07.04.09 Le Potentiel: Cinq questions à Aïssa Thiam
1. Que furent vos premiers pas à la radio?
Après mes études, jai fait un stage de standardiste sur Espace FM,
la radio tropicale. Un jour, il manquait une personne à lantenne et on
ma demandé de venir dire lheure aux auditeurs. Jai eu alors une
révélation: cétait ce que javais envie de faire. ! Jai eu la chance
que le responsable dantenne de cette radio mapprenne les rudiments du
métier. Les responsables mont ensuite donné une heure dantenne et
jai su tirer mon épingle du jeu. Un jour, jai reçu le rappeur Passy
pour une interview. Comme javais entendu parler dun projet démission
quil avait sur une radio africaine, jai eu le culot daller lui
proposer mes services, au cas où il aurait eu besoin dune fille pour
travailler dans son équipe. Quelques mois après, il ma rappelée pour
une émission hebdomadaire de rap quil présentait sur la radio
panafricaine Africa n°1 à Paris. Nous étions cinq animateurs et jétais
la seule fille. Cette belle aventure a duré presque deux ans et cest
là que jai découvert la réalité dAfrica n°1, une radio que je
connaissais à travers mes parents, car ma mère, à la cuisine,
lécoutait fidèlement. Jai donc grandi plus ou moins avec Africa n°l.
Par la suite, le PDG de la chaîne ma proposé danimer la matinale
«Bonjour lAfrique». Et cest ce que je fais depuis janvier 2006.
2. Vous êtes à lantenne chaque matinée à partir de 5 h
30, du lundi au vendredi. Se réveiller si tôt na-t-il pas été un peu
pénible à vos débuts ?
Cest ce que me dit mon entourage, qui estime que je nai pas de vie
avec ces horaires. Mais quand vous avez la motivation, vous arrivez
toujours à franchir les obstacles ! Lheure na pas été une contrainte,
au contraire, car le matin est le meilleur moment en radio. Tu parles
aux auditeurs à un moment où ils viennent de se réveiller, tu rentres
dans leur intimité… Certains vous écoutent dans la salle de bain, la
cuisine… La personne qui écoute la radio le matin a besoin dun
concentré dénergie, de motivation pour aller travailler et cela crée
un rapport assez privilégié entre moi et mes millions dauditeurs.
Jaime être à lantenne tôt le matin, cest une question dhabitude. Je
suis une couche¬tôt. Je ne vais pas en boîte, cest un choix et un
rythme de vie que jai choisi et je my sens bien.
3. Quel est votre secret pour mettre ces millions dauditeurs de bonne humeur?
Je suis naturelle sans chercher à jouer un personnage. Tout le
contraire de lautre émission, «Le Match»; que janime avec lhumoriste
Patson. Avec la matinale, cest comme si je parlais à chaque auditeur
personnellement et après, cest une dose de sourire dans la voix, la
pêche et du dynamisme pour quil ait envie de commencer sa journée.
Lémission est positive. Vous constaterez que dans toutes les matinales
sur les radios métropolitaines ou généralistes, ce sont les
informations de proximité qui intéressent les auditeurs: le temps quil
fait, lhoroscope, cest tout ce dont la personne a besoin pour aller
travailler. Les informations de la France et du monde sont données par
un journaliste à lintérieur de mon émission par un flash info de
quelques minutes sur le monde et bien sûr le journal de lAfrique. Car
cest notre première vocation: linformation avec ce goût de
lAfrique… Etant née en France, jamais je naurais pu imaginer que je
me serais sentie bien sur un média autre quun média européen. Or, si
demain un patron dune autre chaîne voulait me débaucher pour une autre
chaîne, je dirais non. Je préfère rester à Africa n°1. Je my sens
bien, cest comme si jétais en famille et depuis que je suis là je me
suis beaucoup rapprochée de mes racines, de mon continent. Quand je
viens travailler, jai limpression que je viens chez mes parents. Où
pourrais-je avoir les mêmes conditions de travail?
4. Quelle est la différence entre les deux émissions ?
«Bonjour lAfrique» cest sérieux, sauf au moment où Mamane fait
son journal décalé tous les matins à 7 h 20. A midi, «Le Match; cest
du pur délire, une émission 100% interactive. Nous sommes comme dans un
appartement avec les auditeurs, qui participent à lémission à travers
des appels téléphoniques. Ils nous donnent des conseils et rentrent
dans des histoires conjugales parce quil faut créer des personnages et
nous abordons les problèmes de tous les jours. Mais je travaille avec
une équipe et cest toute la radio qui gagne son pari. Les auditeurs
nous écoutent et se rapprochent de nous, comme si nous étions une
passerelle entre eux et lAfrique. Et cest super-agréable pour moi de
parler à lAfrique.
5. Patson et vous formez un couple qui se chamaille parfois à lantenne… Est-ce voulu?
Cela fait partie de notre animation et chacun de nous a son rôle.
Patson est un personnage haut en couleurs qui part dans tous les sens.
Je le calme un peu et cela plaît aux auditeurs.
TIREES DE AMINA, N°467, DE MARS 2009