Gilbert Youlou Mabiala, musicien
Gilbert Youlou Mabiala © mwinda |
Le groupe vocal « Les griots » de Brazzaville le sollicite en 1962. C'est un début prometteur pour le jeune Youlou. Il y passe sept mois. Au cours d'un déplacement de l'OK Jazz à Brazzaville, il est recruté par Franco, grâce à son ami Célestin Loubassou Dranlebe. Et le 13 août 1963, il intègre OK Jazz, au même moment que son compatriote Francis Bitsoumanou dit Celi Bitsou. Il bénéficie du précieux encadrement de Simaro Lutumba. Au début, Gilbert Youlou éprouve de difficultés à suivre le programme tracé par son chef Vicky Longomba dans l'OK Jazz, lui qui est un habitué des chorales et autres groupes vocaux. Il a le trac et ne s'adapte pas vite à l'ambiance des bars. Longomba lui impose douze heures de répétition en deux jours.
Youlou traverse le Pool…
En 1966, Youlou signe deux chansons d'amour, sorties aux éditions Epanza Makita de Franco De Mi Amor : « Obimi mbwe » et « Babotoli ngai yo ». Une année plus tard, il lance, aux éditions Boma Bango, toujours de Franco, les chansons « Mpungu ya bolingo » et « Nakoluka yo ba nzela nioso ». Il lance également, aux éditions Viclong de Vicky Longomba, « Numéro ya Kinshasa », son premier grand succès, et « Dodo tuna motema ». Les tubes « Nakopesa yo motema » et « Billy ya ba fiancées », sorties aux Editions Vévé de Verckys Kiamwangana, sont de véritables reflets de la vie des amoureux kinois. Il se classe parmi les auteurs et compositeurs des grands orchestres de Kinshasa.
En 1972, Youlou, Sam Mangwana, Lola Checain et Michel Boyibanda, forment l'attaque chant de l'OK Jazz. La même année, Vicky Longomba crée l'orchestre Lovy du Zaïre. Youlou fait partie du groupe ainsi que le brazzavillois Francis Bitsoumanou dit Celi Bitsou, Mose Fanfan, autre transfuge de l'OK Jazz. Franco lance une chanson-diatribe intitulée « Où est le sérieux », contre Youlou, Fanfan et Bitsou qui l'ont quitté.
Suite à une brouille avec Vicky Longomba, Youlou monte en 1974 l'orchestre Somo-somo avec Jean Kwamy Munsi. Ils recrutent Diatho Lukoki au chant, Djuke à la guitare solo, Master à la basse et Nona au tumba. Ils effectuent un voyage de deux mois à Kisangani. En 1976, il regagne OK Jazz. Dans le double album des 20 ans de l'OK Jazz, il compose la chanson « Kamikaze ». Youlou accompagné par l'OK Jazz, en juin 1977, sort « Vive CMP », une chanson consacrée au Comité Militaire du Parti dirigé par le Commandant Joachim Yhombi Opango, pour assurer la transition à la mort du président Marien Ngouabi.
Les Trois frères et Rumbayas
Youlou et Michel Boyibanda quittent OK Jazz en mai 1977 et montent un groupe à Brazzaville. Suite aux œuvres dédiées au CMP, l'orchestre bénéficie d'une subvention du président Yhombi Opango pour l'acquisition d'un équipement musical. Youlou Mabiala, Boyibanda Michel et Djeskain Loko Massengo forment l'orchestre « Les Trois frères ». Ils donnent leur premier show au ciné Vog, au centre-ville à Brazzaville, le 7 août 1977. Ils sont accompagnés pour l'occasion par l'orchestre Super Boboto (Sbb). Les « Amies cadettes » Evelyne Ngongolo et Emille Maimouna Berete font le chœur. Michel Boyibanda qui a rejoint les Bantous de la capitale, en cours de répétition, ne participe pas au spectacle.
Le groupe est composé de Denis, Toussaint Loussala, Djaffar Loubamba, pour la section guitare, Dupool au tumba, Franck Nkodia, Roger, Zinga, Augustin à la section cuivre, et les danseuses Yelessa Antoinette, Yolanda, Adèle et Aziza, sous la direction de Sonnery. Le répertoire de nouvelles chansons en 1978 est composé des œuvres comme « Petit chéri », « Saley » de Youlou Mabiala, « Nenette » de Loko Massengo et « Diallo » de Michel Boyibanda. Le succès ne se fait pas attendre. D'autres titres inondent le marché du disque.
En avril 1979, Youlou crée le groupe « Rumbayas ». Il se produit dans un grand spectacle intitulé « Expérimental Show », sous la direction de Mfumu Fylla de Saint-Eudes. Il joue à la guitare acoustique, accompagné par Dercy Mandiangu (ancien de Sosoliso) à la guitare solo et Djaffar Loubamba à la guitare basse. Mick est à la batterie, Franck Nkodia au saxo, Zinga et Augustin à la trompette. Jeff Munongo assure la chorégraphie. C'est l'amorce de ce qui devient quelques mois plus tard « Kamikaze ». Serge Lemvo Kiambukuta et Wawa font leur baptême de feu au cours de ce spectacle. Youlou sort les œuvres « Hélène » et « Barika ». Plus que jamais, Youlou apparaît comme le clone musical de Franco Luambo. Dès que ce dernier sort un disque, Youlou en prend le contre-pied, avec toujours en prime, le titre ressemblant, tels que « Hélène » de Youlou qui est ainsi la réplique à la chanson « Hélène » composée par Franco peu de temps avant. De même pour « Mamou ».
L'Orchestre Kamikaze
Il abandonne Rumbaya et monte l'orchestre « Kamikaze » en 1980. Le groupe se compose de Youlou, Serge Lemvo, Pindou, Miguel, Bola Bolith et Sélé au chant ; Lilas à la batterie, Augustin et Zinga à la section cuivre ; Nona Simon au tumba ; Kiala Don Joli à l'accompagnement ; Loubamba Djaffar à la guitare basse et Souza Vangu Bazizila (actuel leader des Bana Poto-Poto à Brazzaville) à la guitare solo. Parrainé par l'entreprise Publi-Congo, le groupe effectue sa sortie officielle en 1981 au cinéma Vog, dans une salle archicomble. Mfumu Fylla de Saint-Eudes, le maître de cérémonie, présente l'événement. Le Directeur général de Publi-Congo, Edouard-Roger Okoula, Nkala Lambi, Tchikonkolo et Guy Bandio, sont les maîtres d'œuvre de cet événement.
Dans cet orchestre, Youlou sort plusieurs chansons à succès, notamment « Je suis encore jeune », « Satan », « Seli Go », « Le corps refuse », « Nsona », « Lili », etc. En 1983, il lance la chanson « Maka », qui domine aussi bien le marché du disque brazzavillois et kinois. En 1984, il sort « Mamou », une réplique de la chanson « Mamou » de Luambo Makiadi. L'initiative de Miab Miambanzila, Pamelo Mounka et Youlou se retrouvent pour enregistrer en 1985 l'album « Lisanga ya ba ndoki », une imitation de l'album « Lisanga ya ba nganga » de Tabu Ley Rochereau et Franco Luambo Makiadi en 1983. A cet effet, Pamelo compose une très belle chanson-roman, intitulée « Atipo ». Youlou lance la chanson « Loufoulakari ». Le succès de cette chanson domine l'année musicale sur les deux rives du Pool Malebo. En 1986, Youlou sort « Mon avocat a voyagé », et l'album « Dona Beija » en 1991.
L'OK Jazz et l'après Luambo
Après une longue éclipse par manque de matériel de musique, en 1988, Franco sollicite l'apport de Youlou pour l'album « Rétro non-stop » de l'OK Jazz, où il met sa voix dans la chanson « Vickina » de Michelino Mavatiku. Au début de l'année 1994, l'OK Jazz se disloque. Le départ de ses musiciens pour Bana OK, et le refus de Madilu de prendre les rênes de la nouvelle formule de l'OK Jazz portent un coup dur à la survie de l'orchestre. L'arrivée de Youlou Mabiala, quelques mois avant le 40ème anniversaire de l'orchestre en 1995, marque une certaine renaissance de l'OK Jazz cinq ans après le décès de Luambo. Youlou s'installe à Kinshasa avec Souza Vangu, pour remonter l'orchestre.
Avec ses amis Michelino Mavatiku, Dalienst Ntesa et Wuta Mayi, ils montent un orchestre de studio « Afri-Jazz », qui ne sortira qu'un seul album en 1997. Cet album a la malchance de sortir quelques jours avant la guerre de juin 1997 à Brazzaville. Aussitôt, les cassettes arrivées, les entrepôts de la douane sont pillés avant la vente du produit. L'on note donc la sortie sur le marché du disque des albums « Oleli, oleli » (1996), « Muana ya Luambo »(1998) et « Résurrection » (2003). En 2005, Youlou connaît des ennuis de santé. Le 15 août, il est interné à l'hôpital Louandjili, à Pointe-Noire. Il est ensuite transféré au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Brazzaville, à la neurologie. Aujourd'hui, il poursuit donc des soins appropriés à Paris en France d'où il compte sortir un album en juillet prochain.
Jeannot Ne Nzau Diop