04.03.09 AEM: Christopher Ngoyi Mutamba : « Les Cinq Chantiers ? Kabila n’y arrivera pas »

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Christopher Ngoyi Mutamba

Président de la coordination de Synergie Congo Culturel
et Développement (SCCD), Christopher Ngoyi Mutamba s’érige en
pourfendeur virulent du président Joseph Kabila et de sa majorité
politique. Rien ne trouve grâce à ses yeux : son action pour la paix,
les cinq chantiers, la politique économique, la gestion de la crise
financière, le gouvernement Muzito… tout est négatif pour lui.

Quelle lecture politique faites-vous des 100 jours du gouvernement Muzito ?

Christopher Ngoyi Mutamba (CNM) :
Il parle trop, il gesticule beaucoup tandis que les paramètres
socio-économiques sont en chute libre. Par ailleurs, je constate que ce
gouvernement par manque de maîtrise, est incapable de relever les défis
qu’il s’était fixé devant le parlement et de prendre en charge la
gestion de la crise actuelle.

Quels sont les paramètres sur lesquels s’appuie votre jugement ?

CNM : Les membres du
gouvernement occupent tous les médias, inaugurant même les oeuvres qui
sont des initiatives privées. Ils jouent tous à l’autruche à l’exemple
du ministre des mines qui, en réponse à ma tentative de le persuader à
organiser une réunion avec tous les opérateurs du secteur minier afin
d’arrêter les mesures ainsi que les dispositions pouvant juguler la
crise dans le secteur minier particulièrement celui du diamant, m’a
répondu pince sans rire, que la crise allait se limiter en Occident et
n’atteindrait pas la RDC. Dans la foulée, le gouverneur de la Banque
Centrale du Congo (BCC), Jean Claude Masangu, en sa qualité de
conseiller technique du gouvernement déclarait dans les medias que la
BCC était suffisamment armée pour faire face à la crise financière
internationale. Moins d’une semaine après, nous avons assisté à la
fermeture de la majorité des entreprises minières sans compter la
rupture des provisions en devises étrangères. Ce même gouverneur de la
banque centrale prépare l’opinion à accepter de consommer les billets
de 1000Fc et 5000Fc déjà commandés. Leur mise en circulation va
certainement déboucher sur une catastrophe jamais vécue sur le plan
socio-économique. J’en profite pour demander à la population congolaise
ainsi qu’à nos forces armées, malgré la promesse de vouloir payer les
arriérés des salaires longtemps accumulés, de ne pas céder à la
tentation. Ces billets de la peste constituent juste un appât. Après
c’est l’enfer qui nous attend !

Les troupes rwandaises sont
entrées sur le territoire congolais avec l’accord du chef de l’État
pour neutraliser les éléments des FDLR, une opération menée
conjointement avec les FARDC, et le résultat est là : la sécurité
semble revenir à l’Est du pays et les derniers éléments de ces troupes
rwandaises sont rentrées chez elles depuis le 25 février dernier…

CNM : Nous sommes la
première force sociale et le premier mouvement politique à avoir alerté
l’opinion ainsi que classe politique congolaise sur cette machination.
Il est trop tôt de parler du retour de la paix et de la sécurité
d’autant plus que les hommes armés de tous bords demeurent dans tout
l’Est du pays. Jusqu’à présent l’opacité persiste sur la nature des
accords, et sur l’effectif des hommes de Laurent Nkunda qui était
constitué essentiellement d’enfants recrutés et formés sommairement par
le Rwanda. Comment savoir si le nombre des soldats rwandais entrés sur
notre territoire congolais correspond à ceux qui ont quitté
effectivement le territoire. Le nombre exact des éléments de Nkunda qui
ont intégré l’armée régulière, leur localisation et leur cantonnement
pour besoin d’identification est scellé du secret militaire. Le théâtre
qu’on a retransmis sur les antennes de la chaîne nationale (RTNC) était
si tissé de fil blanc qu’on l’a interrompu en pleine action. Selon les
dernières informations en ce moment, les troupes congolaises
continueraient seules à traquer les FDLR après le retrait des Rwandais.
Donc, les bruits des canons continuent. D’où la nécessité de convoquer
la session extraordinaire du parlement afin d’évaluer tous les aspects
de ladite opération. C’était une très mauvaise décision au regard de
toutes ces zones d’ombres qui frisent la trahison car nous pensons que
le fait d’avoir escamoté toutes les institutions de la République
jusqu’à réclamer la démission du Président de l’Assemblée nationale
prouve que la démocratie au Congo est un leurre.

Croyez-vous que Nkunda sera extradé ?

CNM : La prétendue
arrestation de Nkunda n’est qu’une astuce pour le soustraire
d’éventuelles poursuites judiciaires internationales. Nous sommes
certains qu’il ne sera jamais extradé en RDC, encore moins Bosco
Ntangada remis en scène à la tête du CNDP, au nom de la paix , qui va
échapper au mandat d’arrêt lancé contre lui par la CPI. Bref, l’Est de
la RDC demeure astucieusement sous occupation rwandaise, malgré la
mascarade de retrait des troupes rwandaises. C’est une haute trahison
de la part du président de la République et une entorse grave au jeune
processus de démocratisation. La constitution prévoit, dans ce cas, que
le président soit déchu ; si ce n’est pas le cas, nous allons relancer
avec le peuple le processus démocratique.

Comment jugez-vous la gestion de la crise par le gouvernement Muzito ?

CNM : Son silence
témoigne de l’incompétence avérée et du manque d’expérience. Le
président de la république n’a pas la capacité d’élaborer l’état des
lieux conséquent pouvant lui permettre de comprendre tous les méandres
de la crise ainsi que son impact socio-économique pour prétendre
développer une stratégie cohérente et fiable. Au lieu d’arrêter des
mesures appropriées pour atténuer les effets de cette vague
torrentielle qui risque de tout emporter, ils se contentent de
maximiser les recettes à travers les différentes régies financières
sans se préoccuper des entreprises essorées déjà essoufflées.
Ingénieusement, à cette population congolaise sans espérance,
nonobstant différents programmes de réduction de la pauvreté, on fait
des promesses fallacieuses tout en lui extorquant sa réserve de survie
à travers les taxes et impôts non fondés.

Croyez-vous que le Président Kabila arrivera à mettre ses chantiers effectifs ?

CNM : Dans ma précédente
intervention, j’avais stigmatisé le manque de charisme et l’incapacité
du chef de l’État, Joseph Kabila, de rassembler les ressources
financières nécessaires pour mettre en marche son programme dit « 5
chantiers ». Quant au facteur temps, il n’est plus possible de réussir,
dans deux ans, une oeuvre qu’on n’a même pas commencée. D’ailleurs,
lui-même n’y croit plus ! Raison pour laquelle il viole, sans ambages,
la constitution et planifie désespérément l’instauration d’une
dictature militaire à l’échelle électorale avec l’appui des Rwandais et
des Chinois.

| Propos receuillis par
Christian W.Diankabakana (AEM)

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