Le patrimoine urbain du Congo, à Bruxelles (Belgique)


Le
Centre International pour la Ville, l’Architecture et le Paysage (CIVA)
situé à Bruxelles (Belgique) a eu l’idée de présenter, à l’attention du
public belge et congolais, le patrimoine urbain du Congo à travers
plusieurs regards – regards croisés – à la fois historiques et
contemporains.

Patrimoine partagé ?

En février 2005,
la statue équestre de Léopold II est réinstallée au coeur de la
capitale du Congo après plus de 40 ans. Vingt-quatre heures plus tard,
elle est à nouveau enlevée. Cette anecdote illustre parfaitement
l’ambiguïté des liens qui unissent la Belgique à son ancienne colonie,
particulièrement à travers le patrimoine colonial et l’image que
celui-ci véhicule.



Comment évaluer ce patrimoine au regard de sa signification souvent
troublante auprès de la population congolaise qui s’est vu imposer une
culture qui n’est pas la sienne ? Cette évaluation, indépendante de la
valeur intrinsèque de l’architecture ou de l’urbanisme colonial, qui
fait partie de l’histoire de l’architecture du XXe siècle, pose
également le défi de la sauvegarde de ce patrimoine et de sa
restauration.

Ce sont ces questions qui structurent, comme un fil conducteur, le scénario de l’exposition sur les paysages urbains du Congo.

Regards croisés

L’exposition
s’articule autour de plusieurs thématiques qui sont illustrées par de
nombreux témoignages graphiques et littéraires (documents d’archives,
photographies, plans, maquettes…) et qui montrent l’évolution, durant
une centaine d’années, du paysage urbain du Congo et plus
particulièrement de Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani, trois villes
phares situées le long du fleuve Congo.

Ce parcours est ponctué
par des œuvres contemporaines et inédites – photographie, peinture,
bande dessinée… – dues à plusieurs artistes congolais originaires de
ces trois villes ainsi qu’à des artistes belges, qui, en nous donnant
leur vision personnelle de ces paysages urbains, initient un dialogue
autour de notre ‘patrimoine partagé’ et de notre histoire commune.

Au
travers de ces regards croisés, l’exposition amorce également une
réflexion sur l’urbanisme en Afrique. Quels sont les liens
qu’entretiennent les Congolais avec le patrimoine colonial qui forme
l’ossature des villes et sur lequel s’est greffée la ville congolaise
d’aujourd’hui? Comment sont perçus ces patrimoine et tracés urbains,
souvent évocateurs d’un système, d’un mode de vie? Au-delà de ces
symboles du pouvoir colonial, quels sont les nouveaux signifiants
urbains dans une société qui doit aujourd’hui faire face à une très
forte croissance et à maints défis quotidiens ?

L’exposition
permet enfin de renommer des architectes et urbanistes qui ont réalisé
de nombreux projets au Congo, souvent d’une très grande qualité,
pourtant méconnus du grand public belge et congolais.

Cinq thématiques

  1. Construire sous les tropiques :
    à leur arrivée en Afrique centrale, de nombreux européens décèdent car
    peu résistants aux conditions climatiques et sanitaires. Des recherches
    sont menées pour trouver des solutions qui permettront leur
    acclimatation. Cette thématique suit l’évolution de l’habitat, depuis
    la fin du XIXe siècle où celui-ci est conçu comme un abri qui permet de
    se protéger de l’environnement tropical, jusqu’à l’émergence du
    ‘modernisme tropical’ durant les années d’après-guerre qui allie les
    avancées techniques comme la climatisation par exemple à une recherche
    formelle dynamique et moderne à l’image du ‘Nouveau Congo’ idéalisé par
    la propagande coloniale.
  2. Inventer un ‘comme chez soi’ : la notion de confort mental
    influence très tôt l’architecture au Congo. Il faut donner aux agents
    de l’Etat belge qui s’y installent l’impression du ‘comme chez soi’ de
    façon à ce que tout sentiment de déracinement ne nuise pas à leur
    travail et à leur moral. L’architecture résidentielle congolaise imite
    celle vernaculaire belge.
  3. Vivre ensemble, séparé : à partir des années 20, la
    ségrégation entre la partie européenne et la ville indigène prend
    explicitement forme dans les plans d’urbanisme. Basée sur un principe
    de zonage, la ville congolaise est divisée en quartiers bien définis et
    séparés les uns des autres. Cette ségrégation se marque également au
    niveau de l’habitat.
  4. ‘Coloniser c’est civiliser’ : qu’elle soit un prétexte ou
    une idéologie, l’expérience coloniale au Congo Belge est avant tout
    vécue par la plupart de ses acteurs comme une ‘mission civilisatrice’.
    De celle-ci demeure aujourd’hui encore un patrimoine architectural
    important constitué par les écoles, universités, lieux culturels,
    hôpitaux ou dispensaires, dont une grande partie a été construite dans
    le cadre du Premier Plan Décennal pour le Développement Economique et
    Social du Congo Belge, promulgué en 1948.
  5. Espaces du pouvoir : dès le début du ‘Partage de l’Afrique’,
    pour utiliser cette expression populaire qui qualifie la Conférence de
    Berlin de 1884-1885, les différentes nations coloniales ont usé de
    l’architecture pour véhiculer et asseoir leur pouvoir. Léopold II, dès
    la fondation de l’Etat Indépendant du Congo (EIC) en 1885, comprend
    vite que les sections coloniales des expositions internationales ou
    universelles permettent de valoriser dans la communauté internationale
    mais aussi auprès du public belge, son œuvre coloniale.

Les artistes : stimuler le dialogue

Les
œuvres exposées consistent en grande majorité en commandes passées à
leurs auteurs par le CIVA pour cette manifestation. Elles ont été
sélectionnées avec soin de manière à ponctuer les différentes étapes de
l’exposition et à intervenir à des moments précis du cheminement de
manière à stimuler le dialogue entre les deux communautés et la
réflexion autour de ce ‘patrimoine partagé’.

Les artistes pour la
plupart congolais et belges sont issus de la génération post-coloniale,
nombre d’entre eux sont nés vers la fin des années 70. Ils nous livrent
une vision très contemporaine et personnelle de la vie quotidienne dans
ces trois villes au moyen de techniques variées : photographie, la
bande dessinée, dessins, collage ou peinture.

Avec le soutien de : Yambi
Congo – Wallonie Bruxelles 2007 / La Communauté française de Belgique /
La Commission Communautaire française / Le Commissariat général aux
relations internationales / La Région de Bruxelles – Capitale / Le
Collège des Bourgmestre et Échevins d'Ixelles / Universiteit Gent.

Congo – Paysages urbains, regards croisés

Jusqu’au 25 novembre 2007

Espace-Architecture La Cambre

Place Flagey – 19 bis, angle Boondael

1050 Bruxelles (Belgique)

Email : info@civa.be

Web : www.civa.be/sub/01.aspx?content=&uc=C01_1_136

Ouverture : du mardi au dimanche, de 11h00 à 18h00.

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