapider leurs richesses dans des investissements de prestige mais malheureusement non productifs.

Il y a en plus, a signalé Mr Martin Kibungi, le fait que les Congolais n’ont pas la culture d’associations en vue de la création des entités de production ou de micro entités de production.     Le cas de l’expérience d’un certain Uncle John, une petite fabrique de glace créée avec un capital non extraordinaire mais qui a donné de l’emploi aux nombreux congolais, a été cité en exemple pour interpeller les consciences.

Comment alors redresser la situation déplorable des finances publiques en vue d’une plus grande mobilisation des recettes ? Pour le coordonnateur de l’Etoile du Sud, il faut auditer les entreprises publiques et lutter contre l’évasion fiscale (fraude et sous évaluation). La conscientisation de la population s’impose dès lors avec accompagnement d’une vigilance accrue et un contrôle sempiternel des mouvements des recettes de l’Etat. Il s’agit d’un effort qui doit être permanent.

Pour terminer, le conférencier a affirmé qu’en dépit de tous les états d’âmes et de quelques boutades entendues ici et là, le budget 2007 contient beaucoup de points positifs pour nos populations, notamment l’inexistence des écarts majeurs contenus dans le projet présenté par le gouvernement comparé au projet budgétaire remanié et adopté finalement par l’Assemblée nationale. Quant au financement dudit budget, il n’y est plus question de caractère extraverti qui lui a souvent été reproché. Cette fois il s’agit d’un budget dont les 60 % des dépenses seront couvertes par des ressources internes tandis que 40 % des moyens seulement proviendront de l’extérieur.

Les augmentations des rémunérations des fonctionnaires (25 %) n’ont pas été modifiées, tandis que les principes d’équilibre budgétaire ont été consacrés alors que l’on craignait une impasse. Grâce à ce budget, est-il également noté, les finalistes du niveau supérieur pourront bientôt renouer avec la bourse d’études depuis longtemps oublié du vocabulaire des milieux estudiantins congolais.

Devant les aspects positifs remis en exergue contre toute attente, l’orateur a fait remarquer qu’il n’y a pas lieu, pour autant de plonger dans un angélisme béat. Mr Martin Kibungi a prévenu, en effet, que certaines dépenses exigibles comme le paiement des rémunérations et les dettes extérieures demeuraient impératives. Depuis qu’avait été atteint le point de décision en 2002, a-t-il déclaré, le pays ne fait que courir après le point d’achèvement que le Gouvernement Gizenga devra coûte que coûte atteindre en 2008.

En cas de non paiements des dettes extérieures, le risque d’asphyxie par une rupture du processus de financement extérieur allait continuer de menacer et d’hypothéquer les chances entrevues de sortie de l’ornière. En plus on ne doit pas perdre de vue qu’à cause du déficit enregistré en 2006 par le gouvernement du système 1 + 4 de la transition, l’actuel budget ne bénéficiera pas cette fois-ci de l’appui du FMI.

En conclusion, l’orateur a affirmé que le budget 2007 ne sera    pas une panacée mais aura la mission d’asseoir les bases solides de la relance et de la mobilisation des recettes de l’Etat. La population est dès lors conviée à appuyer les efforts du premier gouvernement de la Troisième République. M. Kibungi en a appelé à la responsabilité des contribuables congolais, afin qu’ils puissent se comporter désormais comme les populations des pays voisins qui nous entourent et qui, en dépit de leur pauvreté endémique, élaborent des budgets conséquents à la taille de leurs moyens.

Les bases solides pour la relance de la production nationale congolaise, renchérira-t-il, doivent absolument passer par la relecture des contrats miniers, forestiers ainsi que par la restructuration du secteur des importations et des exportations, afin de permettre au gouvernement de miser une plus grande assiette financière dans la confection des prochains budgets.

MMC

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