Marché des métaux: plus de 25% d'augmentation des cours depuis le début de l'année

Au-delà de la
forte demande, indéniablement structurelle émanant des grands pays émergents,
les craintes au sujet de l'approvisionnement ont alimenté la récente hausse des
prix dans le secteur, au moment même où des tempêtes de neige en Chine, une
crise énergétique en Afrique du Sud et des pénuries d'électricité au Chili
frappaient le marché, peut-on lire sur le site spécialisé
Easybourse.com

Qui plus est, la
conjonction d'un dollar faible et d'une inflation en hausse à travers le monde a
incité les investisseurs à chercher à se prémunir contre ces évolutions.
L'injection de liquidités massives a encore fait grimper les
prix.

C'est ainsi que
le prix de l'aluminium se situe aux
alentours de 2.400 Usd la tonne (un
niveau légèrement en hausse depuis le point bas atteint en 2007 : 2.100 Usd la
tonne), que le cuivre est à un prix de 7.775
Usd la tonne (dans le haut de la fourchette de ce qu'on observe depuis
2006, même si les évolutions sont très erratiques), que sur les deux premiers
mois de 2008 les prix du manganèse sont toujours en progression, avec pour le
minerai environ un triplement par rapport au début de 2007.

Le marché de
l'acier est assez particulier en ce sens qu'il dépend des négociations entre les
sidérurgistes et les producteurs de fer. «Le
marché qui donne la tendance aujourd'hui est le marché chinois», indique
Hervé Lievore, stratégiste au sein d'AXA Investment Managers.

Selon Eliane
Tanner, analyste matières premières au sein de Crédit Suisse, «le niveau élevé
des prix ne va pas sans présenter des risques. Le ralentissement de la
croissance économique mondiale et la faiblesse du marché immobilier américain
devraient freiner la demande de métaux de base». L'infléchissement de la demande
devrait alors permettre de détendre le marché des métaux de base à travers le
monde.

Par ailleurs,
ajoute Philippe Joly «les Etats-Unis représentent moins de 10 % de la demande
mondiale de la plupart des métaux, alors que la Chine absorbe à elle seule plus
de 35 % de cette demande et représente la majeure partie de la croissance de la
demande mondiale».

«La Chine consomme 70 % de plus de cuivre que les
Etats-Unis, environ 3 millions de tonnes et 70 % de la demande chinoise
correspond à une consommation domestique» précise Christian Hocquard,
chef économiste au sein du Bureau de recherches géologiques et minières. «Nous
n'attendons donc qu'un impact limité du ralentissement américain sur la demande
mondiale de nos produits» ? conclut Philippe Joly.

L'OR, LA VALEUR
SYMPTOMATIQUE

Dans l'univers
des métaux précieux, le platine, le palladium et l'or sont en train de connaître
un essor considérable. L'or est à 960 Usd
l'once et frôle les 1.000 Usd. La logique de prix est dictée par deux
paramètres. Tout d'abord, l'équilibre existant entre l'offre et la demande. La
demande émanant des grands pays émergeants et des fonds d'investissement
spécialisés dans l'or est très robuste.

Parallèlement,
l'on observe un déclin de l'offre minière : la production est aujourd'hui
d'environ 2.500 tonnes par an. Il est à noter une baisse relativement
significative de la production de l'Afrique du Sud. Cette baisse est régulière
depuis 1975. L'Afrique du Sud représentait en
1970 près de 70% de la production minière mondiale. Le pays n'en représente plus
que 15%.

Cette tendance
devrait s'accentuer en 2008 en raison des contraintes de rationnement
d'électricité par l'opérateur Eskom. Les principaux producteurs sont contraints
de fermer une partie des mines, de réduire drastiquement leur production faute
d'énergie. Ainsi, la société Gold Fields a indiqué qu'elle allait réduire sa
production d'environ 20%.

Par ailleurs, un
autre élément qui explique l'attrait pour l'or est la remontée de l'aversion au
risque et la crainte de la résurgence de l'inflation alimentée par la hausse des
matières première. «L'or est un investissement physique qui rassure plus que le
papier» explique Hervé Lievore, stratégiste au sein d'AXA Investment
Managers.

L'effritement du
dollar face à l'euro, les instabilités politiques constituent également un
support supplémentaire pour l'or.

Néanmoins,
parallèlement à ces facteurs favorables au maintien d'un prix de l'or élevé,
certains paramètres militent pour une éventuelle détente sur le court
terme.

Enfin, autre
paramètre à prendre en compte, la menace de la vente de l'or par le fonds
monétaire international. Une véritable épée de Damoclès qui a entraîné une
baisse du prix de l'or. Le projet semble avoir été approuvé à la fois par
Washington et par le G7 de la vente de 400 tonnes d'or par le FMI qui détient
3.217 tonnes. Cela devrait impacter significativement la vente d'or par les
banques centrales. La difficulté est que le FMI n'est pas signataire des accords
de Washington qui limite normalement les ventes des grandes banques centrales à
500 tonnes par an.

S'agissant du
platine, la crise est beaucoup plus
structurelle. Le métal a connu une hausse de près de 30% en 2007 (de 1.500
dollars l'once en début d'année, le prix
atteint 2.200 dollars l'once aujourd'hui). Cette hausse s'explique par la
tension qui pèse sur le marché. Du côté de l'offre, les stocks sont relativement
peu élevés. La crise énergétique vécue par l'Afrique du Sud qui représente 80%
de la production mondiale de platine affecte la production des mines et semble
annoncer l'interruption de certaines exploitations minières.

En janvier, la
compagnie publique d'électricité Eskom a procédé à des délestages massifs qui
ont paralysé l'économie et révélé l'obsolescence de ses infrastructures. Or, la
crise devrait durer jusqu'à l'entrée en service de nouvelles centrales en 2012
et d'ici là, l'industrie devrait se priver d'environ 10% de sa consommation
électrique. Du coté de la demande, les considérations de protection de
l'environnement et de diminution de la pollution ont amené les constructeurs
automobiles à s'intéresser de près au platine pour la construction de pots
d'échappement plus propres.

L'envolée des
prix du platine est telle que certains constructeurs automobiles pensent se
réorienter vers le palladium. C'est ainsi que nous observons le prix de ce dernier métal grimper, de
360 Usd l'once le prix a progressé à 550
Usd.

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