Prostitution : 5.000 Fc pour les relations sexuelles non protégées
Les adeptes du plus vieux métier du monde se donnent, à la tombée de la nuit, en spectacle gratuit sur les artères principales de la ville de Kinshasa. Très souvent, n'ayant rien en dessous (sans calebar, en jargon kinois), elles se débarrassent du pagne, à chaque passage d'un véhicule. Exposant ainsi leur anatomie pour attirer d'éventuels partenaires.
UR l'avenue Kasa-Vubu, du côté de Matonge dans la commune de Kalamu, pour ne citer que cette partie de Kinshasa, ces prostituées, sans gêne, ni pudeur, se livrent à coeur joie à ce spectacle, au vu et au su de tout le monde.
Si les automobilistes les embarquent aux heures indues, des téméraires, les piétons, faisant fi d'éventuelles maladies et autres infections sexuellement transmissibles, se jettent dans les bras de ces filles de joie. Leur rayon de prédilection actuellement va de l'avenue Popokabaka jusqu'au niveau de l'YMCA.
Les usagers de la route qui passent par ce tronçon sont souvent scandalisés par le comportement de ces femmes, qui envahissent une bonne partie de la chaussée dès 19 heures déjà. A défaut, d'exhiber la nudité, elles vous bousculent pour présenter des excuses.
Une manière d'engager la conversation. Et si le piège est bien tendu, on est pris, sans autre forme de procès. Le tarif est alors fixé en fonction non seulement de la durée de la « séance », mais aussi et surtout de la protection ou non de cette dernière. Pour une nuit entière, il faut débourser de cinq à dix mille francs congolais pour avoir droit aux rapports sans préservatif.
Avec le port de la capote anglaise, le tarif est réduit à deux ou trois mille francs congolais pour une nuit. « Nous n'acceptons de passer la nuit avec un homme qu'après une heure ou deux heures du matin », a fait remarquer une prostituée, d'une vingtaine d'années, qui a requis l'anonymat. Pour une simple passe, le « client » ne paie que mille à deux mille francs. « Je ne suis qu'une veuve. Je ne sais que faire d'autre pour trouver de l'argent. Si j'ai opté pour cette profession, c'est pour réunir un montant qui me servira de capital me permettant de acheter un sac de farine de froment. Avec lequel, je pourrais fabriquer des beignets à vendre. Le bénéfice pourrait m'aider à préparer la rentrée scolaire de mes deux enfants », a expliqué une autre prostituée rencontrée non loin de la Place des artistes au rond-point Victoire dans la commune de Kalamu. Et sa voisine, également mère, d'ajouter : « Par nuit, si le 'marché' est payant, je rentre à la maison avec au moins dix mille francs. Si non, je ne réalise que deux ou trois mille francs. Quelques fois, d'ailleurs, je rentre aussi bredouille ».
A noter que, parmi ces prostituées figurent aussi les filles en rupture avec leurs familles.
O. Dioso et Olivier Kaforo (Stagiaires)
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