13.02.09 RéveilFM: 10 Questions au Rév. Armand Mavinga Tsafunenga

1.
Réveil FM: La chambre basse du Parlement congolais avait donné un
moratoire de 3 mois aux députés, sénateurs, et à tous les acteurs
politiques de se choisir une nationalité, la congolaise étant
exclusive. 2 ans après rien n’a été fait, pourquoi la motion Makila n'a
jamais été appliqué ?

Rév.Armand Mavinga Tsafunenga: Comme vous le savez, il est
important d’avoir une vision globale, approfondie et réaliste des faits
en politique, en évitant le piège dangereux de court terme et de sur
mesure pour un Etat. Pour votre gouverne, il y a plus d’un an que
Monsieur José Makila, alors Honorable Député pour le compte du
Mouvement pour la Libération du Congo (MLC), a provoqué un véritable
séisme au Palais du Peuple en révélant qu'au moins une centaine de
députés possédaient une nationalité autre que la nationalité congolaise
qui est une et exclusive.

Ainsi, eu égard aux principes de
l’unicité et de l’exclusivité de la nationalité congolaise tels que
stipulés dans la constitution, l’intéressé avait demandé que
l’Assemblée Nationale (chambre basse) puisse diligenter une enquête
dans toutes les institutions, et jusqu’au sommet de l’Etat, afin de
dénicher ces étrangers et, conformément à la loi, les traduire en
justice.

La motion ravageuse de l’Honorable Makila était
tellement forte et pertinente qu’elle pouvait conduire au chaos total
du processus démocratique en gestation. La mise en œuvre élargie de la
requête de notre Honorable allait ébranler toutes les institutions de
la République sans exception, à savoir la présidence, le parlement, le
gouvernement, les entreprises publiques, l’armée, la police, les
services de sécurité et d’immigration. Il n’y avait pas d’autres
alternatives, soit appliquer la constitution et aller tout droit vers
un accident mortel dû à une vision sur mesure, voire parfois injuste et
déséquilibrée, ou violer la constitution pour éviter un vrai
étouffement ou suicide du processus démocratique en cours en République
Démocratique du Congo.

Compte tenu de la complexité et du piège
à plusieurs inconnus de ce dossier, le Président de l’Assemblée
Nationale a jugé utile de décréter un moratoire de quelques mois afin
de permettre aux députés, sénateurs et autres acteurs politiques de se
choisir une nationalité.

Ce dernier a opté, en son temps, pour
la transgression momentanée de la constitution en vue d’éviter de
mettre la nouvelle démocratie en péril, voire l’existence même de
l’Etat. Cette transgression momentanée tend à devenir une transgression
permanente avec toutes les conséquences que cela suppose pour
l’émergence d’un véritable Etat de droit congolais. Bien entendu, je
n’encourage pas et n’accepte pas la transgression de la constitution
que les parlementaires ont adoptée et soumise au référendum populaire.

La mise en œuvre vraie et sincère du moratoire reste un
piège et devrait déboucher sur des cas scandaleux, si les séances du
parlement étaient publiques. C’est le cas de le dire, il s’agit bien
d’une équation à plusieurs inconnus qui peut nous ramener 10 ans en
arrière et mettre sur la place publique des débats dangereux de vrais
congolais et de faux congolais, de vrais congolais et des étrangers. Il
faudrait qu’un jour, pour des raisons de l’histoire, que nous posions
la question à l’Honorable MAKILA pour savoir sa motivation profonde et
lointaine en lançant sa motion, en dehors de sa considération justifiée
du respect de la constitution. Je ne dis pas qu’il avait nécessairement
une autre motivation en plus.

Mais il devait aussi avoir dans
sa tête l’image d’un scénario possible à l’issue de l’exécution de sa
motion. N’est-ce pas là un véritable scénario où l’Etat devrait être en
justice au niveau de toutes ses institutions ? N’est-ce pas aussi un
procès en différé qui allait ébranler une partie de la classe politique
congolaise ?

La motion de MAKILA est un piège qui allait rattraper non
seulement les Congolais qui ont acquis une nationalité étrangère, mais
aussi et surtout les étrangers qui ont acquis légalement, abusivement
ou frauduleusement la nationalité congolaise, notamment nos frères et
sœurs Banyarwanda (les Hutus et les Tutsi). J’ai cité nos frères et
sœurs banyarwandas parce qu’ils constituent un grand enjeu et sont au
cœur de toutes les questions et de tous les débats sur la nationalité
en République Démocratique du Congo.

Ailleurs, avec d’autres
pays voisins, notre pays n’a pas ce genre de conflits très attisés
comme avec les banyarwanda. La motion de MAKILA est-elle un piège ou un
obstacle pour les banyarwandas qui ont d’office la nationalité
rwandaise ? En effet, lors de l’accession du Rwanda à l’indépendance,
le législateur rwandais promulgua le 1er juillet 1962 une loi sur la
nationalité rwandaise qui stipulait que « Est rwandais, tout individu
né d’un père rwandais ou dont la possession d’état Rwandais est établie
».

Procédant du droit du sang, cette loi donna d’office la
nationalité rwandaise à tous les immigrants rwandophones installés
depuis longtemps au Congo sans le moindre besoin de demander leur avis.
Aucun acte de protestation et de renoncement de ces immigrants à cette
nationalité n’a été enregistré, d’où ils sont en fait rwandais. La
nationalité rwandaise n’étant pas révoquée, l’unicité et l’exclusivité
de la nationalité congolaise devraient exclure d’office beaucoup de
banyarwandas qui sont dans toutes les institutions parce qu’ils ont
d’office une autre nationalité d’origine. Je ne dis pas qu’un
banyarwanda ne peut jamais devenir congolais dans le respect absolu de
la loi.

Quelle orientation devrait alors avoir l’application du
moratoire de l’Assemblée ? Je ne fais que soulever certaines
difficultés parmi tant d’autres. Il y aussi un problème de la qualité
et de la probité des acteurs qui devraient s’occuper de l’application
du moratoire sans tomber dans des combats partisans, des actes de haine
et d’intolérance, et des conflits d’intérêts ouverts et parfois
manipulés au niveau national et international.

La mise en œuvre du moratoire pose donc problème et risque de
ne pas recevoir une suite voulue au cours de cette législature.
Pourquoi pose-t-elle problème ?

Nous pouvons identifier quelques éléments de blocage. Il y a entre autres :

– les conflits d’intérêts et le manque de courage de
législateurs dans l’élaboration de la constitution dans son ensemble et
sur mesure, en particulier dans les réalités concernant les problèmes
brûlants de double nationalité dans le cadre de la réconciliation et de
la reconstruction nationales ainsi que dans le contexte ambigu et
désordonné de la mondialisation;

– le blocage délibéré de personnes concernées ayant les manettes du pouvoir ;

– la peur possible de manque de garanties juridiques et surtout
sécuritaires pour abandonner la nationalité acquise à l’extérieur,
notamment dans les pays occidentaux ;

– la peur de scandales politiques dans les toutes les
institutions clés de la République, si tous les dossiers sont mis sur
la place publique au travers des débats parlementaires, avec toutes les
conséquences que cela pourrait impliquer pour la stabilité et la
continuité du processus démocratique ;

– la pression de banyarwanda (surtout les Tutsi) craignant une
vraie remise en question des avantages acquis et l’avènement possible
des actes d’intolérance ;

– les intrigues politiciennes.

2. Réveil FM: Pourquoi la diaspora congolaise se sent flouée par cette histoire de nationalité devenue farfelue ?

Rév.Armand Mavinga Tsafunenga: La réaction de la diaspora
congolaise est légitime. Celle-ci est flouée par les problèmes de
nationalité, si l’on tient compte de sa contribution financière,
sociale, économique et intellectuelle au niveau de la République
Démocratique du Congo. Une partie de la diaspora congolaise, ayant
acquis une autre nationalité étrangère, se sent exclue du pays par
cette clause de la nationalité congolaise qui est une et exclusive.

Comment
rester insensible à la situation terrible qu’avait vécue notre frère
Congolais qui a acquis une nationalité canadienne et est parti du
Canada pour aller enterrer sa mère qui était morte au Kasaï en
République Démocratique du Congo ? Arrivé au Kasaï, il a été renvoyé
sans avoir enterré sa mère parce qu’un étranger ne pouvait pas venir
dans une zone minière. Et pourtant, il n’était pas étranger pour la
terre de ses ancêtres.

Il est important de régler de la manière la plus juste et la
plus efficace ce problème de double nationalité pour les Congolais
d’origine, car cette question de double nationalité conditionne la
pérennité ou la dislocation du lien de la nation avec une importante
partie de sa population éparpillée dans les cinq continents. Ils sont
tous des enfants du pays de Papa Simon Kimbangu.

Nous devons
être justes et réalistes en créant des conditions qui permettent à
toute la diaspora congolaise de participer activement et
harmonieusement à la reconstruction et au développement de la
République Démocratique du Congo. Point n’est besoin de souligner le
niveau du soutien financier de la diaspora congolaise aux membres de
famille restés au pays, sans compter sa contribution intellectuelle.

Mais il faut signaler ici qu’il est important pour les
autorités congolaises de sortir des sentiers battus tenant à combattre
et à exclure la diaspora dans la gestion de la chose publique, étant
entendu que la diaspora représente toujours une partie de la population
la plus informée et la plus outillée face au pouvoir en Afrique. La
diaspora est souvent redoutée, combattue et exclue. A l’époque du
régime Mobutu, l’unicité et l’exclusivité de la nationalité congolaise
(Zaïroise) était conçue de manière à exclure totalement la diaspora
congolaise considérée comme le vrai danger ou adversaire à combattre
pour le régime.

Le Mouvement pour la Paix et le Développement
du Congo (MPDC) que je préside préconise l’adoption du principe de
l’irrévocabilité de la nationalité congolaise d’origine et pose ainsi
le principe de la suprématie de la nationalité congolaise d’origine sur
la nationalité acquise ailleurs. L’autorité congolaise constate la
nationalité congolaise d’origine, mais ne la donne pas et ne la retire
pas.

Les enfants de Papa Simon Kimbangu ne rentreront pas comme
des étrangers dans leur pays ou sur le sol de leurs ancêtres. Les
Congolais sont des juifs d’Afrique et, dans ce sens, restent congolais
dans tous les pays du monde.

C’est ainsi que nous devrions nous
préparer à parler sans exception de Congolais d’Afrique du Sud,
d’Allemagne, d’Amérique, de Belgique, de Canada, de France, de Suisse,
de Russie, ainsi de suite. Il faudra réformer notre diplomatie et
notamment le fonctionnement de nos ambassades pour permettre demain aux
Congolais de voter à partir de l’étranger ou de poser tout acte
civique.

3. Réveil FM: Lors de votre intervention au Congrès de la FCE à
Paris en novembre 2008, vous avez proposé deux types de nationalité :
d’origine et de conquête, pouvez-vous nous expliquer en long et en
large ?

Rév.Armand Mavinga Tsafunenga: En fait, le vendredi 28 et le
samedi 29 novembre 2008, la Fédération des Congolais de l’Etranger
(FCE), véritable laboratoire congolais de haut niveau, a organisé à
Paris un congrès et une conférence sur les thèmes : mondialisation et
migration, mondialisation et double nationalité, mondialisation,
décentralisation, développement local et emploi, mondialisation,
décentralisation et démocratie locale.

Il faut reconnaître
d’emblée que cette rencontre a été un franc succès. Invité à
intervenir, mon exposé était intitulé « Vision politique du Mouvement
pour la Paix et le Développement du Congo (MPDC), enjeux de la
mondialisation et formulation des politiques relatives à la nationalité
et à l’immigration.

Dans mon exposé, j’ai insisté sur le fait
que la formulation des politiques congolaises de la nationalité et de
l’immigration, comme toute autre politique, devrait se fonder sur une
vision claire, pertinente et ambitieuse de la nation congolaise, eu
égard aux enjeux confus et désordonnés de la mondialisation qui
précipite l’humanité d’un même mouvement vers l’infiniment grand et
l’infiniment petit.

Sur la base de la vision ambitieuse du Grand
Congo du XXIème siècle, Siècle de la Justice, du Mouvement pour la Paix
et le Développement du Congo (MPDC), vision étalée sur tout un siècle,
j’ai explicité l’approche audacieuse du MPDC du problème de double
nationalité. Tout part donc de la vision du MPDC.

Je ne donne ci-après que quelques indications de la vision.
Le Mouvement pour la Paix et le Développement du Congo (MPDC) est un
mouvement des bâtisseurs, des rénovateurs, des conciliateurs, des
kintuadistes et des pacificateurs de la nation congolaise dont la
devise est : « Justice, Paix et Développement ». Le MPDC est très
attaché à son engagement de « bâtir une nouvelle et vraie République
Démocratique du Congo, une République réconciliée avec Dieu et avec
elle-même, unie, pacifique, solidaire, fraternelle, démocratique,
juste, équitable, riche, forte, puissante et prospère. »

Cette
nouvelle et vraie République Démocratique du Congo sera une Grande
Nation Culturelle et Multiculturelle au cœur de l’Afrique. Cette Grande
Nation sera le Grand Congo du XXIème siècle, Siècle de la Justice. Ce
Grand Congo sera sans aucun doute le Grand Congo de Papa Simon
KIMBANGU, une nation vitrine de l’Homme Noir, lumière et partenaire des
peuples et des nations, le Rocher de l’Afrique et la première puissance
africaine.

Le Grand Congo sera membre permanent du Conseil de
Sécurité des Nations Unies au XXIème siècle. Il sera aussi le Grand
Congo de la Prophétesse Kimpa Vita, de Maman Marie Muilu Kiawanga
Nzitani, de la Sœur Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta et de tous ses
enfants comme Patrice Emery Lumumba, Okito, Mpolo, Anani, Bamba,
Evariste Kimba, Mahamba, Joseph Kasa-VubuA, Nzeza Nlandu, Vital Moanda,
Moïse Tshombe, Mulopwe Kalonji, Pierre Mulele, Cardinal Albert Malula,
Monseigneur Christophe Munzihirwa Mwene-Ngabo, Joseph-Désiré Mobutut,
Monseigneur Bokeleale, Philippe Mbumba, Simon Mpadi, Mzée
Laurent-Désiré Kabila, Monseigneur Emmanuel Kataliko, Marcel Lihau,
Révérend Pasteur Albert Lukusa Luvungu, Pascal Kabungulu, Kibassa
Maliba, Cardinal Frédéric Etsou Nzabi Bamunguabi, Lomami Tshibamba,
Roger Bolamba, Zamenga Batukezanga, Joseph Kabasele (Kallé Jeef),
Franco Luambo Makiadia et Wendo Kolosoy.

Il sera le Grand Congo
de tous ses dignes fils qui ne peuvent tous être cités ici. Il sera
aussi le pays de tous nos martyrs et héros qui ont payé de leur sang et
sacrifice l’avènement de cette grande nation. En dernier ressort, il
sera le pays de nouveaux prophètes des nations et de tous les Congolais
sans exception dans un élan extraordinaire de justice et de
réconciliation nationale. Le MPDC prône la justice pour tous et la
réconciliation nationale.

A ce titre, il s’est donné la mission
de « réconcilier le Peuple Congolais avec Dieu et avec lui-même, avec
son sol, son sous-sol, ses ancêtres et son pays, avec ses voisins et
les peuples du monde ». Le Grand Congo sera construit en se fondant sur
ses grands esprits. Dans ce contexte, Papa Simon KIMBANGU est le
symbole qui nous met tous ensemble dans le cadre d’une véritable
réconciliation nationale, en dehors de toute considération de
religions, que nous soyons lumumbistes, mobutistes, abakistes,
kasa-vubistes, kabilistes, mulelistes, tshombistes, kalondjistes,
bembistes, kintuadistes, kengistes, afrocentristes ou membres de
nouvelles familles politiques.

Ce Grand Congo sera d’abord une
puissance culturelle africaine parce qu’il sera construit avant tout
sur sa nature de scandale culturel avec la richesse de ses ethnies et
tous ses talents. Il est clair que la République Démocratique du Congo
ne peut assumer sa nature de scandale géologique sans avoir assumé
préalablement sa nature de scandale culturel.

Il faudra sortir
du piège d’exploitation convoitée des richesses naturelles, notamment
minières, pour s’orienter vers la création des nouvelles richesses
durables. Comme le Président Nicolas SARKOZY et le Pape Benoît XVI, le
MPDC s’inscrit dans le cadre de la laïcité positive. La philosophie
politique du MPDC est le « Kintuadi » qui signifie en langue kikongo
unité, union et communion totales pour la libération, la dignité et le
progrès tous azimuts du Peuple Congolais et de l’Homme Noir.

La
stratégie de base du MPDC est fondée sur le développement et le
renforcement des capacités nationales endogènes d’assimilation,
d’adaptation, de création, de construction, de production, de
promotion, de protection et de maintenance dans tous les domaines ».

A
une maladie d’un siècle, il faut une thérapie appropriée d’un siècle.
Une pensée chinoise peut nous inspirer : « Si ton projet porte sur un
an, plante du riz ; s’il porte sur 10 ans, plante un arbre ; s’il porte
sur 100 ans, éduque les hommes ». Je ne doute pas que le MPDC et moi
serons traités de fous initiant des projets utopiques. Le commun de
mortels ne s’imagine pas comment la République Démocratique du Congo
actuelle, devenue un petit Congo réservoir et ustensile, peut devenir
le Grand Congo du XXIème. Nous nous sommes à l’écoute de l’Esprit.
Notre utopie n’est pas de l’idéalisme, mais une approche tendant à
dénoncer et à annoncer : dénoncer les structures déshumanisantes et
annoncer des structures humanisantes.

Notre utopie utilise des
méthodes utopiques pour résoudre l’utopie. Il est tout à fait clair que
c’est l’Enfant Congolais qui sera au centre de toutes les
préoccupations de cette vision de tout un siècle, au travers notamment
le Grand Chantier transversal de « Priorité Enfant Congolais ». C’est
cette grande vision que je compte porter très haut, au nom du Mouvement
pour la Paix et le Développement du Congo (MPDC), pour le bien et le
bonheur total du Peuple Congolais, de la République Démocratique du
Congo et de la diaspora congolaise à travers le monde. Demain n’est pas
à attendre, mais à inventer et c’est donc aujourd’hui que nous devons
commencer à nous mobiliser tous comme les doigts d’une même main pour
l’accomplissement de cette vision. Celui qui porte une telle vision
avec un chantier transversal du siècle « Priorité Enfant Congolais »
sera appelé « Papa ».

Il s’agit donc de Papa Armand Mavinga Tsafunenga. Un Papa appelé à être ainsi un vainqueur de géants comme David.

Le
MPDC s’inscrit dans le cadre du millénaire de la justice dont le XXIème
siècle est un siècle décisif de la justice. En effet, en 1996 et 1997 à
Kinshasa, j’avais annoncé en ma qualité de Prophète de la Justice que
le troisième millénaire sera le Millénaire de la Justice et que le
XXIème siècle sera un grand Siècle de la Justice avec deux premières
décennies décisives. Ce sera le siècle que Dieu a choisi pour rendre
justice à Papa Simon KIMBANGU dont la mission fut la libération, la
dignité et le progrès tous azimuts de l’Homme Noir et, par surcroît, à
Révérend Dr. Martin Luther King qui s’est référé à Papa Simon Kimbangu
dans son ouvrage posthume publié en 1974 à Oxford (Prophet Simon
Kimbangu and his church). Spirituellement, la mission de Papa Simon
Kimbangu est déjà accomplie et nous vivons maintenant l’accomplissement
progressif de sa mission sur le plan matériel. Le 23 mai 2001, dans ma
chambre haute de Pré St Gervais en France, l’Eternel m’a annoncé
clairement qu’il commencera par les Etats-Unis d’Amérique. Le phénomène
Barack Obama ne m’a pas surpris du tout et surtout pas qu’un noir comme
Michael Steele prenne la tête du Parti Républicain américain. J’ai
annoncé tout cela dans mon livre écrit en 2006 et qui sortira cette
année : « La prise de possession des bénédictions par l’Homme Noir au
troisième millénaire ».

Une telle vision ne peut se concrétiser sans la participation
directe de tous les Congolais du monde entier. Papa Simon Kimbangu a de
manière prophétique annoncé le phénomène de migration de Congolais à
travers le monde et le contexte de leur retour pour rebâtir le Congo et
bâtir cette grande nation. Gloire soit rendue au Seigneur qui m’a
révélé le 17 mars 2001 à 19h30 à Paris 19ème que « les Congolais sont
des Juifs d’Afrique ». Un Juif reste toujours un Juif, comme un
Congolais reste toujours un Congolais.

Tous
les Congolais éparpillés à travers le monde rentreront bâtir le Grand
Congo de Papa Simon Kimbangu comme ses fils et non comme des étrangers.
Dieu qui a utilisé le Peuple Juif, a choisi maintenant le Peuple
Congolais et fera surgir en son sein beaucoup de grands Prophètes. Tous
les Congolais éparpillés à travers le monde sont obligés d’être des
bénédictions qui rayonnent pour leur pays et en fin de compte pour tout
le monde. Une bénédiction qui ne rayonne pas n’est pas une bénédiction.

Quand ton peuple meurt de faim, toi aussi tu meurs de faim ;
quand ton peuple est nu, toi aussi tu es nu ; quand ton peuple est
malade, toi aussi tu es malade ; quand ton peuple est ignorant, toi
aussi tu es ignorant ; quand ton peuple est violé, toi aussi tu es
violé. Quand ton pays est agressé, toi aussi tu es agressé ; quand ton
pays est pillé, toi aussi tu es pillé. Tous les Congolais, peu importe
la nationalité acquise à l’étranger, sont donc des Juifs qui ont
vocation d’être des bénédictions qui rayonnent pour leur pays.

C’est ainsi que le MPDC stipule qu’un Congolais, quelle que soit la
nouvelle nationalité acquise à l’extérieur, ne peut pas être un
étranger sur le sol de ses ancêtres, surtout pas travailler comme un
étranger sur le sol de ces derniers.

Fort de cette vision, le MPDC, par ma personne, a proposé deux
concepts, à savoir le concept de la « nationalité de l’habitant » et
celui de la « nationalité du conquérant ». La nationalité de l’habitant
est la nationalité congolaise d’origine héritée de ses ascendants ou
ancêtres habitant le Congo et la nationalité du conquérant est la
nationalité étrangère acquise par un Congolais. La nationalité de
l’habitant ou la nationalité congolaise d’origine est irrévocable parce
qu’elle est liée aux ascendants ou ancêtres.

L’Etat Congolais
constate la nationalité de l’habitant ou la nationalité congolaise
d’origine, mais ne la donne pas. D’où il ne peut pas la révoquer. La
nationalité du conquérant peut être révoquée. C’est ainsi que le MPDC
soutient les principes de l’irrévocabilité de la nationalité congolaise
d’origine ou de la nationalité de l’habitant et de la primauté de la
nationalité de l’habitant sur la nationalité du conquérant.

Quand
un Congolais foule le sol de ses ancêtres, il est Congolais. A
l’étranger, un Congolais peut voter car sa nationalité de l’habitant ou
nationalité d’origine est irrévocable et a primauté sur la nationalité
du conquérant. Une loi ad hoc règlera sans ambiguïté l’irrévocabilité
et la suprématie de la nationalité congolaise d’origine ou nationalité
de l’habitant. Même quand il est à l’étranger, le Congolais habite
spirituellement son pays.

Le MPDC s’impliquera dans un
processus irréversible où tous les Congolais, sans exception au pays
comme à l’étranger, jouiront de tous leurs droits civiques, politiques,
sociaux, culturels et économiques.

Il sied de souligner que dans cet exposé, j’ai aussi abordé les
aspects de l’immigration qui est corollaire des problèmes de la double
nationalité. En effet, la République Démocratique du Congo devrait
avoir une politique forte et ferme de l’immigration pour éviter d’être
frappée de plein fouet par les pièges de la mondialisation dictée par
le marché et les puissances financières. Dans le contexte actuel grave
de l’économie de prédation, un pays faible et infecté totalement par la
corruption comme le nôtre court des risques très graves.

Des
études en cours des experts du MPDC tendent à nous mettre en garde, car
si les tendances actuelles de l’immigration ne sont pas maîtrisées, il
y a lieu de prévoir la disparition définitive de la République
Démocratique du Congo d’ici la fin du siècle. A côté du système
colonial et néocolonial de pillage et d’exploitation de notre pays,
s’ajoute un système d’exploitation de nos ressources qui devient une
colonisation de peuplement des asiatiques et notamment de chinois qui
pourront dans 100 à 150 ans déverser une population chinoise égale ou
supérieure à la population africaine actuelle. Il faut impérativement
prendre des dispositions rigoureuses pour ne pas subir une colonisation
de peuplement qui sera fatale pour le Congo. Je ne suis pas contre les
asiatiques qui ont leurs stratégies par rapport aux enjeux de la
mondialisation. Il nous appartient d’élaborer des stratégies
alternatives et protectrices dans notre partenariat, pour tirer le
meilleur profit sans subir une colonisation fatale de peuplement. La
Chine est un bon partenaire, si nous savons comment nous positionner
face à cet éléphant et rouleau compresseur.

4. Réveil FM: La diaspora a été écartée des élections
présidentielles et législatives de 2006. Aujourd’hui, le gouvernement
congolais fait des yeux doux à cette même diaspora, quelles en sont les
vraies raisons ?

Rév.Armand Mavinga Tsafunenga: La diaspora congolaise a été
écartée malheureusement des élections et nous ne pouvons que le
regretter. Une question peut aussi être soulevée objectivement : Est-ce
que notre gouvernement, dans le contexte de fonctionnement difficile,
minimum, voire parfois catastrophique de nos ambassades, avait-il les
moyens matériels, humains et financiers pour organiser les élections à
l’étranger ? Le processus électoral congolais étant un processus
exogène financé par la communauté internationale, notamment par l’Union
Européenne, le vote de la diaspora congolaise était-il une priorité
pour cette dernière ? Je ne pense pas, compte tenu des objectifs
immédiats qu’elle s’était fixés.

Pour revenir à la question, le
gouvernement congolais ne peut pas se permettre de fermer les yeux face
à la diaspora congolaise qui pèse d’une manière ou d’une autre sur la
vie sociale en République Démocratique du Congo, d’où une certaine
capacité d’influence de cette diaspora sur la population congolaise. En
outre, cette diaspora constitue aussi une force politique dans la
mesure où elle est constituée de personnes bien informées, maîtrisant
les rouages politiques de puissances occidentales qui tentent toujours
de faire main basse sur les richesses du Congo. Beaucoup de changements
de régimes en Afrique partent aussi de la mobilisation et de la
sensibilisation de la population par la diaspora.

Dans le
contexte qui a prévalu et qui prévaut dans notre pays, associer la
diaspora aux élections aujourd’hui signifierait se faire sanctionner
soi-même. Le gouvernement accepterait-il de se faire sanctionner
lui-même ?

Ce dernier est donc obligé de faire des yeux doux à
la diaspora au moment où une partie de la diaspora est en train de se
radicaliser petit à petit en un véritable mouvement de résistance qui
pourrait apporter demain un coup dur au régime en place et à la mise en
œuvre du programme du gouvernement actuel.

La diaspora peut aussi apporter une certaine légitimité
populaire au gouvernement qui a lancé cinq chantiers et se bat comme il
peut pour trouver des moyens et de petits et grands partenaires. La
mobilisation de la diaspora est importante pour la mise en œuvre de 5
chantiers lancés par le Président Joseph Kabila, car la diaspora
congolaise est importante, regorge d’excellentes ressources humaines et
peut mobiliser ou faire mobiliser des ressources matérielles et
financières. La diaspora est aussi efficace dans la diplomatie de
coulisses et peut, dans ce contexte, rendre des services énormes au
Gouvernement dans les domaines de la diplomatie, de la coopération et
de la sécurité.

La diaspora est aussi importante pour la
préparation des échéances électorales futures, 2011 est pour demain. Il
faut déjà commencer à cajoler la diaspora aujourd’hui, car des
concurrents redoutables viendront probablement de la diaspora. En fin
de compte, la diaspora congolaise est composée de congolais qui
méritent l’attention, le soutien et la protection des autorités
congolaises sans considération partisane et politicienne.

5. Réveil FM: Pourquoi le gouvernement "légitime" n’est jamais
arrivé à mobiliser les Congolais contre la guerre à l'Est de la
République Démocratique du Congo, alors même que cette guerre menace le
destin du Congo ?

La guerre de l’Est est une épine de plus en plus difficile à
maîtriser sous le pied du gouvernement congolais. Un système savamment
monté de rébellions et milices fondées sur la revendication ethnique a
été mis en place pour tenter de démontrer à tout moment qu’il s’agit de
conflits interethniques à l’est du pays et non de l’invasion de la
République Démocratique du Congo par ses voisins, notamment par le
Rwanda.

Les faits aujourd’hui illustrent clairement le rôle
joué par des Etats voisins dans le pillage du Congo et les massacres de
ses populations. Nous avons vu avec le CNDP que ce dernier peut
unilatéralement proclamer le cessez-le-feu. Nous avons vu qu’il
suffisait d’une intervention ouverte du Rwanda pour que Nkundabatware
soit remplacé à la tête du CNDP et que cette rébellion cesse de faire
la guerre dans sa forme actuelle, intègre l’armée congolaise et
devienne un parti politique qui devrait immédiatement partager le
pouvoir avec les institutions en place sur leur demande. Il n’y a plus
de moindre doute que le CNDP est une émanation du Rwanda pour un
processus d’exploitation et de colonisation de peuplement.

Pour répondre précisément à votre question de savoir pourquoi
le gouvernement congolais n’arrive pas à mobiliser les Congolais sur
cette guerre de l’est, je peux avancer les éléments suivants, sans
préjuger des problèmes internes de celui-ci : la mobilisation de
Congolais ne peut se faire que sur la base de la sincérité, de la
transparence, de la vérité et des principes de la bonne gestion de la
situation de guerre.

Comment arriver à mobiliser le Peuple
Congolais quand il y a des contradictions entre les dires du Ministère
des Affaires Etrangères et le Porte-parole du gouvernement ?

Comment
mobiliser les Congolais quand des scandales éclatent avec les vols des
soldes de militaires qui sont au front ? Comment mobiliser les
Congolais quand les uns estiment que toutes les institutions
congolaises sont infiltrées par des ennemis et que toute tentative est
d’office vouée à l’échec ?

Comment mobiliser les Congolais quand beaucoup d’entre eux n’ont plus confiance au gouvernement ?

Comment
mobiliser les Congolais quand leur quotidien est un enfer avec le
chômage, le non paiement des salaires et la misère sociale.

En
outre, le gouvernement congolais fait montre d’une carence d’un plan
super élaboré de communication avec le Peuple Congolais. Au niveau
international, les stratégies de communication du gouvernement
congolais sont encore à leur balbutiement. La communication partisane
du pouvoir n’est pas nécessairement une bonne communication. Comment le
gouvernement gère les graves contraintes et contradictions de
l’information et de la communication ? En dépit de certaines atteintes
à la liberté d’expression et d’opinion, les forces de l’opposition et
de la résistance mettent le gouvernement en mal dans la mobilisation
des Congolais.

L’action aussi de certaines forces politiques de
la diaspora congolaise perturbe l’action de mobilisation du
gouvernement. Sur le plan interinstitutionnel, bien que la gestion de
la guerre relève notamment de l’exécutif, les contradictions entre les
institutions sont aussi un obstacle à une bonne mobilisation de
Congolais. En outre, quand la gestion de la guerre devient une affaire
juteuse d’intérêts, il devient impossible d’arrêter des stratégies
appropriées de communication, quand il y a des conflits d’intérêts.

En
fin de compte aussi, la mobilisation de Congolais est aussi un problème
de compétences et de moyens. Est-ce que le gouvernement utilise les
hommes qu’il faut et met les moyens conséquents pour mobiliser les
Congolais ?

6. Réveil FM:Dans vos propos, vous ne parlez pas de "guerre d'agression-invasion", c'est une expression que vous réfutez ?

Rév.Armand Mavinga Tsafunenga: Avant de répondre à cette
question, je voudrai faire au préalable une petite mise au point. En ma
qualité de leader spirituel, de Prophète de la Justice et d’Ambassadeur
de Paix, je prêche le message d’amour, de justice et de paix, et suis
très attaché aux valeurs qui fondent le droit international. Nous
soutenons tous la coexistence pacifique des peuples et des Etats et le
respect absolu du principe sacré de l’intangibilité des frontières
héritées de la colonisation. Principe cher aux pères fondateurs de
l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en son temps et de l’Union
Africaine aujourd’hui. Sans la justice, il n’y a pas de paix et de
réconciliation nationale. La réconciliation ne précède jamais la
justice, mais elle est un acte et une recherche de la justice.

L’impunité
institutionnalisée est un virus qui tue le régime ou le pouvoir qui
l’entretient et constitue un élément clé du diagnostic de l’état de
l’Etat de non droit ou de Non Etat d’un pays.

En République
Démocratique du Congo, la justice vaut mieux que la vengeance et la
revanche. La paix et la sécurité d’un peuple et d’un Etat ne peuvent
jamais être assumées à moyen et à long termes par des armées
étrangères. La justice est une valeur essentielle de la démocratie et
de la paix. Il est heureux de constater petit à petit le développement
de la justice internationale, notamment dans le cadre du Système des
Nations Unies. La République Démocratique du Congo doit relever le défi
mortel de l’impunité et de la corruption.

La Cour Pénale
Internationale (CPI) continue de susciter des espoirs en dépit de
certaines déceptions et devrait éviter de devenir une institution de
prélèvement des échantillons africains et notamment congolais au gré de
certains intérêts, en laissant totalement libres certains criminels et
génocidaires avérés. Le Sénateur Jean-Pierre Bemba est-il plus criminel
que les autres ?

Je n’ai jamais réfuté l’expression « guerre
d’agression-invasion » tant il est vrai que la République Démocratique
du Congo est agressée depuis 1996 et qu’il y a un véritable holocauste
de 6.000.000 de Congolaises et Congolais morts dans la plus triste
tristesse. Mais j’appelle l’attention du Peuple Congolais sur le piège
de tomber naïvement dans une messe populaire permanente sans issue de
l’agression téléguidée de notre pays par le Rwanda, l’Ouganda et le
Burundi pour dissimuler nos propres fautes et faiblesses. Il s’agit
d’éviter une approche qui nous déculpabilise totalement et de ce fait
nous rend irresponsables. Il nous faut une nouvelle pédagogie fondée
sur une analyse lucide des responsabilités et sur notre pouvoir d’agir.
Il est important d’utiliser une approche qui nous permettra de nous en
sortir du cercle vicieux savamment monté depuis notre accession à
l’indépendance en 1960.

Il ne fait aucun doute aujourd’hui que la République
Démocratique du Congo est agressée, voire envahie par ses voisins,
notamment le Rwanda et l’Ouganda. Cette guerre d’invasion a été
planifiée dès le démarrage de la transition en 1990 en République
Démocratique du Congo (Zaïre), plus particulièrement en 1993, à partir
de grandes capitales occidentales et des pays voisins que sont le
Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Cette guerre d’invasion non encore
maîtrisée répond aux besoins toujours actuels de pillage des ressources
naturelles de notre pays, de déstabilisation et de balkanisation du
Congo, de massacre des populations congolaises pour permettre
l’occupation étrangère de l’est et du nord-est de notre pays.

Nous ne pouvons que condamner fermement ce processus criminel et
barbare qui a conduit au plus grand holocauste après la deuxième guerre
mondiale avec 6.000.000 de morts et mis plus de 2.000.000 de Congolais
dans la rue, vivant comme des réfugiés sans soutien sur le sol de leurs
ancêtres.

La communauté internationale tente d’esquiver
toujours cet holocauste en l’entourant d’un silence le plus étonnant au
XXIème siècle. Mais il est grave de souligner que tout cela se fait
avec la complicité et la naïveté de Congolais eux-mêmes. Et c’est ce
dernier aspect qui m’interpelle parce que s’il n’est pas résolu, la
République Démocratique du Congo serait condamnée de disparaître dans
un meilleur délai.

La première guerre d’agression a été lancée le 29 octobre 1996
par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi en utilisant l’Alliance des
Forces Démocratiques pour la Libération (AFDL) de Mzee Laurent- Désiré
KABILA qui était piloté par les rwandais et accompagné de plusieurs
congolais. Cette agression a été savamment maquillée par la création
d’une tension sociale sous forme de révolte des Banyamulenge. La suite
est révélatrice, car le Président Laurent-Désiré KabilaA s’est trouvé
pris au piège et n’a pas hésité ainsi de qualifier l’AFDL de
conglomérat d’aventuriers. Le Président Laurent-Désiré Kabila sera
obligé d’expulser, à ses risques et périls, ses anciens alliés
rwandais. Nous retenons toutefois le patrimoine qu’il nous a légué de «
Ne jamais trahir le Congo ».

En août 1998 éclate la deuxième
guerre d’agression du Rwanda et de l’Ouganda rendue possible par la
création de deux mouvements rebelles. Il s’agit pour le Rwanda du
Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) et du Mouvement pour
la Libération du Congo (MLC) pour l’Ouganda. Des congolais vont servir
de charnières à ces deux mouvements rebelles pour camoufler l’agression
ou l’invasion de la République Démocratique du Congo et éliminer le
Président Laurent-Désiré Kabila devenu incontrôlable. Outre les
multinationales, certaines puissances occidentales et nos trois
voisins, certains congolais sont eux-mêmes aussi au centre de ce
dispositif d’invasion, de pillage et d’extermination des populations
congolaises.

Ce sont des congolais aussi qui donnent la
nationalité congolaise aux mercenaires venus envahir leur pays. Le 16
décembre 2002 à Sun City en Afrique du Sud, dans un véritable élan de
course au pouvoir et de partage du butin, des leaders congolais ont
aussi signé l’Accord Global et Inclusif qui institutionnalisait la
prise du pouvoir par les armes, les viols massifs, le pillage et le
massacre des populations congolaises.

Il s’agissait donc, pour
le Mouvement pour la Paix et le Développement du Congo (MPDC), d’un
processus injuste et déséquilibré qui sort ses effets jusqu’à nos
jours. D’où la transition ne pouvait pas atteindre totalement ses
objectifs de pacifier le pays, de réunifier le territoire national, de
réconcilier la nation, de restaurer l’autorité de l’Etat sur tout le
territoire et de former une armée nationale restructurée et intégrée.

Les
élections ne devaient être qu’un couronnement final de l’atteinte de
ces objectifs. Le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), en
demandant son entrée directe dans l’armée et la gestion politique de la
République Démocratique du Congo, s’inscrit dans le suivi du processus
de Sun City et non dans celui de l’actuel ordre politique, d’où il y a
problème.

En effet, tout récemment, une troisième guerre a
éclaté avec la rébellion du Congrès National pour la Défense du Peuple
(CNDP) de Laurent Nkundabatware. Les différents faits ont montré que,
comme le RCD-Goma, le CNDP est un montage du Rwanda.

La
tragicomédie de l’éviction de Nkundabatware et de son arrestation est
éloquente. La conversion subite du CNDP en parti politique nous plonge
dans un cercle vicieux infernal. Un Nkundabatware qui part en appelle
un autre.

Une rébellion qui devient parti politique appelle une
autre rébellion pour la remplacer, et ainsi de suite. Et là aussi des
congolais ont joué leur rôle pour masquer la mainmise du Rwanda.

Tous
les mercenaires du CNDP sont d’office intégrés dans l’armée et le
seront peut-être bientôt dans la gestion au plus haut niveau de la vie
politique congolaise. La mainmise étrangère sur toutes les institutions
congolaises sera bientôt totalement acquise grâce à la complicité de
certains congolais eux-mêmes.

Le Rwanda veut résoudre son problème de génocide, d’espace, de
haine insensée des Tutsi et des Hutus sur le sol congolais grâce à la
maudite bénédiction de certains congolais, notamment des leaders
politiques et militaires véreux, corrompus, pilleurs et sans le moindre
scrupule. Toutes les agressions étrangères de notre pays s’appuient sur
des congolais. Que dire des fonctionnaires et responsables qui vendent
tous les documents d’état civil congolais aux étrangers ? N’est-ce pas
là de l’irresponsabilité grave et de la trahison ?

C’est
ici le lieu de lancer un appel à l’exigence du discernement des
responsabilités individuelles et collectives pour trouver de bonnes
réponses aux problèmes qui se posent en République Démocratique du
Congo. Le gouvernement congolais, bien avant et durant les récents
rounds de négociation avec le CNDP à Nairobi, a toujours défendu la
thèse de l’agression de la République Démocratique du Congo par
l’Ouganda et notamment le Rwanda.

Le gouvernement congolais
est tombé dans le piège flagrant de ces négociations avec ses voisins
qui, de façon bien rusée, ont toujours dit que notre pays héberge des
forces négatives à leur sécurité et qu’ils peuvent se permettre à tout
moment de les pourchasser sur notre sol en nous agressant. C’est ce
qu’ils ont toujours fait en violant manifestement le droit
international et en nous humiliant.

Le piège devient grave et
inévitable quand le gouvernement congolais invite officiellement ses
agresseurs à venir traquer les forces négatives sur son territoire, se
reconnaissant ainsi incapable avec son armée d’appliquer les clauses
des engagements qu’il a pris avec ses voisins sous la pression ambigüe
de la communauté internationale. Ainsi maintenant, l’armée ougandaise
est entrée officiellement le 14 décembre 2008 dans notre pays pour
traquer les rebelles de LRA de Joseph Kony et l’armée rwandaise le 18
janvier 2009 pour liquider les Forces Démocratiques pour la Libération
du Rwanda (FDLR) et faire retourner tous les réfugiés rwandais au
Rwanda. Savons-nous que signifie le fait que la communauté
internationale qui a permis l’arrivée sur notre territoire de millions
de rwandais après le génocide rwandais de 1994, n’a jamais aidé
sincèrement notre pays à faire retourner ces rwandais chez eux dans le
respect strict du droit humanitaire international ?

Le fonds de
commerce du génocide rwandais et le plan de déstabilisation volontaire
et de balkanisation de la RDC se vendent bien. Pourquoi il ne peut y
avoir de dialogue rwando-rwandais pour un retour pacifique de tous les
réfugiés au Rwanda et pour éviter que le pouvoir rwandais actuel soit
plus monoethnique?

Est-ce un fait du hasard que les autorités
ougandaises promettent de soutenir l’autonomie ou l’indépendance
provinces du Kivu et Orientale, si Kinshasa l’acceptait ? A quoi rime
une telle provocation ? Est-ce une coïncidence fortuite que le CNDP se
débarrasse à sa tête de Nkundabatware, proclame la fin de la guerre,
intègre l’armée congolaise sans aucune forme de procès et
d’identification préalable et se transmue subitement en parti politique
pendant que l’armée rwandaise est officiellement sur le territoire
congolais ? Le gouvernement congolais, voulant définitivement enlever à
ses voisins les raisons de leur agression répétée, n’a pas évité le
piège qui pourrait le rattraper dans l’avenir. Comment se fera la
sortie des armées rwandaises et ougandaises sur notre sol ? Avec ce que
comporte comme conséquences l’entrée fracassante et officielle des
armées étrangères sur le sol qu’elles envient et veulent, sans le dire
clairement, l’occuper définitivement dans sa partie très riche.

Une question nous interpelle : pourrions-nous encore parler un jour de
l’agression de la République Démocratique du Congo par le Rwanda et
l’Ouganda dans la mesure où le gouvernement congolais vient d’autoriser
officiellement la rentrée des troupes militaires de ces deux pays sur
notre territoire ? Sur le plan juridique et stratégique, le deal
diplomatique et militaire signé par le gouvernement congolais avec les
gouvernements ougandais et rwandais sera dans l’avenir un coup dur pour
le Peuple Congolais et pour lui-même en ce qui concerne l’exigence des
dédommagements dus aux agressions graves de ses voisins.

Dans
la grande douleur, le Peuple Congolais doit chercher à s’armer d’autres
arguments juridiques pour constituer des dossiers solides visant la
justice à nos 6.000.000 de morts et à plus de 2.000.000 de Congolais
qui errent comme des bêtes sauvages sur le sol de leurs ancêtres pour
le grand bonheur d’exploitants et pilleurs étrangers et de fils égarés
du pays.

Un peuple qui n’honore pas ses morts est voué à la
disparition. Sur le plan de la justice, le gouvernement congolais tombe
dans le piège de sacrifier totalement l’éthique nationale et
internationale de la justice en couvrant des génocidaires, des
criminels de guerre et contre l’humanité. Sur le plan de la défense, le
gouvernement congolais tombe dans le piège de ne jamais avoir une armée
congolaise républicaine et disciplinée parce qu’il est obligé
d’intégrer des rebelles criminels, violeurs et pilleurs, des
mercenaires représentants de ses voisins agresseurs dans son armée et
ses services de sécurité.

Par ce deal avec ses deux voisins, le
gouvernement congolais veut résoudre les problèmes de la paix et de la
sécurité et adopte le principe de la fin justifie les moyens. Mais il y
a lieu d’être honnête et de reconnaître que ce deal consacre la
victoire de l’Ouganda et du Rwanda, en attendant que nous ayons la paix
et la sécurité promises.

Par où sommes-nous passés pour avoir aujourd’hui une certaine
peur de rwandais et de rwandophones ? Par où sommes-nous passés pour
avoir une bonne partie de la classe politique et militaire congolaise
manipulée ou téléguidée aujourd’hui par le Rwanda ? Par où sommes-nous
passés pour que notre pays tombe très bas ? N’est-il pas venu le temps
de nous réconcilier rapidement avec nous-mêmes ? Le Peuple Congolais a
compté, à sa grande déception, sur la communauté internationale et
notamment sur la force des Nations Unies (MONUC) pour sa paix et sa
sécurité.

Il se sent aussi trahi par certains de ses fils. Dès
lors la vraie solution à la crise grave que connaît la République
Démocratique du Congo ne peut provenir que des Congolais eux-mêmes.

J’ai
eu l’honneur de préfacer un ouvrage révolutionnaire de l’Homme de
Culture Mawete Makisosila intitulé « C’est la faute de nos Chefs
d’Etats. C’est faux ! L’exemple vient d’en bas ! Le peuple restera
toujours souverain » qui sortira bientôt. Ma préface est intitulée «
Chaque peuple a l’élite et les leaders politiques qu’il mérite ».

Un
vrai peuple est la fondation inamovible de sa communauté, de sa nation
ou de son pays ; il n’accepte jamais d’être aliéné, esclave, vendu,
pillé et dépossédé de ses terres et de son patrimoine naturel et
culturel. C’est un lion qui ne se laisse pas dévorer.

C’est
lui-même le fondement de son élite et de ses leaders dans tous les
domaines. Aucune arme, quelle que soit sa puissance destructrice, ou
aucun Chef d’Etat ne peut empêcher ou arrêter un peuple qui est
déterminé à assumer son destin. Le peuple est une force d’en bas qui
monte en haut. Un grand peuple crée les conditions d’émergence de
l’élite et des leaders politiques d’exception. Un peuple irresponsable
aura des leaders irresponsables. J’ai toujours aimé l’interpellation du
Peuple Congolais par notre compatriote, l’écrivain et
journaliste-reporter, Fita Fita DibweI, communément appelé Cheik Fita,
quand il écrit en 2002: « Peuple Mokonzi que dis-tu ? Olobi nini ? ». «
Mokonzi » en langue lingala signifie souverain, le vrai chef et « olobi
nini ? » que dis-tu ?

La solution se trouve entre les mains de chaque Congolais et
du Peuple Congolais qui doivent utiliser leur pouvoir. Il faut
connaître et savoir utiliser son pouvoir. Si un peuple tombe dans le
piège d’une mauvaise élite ou d’un mauvais leadership, il a le pouvoir
d’agir pour relever le défi. Il faut une nouvelle classe politique
congolaise débarrassée de tous les délinquants et prostitués
politiques.

Une élite est même considérée par le Président
Sekou Toure comme la partie la plus saine d’une population. Le Peuple
Congolais doit prendre son destin entre les mains et un verset biblique
peut nous servir d’exhortation : « Si l’on forme des complots, cela ne
viendra pas de moi ; quiconque se liguera contre toi tombera sous ton
pouvoir » (Esaïe 54 :15). Si un peuple n’utilise pas son pouvoir, on
lui ôte tout son pouvoir.

Le Peuple Congolais doit utiliser son
pouvoir reçu de Dieu pour relever le défi du complot international et
de la trahison de ses fils égarés. Personne ne le fera à sa place et
surtout pas la MONUC ou une force européenne.

Dieu a fait sa
part en nous dotant du pouvoir d’être maîtres de nous-mêmes et
d’assumer ainsi notre destin. Il est inutile maintenant d’embêter Dieu,
mais il faut agir judicieusement en utilisant le pouvoir qu’il nous a
donné. Il y a 88 ans, les Belges nous ont montré l’arme et la voie de
la libération, à savoir Papa Simon Kimbangu qui nous a légué l’arme
fatale de combat qu’est le « Kintuadi ».

Kintuadi, en Kikongo,
signifie « unité, union et communion totales pour la libération, la
dignité et le progrès tous azimuts du Peuple Congolais et de l’Homme
Noir ». Les Congolais doivent être une seule personne dans ce combat
farouche contre le complot international et la trahison de certains
fils.

Il nous faut donc une nouvelle pédagogie et stratégie de
combat et de libération fondée totalement sur le Congolais lui-même
appelé d’abord à se réconcilier avec lui-même en bannissant la peur,
l’ignorance, les divisions, le mensonge, la corruption, l’égoïsme, la
trahison, le vol et l’esprit du pillage .

7. Réveil FM: Les 5 chantiers de Joka sont devenus par la magie
verbale des joséphistes ceux du gouvernement. Les fameux chantiers
battent de l’aile, quels sont selon vous les vrais enjeux prioritaires
de la République Démocratique du Congo aujourd’hui ?

Rév.Armand Mavinga Tsafunenga: Avant toute chose, qu’il nous
soit permis de souligner que nous répondons à cette question comme un
expert au dessus de tout sentiment. Les gouvernements africains tombent
généralement dans le piège du court terme souvent inefficace et de la
mauvaise hiérarchisation des priorités, car tout semble prioritaire et
que le rang de priorités peut changer du jour au lendemain.

Le
piège du court terme empêche une vision globale, systémique et large à
long terme. Ce piège du court terme est le fait aussi des conflits
armés, de l’incertitude et de l’instabilité de plusieurs régimes
politiques. C’est le cas du gouvernement congolais.

En plus, à
très peu d’exceptions près, l’approche est souvent exogène. Des plans
et programmes importants de reconstruction ou de développement sont
élaborés en comptant sur l’appui de la communauté internationale et
notamment sur les bailleurs de fonds. Grosso modo, la plupart des pays
africains ne font pas de la planification stratégique. Et quand ils
reçoivent des financements, une bonne partie de financements peut être
engloutie dans des études très très coûteuses de certains cabinets
nationaux et internationaux d’experts sans que les objectifs ne soient
atteints par la suite.

A l’époque du Zaïre, des cas sont légion
et ces études offraient une opportunité inouïe à une certaine classe
politique zaïroise de se remplir les poches au détriment de la
population. Après de grandes études excellentes, il n’y avait pas
souvent de suivi. Et la dette tombait sur le dos du pauvre Peuple
Zaïrois (Congolais).

Les 5 chantiers lancés par le gouvernement congolais
devraient tomber dans le piège du court terme pour une suite rapide à
donner aux promesses électorales. Le gouvernement congolais n’a pas de
ressources lui permettant de faire de la planification stratégique et
utilise une approche exogène fondée sur un deal avec la Chine.

Ce
sera le plus grand crime de l’histoire de la République Démocratique du
Congo que d’avoir de l’argent de Chinois et de tomber dans les erreurs
de système et d’hommes du régime Mobutu. Nous n’avons pas actuellement
à notre disposition un document de politique globale de reconstruction
et de développement de la République Démocratique du Congo du
gouvernement fondée sur le long terme, assorti d’un vade-mecum
vertical, horizontal, diagonal et hiérarchisé de mise en œuvre de 5
chantiers dans leur cohérence, souplesse et interpénétration.

Il
est très difficile de résoudre les problèmes graves actuels de la
République Démocratique du Congo par une approche à court terme fondée
sur une recherche de visibilité politique sur le terrain, voire parfois
politicienne, ou sur une réponse très rapide à donner aux promesses
électorales à n’importe quel prix.

Il nous faut une approche
globale, systémique et transversale à court, à moyen et à long terme de
la société congolaise dans la définition et la mise en œuvre des
chantiers. Nous ne sommes pas contre le vrai deal gagnant-gagnant avec
les Chinois, mais il faut que cela se fasse dans la plus grande
transparence, clairvoyance et anticipation pour épargner au Peuple
Congolais un nouveau chemin de la croix ou du calvaire, comme à
l’époque du régime Mobutu.

Nous n’avons pas d’éléments plus
détaillés pour l’instant qui nous permettent d’évaluer à mi-chemin,
dans les normes voulues, la mise en œuvre de 5 chantiers lancés par le
Président de la République Démocratique du Congo. Mais d’ores et déjà,
nous pouvons dire que la vision à court terme sera un handicap pour la
mise en œuvre réussie de ces chantiers qui dépendra aussi d’autres
facteurs qui ne sont pas encore totalement maîtrisés.

Il ne
faut pas se leurrer, aucun pays ne peut aider notre pays à devenir une
grande nation, surtout pas les grandes nations conquérantes, d’où le
deal avec les Chinois devait se fonder d’abord sur une vision à long
terme consacrée au développement des chantiers stratégiques ayant une
grande impulsion intégratrice, transversale et multiplicatrice.

Vous me demandez quels sont les vrais enjeux prioritaires
aujourd’hui pour la République Démocratique du Congo. D’abord, pour
rappel, les 5 chantiers lancés par le gouvernement congolais sont :

– Infrastructures, rails, routes, ponts et agriculture ;

– Création d’emplois et investissements ;

– Education : écoles primaires, secondaires, professionnelles, enseignement supérieur et universitaire ;

– Eau et électricité ;

– Santé.
Nous proposons, à titre indicatif, 6 chantiers qui nous renvoient à des
enjeux prioritaires sur le plan d’une approche globale, systémique et
transversale. Cette présentation n’est pas nécessairement la même dans
le cadre de l’Agenda du MPDC du XXIème siècle pour le Grand Congo. Il
s’agit de :

 

a.Fondement culturel et réforme de l’Etat Congolais, Justice et Réconciliation nationale, sécurité des biens et des personnes :

– Défense inaliénable de l’unité et de l’intégrité territoriale ;

– réconciliation du peuple congolais avec lui-même, avec ses voisins et les peuples du monde ;

– la constitution exogène doit devenir une constitution endogène consacrant le fondement culturel de l’Etat Congolais ;

– réforme des institutions et autorité de l’Etat (exécutif,
législatif, judiciaire, armée, police, sécurité-renseignements,
immigration, administration publique) ;

– révision de la vision de l’opposition politique ;

– lutte contre l’impunité et la corruption ;

– stratégie et nouvelle approche de sécurité des biens et des
personnes et institutionnalisation du combat contre les viols des
enfants, des jeunes filles et des femmes et l’utilisation des enfants
soldats.

b.Education, recherche, nouvelles technologies de l’information et de la communication et nouvelle économie :

– Education de qualité et à portée de tous est un domaine prioritaire absolu ;

– investissement important dans la recherche notamment
stratégique pour faire face efficacement aux énormes besoins de la
société (santé : sida – paludisme – mortalité infantile – développement
pharmaceutique, agriculture, alimentation, eau, etc.) ;

– création des bases solides de la société et de l’économie du savoir ;

– création des richesses en sortant du piège colonial et
néocolonial d’exploitation des ressources naturelles notamment
minières.

c.Développement global et systémique des capacités de
maintenance, de production et de développement des infrastructures
routières, agricoles, sanitaires, sociales, énergétiques et culturelles
:

– Approche globale et sectorielle de développement des capacités ;

– approche stratégique et harmonisée de développement des infrastructures nationales ;

– promotion de la culture de maintenance et de production ;

– nouvelle approche de développement des ressources humaines ;

– identification prioritaire des chantiers intégrateurs, transversaux et multiplicateurs ;

– développement des industries culturelles à fort rendement économique.

d.Vision culturelle congolaise du développement durable,
maîtrise de l’eau et des nouvelles sources d’énergie, protection du
patrimoine national culturel et naturel :

– Exploitation stratégique de l’eau et des ressources
énergétiques – promotion des énergies renouvelables moins coûteuses (en
relation étroite avec le point b) ;

– combat contre le bradage et le pillage du patrimoine national culturel et naturel ;

– plan culturel de l’aménagement du territoire, nouvel habitat et tourisme culturel ;

– développement d’ensemble des nouvelles approches du développement culturellement durable.

e.Lutte globale contre la pauvreté et la fracture sociale, plein emploi, solidarité nationale et programmes sociaux d’urgence :

– Travail en interaction avec les autres chantiers pour les programmes sociaux d’urgence;

– combat contre le fléau inhumain de la pauvreté au Congo ;

– approches nouvelles et renforcées de la solidarité nationale
pour les personnes défavorisées, âgées, handicapées, orphelins
notamment des guerres et du sida, enfants de la rue, veuves et
orphelins militaires, chômeurs ;

– réforme et généralisation de la sécurité sociale ;

– spiritualité, églises, éthique sociale, nouveau contrat social
et lutte contre l’ignorance, la pauvreté et les actes d’injustice, de
corruption, d’obsession ethnique pour ne pas dire tribale,
d’intolérance et de terrorisme.

f. Enjeux de la mondialisation, stratégies de la diplomatie et
de la coopération, gestion de la crise internationale, vision et place
de la République Démocratique du Congo en Afrique, dans les Grands Lacs
et dans les institutions sous-régionales, régionales africaines et
internationales comme dans le monde :

– Définition des nouvelles stratégies ad hoc de la diplomatie, de la coopération et de la protection ;

– Comité interdisciplinaire de lutte contre la crise internationale au Congo ;

– meilleur positionnement de la République Démocratique du Congo sur l’échiquier mondial et africain ;

– nouveau positionnement de la République Démocratique du Congo
dans les institutions sous-régionales, régionales et internationales ;

– partenariat élargi et renforcé avec les institutions internationales de justice ;

– restructuration et relance de la Communauté Economique de Pays
des Grands Lacs (CEPGL) sur de nouvelles bases et le respect du
principe sacré de l’intangibilité des frontières héritées de la
colonisation.

8. Réveil FM: Les Congolais disent que le Congo doit rester un
et indivisible, pourquoi ne se donnent-ils pas les moyens pour la
défense de cette cause ?

Rév.Armand Mavinga Tsafunenga: Il est déjà intéressant de
constater, à quelques exceptions près, que les Congolais ont toujours
tenu à l’unité de leur pays et à la protection de son intégrité
territoriale. N’eût-été ce sentiment patriotique fort de l’unité, la
République Démocratique du Congo aurait déjà été balkanisée.

Mais
l’ennemi du Peuple Congolais ne recule pas et tient à réussir son pari
de balkaniser le Congo en une série de petits Non-Etats non viables
pour avoir la mainmise totale sur ses ressources naturelles, notamment
à l’est du pays. Vous soulevez à juste titre le problème de moyens
d’action. Il ne faut toujours pas attendre les moyens des étrangers,
mais il faut s’en donner dans le contexte de défense de son destin et
de celui de ses enfants et petits enfants. Un verset biblique peut nous
aider ici : « Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne
peut subsister ; et si une maison est divisée contre elle-même, cette
maison ne peut subsister » (Marc 3 : 24).

La division profite à
l’ennemi. Avons-nous oublié la devise de belges qui nous ont colonisés,
à savoir : « L’union fait la force » ? Cette devise est devenue une
expression courante, malgré leur division flamand-wallon que nous ne
devons pas copier. Il est impossible de vaincre un peuple qui est uni.

C’est
ce qui justifie la philosophie politique de Kintuadi du MPDC qui se
réfère au puissant mouvement de Kintuadi de Papa Simon Kimbangu qui
avait ébranlé les fondements de la colonisation belge dès 1921.

Les Congolais ont besoin des leaders éclairés qui peuvent les
mettre ensemble en dehors de leurs intérêts personnels visant notamment
le positionnement politique. Il leur faut un bon éclairage spirituel,
car l’esprit domine et oriente la matière. Il faut développer leur sens
patriotique pour le sacrifice de chacun.

Le premier moyen est le
développement et le renforcement de l’Esprit Congolais qui va féconder
l’esprit patriotique et l’esprit Kintuadi de l’unité, l’union et de la
communion totales de Congolais.

Le deuxième moyen est d’amener
chaque Congolais à comprendre, comme il se doit, que son salut ne
viendra jamais de quelqu’un d’autre si ce n’est du congolais lui-même.
Le Congolais doit se donner lui-même les moyens de sa libération.

En
outre, il est important que chaque Congolais comprenne qu’il est un
important dispositif de défense de l’unité nationale et de l’intégrité
territoriale de son pays et que sa contribution, quel que soit le
niveau, est toujours utile. Il faut une grande campagne d’éducation et
de conscientisation pour que les Congolais se débarrassent des
politiciens cupides, créant des conflits d’intérêts à leur guise,
semant la division en utilisant leurs penchants égoïstes et
ethnicistes, pour ne jamais dire tribaux.

Il faut vraiment équiper mentalement les Congolais pour qu’ils se donnent les moyens nécessaires.

Il
s’impose aussi de combattre toutes les approches exogènes conduisant
les Congolais, dans la distraction parfois ridicule, à attendre
éternellement une aide étrangère qui pourrait les libérer de l’emprise
de l’ennemi et du pilleur. Pour tout dire, le plus grand moyen dont
dispose le Congolais aujourd’hui est le Congolais lui-même.

9. Réveil FM: On apprend que le Premier miinistre Adolphe
MUZITO a corrompu les députés et sénateurs, chacun a reçu une enveloppe
de 2000$ pour faire passer son budget. La corruption est-elle un mal
congolais ?

Rév.Armand Tsafunenga: Depuis le régime de Mobutu, la
corruption est un mal profond de la société congolaise. C’est un
véritable cancer qui hypothèque l’avenir de notre pays et de tout un
peuple. S’il s’avérait fondé cet acte de corruption des députés et
sénateurs, nous ne pouvons que le condamner et le regretter amèrement,
car cela signifierait que la récréation n’est pas encore terminée et
même qu’elle s’est empirée.

Il est triste de constater que tout
récemment notre pays était cité parmi les dix pays les plus corrompus
au monde. Il est impossible de se réjouir d’un tel record. C’est ici le
lieu de souligner que la corruption détruit le fonctionnement et le
progrès d’un pays dès lors qu’elle est érigée en système de gestion et
de gouvernance. C’est donc à juste titre qu’il n’y a pas longtemps la
Conférence Episcopale Congolaise a demandé que l’on fasse de la lutte
contre la corruption une cause nationale. C’est un véritable mal qui
tend à s’enraciner dans nos mauvaises us et coutumes.

Il s’impose, cependant, de souligner qu’un bon leader
politique doit avoir une vision ou servir une vision. Un bon leader
politique ne fait pas de la politique comme un simple métier pour
nourrir sa famille et satisfaire ses besoins personnels. C’est
quelqu’un qui est engagé dans l’accomplissement d’une vision. Quand un
leader politique n’a pas une grande vision ou ne la sert pas, il est
très facilement corruptible parce qu’il fait de la politique pour
nourrir sa famille et satisfaire ses besoins égoïstes ; un tel leader
politique ne peut pas être patriote et ne sera qu’un patriote en
photocopie.

Un leader politique qui a ou qui sert une grande
vision est un patriote original difficile à corrompre. Des leaders
politiques sans vision et ne servant pas une vision, réduits à l’état
d’ouvriers politiques, deviennent facilement des gangsters de la
corruption.

10. Réveil FM:On a décrié la dictature de Mobutu, l’AFDL a été
rejetée, aujourd’hui on dénonce le déviationnisme dictatorial d’un
pouvoir issu des urnes, les Congolais sont-ils des éternels
insatisfaits ?

Rév.Armand Mavinga Tsafunenga: Les Congolais ne sont pas des
éternels insatisfaits du tout. Les Congolais sont toujours à la
recherche de la satisfaction qu’ils n’ont pas eue lors du régime de
Mobutu. C’est dans ce contexte qu’ils avaient accueilli à bras ouverts
l’AFDL en espérant des lendemains meilleurs. Nous savons comment
l’aventure de l’AFDL s’est arrêtée et que le Président Laurent-Désiré
Kabila était obligé de considérer celle-ci comme un conglomérat
d’aventuriers. Les conséquences des aventures de l’AFDL sont encore
très vives aujourd’hui en dépit du nouvel ordre politique, car elles
ont consacré la guerre d’agression et de pillage de la République
Démocratique du Congo par ses voisins avec à la clé un holocauste de
6.000.000 de morts. Que dire de plus de 2.000.000 de Congolaises et
Congolais qui errent aujourd’hui comme des bêtes sur le sol de leurs
ancêtres ? Que dire aujourd’hui de plus de 700.000 enfants, jeunes
filles et femmes violées et infectées de force de virus du sida ? Les
Congolais en somme ne sont pas des éternels insatisfaits, mais plutôt
des non satisfaits et des victimes abandonnées à leur propre sort.

La souffrance du Peuple Congolais est immense et nous ne pouvons pas continuer à rester longtemps insensible.

Le tableau de la vie du Peuple Congolais ne s’est pas amélioré, mais au
contraire il s’est empiré. Le mal zaïrois dont se plaignait Mobutu est
devenu le mal congolais amplifié. Le pillage et l’économie de prédation
du régime Mobutu ont pris aujourd’hui une dimension insoupçonnée. Les
droits de l’homme, comme à l’époque de Mobutu, ne sont pas bien
protégés.

Les droits politiques, sociaux et économiques posent
problème et l’ordre politique actuel n’a pas encore résolu les grands
griefs du régime Mobutu. Comme à l’époque de ce dernier, une extrême
minorité détient plus de 50% de richesses du pays et le pays qui est un
scandale géologique continue d’être un scandale de la pauvreté et de
l’injustice. L’armée, la police et les services de sécurité et de
renseignements continuent de jouer strictement le même rôle comme à
l’époque de Mobutu.

Les mobutistes qui étaient chassés hier
sont revenus en masse sans s’amender, se vantant d’avoir mieux fait que
le pouvoir actuel issu des urnes.

La crise sociale a atteint
son paroxysme avec le plan de pillage et de balkanisation de la
République Démocratique du Congo. L’impunité et la corruption règnent
en maîtresses.

L’insécurité des biens et des personnes est
toujours à l’ordre du jour et tend à s’amplifier. A l’heure actuelle,
les Congolais ne savent où mettre la tête. Les espoirs de Congolais
d’une vie meilleure restent déçus jusqu’à ce jour, mais ces besoins
demeurent sans cesse vivants. Il nous faut une thérapeutique de choc
globale pour conduire le Peuple Congolais vers le bonheur social qu’il
a toujours rêvé.

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.