Economie 2015 : des pesanteurs vont retarder le décollage

La RDC est encore un nain face au train de la mondialisation. Pour
ne pas subir les effets pervers de cette globalisation, à laquelle le
monde entier est résolument engagé, les dirigeants congolais devraient
prendre la mesure des enjeux actuels et à venir.

Fort malheureusement, le gain de la stabilité politique et
surtout de la démocratisation n’est pas encore couplé avec la donne
économique, de manière à préserver les intérêts du pays face aux
partenaires extérieurs assez agressifs.

En effet, la RDC doit avoir un mot à dire dans l’organisation
et la marche du monde actuel. Et ses potentialités économiques,
notamment les ressources naturelles, lui donnent un pouvoir réel pour
ce faire.

Mais il lui reste à valoriser ces ressources pour disposer d’un certain poids économique et politique.

D’ici
2015, la RDC sera-t-elle en mesure de répondre d’abord aux besoins
primaires des Congolais et, ensuite, de rendre le pays fréquentable aux
fins d’attirer les investissements étrangers ? Les faits désarçonnent.

Alors que 72% des Congolais souffrent de l’insécurité
alimentaire, l’agriculture n’est pas encore effectivement devenue une
priorité des priorités. Bien que le pays ait souscrit aux
recommandations de Maputo (2003) pour consacrer jusqu’à 15% du budget
national à l’agriculture, l’enveloppe consacrée à ce secteur est encore
en deçà de 5% en RDC. Et les 513.000 ha de terres cultivables ne sont
exploités qu’au dixième.

Le taux de desserte en eau potable se situe encore à 26%,
celui de l’électrification à 6% et le taux d’alphabétisation aux
environs de 65%. Pire, il n’existe pas à ce jour un programme devant
renverser ces tendances d’ici 2015.

Le Pnud est pessimiste : «la RDC, comme plusieurs pays de
l’Afrique subsaharienne, ne pourra pas atteindre les objectifs du
millénaire pour le développement (OMD) d’ici 2015». Les OMD vont de la
réduction de moitié de l’extrême pauvreté à l’éducation primaire pour
tous, en passant par l’arrêt de la propagation du VIH/sida. Des défis
qui restent intacts en RDC.

AMELIORER LE CLIMAT DES AFFAIRES

Ayant opté pour
l’économie libérale, la RDC, pays aux multiples opportunités
d’investissement, mais encore sous exploité, n’a pas 36 manières pour
attirer des capitaux importants qui circulent à travers le monde à la
recherche de marchés porteurs.

La voie la mieux indiquée est notamment l’adhésion au droit
des affaires Ohada, en vigueur dans une dizaine des pays africains.
Lancé depuis 2004, le processus d’adhésion de la RDC au droit Ohada
(Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires)
n’a toujours pas abouti. Pourtant, ce Traité a pour principal objectif
de remédier à l’insécurité juridique et judiciaire existant dans les
Etats parties.

L’insécurité juridique s’explique notamment par la vétusté
des textes juridiques en vigueur. La plupart d’entre eux datent en
effet de l’époque de la colonisation et ne correspondent manifestement
plus à la situation économique et aux rapports internationaux actuels.
Il s’agit donc de tout mettre en œuvre pour aider à l’amélioration du
climat des affaires.

Ce n’est que lorsque la RDC aura vaincu au préalable la
guerre du ventre de ses populations, créé un environnement propice aux
affaires en modernisant son cadre juridique qu’elle aura des moyens
suffisants pour conquérir efficacement le marché extérieur. Ce chemin
exige une véritable volonté politique des dirigeants.

Un exemple : la RDC compte moins de 5 normes et le ministère
de l’Industrie se donne le pari d’en atteindre 200 avant fin 2007.
Pendant ce temps, la Chine en compte plus de 20.000 actuellement ; elle
en crée 500 chaque année. C’est ce qui fait notamment sa force pour
pénétrer le marché international.

Un autre enjeu majeur que la RDC devrait prendre en compte,
c’est la contrepartie qui doit lui revenir du fait du service
environnemental que rendent ses forêts au monde. Celles-ci, 56% du
Bassin du Congo, constituent le deuxième massif forestier du monde
après l’Amazonie. Les 145 millions d’hectares de forêts tropicales
congolaises sont un véritable puits de carbone pour le gaz à effet de
serre responsable du réchauffement climatique.

Une inquiétude : alors que le protocole de Kyoto va entrer en
vigueur d’ici 2012, aucune politique cohérente n’est mise en œuvre pour
plaider en faveur d’une compensation juste pour la RDC.

En conclusion, le pays se trouve en face de plusieurs
pesanteurs qui retarderont, d’ici 2015, son propre décollage ainsi que
son adaptation aux règles de la mondialisation galopante.

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