1998, 26 novembre: discours de Mzee Laurent Désiré Kabila devant la communauté congolaise venue l’accueillir lors de son passage à Bruxelles


 

 

 

Nous avons informé à tous ceux que nous avons rencontrés qu’il ne
faut pas confondre l’agression venue de l’éxterieur et ceux qu’ils
appellent être «la rébellion interne». Tout le monde sait que trois
semaines après que les agresseurs ait lancé leurs troupes contre notre
territoire, ces envahisseurs parlaient encore moins des rebelles. Ce
n’est qu’après qu’ils se sont rendus compte qu’ils ne peuvent pas
renverser le gouvernement légitime du Congo après trois semaines de
résistance, qu’ils ont accouru à une tactique célèbre vraiment
ordinaire et bien connue en politique: récruter des farfélus un peu
partout. Ils ont créee ce qu’ils s’accordent maintenant d’appeler une
rébellion.

 

Ces gens tout le monde les connaissent. Nul n’a vu le pauvre Wamba
qui était à l’université de Dar-Es-Salam, physiquement affaibli
(applaudissements) avoir la force de commander même deux soldats quand
on l’a vu. Il n’y a jamais songé d’ailleurs. On a vu Zahidi Ngoma,
prisonier, pardonné, malade. L’Unesco m’écrivant d’avoir pitié de cet
homme, et je l’ai confié à mon directeur de cabinet [Mr Abdoulaye
Yerodia Ndombasi] ici présent pour qu’on l’accompagne à l’avion. N’est
ce pas Monsieur [Mr Abdoulaye Yerodia Ndombasi]? (rire). Et tout cela
dans une chaise roulante. Quelques jours après, ce Monsieur est dit
être un général, avoir une armée. Et je ne pense qu’en France on lui a
donné une armée?! Il n’avait pas d’armée en France, il n’en avait pas
au Congo. Ce sont ces gens que les envahisseurs disent qu’ils ont
devenus des responsables d’une rébellion!

 

Les autres vous les connaissez! Nos frères qui ne tarrissent pas
d’ardeur bien qu’ils aient été pendant plus de 30 ans au pouvoir. Ils
réfusent de prendre congé et veulent continuer pour faire voir ce
qu’ils ont déjà fait voir à tout le monde. Ils des noms, Tambwe Mwamba
et autres. Et lui aussi, je pense, vous qui êtes ici, parcequ’il a
toujours été ici, vous ne connaissez pas s’il a même un seul bataillon!
Il ne peut pas l’avoir ici, non? (NON! repond l’assemblée). L’a-t-il
ici là? (NON! repond l’assemblée). Dans quelle forêt ici, où est ce
qu’on fait le maquis ici? (rires). Alors brusquement, ils sont
présentés comme des généraux d’une armée qui s’est révoltée contre
Kabila. Pas contre Kabila, bien sure, ils se trompent, mais tout ce que
nous disons, ces frères-là ont été utilisés par les envahisseurs pour
cacher leur motivation.

 

L’agression, vous le connaissez, a une motivation économique. Tous
ces pillages fait à l’est: des mines, du cafés, mais c’était la raison
de nos mésattentes avec nos anciens alliés.

 

L’autre motivation c’est de prendre le peuple Congolais pour un
peuple mineur, et lui dire ce qu’il doit faire. Et Museveni l’avait dit
à la délégation des ministres des affaires étrangères de la SADC que le
Congo a besoin d’un dirigeant faible, Kabila est trop fort. On lui dit
fait ceci, il réfuse.

 

Et qu’est ce qu’on nous disait de faire? De donner à Museveni et à
ses frères des concessions parcequ’ils s’y trouvaient déjà. Je ne sais
pas s‘ils coopéraient avec les autres, les Mobutistes avant! Ils
avaient des concessions, on leur disait maintenant allez régulariser
votre situation au ministère des mines. Pour eux, c’était là des
insultes. Ils avaient droit d’avoir des concessions au Congo, on a dit.
Monsieurs, ce n’est pas possible. Le droit de frauder le café, le bois,
la papayer, l’or… Et comme on ne pouvait accepter que ces choses se
fassent autrement que par le canal légal établi, c’était une source de
mésattente.

 

Enfin, l’expansion territoriale est une autre motivation. L’empire
Hima-Tutsi a besoin des territoires, des terres Congolaises. Et vous
savez que nous ne sommes pas d’accord. Je viens d’apprendre ici que
vous n’êtes pas d’accord non plus.

 

Alors, cette guerre qu’on nous impose est une guerre injuste. Nous
devons la dénoncer. Nous sommes venu la dénoncer parcequ’il y avait une
duplicité dans l’attitude de beaucoup de pays de la communauté
internationale.

 

Vous savez, même si le progrès est déjà fait pour reconnaitre que
nous sommes victimes d’une agression, mais cette attitude est tellement
molle, elle n’est pas energique. C’est une attitude qui ne va pas [même
après le tout dernier rapport des experts de l’ONU] jusqu’à l’exigence
de dire aux aux agresseurs: parce que vous avez reconnu – ils l’ont
fait eux mêmes – que vous êtes sur le territoire Congolais et personne
ne vous y a invité, retirez-vous! Cette exigence est très importante
pour notre cas. Il faut rappeler que ce sont des pays membres de l’ONU,
membres de l’OUA qui, avec leurs armées, ont envahi la terre
Congolaise. Dans le cas de Koweit, tout le monde le sait, on a pas
demandé aux Koweitiens de discuter avec les Irakiens. Nous avons vu
tous, une armada pour aller rétablir l’ordre! Dans notre cas, on nous
dit: négotier avec l’agresseur. Partant de tous les examples que nous
avons donnés, dire à une victime dans les crocs d’un crocodile de
négotier avec le crocodile qui veut la dépecer, ce n’est quand même pas
de l’indulgence de la part de la communauté internationale!

 

C’est pourquoi à Kinshasa, il est difficile de tenir un autre
langage que le langage de solidarité de tout un peuple. Contrairement à
ce que j’ai écouté quelque part là, c’était où ça, à Gants où j’ai
trouvé un groupe de Congolais qui criaient: «Kabila assassin, il a tué
les enfants des Tutsi». Alors que je n’en ai tué même pas un seul.
J’étais à [Yuri?] et j’ai voulu réfuser d’aller, parceque ça, ce sont
des insultes unutiles! Des gens irresponsables, réfugiés ici, loin de
chez eux, ils ne connaissent pas la réalité. Et ils insultent des gens
parce que les Tutsi leur mettent la vérité dans la bouche, leur vérité
à eux! Le pays est occupé par les Tutsi qui assassinent, et vous savez,
Museveni a envoyé dans de pays là, 1.500 soldats sero-positifs! Pour
faire quoi? Pour faire quoi? Pour continuer le génocide [de plus de 5
millions de Congolais]! C’est une maladie comme une autre bien attendu,
mais choisir ces gens là pour les envoyez au Congo, quelle est
l’intention de ce diable là! Et ce pétit Monsieur que j’ai vu là nous
insulter, j’aimerais bien qu’il aille crier ça à Kinshasa, il ne serait
même pas écouté (applaudissements, chants en choeur).

 

Et s’ils ne savent pas parcequ’il y a des télévisions. On a vu le
dimanche passé, l’ambassadeur de Belgique, qui avait plus de 29 Tutsi
chez lui. Le Gouvernement de Salut Publique a donné une protection de
plus de trois mois à ces gens là. L’ambassadeur de la Belgique est
sorti avec ces gens là, mon directeur de cabinet, l’inspecteur de la
police, l’ANR, le Ministre des Droits Humains She Okitundu, on les a vu
accompagner ces Tutsi, très contents, qui se sont exprimé à la
télévision nationale pour dire qu’ils regrettent de quitter leur pays,
que ces gens là – les Kagame, donc ils parlent de Kagame – sont venus
leur créer des difficultés, ils étaient bien et ils sont tous là.
Maintenant que je vous parle, les Tutsi sont entrain d’être nourris par
les soldats à Kinshasa. Ils sont nourris et protégés. On les dit, bon
rentrez chez vous à la cité. Ils nous disent qu’ils ne peuvent pas
rentrer parcequ’ils seront massacrés par la population. Alors comme
nous ne pouvons pas mettre un soldat pour surveiller chaque Tutsi, il
faut quand même qu’ils soient protégés. Et nous le faisons. La Croix
Rouge est présente, temoin. On les nourris.

 

Mais maintenant là, c’est nous qu’on accuse d’assasiner les Tutsi,
nous on ne l’a jamais fait. Et que dire de ceux qu’ils ont déporté à
Bukavu, les notres. Qui connait où ils sont? Ces gens là aiment le sang
(le génocide ce n’est pas Congolais, intervient quelqu’un dans
l’assemblée). Il a bien dit, le génocide, ce n’est pas Congolais. Ce
n’est pas dans nos traditions. Ça n’a jamais été dans nos traditions
(applaudissements, chants en choeur). Ils ont déporté des gens, tué
chez nous.

 

Quand le Saint Siège a appri les chrétiens dans l’église de Kasika
avec le prélat, on en a parlé dans le monde. Et tous les autres qui
sont massacrés partout. On en parle pas. Chaque jour ils tuent. Ils ont
la haine des Congolais. Qui en parlent! Qu’avons-nous fait au monde?!
Et surtout au monde occidental pour être si neutre (applaudissements).
Nous mêmes, quand nos soldats meurent, nous les enterront avec
diginité. Mais, Kagame, le sanguinaire, un sadique, a donné l’ordre à
ces soldats, il y a de ce la deux semaines: «Si un soldat Tutsi tombe,
coupez! Coupez la tête! Et ceux qui étaient tués à Kabalo, on les a
vus, ils avaient encore des têtes. Et comme la guerre se poursuivait,
il sont venus avec détente, ils répoussent la compagnie qui était à
l’aéroport de Kabalo, juste pour venir s’occuper des coupe-coupes de
têtes. On a trouvé plus de 89 corps des soldats Tutsi sans têtes. Où
ont-ils améné des têtes des Tutsi? [aux mausolées de Kigali?]. Et tout
ça pour dire après qu’on a tué les Tutsi, voilà ceci, voilà cela. Mais
ces gens sont des sanguinaires. Ils n’ont même pas peur de couper les
têtes des morts (rires). Mais ils sont formidables. Eux en ont
l’habitude, parceque c’est dans leur tradition. Si vous avez une
tradition pour manger de la viande crue, vous la mangerez toujours. Et
si vous avez l’habitude d’egorger les gens, vous le fairez. C’est
pourquoi, couper la tête d’un mort, pour eux ça ne pose aucun problème.

 

Nous avons en face ce genre de personnes. Donc, j’espère que vous
suivez ce qui se passe au pays. La résistance est là. Que vous soyez du
Kivu, du Maniema, la résistance est nationale. Comme je vous ai dit
ici, vous devez lutter vous Congolais, parce qu’en résistant, si vous
contre-attaquer, on vous dit vous voulez faire le génocide. Mais qu’est
ce qu’il faut faire alors! Il faut laisser les Tutsi occuper notre
pays? C’est ce qu’ils disent. Oh, on veut commettre des génocides en
prévision de la réponse musclée de notre peuple à l’agression. Ils
disent, oh, nous préparons le génocide. A un ceratin moment ils
disaient nous sommes des génocidaires. Tantot, ils disent parceque nous
préparons le génocide, ils sont venus empêcher le génocide. Donc le
génocide n’a pas encore commencé et en même temps nous sommes des
génocidaires. Nous ne sommes génocidaires de personnes et nous ne le
serons jamais. Mais on ne va pas laisser les étrangers venir occuper le
pays d’autrui et si on veut les répousser, on devient génocidaire.

 

Qu’est ce que cela signifie? On veut faire de nous ce qu’on a fait
des Hutu chez eux. Tous les Hutu, femmes, enfants, vieillards, on les
appelle génocidaires. Tout un peuple, 85% de la population rwandaise
Hutu ne sont que des génocidaires? Et la communauté internationale est
là, calme (applaudissements).

 

Oui, naturellement, mon directeur de cabinet me disait ce qu’il a
attendu ce matin lorsqu’un responsable politique d’ici me disait hier:
«Mais, Mr le Président, pourquoi vous identifier l’ennemi avec les
Tutsi, avec une ethnie?» Mais au Rwanda, il n’y a qu’une seule armée
mono-ethnique composée de Tutsi. Comment allez-vous les appelés?
(rires). J’ai dit: trouvez-moi le nom que vous donnerez à l’armée des
Tutsi [qui vient chez nous, à la recherche de l’or, du diamant, de la
cassiterite, du bois et des terres]. Il n’a pas eu de réponse! On
n’identifie pas l’ennemi avec une ethnie. Mais quand une ethnie
constitue une armée, mais c’est l’armée de cette ethnie là! (rires). Et
comment va-t-on les appeler? En tous cas les Hutu ne sont pas dedans.
Vous voyez que les Hutu sont victimes d’une injustice car ils ne sont
pas tous génocidaires. Et nous on les a vus être massacrés à
l’Équateur. Quand on a dit à Kagame «STOP». Il ne faut pas…! Il a cru
que nous avons viré les alliances. Je lui ai dit qu’il ne faut pas tuer
des gens qui ne se défendent pas.

 

Le Congo doit avoir sa conscience tranquille. Il est en rétard de
dévelopement, tout le monde le sait. Nous n’avons pas le temps de nous
occuper des affaires des Rwandais. Nous n’irons pas la-bas. Le
contraire ce n’est pas possible. Voyez-vous? (rires). Allez chercher
quoi! Qu’est ce qu’on va chercher la-bas! (applaudissements). Je ne
vois pas ce qu’il faut aller chercher la-bas. Ils ont du café, nous
aussi nous avons du café. Ils des bananes, nous en avons nous aussi. Et
puis quoi encore? (rires). Il n’y a plus rien! C’est que les Congolais
ne peuvent pas aller massacrer les gens sans motifs. Le malheur est que
notre sous-sol est trop riche. C’est pourquoi nous sommes convoités. Je
ne nous vois pas aller faire des aventures inutiles ailleurs. Nous
sommes assez occupés chez nous et nous avons assez de choses à faire.

 

Alors, mes amis, restons unis. Et parceque nous avons besoin de
cette unité, demeurez solidaires face à nos ennemis, grands et pétits.
La raison est de notre côté. Et puis notre pays est riche. S’il n’y a
pas de guerre, vous avez vu quand on a commencé la reconstruction. On a
nettoyé Kinshasa et autres rien qu’avec l’argent de chez nous. Et nous
continuerons à faire ces choses là. On va faire de ce Congo un grand
pays démocratique, un pays prospère. (applaudissemnts). Restez
vigilants. Criez fort que vous êtes victimes d’une injustice et la
communauté internationale doit la réparer. Je vous remercie.»

 

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