PALU, un parti atypique

C’est bien cela que peut-être ne savent pas ou qu’ont oublié la plupart des chefs de nos partis politiques. Cette sorte d’hibernation, qui ne dit pas son nom, dans laquelle se trouvent ces partis depuis la mise en place des institutions actuelles en donne éloquemment la preuve. L’herbe folle a même envahi beaucoup de leurs permanences. C’est tout simplement triste.

 

            Aux dires des nombreux observateurs, le Parti lumumbiste unifié, Palu en sigle, figure parmi les très rares qui font la différence. Palu est le parti de Antoine Gizenga, l’actuel Premier ministre de notre pays. Etant au gouvernement, il a cédé momentanément le timon à l’un de ses éternels lieutenants, Makina Malongi, le Secrétaire permanent du parti. Dont on dit aussi qu’il est un grand et stratège organisateur et un excellent idéologue. C’est lui qui a donc présidé, au nom du patriarche Gizenga, à côté de Mme Anne Gizenga Mbuba, la dernière grandiose manifestation très colorée marquant le 43ème anniversaire du Palu. C’était le mercredi 22 août à Matete (Cf. L’Observateur n°2703 du vendredi 24 au dimanche 26 août 2007). Un observateur ayant été attiré par cette manifestation, dit avoir été frappé par la discipline et la capacité de mobilisation et de communication du Palu. L’une et l’autre, affirme-t-il, manquent à beaucoup de partis politiques congolais : on ne les obtient pas, en effet, sans une idéologie bien élaborée, bien enracinée et bien claire, du sommet à la base, et sans une militance vraiment de qualité. Le message du jour, sa clarté et sa pertinence, le comportement des militants, renchérit-il, convainquent de l’existence, au Palu, d’une telle idéologie et d’une telle militance.

 

            Il ajoute que, du début jusqu’à la fin de la manifestation, il n’a pas entendu parler de l’argent, il ne l’a pas vu circuler comme cela est de coutume, en pareils cas, dans quasi toutes les formations politiques de ce pays. C’est que, au Palu, conclut-il, le militant est éduqué de façon qu’il doive toujours se demander ce qu’il fait pour son parti et non ce que celui-ci fait pour lui. Par ailleurs, il dit avoir été informé, à la même occasion, que ce parti tient ses réunions politiques dans toutes ses articulations tous les dimanches de 14 à 16 h. Au cours de ces réunions, le militant est informé, informe éventuellement à son tour et, naturellement, s’exprime. Et verse aussi sa cotisation hebdomadaire qui, indistinctement, est de 100 Francs congolais.

 

            Pour notre part, nous tirons de cette relation que, dans la constellation de partis politiques congolais, le Palu est un parti vraiment atypique. On peut l’aimer ou ne pas l’aimer, il y a beaucoup à apprendre de lui. Ainsi, revenant à François de Closets relativement au rôle des partis politiques, nous disons à nos dirigeants que, contrairement à ce qu’ils peuvent s’imaginer, la majorité de problèmes de gouvernance que nous rencontrons dans ce pays, découlent, en grande partie, d’une insuffisante et médiocre politisation de la société. Les dirigeants et les cadres responsables, visionnaires et proactifs, les citoyens vraiment au fait de ce que leur pays attend d’eux, c’est à dire qui connaissent leurs droits et leurs devoirs de citoyen, sont très généralement des produits des partis qui fonctionnent normalement, qui socialisent, éduquent, forment et informent correctement leurs adhérents.

 

            Aussi, devons-nous comprendre, une fois pour toutes, que nos partis, conçus et organisés de la manière que l’on sait, entreprises privées par ici, auberges espagnoles, régies financières par là, ne sont rien d’autre que des fléaux publics. Avec eux, tels qu’ils existent aujourd’hui, on ne peut que tourner en rond, mieux s’enfoncer plus profondément chaque jour dans l’abîme de la médiocrité et de l’aliénation.

 Xavier Mirindi Kiriza

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