Le peintre Katembo Siku sonne une révolution avec ses « tableaux siamois » (Martin Enyimo)

Innovation rime avec révolution. L’artiste-peintre Katembo Siku
semble s’inspirer de cette phrase. Désir de changer, du nouveau, la
curiosité de l’inconnu, etc., ce sont-là les aspects qui caractérisent
les tableaux de cet artiste-peintre révolutionnaire qui touche
également à la sculpture.

TABLEAUX SIAMOIS, EXPRESSION DU LIBRISME

Ses toiles
font ressortir son amour de la liberté d’expression artistique. Il
peint exceptionnellement sur des « tableaux siamois ». Il s’agit des
toiles qui sont ici tirées sur des formes non conventionnelles et non
académiques que sont les formes généralement rectangulaires, carrées,
etc.

Son art s’inscrit ainsi dans un courant de l’abstrait total,
le librisme, laissant libre cours à son imagination richement prodigue.
C’est de la peinture de recherche, de révolution. Katembo Siku
travaille donc sur des surfaces couplées qui bouleversent totalement
les formes ou surfaces courantes. « J’ai voulu sortir des cadres des
principes, des règles d’art. Selon les normes conservatrices de l’art,
il n’est pas possible de tirer une toile sur d’autres formes que celles
connues. Je me suis donc mis à réfléchir sur les formes nouvelles sur
lesquelles tirer des toiles. Après plusieurs tentatives, je suis arrivé
à produire ces tableaux siamois et à trouver des images artistiques
inédites et nouvelles ».

Dans la pratique, tout part de sa technique de peinture tout
autant inhabituelle. En effet, Katembo Siku utilise la peinture à la
fourchette et à la cuillère pour produire des traces sur la toile qu’il
nomme griffes de fourchette et coups de cuillère. Il fait également,
toujours de manière révolutionnaire, un mélange des couleurs pour
aboutir à des sensibilités visuelles hors normes. Il met en symbiose
l’acrylique, la peinture à huile, le baume, tout en recourant en outre
au collage sur toile. En fait, il veut sortir du calfeutre des couleurs
traditionnelles et usuelles dans la peinture artistique que sont le
rouge, le blanc. Il a réalisé plusieurs tableaux siamois dont «
Mouvement de la pensée » et « La graine ». Cette dernière œuvre a été
retenue à l’exposition au 1er Salon de novembre au Centre culturel
français/Halle de la Gombe.

Sculpteur, Katembo Siku s’imprègne de la philosophie de la
récupération. « Tout est utile pour réaliser une œuvre d’art. Il n’y a
rien à jeter dans la poubelle », clame-t-il. C’est le mobile de la
réalisation d’une fresque intitulée « Maman Malewa ». C’est un
assemblage suffisamment savant des ustensiles de cuisine qui aboutit à
l’image d’une femme, certes ménagère. Superbe reproduction artistique.

L’HOMME

Né le 20 juillet 1979 à Goma au Nord-Kivu,
Katembo Siku est issu d’une famille d’artiste. Son grand-père a été
artiste. Sa mère a été dans la création artistique et couturière. Sa
sœur est fervente d’art dramatique… Il obtient son diplôme d’Etat en
option scientifique math-physique à Kinshasa. Amoureux de l’art, il
s’inscrit à l’Académie des Beaux-Arts et en sort diplômé en
communication visuelle (graphisme). Avant la fin de ses études, il est
fasciné par la peinture. Cela métamorphose sa vie. « Je voulais sortir
de l’ordinaire et faire ce qui me plaît, me décaler de l’univers carré
de la peinture que je voyais », affirme-t-il. Il va donc s’y mettre à
fond, la caisse dans la peinture, bien qu’il s’intéresse également au
design, à la récupération et au graphisme. Il établit son quartier
général au n°C5 de l’avenue Irebu dans la commune de Kasa-Vubu. Le nom
de son atelier, Librisme, traduit son attachement pour la liberté.

Et le 1er décembre 2006, il expose pour la première fois à
l’Académie des Beaux-Arts. Le public amoureux de cet art découvre
l’originalité de cet artiste-peintre talentueux et… auteur
révolutionnaire des pittoresques tableaux siamois. Le 21 avril 2007, il
gagne le premier prix d’un concours organisé à l’occasion de la journée
mondiale de la Francophonie. Il attire fortement l’attention des
amateurs d’arts plastiques de la capitale congolaise. Son tableau
siamois « La graine » est retenue à l’exposition collective de la
peinture artistique au Premier Salon de novembre au Centre culturel
français/Halle de la Gombe. Katembo Siku est retenu pour une exposition
en mars 2008 toujours au Centre culturel français. Il projette de
traverser le fleuve Congo pour une exposition à Brazzaville.
L’artiste-peintre souhaite vivement présenter ses représentations à la
Biennale internationale de Dakar au Sénégal en 2008.

DEFICIT PROMOTIONNEL

Pour Katembo Siku, la République
démocratique du Congo regorge de plusieurs talents qui s’efforcent de
produire des œuvres fouillées. Mais le déficit se situe au niveau de la
promotion, d’une politique culturelle appropriée. Les artistes se
retrouvent seuls dans la promotion de leurs œuvres. Et c’est très
difficile de s’en sortir dans ces conditions, déclare-t-il. Et l’art en
pâtit, car les artistes plasticiens en général sont pratiquement
indigents et nécessiteux. « Nous ne pouvons tout faire seuls. Les
artistes ont besoin d’assistance et de conditions adéquates pour leur
essor. Nous avons besoin de critiques d’art, des mécènes et de l’Etat
qui doit recréer un climat propice à la promotion et au développe de
l’art pictural ». Pour ce jeune artiste, le gouvernement doit
s’inspirer de ce qui se fait dans d’autres pays en matière de promotion
de l’art et concevoir une bonne politique culturelle pour une
visibilité efficiente de l’art congolais en général au niveau
international.

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