23 AOÛT, JOURNÉE INTERNATIONALE 2008 DE LA COMMÉMORATION DU TRAFIC NÉGRIER ET DE SON ABOLITION

 

L’on
notera, parmi la vingtaine de communications compilée dans ce recueil intitulé “
Héritage de la Musique Africaine dans les Amériques et les Caraïbes”, celle de
l’historien angolais, Simão Souindoula, l’ombilicale  contribution intitulée “
Candombes de Reyes, Llamadas et Conjunto Bantu  sur les rives de la Rio de la
Plata”.
 

  

Editée á
Paris, aux éditions L’Harmattan, sous la coordination de Mukala Kadima-Nzuji et
du regrette Alpha Noel Malonga, décédé il y a quelques semaines, cette
compilation s’étale sur 399 pages.
 

Elle
contient diverses études de pointe sur les survivances musicales et
chorégraphiques « niger » sur les terres occidentales de l’Atlantique.

L’on y
note, entre autres signatures, celles d’historiens, d’anthropologues, de
musicologues, de sociologues et d’hommes de lettres tels l’inévitable
afro-nord-américaine Sheila S. Walker, le chef du fameux Conjunto Bantu de
Montevideo, le très méthodique Tomas Olivera Chirimini, l’énergique cubain Lino
Neira Betancourt et la grande star afro-péruvienne de la Word –music, Susana
Baca.
 

Y suivent
les contributions d’Elisabeth Maino, du Centre des Etudes Africaines de Paris et
de Sylvie Clairefeuille, spécialiste des musiques urbaines
d’Afrique.
 

L’on
remarquera, parmi les chercheurs africains, le très appliqué ethnomusicologue
ivoirien Adépo Yapo et le congolais de la rive gauche, Manda Tchebwa, Directeur
Artistique du Marché Africain des Arts du Spectacle d’ Abidjan.
 

 

De
nombreux faits y sont rappelés tels que les points de parenté des musiques des
deux rives de l’océan triangulant, la place des viriles percussions dans
celles-ci, la prévisible dynamique syncrétique produite par les musiques noires
sur le continent américain et dans l’ensemble insulaire caribéen, la dimension
insurrectionnelle des chants créoles, les danses guerrières afro-brésiliennes,
les réputés nkisimaculeta et capoeir,a ainsi que la
définitive cristallisation des musiques de marronnage, celles des quilombos,
palenques
et senzalas.
 

L’on y
apprend aussi la force des composantes de la rumba afro-cubaine telles que le
yamba et le guanguanco, l’importance des batuque et
lundu en Amérique du sud, les supports organologiques d’origine
sub-saharienne dans l’ancienne et historique Espanola (aujourd’hui
séparée en Haïti et République Dominicaine), dans les Antilles Néerlandaises et
au Guatemala.

Les actes
de la rencontre de la cité du “ tchévélika ” (esclave) contiennent également des
approches sur la rémanence de la musique rituelle liée á la collante Notre Dame
de Rosário au Vénézuela, les incontournables danses “ Reyes Congo” á
Panama, les célèbres joutes musicales et chorégraphiques dominicales au Congo
Square de la mythique Nouvelle Orléans, le profil, naturellement, subsaharien de
la musique des Irmandades  á Salvador de Bahia, la “ Rome
afro-brésilienne ”, et l’influence congo-angola dans les danses de la
côte atlantique brésilienne et le prestige des blocs afro-pernambouc dans
les candomblés.
 

CHAMPETA
COLOMBIENNE
 

L’ouvrage
sorti de la réunion de la Loango Coast contient aussi de nouvelles  analyses sur
la structure évolutive rythmique, quatuor, rio platense,
candombe/milonga/milongon/tango, les causes de l’irrésistible succès
mondial de la torride champetta  colombienne, l’influence des supports
organologiques africains dans l’émergence et l’évolution du “son” cubain
et la symbolique musicale des Rivers Babylon dans la très spirituelle
Jamaïque.

La
démarche comparative a été bien clairement suivie dans l’ensemble des
communications, et dont l’exemple le plus audacieux a été celle menée par le
sympathique poète  congolais, Sangi Lutondo, dans son exposé intitulé « 
Cijanda cokwe et la samba carioca ».
 

L’un des
abordages, parmi les plus profonds est celui de l’universitaire de Brazzaville,
le bien nommé Auguste Miabéto, portant sur “Grapa congo” en Guadeloupe.
Il y analyse, en toute beauté littéraire et en toute originalité, les traditions
ludiques enfantines, nuptiales, divertissantes et satiriques originaires du Bas
– Nzadi, dans la mélano-ile des Petites Antilles.
 

L’Université
Marien Ngouabi a aussi fourni dans les actes de la rencontre du Centre Mbongui,
deux apports littéraires absolument rafraichissants, ceux d’Antoine Yila sur la
présence musicale africaine dans le puissant discours poétique de l’un des
chantres de la négritude, qui nous a quitté, lui aussi, il y a quelques
semaines, Aimé Césaire, et de l’infortuné Alpha Noel Malonga, qui a mis en
relief la place du tam-tam dans l’essai surréaliste afro caribéen,
« Texaco », de Patrick Chamoisseau.

Quant à
Simão Souindoula, Rapporteur des travaux du Symposium, celui-ci s’est attaché à
suivre le fil conducteur bantu, de l’évolution, a Buenos Aires et Montevideo, à
partir de la fin du XVII éme jusqu'à la période contemporaine, des rythmes  tels
que le candombé, le cambunda, le banguela, le mana, le quisam, le
lubolo et … le tango, leur perpétuation dans les
Llamadas, vigoureux groupes carnavalesques rioplatenses et leur
enchâssement conformiste dans l’attachant Conjunto Bantu, sorti des enflammés «
barrios del Sur » de la capitale uruguayenne .

Appréciant
la publication de ces actes, Simao Souindoula l’a considérée comme constituant
une contribution de plus á une meilleure connaissance des liens anthropologiques
scellés, définitivement, entre le continent premier et ses prolongements
américain et caribéen, dynamique sera, sans nul doute,  renforcée, dans la
senghorienne Dakar, qui abritera, en Décembre de l’année prochaine, pour la
deuxième fois, 43 ans après, la troisième édition du Festival Mondial des Arts
Nègres, celle de la Grande Renaissance des « Damnés de la
Terre
 ».
 

Par Johnny
Kapela

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