10.03.09 Le Potentiel: Cinq questions à Martin Fayulu Madidi

1. Vous venez de créer un parti politique. N’auriez-vous pas pris tardivement le train du processus démocratique ?

Avec le lancement de ECIDE (Engagement pour la citoyenneté et le
développement), un nouveau parti avec lequel on doit compter, nous
n’avons pas pris le train en retard. Désormais, ce nom figure sur la
liste des partis politiques que compte notre pays. Nous voulons
répondre au rendez-vous de 2011 et bientôt aux élections municipales.
Nous disons d’abord «Engagement » parce que nous voulons nous donner
corps et âme pour notre pays. Nous disons ensuite «Citoyenneté» parce
que nous voulons être de bons citoyens et enfin, nous disons « 
Développement » parce que nous voulons fixer nos yeux sur la vision et
non sur les circonstances et travailler pour créer des richesses en
RDC.

2 Votre parti est-il élitiste ou populaire ? Est-il rangé dans le camp de l’opposition ou dans celui de la majorité ?

Notre parti qui soutient que le pouvoir politique doit trouver sa
légitimité et son fondement dans la volonté du peuple à se préparer
pour les échéances électorales de 2011, comme nous l’avons souligné.
Nous devons avoir l’adhésion du souverain primaire dans ce que nous
proposons pour s’assurer de sa participation. L’intérêt général doit
être privilégié dans toute action de l’ECIDE. Nous sommes un parti de
tous, et pour l’heure, nous sommes ni dans l’opposition ni au sein de
la majorité. Nous nous déciderons au moment voulu et nous croyons que
« c’est encore possible » de développer la RDC et de matérialiser le
rêve congolais. Cela se fera grâce au pacte de développement que nous
offrons au peuple. Nous allons engager le pays dans la production des
richesses réelles grâce à un programme pluriannuel qui intègre
l’éducation, la santé, la bonne gouvernance, l’aménagement du
territoire et la gestion de ressources naturelles. La lutte contre la
corruption fera partie intégrante du pacte pour le développement afin
que les ressources financières du pays soient consacrées à satisfaire
progressivement les besoins essentiels des Congolais. Nous mettons en
garde les aventuriers qui pensent que la politique est un moyen
d’enrichissement facile dans lequel ils doivent s’engouffrer pour
assouvir leurs appétits.

3. A partir de quel constat êtes-vous parvenu à prendre un tel engagement pour « enfanter » l’ECIDE ?

Nous avons noté que la RDC continue de s’enfoncer de plus en plus
dans la misère. L’éducation de nos enfants se dégrade au fils des
années. La santé publique et la couverture médicale sont quasi
inexistantes. L’accès à l’eau potable et à l’électricité est un
cauchemar pour la majeure partie de la population. Le réseau routier en
total délabrement est un frein pour le développement. L’agriculture,
autrefois fleuron de l’économie du Congo colonisé, est complètement
abandonnée. Le secteur minier mal géré continue à faire l’objet de
pillage par les prédateurs de notre économie, prédateurs aussi bien
nationaux qu’étrangers. Aucun signe d’industrialisation ne pointe à
l’horizon. L’administration, un des piliers du développement est
tellement corrompue. L’élite est passive et ne fait aucune
démonstration d’une volonté réelle de sortir le pays du
sous-développement.

4. Ces fléaux énumérés sont-ils exhaustifs ?

Nous devons rechercher une plus grande cohésion nationale qui nous
fait défaut. Cette cohésion nationale est mise à mal aujourd’hui par la
résurgence des forces centrifuges et par l’affirmation de l’identité ou
des identités tribales. Notre intégrité géographique est menacée par
nos voisins, suite à la convoitise de nos ressources naturelles. Donc,
le projet de balkanisation de la RDC dont on parle tant n’est plus
qu’un secret de polichinelle. Nous sommes complice de cette situation.
Sans exception, nous sommes complice, car nous ne sommes pas capables
de respecter le serment des pères fondateurs du Congo indépendant.
C’est la honte ! Certains de nos compatriotes ont choisi d’appauvrir la
Nation et sa population au profit de leurs intérêts personnels. C’est
malsain. Où est l’amour qu’on nous enseigne, nous chrétiens qui
peuplons ce pays ?

5. Avez-vous un projet de société alternative pour soutenir vos ambitions?

Bien sûr que oui ! Je vous en donne un extrait. S’agissant de la
citoyenneté, les Congolais doivent agir pour que l’intérêt général
l’emporte sur l’intérêt particulier et ils doivent s’interdire des
pratiques dégradantes telles que la corruption, la concussion, le
népotisme, le clientélisme, le tribalisme, la passivité, le vol, le
viol, le banditisme … Il y a le pacte pour le développement pour lequel
l’ECIDE croit fermement que « c’est encore possible de se développer ».
Notre parti est attaché au social-libéralisme, un système qui accepte
l’économie des marchés et les entreprises privées mais avec
l’intervention de l’Etat pour garantir et réguler le marché. Nous
insistons sur la bonne gouvernance. Il faut que la gestion soit
transparence à tous les niveaux. Pour cela, il faut mettre en place les
moyens et édicter les normes qui doivent être respectées par tous. La
décentralisation doit se faire dans le respect strict de la
Constitution, en pratiquant ainsi la séparation réelles des compétences
et non être utilisée par les acteurs politiques comme un raccourci vers
l’enrichissement personnel. Enfin, l’ECIDE propose la création d’un
comité national de réconciliation qui aura pour mission la prévention
des conflits internes de notre pays.
Propos recueillis par Eyenga Sana

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