Historique des peuples du Kivu et Gurre de l'Est

 

B. L’argument
de la persécution des minorités tutsi du Kivu

 

Laurent Nkundabatware se targuant d’être le défenseur
d’une minorité tutsi du Congo qui serait persécutée par des congolais, nous,
populations du Kivu, souhaitons éclaircir les choses, en démontrant que le Kivu
a été une terre d’asile accueillante pour les communautés rwandophones (tutsi
et Hutu) et que ces peuples installés au Kivu ont été acceptés, intégrés et bénéficient depuis longtemps des
mêmes droits que tous les autres peuples du Congo. La misère et la souffrance
qu’ils rencontreraient au Congo sont vécues de manière générale par le peuple
congolais qui subit dans son ensemble, sans exception, les conséquences de la
mauvaise gestion et l’incompétence de la classe politique dirigeante actuelle.

 

C.
Evolution historique des peuples du Kivu

 

Laurent Nkundabatware prétend à plusieurs reprises être
descendant d’un chef coutumier congolais du Kivu. Nous pensons qu’il est de
notre devoir d’éclairer l’opinion mondiale afin de mettre fin à un tel mensonge.
C’est pourquoi nous apporterons certains éclaircissements sur les populations
originaires du Kivu, ses royaumes et chefferies, et prouver que Laurent
Nkundabatware ne peut être d’aucune ascendance de ces royaumes.

Sans lui refuser la nationalité congolaise qu’il peut ou
ne pas avoir acquis (Voir les procédures d’acquisition de la nationalité au
Congo), Laurent Nkundabatware ne doit pas inventer pas de fausses raisons
d’ascendance, ni d’exclusion, pour justifier un conflit qu’il veut mener.

 

La présentation des peuples originaires du Kivu se
subdivisent en peuples préhistoriques et peuples implantés par la colonisation

 

I. Les peuples préhistoriques : Les anciens
royaumes du Kivu

 

Beaucoup pensent que le Kivu
actuel était anciennement un avec le Rwanda avant l’arrivée des colonisateurs.
D’autres croient également que cette importante et riche région, aurait été un
simple domaine, simple chasse gardée de la colonisation et des rois du Rwanda.
Cette ignorance a encouragé des auteurs à publier des ouvrages dans lesquels
des erreurs figurent, notamment, sur des noms de tribus et des territoires
n’existant sur aucune carte et qui n’ont jamais figuré dans aucun rapport
officiel antérieur. L’erreur de ces auteurs et chercheurs est de considérer
qu’une région non étudiée est une région inexistante. La preuve : Le lac
Edouard n’a été découvert par les explorateurs qu’en 1889, et le lac Kivu n’a
été découvert qu’en 1894.

 

Depuis des siècles, le Kivu
comptait des royaumes bien organisés, gérés, gouvernés et solidement défendus.
Ainsi, du Nord au Sud, on en trouvait 9:

 

 1.
Le Royaume confédéral des Bayira,
appelés aujourd’hui Banande, habitant les Villes et
cités actuelles de Butembo, Beni et Lubero ;

 2. Le Royaume confédéral des Bahunde composé des trois royaumes du Bwito, du Bunyungu et du
Kishali. Ce royaume correspondait à la région des actuels Territoires de
Masisi, Rutshuru, Goma ainsi que les territoires qui allaient jusque Kisenyi,
(actuellement Gisenyi au Rwanda), Nyondo, Ruhengeri, etc. formant la province
du Bugoyi dans le Rwanda actuel ; 

 3.
Le Royaume des Banyanga
qui correspondait grosso modo à l’actuel Territoire de
Walikale ;

 4.
Le Royaume du Buhavu
qui correspondait aux actuels Territoires de Kalehe et de Idjwi ;

 5.
Le Royaume du Bushi-Kabare et bushi-Ngweshe (les bashi)
qui correspondait aux actuels
Territoires de Kabare, de Walungu et une partie de Mwenga (Ville de Bukavu,
Kamituga). Ce royaume tient son actuelle grande force guerrière de la longue
lutte qu’il mena, sans arrêt, au cours des siècles, d’abord contre les Bahunde,
ensuite contre ses propres vassaux qui tentaient de faire sécession, et enfin
contre le Rwanda ;

 6.
Le Royaume de l’Urega ou Lega
qui correspondait aux actuels
Territoires de Mwenga, Shabunda et Pangi. Ce royaume, ensemble avec les
Babembe, est à l’origine de l’institution
du « Bwami »
. L’Urega
va prêter ce terme à tous ses homologues des rives des lacs Kivu et
nord-Tanganyika. Aujourd’hui la plupart
des peuples de l’Est utilisent le titre de « Mwami » pour désigner
leurs chefs traditionnels.
Le royaume de l’Urega était le plus vaste de
tous (près du tiers de tout le Kivu) et s’étendait jusqu’au Maniema. Inutile de
dire qu’il était le plus craint des rois et guerriers d’outre-lac ;

 7.
Le Royaume des
Babembe, le
long des 
rives du lac Tanganyika ;

 8.
Le Royaume des Bavira
,
de la dynastie Kirunga, du nom de leur premier roi. Il s’agit des originaires
des plaines du Sud du Maniema;

 9.
Le Royaume des Bafuliru
ou Bafulero, riverains de la Rusizi (Territoire d’Uvira) et
dont un des descendants résidait sur le plateau appelé « Mulenge ».
Mulenge dont le nom sera, plus tard, foulé aux pieds par le colonisateur, puis
récupéré en 1976 pour enfin être exploité abusivement par ceux qui se sont
autoproclamés « Banyamulenge » à la grande surprise des Autochtones
et des Ethnologues.

 

Les multiples guerres de
résistance et le phénomène « Maï-Maï »

 

L’histoire de ces peuples est
riche en guerre, car leurs terres étaient souvent convoitées par des
envahisseurs. A titre illustratif; on retient la légendaire guerre d’usure que
menèrent les Bashi du Roi Kabare contre le colonisateur belge, où l’on
vit , en 1901, le
« lieutenant Tondeur » subir une lourde défaite; Il en fut de même de
Ngyiko, Prince Hunde de Masisi, qui harcela durant 17 ans, les envahisseurs
Belges et ceux du roi du Rwanda. Plus au Sud, les Babembe , avec leur Chef
Kaponora, avait une armée de redoutables guerriers qui ont beaucoup fait parler
d’eux. 

 

On peut dès lors, comprendre que
cette région regorge actuellement de redoutables guerriers connus sous le nom
de « Maï-Maï’ », car il s’agit d’un des berceaux naturels de la
résistance congolaise aux invasions des envahisseurs.

 

Au stade actuel, on peut constater
que des royaumes de l’époque, cités plus haut, il n’y a aucune trace d’un éventuel royaume
rwandophone. On verra plus loin, au chapitre suivant, l’apparition de deux
chefferies atypiques dirigées par des rwandophones, qui sont des véritables
rwandais au départ.

 

 II. Les peuples du Kivu sous la colonisation

 

1. Modification administrative des royaumes existants en chefferie

Le Pouvoir colonial, à son arrivée, modifia l’organisation administrative des
structures existantes. Il mit en place des divisions administratives moins
importantes, dans un premier temps, sur base de la configuration géographique
et orographique, et par la suite, sur base des entités rencontrées sur place.
Ceci juste par commodité administrative et non par respect de l’autorité
locale.

 

Ainsi apparaitront de nouvelles
désignations des territoires comme :

le Territoire du Buhunde devenu
ensuite Territoire des Bahunde-Wanyanga ; celui des Bahavu ; ainsi
que celui des Banyabungo (Bashi), etc.

 

La réduction des royaumes en
chefferie (plus petits royaumes) répond à la volonté du colonisateur de réduire
le pouvoir et l’autorité des monarques intransigeants du Kivu. Le Colonisateur
réduisit leur statut en de simples Chefs de tribu soumis à l’autorité
coloniale. Plusieurs rois furent ainsi relégués loin de leur territoire. A
titre d’exemple, celui de Kabare avait été relégué à Léopoldville (Kinshasa),
celui du Bwito à Bukavu, celui des Banyanga à Kalembelembe chez les Babembe
et celui de Kishali à Beni.

 

2. Création des « chefferies
atypiques » 

 

Ils s’agit de chefferies créées
par le Colonisteur en déplaçant des populations du Rwanda vers le Congo. Nous
en citerons trois : La chefferie de Bwisha (Sud de Rutshuru), la chefferie
de l’Enclave de Gishari ( Masisi) et la chefferie Hunde de Bukumu ( au Nord de
Goma).

 

a) La chefferie de Bwisha (Sud-Rutshuru) : Cette chefferie a
été la fusion des quatre anciennes entités locales : Jomba, Busanza,
Gisigari et Rugari ; Ceci est même attesté par un auteur
rwandophone : Mgr P. Kanyamachumbi, 1993, pp 37 et 117). Cet auteur
reconnait également que « Avant et après le roi Kigeri IV Rwabugiri,
les autres rois du Rwanda n’ont jamais administré cette terre et leur autorité ne s’y est jamais exercée»
. Le
chef rwandophone est nommé, en 1922, par le Colonisateur après la relégation du
chef hunde Bikamiro,

 

b) La chefferie de « l’Enclave de Gishari » au Masisi. Ces
terres de 
34.910
ha (350 Km2) ont été achetées de force aux chefs Bahunde par le Pouvoir
colonial en 1939, pour y installer des immigrants rwandais fuyant la famine au
Rwanda. Trois chefs se succéderont à la tête de cette entité. En aucun cas, il
ne s’agira de chefs traditionnels : M. Leenaerts (1938), administrateur
belge muté du Rwanda et arrivé dans cette entité en 1938 pour continuer à
s’occuper des immigrés qu’il maîtrisait déjà depuis le Rwanda. En 1940, M.
Leenaerts est remplacé par le Chef Bideri, venu du Rwanda, et Bideri sera
lui-même remplacé, en 1941, par un
autre chef rwandais, Buchanayandi. Cependant, en 1957, les Hunde
récupèrent leur entité de Gishari
et obtiennent sa réintégration
dans la chefferie hunde de Kishali. Le « Gishari » entité créée par
le Colonisateur belge n’aura donc duré que 17 ans.

 

c) la chefferie hunde de Bukumu, au-dessus de Goma. Il
s’agit d’une c
hefferie
typiquement hunde, mais à population très mélangée. Un chef traditionnel hunde
voit la population de son entité devenir fortement mélangée avec une majorité
de rwandophones ;

 

 

Le plan
d’occupation et d’annexion du Kivu par le Rwanda

 

De part ces faits historiques, on
constate que les populations rwandophones qui se trouvent au Kivu proviennent
soit de la transplantation coloniale, soit de l’immigration causées par les
multiples guerres et famines du Rwanda.

 

On constate que ces peuples ont
été intégrés et acceptés, au départ par la force, mais par la suite les
populations locales les ont tolérés dans un élan de solidarité africaine. Ils
ont pu être hissés, par le colonisateur, à la tête de chefferies, comme indiqué
plus haut. Les Tutsi, c’est vrai, ont eu moins de chance avec la chefferie de
« Gishari », à la tête de laquelle ils n’avaient pas fait long feu.

 

Toutefois, progressivement ils ont
accédés, au même titre que les congolais à divers autres postes de
responsabilités tels que juges de paix, directeurs d’entreprises,
fonctionnaires publics, etc.

 

Ces mouvements des populations
rwandophones vers le Kivu n’avaient jamais posé de problème de cohabitation
avec les autres populations du Kivu, jusqu’ en 1959, avec l’arrivée massive des
Réfugiés Tutsi, à la suite de la
victoire des Hutu aux élections du Rwanda.

 

Installés, avec l’aide de l’ONU,
dans cinq Camps de réfugiés (Bibwe et
Ihula au Nord-Kivu, Katobo, Lemera et Mulenge au Sud-Kivu), ils vont
immédiatement se livrer à des intrigues et se mêler de la politique du pays
d’accueil. D’ailleurs, Les responsables du HCR, Croix Rouge et ONUC (Mission de
l’Onu au Congo), en 1961, désapprouvent cette attitude des réfugiés tutsi. Leur
document en annexe « AVIS AUX REFUGIES RWANDAIS » est sans équivoque
là-dessus (x)

 

Ensuite, progressivement, la
plupart de ces réfugiés tutsi quitteront clandestinement les camps et
s’installeront dans les villages et villes du Kivu.

 

En 1964 les Tutsis procèdent à la
revendication d’un « octroi automatique » de la nationalité
congolaise ; ce qui engendrera un conflit sanglant, appelé Kanyarwanda, c'est-à-dire,
l’émancipation par les armes des originaires du Rwanda, Tutsis et Hutus. Ce
conflit prendra fin en 1965.

 

Les années de calme se
succèderont. En 1976, les réfugiés tutsi
se fabriquent l’ethnie des Banyamulenge,
Mulenge étant un des territoires des Bafulero ayant accueilli des réfugiés
tutsi fuyant le Rwanda, en 1964.

 

Le 20 juin 1981, d’autres rwandophones
du Congo rédigent une pétition dénommée « Populations originaires du
Rwanda au Zaïre » réclamant
l’autodétermination du Kivu,
adressée au Secrétaire général de l’ONU. C’est-à-dire
sa sécession et son détachement de l’ensemble du Congo. Attitude qui n’aboutira
pas, et qui sera très mal perçue par les congolais et la Communauté
Internationale.

 

Entre 1990 et 1994, une grande
partie de jeunes tutsis établis au Congo retournent au Rwanda rejoindre la
rébellion de Kagame, composés d’autres tutsis réfugiés en Ouganda et dans
d’autres pays de l’Afrique de l’Est. 

 

Ils renverseront le régime hutu au
Rwanda. Après cette victoire, la nouvelle armée rwandaise, majoritairement tutsi
envahit le Kivu, prétextant être à la poursuite des hutus responsables du
génocide rwandais, en fuite massivement au Kivu, et installés dans des camps de
réfugiés le long des frontières avec le Rwanda.

 

Il s’en suivra les massacres des
hutus dans les camps des réfugiés au Congo. Une fois les réfugiés hutu
contrôlés, l’armée rwandaise reste au Kivu et procède par la suite à des
massacres des peuples du Kivu farouchement opposés à l’occupation rwandaise. Le
bilan est connu plus de 1.800.000 déplacés dans le Congo et de réfugiés
congolais dans les pays voisins comme le Burundi, la Tanzanie, la Zambie et
l’Ouganda. Le nombre de victimes quand à lui s’élève à plus de 5.000.000 de
morts. Pour nous, il s’agit d’un génocide perpétré au Congo et qui doit être
reconnu au niveau international.

 

Les populations du Kivu continuent
à dénoncer ce plan dont la mise en place a commencé depuis des décennies, et Laurent Nkundabatware et ses milices
sont aujourd’hui les acteurs rwandais chargés de réaliser cette œuvre macabre.

 

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