L'argent du Sud : Milles Millards de Dollars par an s'échappent… Les Paradis fiscaux drainent l’argent du sud

 

 

De la
Suisse aux iles Vierges Britanniques en passant par Singapour, les paradis
fiscaux sont de nouveaux sur la sellette. Plusieurs scandales (qu’il s’agisse
des milliards d’euros cachés dans des fondations au Liechtenstein ou des tracas
d’UBS avec la justice Américaine) ont rappelé que les sommes en jeu sont
colossales.

Après une
décennie de laisser-faire l’Europe et les États-Unis affichent à nouveau leur
volonté de mettre sous cloche ces paradis de l’évasion fiscale. La question sera
notamment débattue lors du G20 de Londres le 02 Avril 2009 où les chefs d’États
tenteront de jeter les bases d’une refondation du capitalisme
mondial

La
fuite des capitaux vers les paradis fiscaux n’est pas un problème circonscrit
aux pays riches. Le directeur du département sur les politiques fiscales de
l’OCDE Jeffrey OWENS souligne ainsi
que "les paradis fiscaux ont un impact beaucoup
plus important sur les pays en développement que sur les pays développés"
les places offshore "drainent des volumes considérables de
revenus des pays en développement, l’équivalent de 7 à 8 points de PIB du
continent Africain".
Des montants très supérieurs à l’aide au
développement que les pays riches accordent à l’Afrique

 

Deux
nouvelles études permettent de prendre la mesure du problème. La première,
réalisée par deux chercheurs de l’université Canadienne de Massachusetts
Amberst, Léonce NDIKUMANA et James K. BOYCE évalue à 420 milliards
de dollars le montant des capitaux ayant fui l’Afrique entre 1970 et 2004.
Compte tenu des intérêts générés, plus de 600 milliards de dollars dorment sur
des comptes étrangers. Ce chiffre très supérieur à la dette du continent (398
milliards de dollars en 2004) signifie que l’Afrique est "créditeur net" à l’égard du reste
du monde.

Pour certains
pays comme l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Congo Brazzaville, le Gabon ou le
Nigéria, les sommes qui ont quitté le pays représentent même plus de quatre fois
la dette extérieure
.

 

MANIPULATION
DES PRIX

 

Global
Financial Integrity, un think tank Américain a pour sa part évalué l’ensemble
des flux financiers qui quittent illicitement les pays en développement. Ces
flux englobent les revenus générés par des activités illégales comme la
corruption, les détournements de fonds publics ou les activités criminelles.
Mais ils incluent aussi et surtout les pratiques consistant à manipuler les prix
des importations et des exportations.

Une méthode
fréquemment utilisée pour sortir des capitaux d’un pays consiste à gonfler
artificiellement le prix des importations ou au contraire à exporter des
marchandises produites localement à des prix bradés.

L’économiste Simon PAK (Pensylvania University) a
ainsi montré que le Ghana avait importé des États-Unis des pneus de voiture à
3360 dollars pièce et exporté des diamants bruts à 35 dollars le carat alors que
le prix international était alors de 1360 dollars ! Ces opérations ont provoqué
des sorties de capitaux du Ghana évaluée à 830 millions de dollars sur la
période 1996-2006.

Pour
l’ensemble du continent, les sorties des capitaux vers les États-Unis
atteindraient 31,1 milliards de dollars, les pertes liées à la sur-réévaluation
des importations (14,6 milliards de dollars) approchant la sous-évaluation du
prix des exportations (16,5 milliards).

Par
construction, les flux illicites n’apparaissent pas dans les statistiques
officielles mais plusieurs modèles économétriques, certains développés par la
Banque Mondiale et le FMI, permettent de les appréhender.

En combinant
ces différents modèles sur la période 2002-2006, Global Financial Integrity
estime qu’entre 850 milliards et 1000 milliards de dollars sont illégalement
sortis des pays en développement en 2006. Un chiffre en constante progression
puisqu’il augmente de 18% l’an sur la période examinée.

L’Asie,
en raison notamment du poids de la Chine dans le commerce international,
concentre la moitié de ces flux financiers
illicites.

 

"La réunion du
G20 à Londres doit apporter des solutions"
à expliqué Christine LAGARDE lors du forum de
Davos en citant comme exemple les paradis fiscaux
propos desquelles on ne peut plus accepter de n’avoir aucune
information".

En vue de préparer ce sommet des 1er et 02 Avril 2009,
les pays ont prévues plusieurs réunions : à Rome les 13 et 14 février 2009 (G7
finances) : à Berlin, le 22 février 2009 (réunion des chefs d’États du G20) : et
sans doute à Londres à la mi-mars (réunion des ministres des finances du G20)

 

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.