28.11.07 La RdCongo doit rejeter les accords de partenariat économique avec lUE (APE)
Après des Assemblées Annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire internationale à lautomne 2007 et qui lui ont permis davoir une nette configuration de son budget 2008, le gouvernement Gizenga doit à partir de ce mercredi 28 novembre exposer ses besoins prioritaires pour les années à venir afin de bénéficier des appuis financiers des principales institutions financières internationales et des partenaires bi et multilatéraux. De même, dici la fin de lannée 2007, la Rd-Congo entant que pays dAfrique Caraïbes et Pacifiques, est appelée à négocier les accords de partenariat économique avec lUnion Européenne. Ces accords sont par ailleurs des solutions proposées par lEurope aux pays Africains face à linefficience du régime daccès préférentiel accordé aux pays ACP depuis 1975 à travers les différents accords de Lomé. Mais la Rdc ne doit pas se tromper entre précipitation et objectivité parce quelle a besoin dêtre aidée. De son coté, le parlement doit veiller pour que tous ces accords signés soient dans lintérêt du peuple congolais.
Ouvrir le marché par la suppression des barrières douanières
Les accords de partenariat que la Rdc est appelée à signer à la fin de lannée 2007, vont conduire à une ouverture des marchés qui favorise avant tout les multinationales étrangères, incomparablement mieux armées financièrement et technologiquement que les petites entreprises du pays. Ces multinationales qui simplantent en Afrique peuvent alors conquérir dimportantes parts de marché, provoquer la disparition des producteurs locaux et faire de juteux profits en augmentant les prix. Dautant plus que les productions étrangères (viande, lait, œufs, céréales, tomates, coton, etc.) sont souvent subventionnées dans leur pays dorigine et peuvent arriver sur le marché local sans entraves pour concurrencer « librement » les producteurs locaux.
Les productions locales vont en pâtir
Grâce aux subventions, malgré des frais de production plus élevés et des frais de transport inévitables, les produits du Nord sont souvent moins chers dans les pays du Sud que ceux produits localement. Pour cela, depuis 1999, les importations de poulets congelés en provenance dEurope augmentent de près de 20% chaque année, inondant le marché africain et mettant en péril les aviculteurs locaux. La pénétration de ces poulets congelés est largement facilitée par la réduction drastique des droits de douane qui protégeaient auparavant les économies africaines. Dans ces conditions, il est urgent de réaffirmer avec force le droit au protectionnisme des secteurs clés de léconomie et le principe essentiel de la souveraineté alimentaire. Ce droit inclut notamment le choix dune agriculture paysanne respectueuse de lenvironnement, destiné à satisfaire les besoins alimentaires des populations locales avant de chercher à exporter massivement sa production, et permettant aux paysans de vivre dignement de leur travail. Si donc la Rdc signe ces APE, elle sera obligé douvrir totalement son économie aux investissements, aux produits et services des multinationales des pays les plus industrialisés afin de répondre aux desiderata de leurs dirigeants : produire ce quils veulent, où ils veulent, dans les conditions définies par eux, aux salaires fixés par eux. Cela passe nécessairement par des refontes comme ça été le cas en Rdc, dans un sens libéral, du code du travail, du code minier, du code forestier, du code des investissements, etc. Ces accords vont entraîner une suppression nette des barrières douanières qui fera baisser les recettes fiscales de lEtat congolais, qui adoptera alors une fiscalité élargie pénalisant avant tout les populations pauvres doù l abandon de la progressivité de limpôt, une baisse de limpôt sur les bénéfices des sociétés (comme au Rwanda où il est passé de 50 à 35%) et système de TVA généralisée (comme au Ghana où son introduction au printemps 1995 a entraîné une hausse des prix de 60% environ et des émeutes anti-FMI).
Jean-Marie Nkambua