La sensibilisation aux droits humains par le théâtre, cas de l'ATA
Depuis 1990, la République démocratique du Congo, notre pays sest
engagé dans de démocratisation. La population sy intéresse et chacun
dans un milieu, conçoit ce changement selon sa compréhension et le
contexte dans lequel il le sous entend. Comme dans tout changement
social, la connaissance est facteur des enjeux en présence, dont le
droits et son application directe dans la communauté.
Quinze années se sont succédées, caractérisées par dévènements
allant des rencontres informelles, aux grandes réunions de masses et
des guerres meurtrières avec ses massacres incalculables. Les
animateurs des institutions appellent la population à un changement de
mentalité. Les mouvements associatifs abattent un travail énorme dans
lorganisation dune société civile visant à réveiller la conscience de
la population pour une prise en charge effective et une
auto-responsabilité pour un avenir meilleur avec une bonne qualité de
la vie.
Pour y arriver, certaines organisations nationales ou internationales
ont trouvé un moyen plus simple et plus compréhensif pour atteindre les
différentes couches sociales, le théâtre, car les moyens de
communications habituels, tels que les imprimés et les supports
audiovisuelles, malgré les compétences des animateurs et limportance
des fonds y alloués, namènent pas la masse populaire à se retrouver et
reste indifférente aux décisions. Cette masse sorganise en sinformant
auprès des « parlements debout» auprès desquels, elle croie obtenir la
bonne information. Cette indifférence est due au fait que la communauté
à laquelle cette information est destinée est analphabète et ne trouve
pas des solutions à leurs préoccupations.
La crise sociale que connais notre pays, a des conséquences qui
bloquent lacceptation des idées de ce genre. La recherche de la survie
domine largement sur lattention quelle accorde aux recommandations
qui sortent des telles actions. Chaque soir, cette masse se dresse
devant les écrans de télévision pour suivre une pièce théâtrale. Sans
se soucier du contenu et de la qualité du produit présenté.
Pour répondre à cette carence, les acteurs acceptent de créer des
spectacles qui associent des messages de droit, qui ne pourraient pas
être transmis autrement que par ce dialogue direct et convaincant. Ce
spectacle renferme plusieurs thème suivant les résultats denquête ou
répondant à la commande des partenaires.
Ces créations contiennent parfois des éléments tirés des modules de
formation utilisés par des organisations et mouvement associatifs.
De nombreux observateurs se demandent comment le théâtre, qui ne dure
que quelques minutes, peut avoir une force persuasive et changeante.
Comment les artistes arrivent à insérer les messages de droits dans
leurs pièces de théâtre, pendant que ces mots sont parfois difficiles à
dire en public.
Pour y parvenir, un schémas est suivi, il part de létude sociale à
la production des spectacles et de la diffusion à lévaluation.
Lexpérience menée par Réseau Citoyen Network, Justice et Démocratie
avec des troupes de Kinshasa dans la promotion des droits dans les
provinces de Bandundu, Bas-Congo et de la ville de Kinshasa en 2003.
Trois thèmes droits étaient abordés par le théâtre: la succession, le
rôle et le pouvoir des Officiers de la Police Judiciaire et le droit
foncière.
De létude du milieu
Les pièces produites dans le cadre des projets de sensibilisation sur
le droit sont écrites par les artistes en collaboration avec les
membres de RCN Justice& Démocratie. Ces écrits reprennent les
réalités du milieu concerné par lopération. Cette étape permet aux
acteurs déviter lincohérence entre le contenu du message qui se
trouve dans le texte, les attentes des responsables juridiques et les
aspirations de la communauté.
Le travail commence par la récolte des informations issues des
situations réellement vécues par la communauté concernées. Cela évite
des incompatibilités du message. Cette récolte par de la connaissance
et la pertinence avec laquelle la population a du problème. Nous
cherchons les causes qui engendrent le problème, les besoins de la base
et les aspirations qui les accompagnent. Cette étude dépend
essentiellement de la matière à transmettre et de laction à réaliser.
Pour les droits, vu sa complicité et son importance, après plusieurs
années de monopartisme et de limité dans lexécution de certains droits
au pays, le recours à une analyse comportemental est important.
Cette analyse comportementale nous amène à découvrir les vraies
raisons sociales, économiques, administratives, politiques, culturelles
et religieuses qui concourent à cette lecture du problème.
Pour arriver à réaliser une étude du milieu représentative des faits
à résoudre, les artistes procèdent à des techniques de recherche allant
de lobservation participative, à la documentation existante sur le
problème. Lexpérience menée dans ce domaine poussent les artistes à
consulter les animateurs des structures impliquées dans lapplication
des droits et de sa promotion. Les institutions juridiques et le
pouvoir judiciaires sont directement consultés dans la recherche des
informations nécessaires à ces créations. Cette recherche donne aux
artistes les pistes utilisées habituellement pour résoudre les
problèmes qui se posent à leur niveau. Ces informations permettent de
créer un spectacle qui devrait reprendre des éléments adaptés aux faits
réels et aux attentes des mesures juridiques en vigueurs. Cela favorise
de découvrir les résultats obtenus antérieurement. Nous apprenons à
cette étape les faisabilités de solutions à apporter dans les contextes
de la population concernée. Nous considérons les habitudes, les
chansons, les danses, les contes, les percussions, les tabous et les
coutumes.
Les résultats obtenus après cette étude sont regroupés selon les
objectifs à réaliser. Ils permettent à déterminer les parties qui
contribueront à la conception des la pièce. Le temps de cette étude
varie selon le problème à traiter.
De la conception des spectacles
A partir des résultats obtenus à la collecte, les artistes conçoivent
la pièce. Les artistes font le travail de table et les répétitions. Ce
travail consiste à proposer un canevas des spectacles. La proposition
contient la naissance de la situation, lévolution du problème,
lapogée ou la gravité de la situation, le dénouement et la conclusion
qui peut-être une piste de solution.
Les artistes introduisent au dialogue, des chansons. Ils conçoivent des
spectacles en français qui sadaptent facilement en lingala ou en
kikongo. Ils associent les spectateurs à la création. Certains rôles
étaient conçus pour être rendus par les membres de la communauté
concernée. Cest une participation directe, quand un rôle est
interprété par le villageois et indirecte quand ils chantent, exécutent
une danse ou jouent un instrument.
Ces pièces sont composées avec des instruments trouvés dans le
village, les chansons, les danses et les coutumes. Lécriture était
faite avec la participation des agents de RCN Justice &Démocratie
et des ressources juridiques proposées par elle pour insérer des
expressions exactes au problème traité. Les répétitions sont les
rendements scéniques des éléments retenus. Elles fixent la scénographie
permettent dadapter les pièces aux conditions géographiques des lieux
retenus. Des corrections et critiques en fonction du message à
transmettre étaient faites et des échanges enrichissantes ont
caractérisées cette étape.
De la production :
Lexécution dun spectacle est lensemble de représentations théâtrales
qui étaient données après la programmation et la préparation. Elles
étaient 85 à ce action. Le calendrier était déterminé par les artistes
et la population parfois proposé par le partenaire. Après la
programmation, les artistes préparent les lieus scéniques. Ces
spectacles se jouent à des endroits différents. Cela se fait en suivant
le mouvement du soleil, la présence dun arbre ou dun bâtiment. Le
décor et les accessoires sont trouvés dans les villes et les villages.
Les matériels scéniques sont produits selon les possibilités du milieu.
Pour monter le décor de la pièce « Ngay pe nazali mwana », sur la
succession, des nattes produites par la population ont étés utilisées.
Les représentations sont des moments très importants pour les
artistes, car pour les populations rencontrées dans les cités, ces sont
des journées de réjouissance et de découverte. Pendant toute la
tournée, les groupes locaux ont été invités à monter de spectacles pour
accompagner les représentations données par les artistes venus de
Kinshasa. Les spectateurs sont très attentifs et réagissent avec les
artistes sur scène. Si le message est bien compris, tel était souvent
le cas, le public prenait directement la décision. Comme dans la ville
de dInongo, les responsables de lEtat civil ont enregistré, le jour
suivant la grande première, dix couples qui navaient jamais contracté
un mariage civil.
Il arrivait que le message soit déformé par une mauvaise
interprétation par un leader dopinion, le débat qui suivait le
spectacle permettait aux publics à bien comprendre le sens réel de
linterpellation. Cette mauvaise interprétation se manifestait souvent
quand le problème traité mettait en cause le leader, qui par abus du
pouvoir, faisait croire à la communauté, quil avait raison de se
conduire ainsi. Le spectacle sur le rôle et pouvoir de lOfficier de
Police Judiciaire. donné à Kenge où le commandant de la police se
comportait en chef suprême qui maltraitait les citoyens avec des taxes
quil fixait à sa manière na eu deffets que quand il sétait rendu
compte de ses méfaits grâce au théâtre.
Certaines représentations étaient données lors des séminaires, des
conférences et des animations dans des groupes restreints. Ils sont
utilisés comme des supports didactiques. Ces représentations servent
pour rappeler aux participants certaines réalités qui ne sont pas bien
décrites lors des exposés. Elles servent aussi des conclusions
générales, car le langage utilisé au théâtre est facile. Dans ce cas
les pièces sont jouées dans les salles ou autres lieux où se tiennent
la formation et devant les participants, à la place des intervenants.
Evaluation
Cest une étude comparative faite entre les buts assignés à la mission
et les résultats obtenus. Elle se fait directement après le spectacle,
sous forme de débat entre le artistes et spectateurs ou entre les
participations quand il sagit de prendre une décision. Elle se fait
indirectement après la représentation et suivant une période déterminée
par les partenaires ayant participer à laction. La durée varie selon
les indicateurs déterminants à la conception de lopération. Ce suivi
est assurée par la troupe ou par les groupes agissants sur terrain.
Cela se fait aussi avec la participation du public concerné.
Dans certains cas, la troupe délègue un membre pour vivre avec la
communauté afin dévaluer les progrès réaliser sur place, le changement
constaté sur terrain zen fonction du message donné pendant les
représentations. Cette observation pause des problème dappréciation,
par le fait que le public reconnais facilement lartiste et
sautocensure. Le temps de cette analyse est très limité, les résultats
sont souvent teintés dattitudes et des réactions du public. Dans
dautres cas, les communautés concernées envoient leurs témoignages,
leurs réactions et leurs points dévaluation aux artistes. Les
animateurs de droits qui travaillent sur terrain transmettent aussi
leur rapport. Pendant les visitent dans la ville et dans les bureaux
des artistes, les populations racontent leurs lectures de lopération.
Les résultats obtenus sont rassurants.
Pour conclure sur la contribution du théâtre dans la sensibilisation
du droit dans les provinces de Bandundu, Bas-Congo et dans la ville de
Kinshasa comme un militaire qui reçoit et répond aux ordres, mais le
militants comme lartiste de théâtre invente, contribue à lélaboration
de ce qui va être fait , qui donne après les discussions internes, qui
pense avec les autres qui ne connaissent pas toujours et qui agit sans
réfléchir pour son lendemain.
José Bau Diyabanza