Samba wa Mbimba Nzinga (Chéri Samba), peintre

Chaque fois qu'il passe sur l'avenue du 24 Novembre, il tombe en admiration devant des oeuvres que le peintre-dessinateur Apuza a l'habitude d'exposer au bord de la route Celui-ci ayant publié une offre d'emploi à l'intention des apprentis artistes, Samba se présente et est admis dans son atelier. Mais le statut d'apprenti qui lui est attribué le frustre. Il aurait souhaité être engagé comme collaborateur étant donné que, depuis sa jeunesse, il dessine et qu'à l'école il était considéré comme un virtuose en la matière.Samba quitte son premier patron trois jours après l'engagement et va découvrir deux autres peintres associés : Lomabaku et Mbuta Masunda, installés sur l'avenue Lubumbashi, dans la zone de Kasa-Vubu. Il ne passe que trois mois en leur compagnie parce que son premier patron le récupère cette fois comme collaborateur.

Hélas ! cette collaboration ne dure que  huit mois et Chéri Samba se rend chez Mbuta Masunda qui, séparé de son associé, s'est installé à son propre compte au croisement des avenues Victoire et Assosa. Son maître s'étant spécialisé dans l'écriture des lettres, Samba a l'occasion de s'imposer à ses côtés comme peintre illustrateur en reproduisant en grand ses projets réalisés jadis au crayon. Cependant, désireux de concrétiser son vieux rêve d'être indépendant, Chéri Samba se sépare de Mbuta Masunda et, le 10 octobre 1975, il ouvre son propre atelier sur l'avenue Kasa-Vubu, dans la zone de Ngiri-Ngiri.

Lors de son voyage à Paris en 1982, sur l'invitation du magazine Actuel en vue d'aller peindre des toiles devant servir d'illustrations audit organe d'information, Samba prend part à une exposition collective organisée au musée des Arts décoratifs. Il se rend de nouveau en France en 1986 et effectue de nombreux autres voyages à l'intérieur du Zaïre.

L'art du peintre Samba a déjà servi de source d'inspiration aux cinéastes. Le réalisateur Ngangura, dans le cadre de ses travaux au SEVOZA (Studio-Ecole de la Voix du Zaïre), a montré un film intéressant à partir des oeuvres réalisées par l'artiste et de leurs thèmes, intitulé Kin Kiesse, véritable miroir de la vie joyeuse de la capitale du Zaïre. Ce film a reçu un prix au Festival du Film africain de Ouagadougou (Fespaco). Le même réalisateur consacra un film à l'artiste à l'instar d'une équipe de l'OZRTF qui le fit à l'intention du public français. Observateur de la société dont il aime bien soumettre les séquences à la critique, Chéri Samba peint des sujets ou des thèmes puisés dans la vie quotidienne. Aussi le spectateur se complaît-il dans la contemplation de son auto-projection à travers notamment : Femme infidèle, Amoureux châtié, la Séduction, Affaire Mbanda, Tous sont sur terre, Kin Kiesse, Arrestation d'un musicien, les Riches et les Pauvres, les Enfants malhonnêtes, J'ai fait pam-pam à Paris.

L'originalité de la peinture de Samba se caractérise par une palette diluée dans un fond de couleur plus ou moins uniforme qu'illustrent des personnages stylisés dans des attitudes éloquentes et expressives, dont le message est renforcé par des textes, comme dans les bandes dessinées. Le peintre Chéri Samba est un être narcissique qui, dans son art, aime bien se mettre au centre des situations, qu'elles soient vécues ou simplement imaginées.