08.04.09 Le potentiel : Cinq questions à Janvier Litse

La Banque africaine de développement a approuvé une enveloppe de 506
millions de dollars E.U. en faveur de la Côte d’Ivoire pour l’apurement
des arriérés du pays vis-à-vis du groupe de la Banque et le
réengagement de l’institution dans le pays. Quel a été le rôle de
Facilité en faveur des Etats fragiles dans ce processus ?

Je dois rappeler que la Banque a mis en place en 2008 une Facilité
en faveur des Etats Fragiles dotée d’une enveloppe de 900 millions de
dollars EU. Son objectif principal est de fournir à la Banque un cadre
élargi et intégré pour aider plus efficacement les Etats fragiles
éligibles, en particulier ceux qui sortent de conflit ou de crise, à
œuvrer à la consolidation de la paix, à la stabilisation des économies
et à la pose de fondations pour une croissance économique durable.
Après le Togo, premier pays à bénéficier de la Facilité, les
discussions que nous avons engagées avec la Côte d’Ivoire et d’autres
donateurs, notamment le FMI et la Banque mondiale, nous ont permis
d’arriver à la décision prise le vendredi 6 mars par les Conseils
d’Administration. La Côte d’Ivoire a ainsi bénéficié de 375 millions de
dollars EU pour apurer 68,3 pour cent du montant total de ses arriérés
vis-à-vis du Groupe de la Banque africaine de développement. A la date
butoir du 30 avril 2007, ces arriérés s’élevaient à 550 millions de
dollars EU. La Facilité a aussi contribué à hauteur de 71 millions de
dollars EU au financement de l’appui budgétaire d’un montant de 131
millions de dollars E.U. à la Côte d’Ivoire. La Facilité va également
permettre d’apporter au pays un appui institutionnel significatif. Il
s’agit de permettre aussi au pays de renforcer les ressources humaines
notamment en matière de gouvernance économique et financière.
L’ensemble de ces actions va permettre à la Côte d’Ivoire, non
seulement de consolider son processus de sortie de crise, mais aussi
d’alléger le fardeau de sa dette extérieure, qui continue de peser
lourdement sur le pays.

2. Quelles implications cette décision peut-elle avoir
dans les relations entre la Côte d’Ivoire et la communauté des
bailleurs de fonds ?

Il faut rappeler que l’action de la Banque s’inscrit dans une
approche concertée et harmonisée avec les autres principaux donateurs.
Les besoins de financement de la Côte d’Ivoire pour la période
2009-2011 sont estimés à 30% du PIB ; l’opération d’apurement des
arriérés et l’appui budgétaire récemment approuvés ouvrent la voie à la
mobilisation des ressources du FMI, de la Banque mondiale, de l’Union
européenne, pour l’atteinte du point de décision PPTE et le
rééchelonnement de la dette dans le cadre des clubs de Paris et de
Londres. C’est dire l’importance de la décision que les Conseils
viennent de prendre et qui traduit l’implication de la plus haute
direction de la Banque, des administrateurs et l’équipe-pays Côte
d’Ivoire dans le processus.

3. Comment on est parvenu à ces résultats ?

On a pu arriver à ces résultats grâce à la flexibilité qu’offre la
FEF, mais aussi à la bienveillante attention portée par les Conseils à
la situation de la Côte d’Ivoire. Je dois également souligner le rôle
clé joué par la France dans le processus en consentant l’octroi d’un
crédit relais de quelques heures à la Côte d’Ivoire.

4. En dehors des financements de la Facilité, le pays peut-il espérer d’autres Initiatives ?

La Côte d’Ivoire bénéficie également des ressources du Fonds
africain de développement (FAD) qui ont permis de cofinancer l’appui à
hauteur de 60 millions de dollars EU. Nous envisageons aussi de
financer à travers ce guichet un projet d’électrification entre la Côte
d’Ivoire et le Mali, en capitalisant les possibilités qu’offre
l’enveloppe multinationale du FAD ; à cela il faut ajouter les
opportunités d’appui par notre département du secteur privé aux entités
privées. Nous comptons aussi restructurer notre portefeuille existant
afin de mieux accompagner la mise en œuvre de la stratégie de réduction
de la pauvreté récemment préparée par la Côte d’Ivoire.

5. Dans ce contexte, qu’attendez-vous de la Côte d’Ivoire ?

En approuvant cette enveloppe globale, les Conseils ont porté à la
Côte d’Ivoire un message de soutien de la Banque africaine de
développement. Ils ont, en même temps, adressé un message d’exigence au
pays, notamment par la mise en œuvre des réformes macroéconomiques et
sectorielles auxquelles le pays s’est engagé. Il faudra également que
le pays continue à assurer régulièrement le service de sa dette
vis-à-vis du Groupe de Banque africaine de développement,
particulièrement dans la période charnière cruciale 2009-2011, à
l’issue de laquelle le pays aura à atteindre le point d’achèvement de
l’initiative PPTE. Ceci lui permettra de bénéficier de la remise totale
d’une partie de sa dette multilatérale pour un montant de 2005
milliards de dollars EU, dont près de 312 millions du Groupe de la
Banque africaine de développement.

TIREES DE L’INTERNET

Directeur des opérations Ouest, BAD.

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