1998-2009: 11 ans depuis le Massacre de KIKYO

Experts du Groupe de Chercheurs Libres du Graben GCLG

.
        – Crispin MBINDULE MITONO, chercheur au G.C.L.G et membre de l’Association Internationale d’Amitié Juive (AIAJ.).

– Yotama MBUSA NZANZU, chercheur au G.C.L.G et Défenseur judiciaire.

– Gulain MATHE MAGHANIRYO, chercheur au G.C.L.G et actuellement fellow de Scholar Rescue Fund (SRF/IIE) et Chercheur au WARC de Dakar 

– Léon KATEMBO TSONGO, chercheur au G.C.L.G

– Philippe MAKOMERA KASENZERA, chercheur au G.C.L.G et journaliste indépendant

– KATEMBO MBUSA, chercheur au G.C.L.G

– Charles KAMBALE TSONGO, chercheur au G.C.L.G

– Jean Paul KAMBALE KITAMBALA, chercheur au G.C.L.G

– Dimanche KAMBALE RUMALIZA, chercheur au G.C.L.G et Enseignant

– NGWESULI WABO, chercheur au G.C.L.G et Infirmier

– KOMBI MUTUWA, chercheur au G.C.L.G

– Moïse PALUKU MUHAYIRWA, chercheur au G.C.L.G

– Chirac KAKULE MUKOSA, chercheur au G.C.L.G

– Gaston SINDANI MUSEMAKWELI, chercheur au G.C.L.G

– Pascale KAGHOKYA TSONGO, chercheur au G.C.L.G

E-mail :
gclg2020@yahoo.frCet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir

Tél. +243 998605639. +243 997096023.

+221774158706

Tout
au long de l’histoire, la République Démocratique du Congo en général
et la Province du Nord-Kivu en particulier sont jalonnées par des
explosions des violences à répétition qui ont plongé la région dans un
marasme socio-politique et économiquesans nom. Cette situation estcaractérisée par des antagonismes, l’identitarisme ethnique, le clientélisme, la recrudescence des milices armées et par les tueries des paisibles populations
.
Avec l’avènement des guerres dites de libération en 1996 et 1998, la
province du Nord Kivu, qui en a été l’épicentre, s’est alors enlisée
dans la forme paroxystique de la violence, exacerbant ainsi la décente
aux enfers de cette province déjà suffisamment martyrisée depuis de
longues années. On se rappellera en effet que quelques temps après la
prise du pouvoir par Laurent Désiré Kabila en Mai 1997, l’A.F.D.L s’est
heurtée non seulement à des dissensions, mais aussi et surtout à des
contestations violentes qui ont eu des conséquences néfastes sur la
situation des Droits de l’Homme de manière générale.

C’est
dans ce contexte qu’il faut situer les massacres des civils innocents
perpétrés en Février et en Avril 1998 en Ville de Butembo par les
militaires de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération
(AFDL.).

Le
présent Rapport répond à l’impératif d’un devoir de mémoire de l’un des
nombreux « massacres oubliés » qu’a connu le Congo-Kinshasa dans sa
partie orientale ; le concept massacre considéré ici comme une action de tuer sauvagement et en masse des gens qui ne peuvent pas se défendre[1], selon
les termes de J. DUBOIS. Concrètement, il s’agit ici de rendre compte
des tueries massives des paisibles populations civiles, sous des formes
variées (y compris l’enterrement des personnes vivantes), perpétrées à
dessein par les troupes de l’A.F.D.L à l’occasion des attaques dont
elles étaient la cible sur la Colline de K
ikyo
(alors camps militaire), par les guérilleros Maï-Maï (reconnus être à
l’époque sous le leadership de Monsieur Kakule Matumo Paul).

Ainsi,
avant de présenter les différents tableaux identifiant les victimes
desdits massacres orientés vers des civils innocents (IV), nous allons
présenter géographiquement le camp militaire de Kikyo, devenu
aujourd’hui un prestigieux site hôtelier UHAI qui tend à en dissimuler
les traces (I) ainsi que le déroulement desdits massacres (II) et
l’identification des fosses communes (III). Ces tableaux sont en fait
le résultat d’un travail d’enquêtes de longue haleine pendant
lesquelles nous avons combiné à la fois l’observation libre ainsi que
l’interview centrée sur des témoins oculaires et des familles de
victimes desdits massacres.

 

 

 

Le
site de Kikyo est une colline située au Nord-Est de la Ville de Butembo
(en commune urbaine de Bulengera) en Province du Nord-Kivu (République
Démocratique du Congo). D’une superficie d’environ 30 ha, ce domaine
partage des limites avec quelques entités administratives de base : il
est bordé à l’Est par le Quartier Mihake, à l’Ouest par la cellule
Vihya qui en compactage avec la fameuse cellule Furu, au Nord par la
cellule Byasa et au Sud par le quartier Kalemire. Le site est en
exiguïté quasi-étroite avec la route nationale numéro quatre qui sépare
naturellement la cellule Furu de la commune de Bulengera.

De
prime abord, précisons que « Kikyo » est une concession qui a longtemps
appartenu (y compris pendant la période des massacres) au sieur Paluku
Denis non autrement identifié. Alors que ce dernier y avait érigé un
complexe hôtelier qui a connu des moments de gloire durant la fin des
années 80, sera assiégé par les troupes militaires de la Division
Spéciale Présidentielle (DSP.) de feu Maréchal Mobutu en 1993. Du coup,
ce qui était Hôtel se transformera ainsi en camp militaire, on ne sait
pourquoi.

Offrant
un positionnement géopolitique suffisamment caractérisé pour la
maîtrise de la sécurité d’une bonne partie de la Ville de Butembo, la
colline de Kikyo demeurera ainsi le camps militaire le plus prestigieux
de la ville aussi bien pendant le règne de l’A.F.D.L, au cours duquel
se sont perpétrés ces crimes ; que durant l’occupation du Rassemblement
Congolais pour la Démocratie (R.C.D), censé renversé le régime de
l’A.F.D.L (août 1998 – 2003)[2]. .

Actuellement
cette concession est devenue une propriété privée de l’Eglise
protestante dénommée Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique, en
sigle C.B.C.A, laquelle y a réhabilité le Centre d’accueil UHAI qui de
plus en plus redore les blasons des souvenirs nostalgiques de l’Hôtel
Kikyo.

A
l’issue de l’observation libre et des enquêtes fructueuses sur le
terrain, lesquelles ont tiré le maximum de profit dans un entretien
centré avec les familles des victimes, suivant le système à boule de
neige, il en est ressorti les résultats confinés dans les points qui
suivent. 

 

Dans
la petite matinée du 20 Février 1998, le camp militaire Kikyo en Ville
de Butembo a été la cible d’une attaque des miliciens Maï-Maï. Vers 9
heures du matin, juste après que les affrontements entre les éléments
de l’A.F.D.L et les miliciens Maï-Maï se soient achevés et que ces
derniers se furent repliés dans leurs maquis, les militaires de
l’A.F.D.L vont se décharger sur la population civile de Butembo en
tuant, en violant, en pillant, etc. Ces exactions sans scrupules en
l’encontre des civils furent motivées par des considérations purement
subjectives : il suffisait de porter des tatouages sur son corps humain[3], parler la langue Kinande[4] et être en dehors de sa maison juste après le combat[5]
pour se voir indexé d’être milicien Maï-Maï (d’une manière
consciencieusement gratuite et sans aucune autre forme de procès) et,
du fait, mériter la mort et/ou le viol pour les femmes. Les localités
qui étaient plus touchées par ces violations sont : et être en dehors
de sa maison juste après le combat pour se voir indexé d’être milicien
Maï-Maï (d’une manière consciencieusement gratuite et sans aucune autre
forme de procès) et, du fait, mériter la mort et/ou le viol pour les
femmes. Les localités qui étaient plus touchées par ces violations sont
: , parler la langue Kinande et être en dehors de sa maison juste après
le combat pour se voir indexé d’être milicien Maï-Maï (d’une manière
consciencieusement gratuite et sans aucune autre forme de procès) et,
du fait, mériter la mort et/ou le viol pour les femmes. Les localités
qui étaient plus touchées par ces violations sont :

 FURU (Congo ya sika) ;

 KALEMIRE ;

 BYASA ;

 MATANDA ;

 MUTIRI. (voir les répertoires des noms des victimes. III.).

Le
14 avril 1998, à quatre heures du matin, la ville de Butembo a de
nouveau vécu un événement inhabituel qui a paralysé toute la partie
nord de Butembo. Les combattants Mai-Mai ont en effet relancé âprement
l’attaque contre les militaires de l’A.F.D.L aux camps militaires de
Kikyo et de l’A.B.C[6].
Après les affrontements nourris à tire des roquettes, les militaires de
l’A.F.D.L font irruption dans les quartiers avoisinant leurs camps au
motif de rechercher les Maï-Maï en fuite. Les localités les plus
martyrisées sont FURU, KALEMIRE, MIHAKE, MUTSANGA… Ils procèdent par
enlèvements forcés des adultes et des jeunes garçons
. Après
les affrontements nourris à tire des roquettes, les militaires de
l’A.F.D.L font irruption dans les quartiers avoisinant leurs camps au
motif de rechercher les Maï-Maï en fuite. Les localités les plus
martyrisées sont FURU, KALEMIRE, MIHAKE, MUTSANGA… Ils procèdent par
enlèvements forcés des adultes et des jeunes garçons, au moment où
toute la population a été contrainte de s’enfermer dans les maisons
pendant quatre jours, c’est-à-dire du 14 au 17 Avril 1998 avec
interdiction formelle de sortir dehors pour quelque motif que ce soit
sous peine de subir le sort des Maï-maï recherchés[7].. Cette séquestration s’est avérée une des pires violations des Droits de l’homme.
Par voie deconséquence, plusieurs victimes furent dénombrées dont la
plupart ont été soumises à des traitements cruels, inhumains et
dégradants, en violation systématique de l’article 5 de la Déclaration
Universelle des Droits de l’homme du 10 décembre 1948. En effet, ces
victimes ont été atteintes non seulement dans leur dignité humaine
propre, dans leur intégrité physique et morale, mais aussi dans leur
vie, car, outre celles qui ont été éventrées, voire enterrés vivants,
beaucoup d’autres ont été démembrées, torturés et psychologiquement
traumatisés.

Pendant
que les populations étaient séquestrées dans leurs maisons, quatre
commandants militaires ont fait des déclarations radiodiffusées à la
R.T.N.C[8]
assimilant de manière expresse la population de Butembo dans l’ensemble
d’être en connivence avec les guérilleros Maï-Maï (voir discours en
annexe). Il s’agit respectivement de Monsieur Djimy, alors Commandant
second ville de Butembo, du Commandant Thyerri qui faisait membre de la
délégation du Ministre de l’intérieur en mission à Butembo, le
Commandant du cent quatrième bataillon basé en Territoire de Lubero et
le commandant de la Police d’Intervention Rapide (PIR.) de la ville de
Butembo, connu sous le nom de Valentin Ndumba ABOGBANA. Par voie de
conséquence, c’est dans le contexte des déclarations des personnalités
sus évoquées qu’il convient de ressortir la dimension délibérée des
exactions crapuleuses commises par leurs troupes en l’endroit des
populations civiles dépourvues des moyens de se défendre : des portes
des maisons furent alors fracassées, des civils innocents furent
soustraits de force de leurs habitations et se virent ôter la vie, de
fois après des sérieuses tortures. Les commandants sus invoqués sont
allés plus loin en précisant sur la voix des ondes que les habitants de
Butembo sont considérés comme des ennemis parce que, disaient-ils, « les
Maï Maï sont venus de (leurs) vos maisons (…) et par conséquent toute
personne qui sera appréhendée à l’extérieur de sa maison, sera
considérée comme ennemis Maï Maï »
[9].
Cette déclaration fut motivée à tort par la supposition selon laquelle
les fuyards Mai-Mai s’étaient cachés dans les maisons de la paisible
population civile. Supposition pourtant sans aucun fondement étant
donné que juste après le combat au camps militaire de Kikyo, les
Mai-Mai ont regagné leur maquis de Kasithu environ 25 Kilomètres de
Butembo / partie Nord-Est[10].
Pendant les quatre jours de séquestration de toute la population de
Butembo enfermée par contrainte dans des maisons sans vivres, eau ni
électricité, . Cette déclaration fut motivée à tort par la supposition
selon laquelle les fuyards Mai-Mai s’étaient cachés dans les maisons de
la paisible population civile. Supposition pourtant sans aucun
fondement étant donné que juste après le combat au camps militaire de
Kikyo, les Mai-Mai ont regagné leur maquis de Kasithu environ 25
Kilomètres de Butembo / partie Nord-Est. Pendant les quatre jours de
séquestration de toute la population de Butembo enfermée par contrainte
dans des maisons sans vivres, eau ni électricité, assimilant de manière
expresse la population de Butembo dans l’ensemble d’être en connivence
avec les guérilleros Maï-Maï (voir discours en annexe). Il s’agit
respectivement de Monsieur Djimy, alors Commandant second ville de
Butembo, du Commandant Thyerri qui faisait membre de la délégation du
Ministre de l’intérieur en mission à Butembo, le Commandant du cent
quatrième bataillon basé en Territoire de Lubero et le commandant de la
Police d’Intervention Rapide (PIR.) de la ville de Butembo, connu sous
le nom de Valentin Ndumba ABOGBANA. Par voie de conséquence, c’est dans
le contexte des déclarations des personnalités sus évoquées qu’il
convient de ressortir la dimension délibérée des exactions crapuleuses
commises par leurs troupes en l’endroit des populations civiles
dépourvues des moyens de se défendre : des portes des maisons furent
alors fracassées, des civils innocents furent soustraits de force de
leurs habitations et se virent ôter la vie, de fois après des sérieuses
tortures. Les commandants sus invoqués sont allés plus loin en
précisant sur la voix des ondes que les habitants de Butembo sont
considérés comme des ennemis parce que, disaient-ils, . Cette
déclaration fut motivée à tort par la supposition selon laquelle les
fuyards Mai-Mai s’étaient cachés dans les maisons de la paisible
population civile. Supposition pourtant sans aucun fondement étant
donné que juste après le combat au camps militaire de Kikyo, les
Mai-Mai ont regagné leur maquis de Kasithu environ 25 Kilomètres de
Butembo / partie Nord-Est. Pendant les quatre jours de séquestration de
toute la population de Butembo enfermée par contrainte dans des maisons
sans vivres, eau ni électricité, l’ampleur des drames est sans
précédent, cela en violation des droits de l’homme et par ricochet, le
droit international humanitaire. Beaucoup de gens ont été enterrés
vivants ; d’autres, accroupis étaient finalement écrasés par des
véhicules des militaires.Ces drames se déroulent pour la plupart au camp Kikyo ; d’autres enfin, étaient fusillés sans atermoiement.

Alors
que les tortures infligées aux victimes constituent une atteinte grave
à l’article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
(DUDH.), les pertes en vies humaines en sont, quant à elles, une
violation flagrante de l’article 3 (de la D.U.D.H) libellé en ces
termes : « Tout individu a droit àla vie, à la liberté et à la sûreté
de sa personne ». Cela viole également l’article 16 de la constitution
du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo qui dispose :
« la personne humaine est sacrée. L’Etat a l’obligation de la respecter
et de la protéger. Toute personne a droit à la vie ».

Outre
les tueries des civils, on a aussi connu pas mal de cas des violences
sexuelles et des faits de guerre (pillage des biens, destruction des
patrimoines ancestraux et à usage collectif, etc.).

Pour
ce qui est des violences sexuelles, celles-ci se sont déroulées sous
des formes variées : non seulement certains militaires procédaient au
viol eux-mêmes ; mais également ils forçaient à l’inceste en obligeant
soit le père à s’accoupler avec sa fille en présence de toute la
famille, soit encore un garçon à coucher avec sa mère ou avec sa sœur
au vu et au su de tous ses frères et sœurs, obligation faite sous peine
d’être fusillé par ceux-ci. En cas d’une quelconque résistance, les
militaires introduisaient les canaux de leurs armes dans les appareils
génitaux des femmes et filles ; ce qui conduisait la plupart d’entre
elles à succomber purement et simplement de suite de ces tortures.
D’autres ont été admises dans des hôpitaux pour des soins appropriés.
Cette révélation d’une victime Mak… (qui a préféré gardé l’anonymat),
une des victimes de ce viol, est éloquente : « j’étais enfermé dans ma
maison avec mon épouse et mes trois filles (…) les militaires sont
venus casser la porte de ma maison (…) en entrant dans la chambre où j’
étais couché par terre, ils demandent à mon épouse de sortir de la
chambre et quelques minutes après ils commencent à la violer (…) ces
assaillants m’exigent de venir assister au viol de ma femme ( …) après
ils m’amènent chez le voisin et m’obligent de violer sa femme (…) »[11].
Pareils cas de viol ont été vécu dans plusieurs familles identifiables
mais qui, pour des considérations morales, n’ont pas voulues que leur
situation soit détaillée dans le présent rapport. Ces viols ont causé
des traumatismes moraux et psychologiques profonds dont les séquelles
persistant chez les victimes jusqu’aujourd’hui s’effaceront
péniblement.
. Pareils cas de viol ont été vécu dans
plusieurs familles identifiables mais qui, pour des considérations
morales, n’ont pas voulues que leur situation soit détaillée dans le
présent rapport. Ces viols ont causé des traumatismes moraux et
psychologiques profonds dont les séquelles persistant chez les victimes
jusqu’aujourd’hui s’effaceront péniblement.

Au
près de ces victimes qui ont perdu leurs vies au cours de ces
exactions, on a également enregistré quelques cas des victimes qui ont
été atteint par des coups de balles mais qui n’en ont pas succombées,
et dont certaines sont restées malheureusement handicapées physiques
et/ou psychiques jusqu’à ces jours.

Après avoir étayé le déroulement de ces massacres, il sied à présent d’identifier les fosses communes dans la ville de Butembo.

En
ville de Butembo nous avons identifié les fosses communes attribuées
aux événements du 20 février 1998 et du 14 au 17 avril 1998.disséminées

1.
Les trois grosses fosses communes sont localisées sur le site de
l’ex-camp militaire Kikyo. L’une de ces dernières a été détruite par la
Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique (CBCA. / Butembo)
lorsqu’elle aménageait le site de Kikyo en vue d’ériger un hôtel
dénommé Centre Uhaï[13].
On y a couché une verte pelouse ayant englouti les traces de la fosse,
au grand mépris du respect dû aux morts qui y reposent paisiblement.
.
On y a couché une verte pelouse ayant englouti les traces de la fosse,
au grand mépris du respect dû aux morts qui y reposent paisiblement.

2. La fosse commune Kitatumba. Celle-ci est située au cimetière public de Kitatumba.

3. La fosse commune située dans la vallée entre la colline de Kikyo et celle de Mihake.

4.
La fosse commune Byasa se trouvant sur l’axe routier qui mène vers
Beni, quartier Mukalangirwa dans l’actuel marché Bwanandeke.

5. La fosse commune Kiriva située dans la parcelle de Monsieur DAVID.

6. Une tombe située sur l’axe routier de Butuhe à Vulindi.

7. Une tombe située en cellule Byasa dans la parcelle de Kambale.

8. Une tombe située à Furu dans la parcelle de Kapito.

Il
est à noter que nous n’avons pas pu trouver d’autres fosses, car les
présumés auteurs et coauteurs ou auteurs intellectuelsdes massacres
cherchent à tout prix à en effacer les traces.

Nous
allons ici oser une stratification des victimes de ces massacres de
1998 : alors que les uns ont perdu leur vie (III.1), d’autres par
contre sont restés des handicapés physiques et/ou psychiques jusqu’à
présent (III.2.). Toutefois, on a connu également de nombreux cas de
violences sexuelles qui, pour des raisons que nous avons évoqué plus
haut, ne seront pas détaillés ici.

Pendant
ces massacres, toute la population de la ville de Butembo était touchée
de près ou de loin. Par ailleurs, il y a eu des milieux qui étaient
plus touchés que d’autres. C’est le cas du secteur BYASA, secteur FURU,
secteur KALEMIRE, secteur MUTIRI, secteur MATANDA, enfin le secteur du
Centre commercial.


NOM & POST-NOM

SEXE

Date de naissance

FONCTION

ETAT CIVIL

Adresse de la victime

01

KASEREKA NGWESULI Adalbert

M

1964

Cultivateur

Marié, Père de 4 enfants

Cel. BYASA, n°18, commune VULAMBA

02

KAVIRA KIGHOMA Anastasie

F

1947

Cultivatrice

Mariée, mère de 9 enfants

Cel BYASA, n°17, commune VULAMBA

03

KASEREKA BWAMBALE

M

1979

Elève

Célibataire

Cel. BYASA, n°1, commune VULAMBA

04

KALAU KATAVALI

M

1968

Cultivateur

Célibataire

Cel. BYASA, commune VULAMBA

05

KOME

M

1950

Cultivateur

Marié, père de 5 enfants

Cel. BYASA, n°122, commune VULAMBA

06

KAKULE KAMBULA

M

1961

Cultivateur

Marié, père de 2 enfants

Cellule Byasa, sans N°

07

PALUKU KABAYA

M

1970

Cultivateur

Célibataire

Cellule Byasa, sans N°

08

KATSUVA

M

1954

Cultivateur

Marié, père de 3 enfants

Cellule Kangothe sans N°

09

KATEMBO KYOTA

M

1973

Commerçant

Fiancé, préparant son mariage une semaine avant sa mort

Cel. VULINDI, n°…, Commune VULAMBA

10

MASIKA MAYI YA RWINDI

F

1969

Ménagère

Mariée, mère de 3 enfants

Cel. KIRIVA, sans n°, Commune VULAMBA

11

KASAI

M

1965

Chauffeur

Marié à MAYI YA RWINDI, père de 3 enfants

Cel. KIRIVA, sans n°, Commune VULAMBA

12

KAMBALE KAPARAY

M

1976

Cuisinier

Célibataire

Cel. KIRIVA, sans n°, Commune VULAMBA

 

 

NOM & POST-NOM

SEXE

Date de naissance

FONCTION

ETAT CIVIL

Adresse de la victime

01

KAMBALE MULUME Hubert

M

1955

Commerçant

Marié, père de 10 enfants

Cel. FURU, n°201, Commune VULAMBA

02

KAKULE MULUME Ephrem

M

1961

Commerçant

Marié, père de 3 enfants

Cel. FURU, n°201, Commune VULAMBA

03

MUMBERE KITAMBALA Jaribu

M

1979

Elève

Célibataire

Cel. FURU, n°201, Commune VULAMBA

04

KAYANGE MUSANGA Alphonse

M

1955

Enseignant/ E.P MASOY

Marié, père de 7 enfants

Cel. FURU, n° 67, Commune VULAMBA

05

KASEREKA THEODORE

M

1958

Sans emploi

Célibataire

Cel. FURU, n° 199, Commune VULAMBA

06

PALUKU KASIMANGALA Selume

M

1975

Sentinelle

Célibataire

Cel. FURU, n° 62, Commune VULAMBA

07

KATUNGU ANASTASIE

F

1948

Cultivatrice

Mariée, mère de 5 enfants

Cel. FURU, n° 62, Commune VULAMBA

08

FLEUVE KAMBALE TSONGO

M

1969

Réparateur vélos

Marié, père de 3 enfants

Cel. BRAZZA, n° 65, Commune BULENGERA

09

KATSUVA MATHE Pamphile

M

1930

Cultivateur

Marié, père de 8 enfants

Cel. VIHYA, n° 430, Commune BULENGERA

10

KANGWESE

M

1938

Sentinelle

Célibataire

Rue Président de la République, n° A 28, Commune BULENGERA

11

MBUSA MBOROYA PASCOU

M

1981

Elève

Célibataire

Cel. VIHYA, n° 28, Commune BULENGERA

12

KASEREKA LEADER

M

1971

Boulanger

Célibataire

Cel. MUHAYIRWA n° 79 Commune BULENGERA

13

KAKULE

M

1973

Cultivateur

Célibataire

Cel. MUHAYIRWA n° 79 Commune BULENGERA

14

KAMBALE KISANGANI Musike

M

1929

sans

Marié, père de 9 enfants

Cel. MBOGHA, n° …. Commune VULAMBA

15

KAMBALE TELEMUKA

M

1986

Ecolier

Célibataire

Cel. MBOGHA, n° 15 Commune VULAMBA

16

KASEREKA ETHIENNE

M

1973

Cultivateur

Marié, père de 2 enfants

Cel. MUSINGIRI, n° 61, Commune VULAMBA

17

MASTAKI BAYALA Baudouin

M

1908

sans

Marié, père de 9 enfants

Cel. MUSINGIRI, n° 5, Commune VULAMBA

18

PALUKU MAKUTA Claude

M

1972

Cultivateur

Célibataire

Cel. MULUNGULU, n° 35 Commune VULAMBA

19

KATEMBO VANZWA

M

1977

Elève

Célibataire

Cel. FURU, n° , Commune VULAMBA

20

GEORGE KAHONGYA

M

1973

Lavadeur

Celibataire

Cel. MGL n° 43 Commune VULAMBA

21

KAVIRA LAELE

F

1932

Cultivatrice

Mariée

Cel. Mbogha n° 02 Commune VULAMBA

NOM & POST-NOM

SEXE

Date de naissance

FONCTION

ETAT CIVIL

Adresse de la victime

01

KATEMBO KALIHI

M

1981

Elève

Célibataire

Cel. HANGI B, n° 57, Commune BULENGERA

02

MASHAURI MATESO

M

1938

Commerçant

Marié, père de 5 enfants

Cel. HANGI B, n° 59, Commune BULENGERA

03

KANYAMWIRI EMMANUEL

M

1942

Chauffeur

Marié, père de 7 enfants

Cel. HANGI B, n° 60, Commune BULENGERA

04

KAMBALE KISTALI

M

1978

Elève

Célibataire

Cel. HANGI B, n° 02, Commune BULENGERA

05

KENDA KENDA

M

1978

Elève

Célibataire

Cel. HANGI B, n° 57, Commune BULENGERA

06

KAMBALE DIFO

M

1958

Cultivateur

Marié

Cel. HANGI B, n° 56, Commune BULENGERA

07

KAMBALE BAHATI

M

1978

Cultivateur

Célibataire

Cel. KANYAMATWIRI, n°117 Commune BULENGERA

08

KAMBALE KAVANGA Jean-Marie

M

1968

Chauffe

Marié

Cel. HANGI B, n° 39, Commune BULENGERA

09

KASEREKA

M

1975

Commerçant

Célibataire

Cel. HANGI B, n° 39, Commune BULENGERA

10

KATEMBO BENITO

M

1978

Elève

Célibataire

Cel. HANGI B, n° 39, Commune BULENGERA

11

KAMBALE TUMBURA Bernard

M

1948

Cantonnier

Marié

Cel. HANGI B, n° 38, Commune BULENGERA

12

WILLY KASEREKA KASONGYA

M

1946

Sentinelle

Marié, père de 5 enfants

Cel. MUHINDO, n° 119, Commune BULENGERA

13

KASEREKA JEAN

M

1982

Elève

Célibataire

Cel. LYAMBO, n° 111, Commune BULENGERA

14

KAMBALE GODE

M

1966

Commerçant de poissons

Célibataire

Cel. HANGI B, n° 116, Commune BULENGERA

15

CHARLES

M

1949

Fonctionnaire aux Ets NGESERA

Marié

Cel. LYAMBO, n° 100, Commune BULENGERA

16

PALUKU KIBUBU

M

1980

sans

Célibataire

Cel. LYAMBO, n° 128, Commune BULENGERA

17

MBUSA SHAHIMBA

M

1978

Presseur de briques

Marié, père d’1 enfant

Cel. MIHAKE, n° 128, Commune BULENGERA

18

MBUSA KASIMBIRI KAKINE

M

1965

Exploitants des pierres

Marié, père de 2 enfants

Cel. MIHAKE, sans n°, Commune BULENGERA

19

KAVUNGA PALUKU

M

1943

Chef de cellule LYAMBO

Marié

Cel. LYAMBO, n° 117, Commune BULENGERA

20

PALUKU JEAN-BAPTISTE Palos

M

1968

Couturier

Marié et père de 2 enfants

Q. Kalemire, Cel. MAKERERE n° 109, Com. BULENGERA

21

KASEREKA SAANANE Roger

M

1981

Elève

Célibataire

Cel. MUHINDO, n° 135, Commune BULENGERA

22

KAMBALE SAANANE Aimé

M

1978

Commerçant

Célibataire

Cel. MUHINDO, n° 135, Commune BULENGERA

23

KASEREKA MWENDAPOLE

M

1958

Commerçant

Marié

Cel. BASHU, n° 45 Commune BULENGERA

24

PALUKU SYATAHIRE

M

1965

Couturier

Marié

Cel. MUHINDO, n° 85, Commune BELENGERA

25

MUMBERE NDIVITO

M

1982

Elève

Célibataire

Cel. HANGI A, n° 07, Commune BULENGERA

26

KAMBALE MUGHENI

M

1980

Cultivateur

Célibataire

Cel. HANGI A, n° 07, Commune BULENGERA

NOM & POST-NOM

SEXE

Date de naissance

FONCTION

ETAT CIVIL

Adresse de la victime

01

KAVIRA VAGHENI Charlotte

F

1956

Vendeuse de pains

Mariée et mère de 6 enfants

Cel. MUTIRI, n° 2, Commune BULENGERA

02

KATSERETSE AMSCHAIRE MULEKO SAIDI MUHINDO

M

1968

Commerçant

Marié

Cel. KIMEMI, n° 52,

Commune BULENGERA

03

JEAN-LOUIS KAHINDO

M

1958

Cultivateur

Marié

Cel. MAHALA, n° 108, Commune BULENGERA

04

KAMBALE LUVULA

M

1975

Menuisier

Marié

Cel. LONDO, Commune BULENGERA

05

JEAN-PIERRE

M

1949

Sentinelle

Marié

Cel. VATOLYA, Commune BULENGERA

NOM & POST-NOM

SEXE

Date de naissance

FONCTION

ETAT CIVIL

Adresse de la victime

01

KASEREKA KANGWA Herment

M

1967

Cultivateur

Célibataire

Cel. VUSENGA, n° 22, Commune MUSUSA

02

ANDRE KAKULE KASONIA

M

1974

Joueur de Foot-ball – élève

Célibataire

Cel. MATANDA, n° 46, Commune MUSUSA

03

KASEREKA BERTRAN VIRENGA

M

1963

Cultivateur

Célibataire

Cel. VUNGI B, n° 36, Commune MUSUSA

04

KASEREKA KIGHUNDA

M

1979

Cultivateur

Célibataire

Cel. NDONGA, n° 85, Commune MUSUSA

05

KAMBALE MUGHANDA

M

1953

Agent de l’Etat

Marié

Cel. KALEMERE, n° ….., Commune MUSUSA

06

PALUKU MATABISHI Joseph

M

1974

Cultivateur

Célibataire

Q. MATANDA

07

MUHINDO MATIKISO Evariste

M

1969

Gérant d’une boutique

Marié, père d’1 enfant

Q. KITULU, Boulevard Mwalimu, n° 11, Com Mususa

08

KASEREKA KAMAVU

M

1970

Elève

Célibataire

Cel. VUNGI B, Rue Kinshasa, n° 21, Commune MUSUSA

09

KAMBALE KAMAVU

M

1980

Elève

Célibataire

Cel. VUNGI B, Rue Kinshasa, n° 21, Commune MUSUSA

10

MBUSA SYALUHA

M

1982

Elève

Célibataire

Cel. VUNGI A, n° 28, Commune MUSUSA

11

PALUKU MURARA

M

1977

Mécanicien

Marié

Cel. VUNGI B, Rue Kinshasa, n° 26, Commune MUSUSA

12

KAKULE SIVULYAMWENGE Médard

M

1972

Vendeur

Marié, père de 3 enfants

Cel. VUNGI B, Rue Kinshasa, n° 18, Commune MUSUSA

13

KAMBALE MUYISA Cléophas

M

1969

Manutentionnaire

Célibataire

Q. MATANDA, Rue Kinshasa, n° 18, Commune MUSUSA

14

MUHINDO KAMAVU

M

1968

Chauffeur

Marié

Cel. VUNGI B, n° 21, Commune MUSUSA

15

MBUSA FAUSTIN

M

1970

Chauffer

Célibataire

Cel. VUNGI B, n° 22, Commune MUSUSA

16

MUHINDO MURAFULI Léonard

M

1969

Agriculteur

Marié

Q. MATANDA, n° 43

17

KASEREKA MALYAMKONO

M

1979

Elève

Célibataire

Cel. MAHERO, n° 15, Commune MUSUSA

18

KATEMBO HERMACLE

M

1978

Elève

Célibataire

Cel. MAHERO, n° 15, Commune MUSUSA

19

ROCKY

M

1977

Garagiste

Célibataire

Cel. MAHERO, n° ……, Commune MUSUSA

20

KAMBALE VAGHENI

M

1979

Ambulant

Célibataire

Cel. MAHERO, n°……, Commune MUSUSA

21

KATEMBO KAKULE

M

1980

Elève

Célibataire

Cel. MAHERO, n° 15, Commune MUSUSA

22

KASEREKA KALIMA

M

1978

Vendeur/ Magasin

Célibataire

Cel. MAHERO, n° ….., Commune MUSUSA

Retenons
que la plupart des victimes assassinées lors de ces massacres dans le
secteur MATANDA, étaient des élèves enlevés de leurs maisons après
avoir exhibé leurs cartes d’élève mais en vain. D’autres par contre
étaient des adultes, dont un menuisier enlevé de sa maison au motif
qu’il va fabriquer de cercueils pour l’inhumation de militaires abattus
par les Mai-Mai à Kikyo. Mais en y arrivant, après leur avoir rendu ce
service, celui-ci fut froidement assassiné et enterré sur place dans
une fosse commune avec de nombreuses autres victimes
.

NOM & POST-NOM

SEXE

Date de naissance

FONCTION

ETAT CIVIL

Adresse de la victime

01

KAKULE MASIKI

M

1969

Agriculteur

Marié

Abattu au Q. FATUMA

02

KAMBALE MBUNDU

M

1967

Chauffeur de l’UCG

Marié

Avenue KYOMBWE, n° 6

03

KAMBALE AUGUSTIN

M

1981

Elève/Kambali

Célibataire

 

Il
est impérieux de préciser qu’à coté de ces personnes péries lors de ces
massacres, certaines autres sont restées, jusqu’à présent de handicapés
physiques.

NOM & POST-NOM

SEXE

Date de naissance

FONCTION

ETAT CIVIL

Adresse de la victime

01

KAKULE MBUSA Bernard

M

1977

Commerçant

Marié, père de 4 enfants

Cel. FURU n° 173, commune VULAMBA

02

KAMBALE MBUSA Bienvenu

M

1969

Commerçant

Marié, père de 6 enfants

Cel. VIHYA n° 01, commune BULENGERA

03

KAKULE MATHE Babize

M

1974

Meunier

Marié, père d’un enfant

Cel. FURU n° 42, Commune VULAMBA

04

ANUARITE NZAVAKE

F

1982

Etudiante

Célibataire

Cel. Kimemi, n° 52, commune BULENGERA

05

MBUSA KALEMIRE Arnold

M

1967

Sans emploi

Célibataire

Cel. VIHYA, n° 174, commune BULEGERA

06

KATEMBO KALEMIRE Frederik

M

1965

Sans emploi

Célibataire

Cel. VIHYA, n° 174, commune BULENGERA

07

KACHINDO KALUS

M

1970

Sans emploi

Célibataire

Cel. VIHYA, n° 174, commune BULENGERA

Certes,
cette liste ne reprend pas forcément toutes les personnes vivant avec
handicape suite aux massacres de KIKYO, mais nous nous sommes contentés
de relever quelques cas qu’on a pu retrouver
.


 

En
définitive, aussi bien que nous venons de le démontrer, en Février 1998
et qu’en date du 14 Avril 1998, la ville de Butembo a été l’objet des
crimes dignes d’être qualifiés de « massacre », perpétrés par les
militaires de l’Alliance de Forces Démocratiques pour la Libération du
Congo (AFDL.) sur la colline Kikyo, lieu où était installé leur base
militaire à l’époque. Ici, plusieurs personnes ont péri injustement
suite aux motifs non encore élucidés jusqu’à ce jour.

La
plupart des victimes de ces massacres ignobles et odieux ont été soumis
à une mort indigne, les autres enterrées vivants. Ils finissaient tous
leur sort dans des fosses communes. Que des mamans ont été violées en
présence de leurs maris et leurs fils, des filles en présence de leurs
parents et de leurs frères, d’autres sont restées handicapés physiques
et psychiques. N’en déplaise à ceux qui ne veulent pas l’entendre
dénoncé, il s’agit là simplement de l’expression la plus parfaite de ce
que l’on a l’habitude d’appeler crime de guerre et crime contre
l’humanité. Pas plus ni moins !

Il
est impérieux de préciser que ces massacres ont laissé derrière eux des
effets néfastes sur la situation socio-économique de pas mal des
familles. Certaines victimes survivantes de ces massacres ont déjà
abandonné les études et vivent misérablement dans leur famille car
ayant perdu les piliers de leurs familles, d’autres ne sont pas
épargnées par des troubles psychiques. D’autres encore sont devenus des
miliciens suite au dégoût de la vie.

Ainsi,
jusqu’aujourd’hui, des traumatismes persistent dans les esprits de
rescapés, dont certains sont devenus orphelins, d’autres des veuves ou
veufs, abandonnés à leur triste sort sans aucune assistance
humanitaire. Certains de ces orphelins sont devenus des bandes de la
rue suite au manque d’encadrement et au désespoir de la vie. Notre
étonnement est que depuis que ces crimes odieux et crapuleux se sont
commis, aucune commission d’enquête tant nationale qu’internationale
n’a jamais été diligentée pour que, du reste, les auteurs de ces
tristes et célèbres massacres de Kikyo soient traduits devant une
justice indépendante.

Le
Comité des Victimes Survivantes de massacres de Kikyo se pose la
question de savoir quand les auteurs de ces massacres auront à répondre
de la responsabilité qui pèse à leur charge devant les instances
judiciaires aussi bien nationales qu’internationales. Depuis ces crimes
contre l’humanité l’on n’a jamais traduit aucun de ces auteurs devant
la justice alors que le Droit de l’homme ainsi que le droit
international humanitaire ont été systématiquement violés pendant ces
tristes événements. Il y a eu en effet, violation flagrante des
prescrits de la Convention de Genève du 12 août 1949, qui prône la
protection de la population civile contre les effets des hostilités[14]

Considérant
l’impunité qui a élu domicile en République Démocratique du Congo, nous
demandons la création d’un Tribunal Pénal International pour le Congo
(TPIC.) et considérer la République Démocratique du Congo comme
civilement responsable desdits massacres et ce, conformément à
l’article 260 du code civil Congolais, livre III, libellé en ces termes
: « on est responsable non seulement du dommage que l’on cause par son
propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des
personnes dont on doit répondre (…) ». Il est à noter que, toutes les
fois que le Comité des victimes Survivantes de Massacres de Kikyo a
essayé de commémorer ces massacres, il s’est vu menacé, inquiété non
seulement par les autorités militaro administratives de la ville de
Butembo, mais également et surtout par les responsables religieux de la
Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique (CBCA.), laquelle communauté
est actuellement propriétaire de la colline Kikyo. Présentement,
l’accès aux fosses communes de Kikyo ou aux charniers n’est plus
quelque chose de facile étant donné que ces autorités
politico-administratives et religieuses y déploient les éléments de la
police nationale congolaise toutes les fois que les familles des
victimes sollicitent la visite de ces fosses communes pour y déposer
des gerbes de fleurs. Cette façon de faire n’est pas loin d’une
manœuvre dilatoire ayant pour objet d’éliminer les traces de cette
hécatombe qui est pourtant une réalité palpable.

En effet, nul n’ignore que le statut de Rome est entré en vigueur le 1er
juillet 2002 après que le moment sensible soit passé en R.D.C. D’où la
Cour Pénale Internationale est compétente seulement pour les crimes de
guerres, de génocide et contre l’humanité commis après l’entrée en
vigueur du statut de Rome (art 11, al. 1). Ceci est la conséquence du
principe de la non rétroactivité prévu à l’article 24 dudit statut. Or,
c’est à partir de 1996 que les crimes ont été commis en grande échelle
en R.D.C et pourtant la C.P.I n’a pas de compétence pour ceux-ci.
Certes, la logique est que l’Etat congolais devra promouvoir d’autres
voies pour arriver à juger les criminels d’avant le premier juillet
2002 non seulement à cause de la limitation temporelle de la Cour
Pénale Internationale (C.P.I) mais également à cause de l’efficacité
douteuse du système répressif congolais (partialité, corruption, manque
d’indépendance, …).

C’est
ainsi que nous, Groupe de Chercheurs Libres du Graben (GCLG.),
suggérons au Conseil de sécurité de Nations Unies de voter une
résolution portant adoption d’un tribunal pénal international pour le
Congo (TPIC.) car les crimes commis à Kikyo et d’autres commis ailleurs
sur l’étendue de la République, sont imprescriptibles et les auteurs ne
devront pas rester impunis. C’est dans cette lancée que nous nous
alignions derrière Robert GARRETON, ancien rapporteur spécial sur la
situation de droits de l’homme lorsqu’il soutient que : « l’histoire
contemporaine nous a renseigné que (…) plus personne et notamment
ceux qui font partie de la « caste des puissants », ne sera à l’abris
de devoir, un jour, répondre devant la justice, de sa responsabilité
vis-à-vis des crimes qu’il a commis ou commandités. Cela prendra du
temps, mais ce moment arrivera, c’est certain et irrémédiable »[15]. .

1.
Que le Conseil de sécurité des Nations Unies saisisse la balle au bond
afin que des enquêtes indépendantes sur ces massacres soient
diligentées pour rechercher la vérité sur les massacres de Kikyo.

2.
Que le gouvernement et les Nations Unies organisent le déterrement des
vestiges qui gisent encore dans les fosses communes de Kikyo, devenu
propriété privée, pour être enterrés avec l’honneur qu’il faut dans un
site public librement accessible par les familles des victimes.

3.
Que soit établie une Commission Vérité et Réconciliation (CVR.) en vue
d’identifier clairement les coupables et les victimes des massacres de
Kikyo.

4.
Que les Nations Unies et la R.D.C fassent de leurs mieux pour que les
victimes survivantes soient protégées contre les menaces des présumés
coupables des massacres de Kikyo.

5. Que soit créé un Tribunal Pénal International pour le Congo (TPIC.) en vue de dissuader la criminalité qui sévit en R.D.C.

6.
Que l’Etat Congolais puisse reconnaître officiellement la journée du 14
Avril, comme journée commémorative des massacres de Kikyo.

7.
Que le gouvernement congolais et les Nations Unies interdisent la
Communauté Baptiste au Centre de l’Afrique (CBCA. / Butembo) de
détruire les fosses communes de Kikyo.

 

Première épisode

Toute la population de Butembo qui reste dans leur maison, (interdiction de sortir).

Que
toute la population qui reste dans leur maison ne sorte pas. Celui qui
sortira sera pris pour un ennemi. Car vous cachez les ennemis. Ils sont
vos enfants, vous les gardez dans toutes vos maisons. Nous avons
commencé à arrêter certains qui se cachent dans les maisons.

A
l’heure qu’il est, ouvrez vos yeux et vos oreilles ! je dis ceci :
celui qui sort dehors cette nuit, au moment où les soldats sont
déployés dans toute la cité, sera criblé des balles à bout portant,
c’est lui qui sera considéré comme ennemi.

Et
tout le monde du côté de Furu ! Là en bas, sur la route qui mène vers
Beni, toutes ces gens ont vu l’ennemi mais sans prévenir les soldats de
l’incursion des ennemis. Je vous dis ceci : aujourd’hui c’est la fin,
aujourd’hui c’est la fin ! Si c’est la fin, vous le saurez. Vous amenez
vos fils dans les fermes où ils s’organisent avec le soutien des
opérateurs économiques locaux. (…) maintenant je vous le dis : celui
qui sort cette nuit-ci ! Demain ! Après demain, je veux le considérer
comme un ennemi. Car vous tuez mes soldats ! Vous tuez mes soldats ! Et
vous fuiez vers vos maisons. Je le dis que quiconque se retirera dehors
est ennemi. Parce que les ennemis sont dans des maisons des populations
civiles. C’est vous qui les cachez. Vous les chefs des quartiers, les
chefs des localités … il y a vraiment plein des gens qui cachent ces
gens, jeunes fils.

C’est
dire que quand vous refusez de nous [armée de l’AFDL.] informer sur
l’arrivé des Maï Maï (…) vous aurez un sérieux problème à Butembo et
Butembo sera transformé à champ de bataille ! Je l’ai dit depuis
longtemps, un peu avant, le 20 février, vous avez tué mes soldats, vous
avez massacré mes soldats au camp Kikyo. Et aujourd’hui [le 14
janvier1998], c’est la même chose. Maintenant, plus d’excuse, plus
question de pitié à quiconque. Tous vous êtes devenu des ennemis. Celui
qui sera trouvé dans la cité au moment où les militaires mènent des
patrouilles sera considéré comme ennemi.

Vous
restez dans vos maisons sans sortir dehors jusqu’à ce que je voudrais
vous voir sortir. Si je rentrerai ici à la radio, vous entendrez encore
ma voix et vous sortirez de vos maisons. Mais celui qui sortira
aujourd’hui où demain ou après demain en ces jours, il est ennemi. Vous
écoutez vous tous qui auditionnez vos radios. Merci

Commandant Djimy

Moi…
je suis venu… j’ai rencontré ce ça ne va pas. Mais je voudrais dire en
quelque mot ce qu’a dit le commandant ville [Djim]. C’est dire, laissez
les militaires faire leur tâche. Vous verrez même des nombreuses
équipes des patrouilleurs. Ça prendra toute la nuit. Il n’est pas bon
de sortir dehors si tu es dans ta maison. C’est que si tu sors tu sera
pris comme ennemi. Il est bon que tu restes sur place dans ta maison,
attend que l’ordre soit donné. Tu sortiras et tu vaqueras à tes
occupations. Voilà ce que je voudrais porter à votre connaissance
brièvement. Merci.

Commandant du cent quatrième bataillon du territoire de Lubero (avril 1998)

Moi,
c’est le commandant Thierry, je fais partie de la délégation du
ministère de l’intérieur qui sécurise toute la population. Mais en
rapport avec ce problème tel que vécu en ce moment, ça montre que vous
les habitants de Butembo vous avez des sérieux problèmes parce que
l’ennemi [Maï Maï] n’est pas venu des montagnes, mais des vos maisons
d’ici. Et c’est comme ça que nous vous demandons de rester dans vos
maisons. Quand les militaires finiront leur travail, ils pourront vous
demander de sortir. Celui qui sortira de sa maison, se promène dans des
avenues ou déambule, c’est lui qui sera frappé. C’est lui que nous
prendrons pour ennemi. Tout civil qui sortira, il est ennemi. Et c’est
là que nous vous demandons de vous enfermer dans vos maisons pour cette
nuit. Peut-être demain, nous passerons à la radio pour informer du
programme que nous déciderons. Si vous pourriez sortir pour vaquer à
vos activités ou si vous pourriez rester dans les maisons au cas où
notre travail n’aura pas pris fin. Merci.

Commandant Thierry

Je
voudrais informer toute la population de Butembo. La mesure que nous
avons prise hier [14avril 1998] reste maintenue comme telle. Tout le
monde reste dans sa maison pour que nous fassions notre travail,
sécuriser, faire rétablir la paix à Butembo.

Mais,
considérant tous les événements qui se sont produits hier, en vérité,
nous sommes saisis d’une grande colère. Parce que j’ai du informer
toute la population que nous étions saisi de fureur car depuis les
événements qui nous sont arrivés hier, nous n’avons vu, pas même un
seul officier de la police sur le terrain ou dans la chasse de l’ennemi
[Maï Maï] . C’est pourquoi maintenant, en ce moment, nous prenons une
décision telle que, nous destituons toutes les autorités de la place.
En vérité, nous les suspendons de leurs fonctions. Plaçons celui de
l’Intervention Rapide de Kinshasa, lui qui est venu dans le
détachement. Nous le mettons au commandement de la Police Nationale
Congolaise de Butembo. Il s’appelle commandant Valentin NDUMBA
ABOGBANA. Celui qui le suivra, c’est son commandant second Stanis NDUJI
MUDAGU. Mais aussi ceux-ci assureront le commandement de la Police
jusqu’à nouvel ordre comme nous sommes encore en opération (…) notre
travail c’est garantir la sécurité de la population et de ses biens.
(…) nous avons vu que tous les Maï Maï qui sont entrés et ceux qui sont
morts, tous ne revêtaient que des talismans (gris-gris des fétiches).
Pas autre chose. C’est pourquoi, dès maintenant, nous frappons
d’interdire le fonctionnement de ceux qu’on appelle les guérisseurs
traditionnels ou féticheurs. Les affaires des fétiches sont suspendues.
Celui que nous attraperons se réclamer féticheur, en vérité nous
n’allons pas tergiverser, nous le frapperons à tout prix. Il doit aussi
mourir comme tout ce monde qu’il sacrifie.

Nous
avons réfléchi aussi que de prières dites veillées sont dangereuses.
Les gens se cachent dans ces veillées en faisant leur réunion pour
chercher à déstabiliser le pouvoir en place. Et c’est ici que nous
interdisons ces veillées de prières, jusqu’à nouvel ordre.

Si les temps seront bons demain, nous demanderons aux gens de circuler.

Nous
disons que s’il y a des hôtels à Butembo, c’est pour des visiteurs. Ces
hôtels restent une exclusivité des visiteurs. Si tu as ta résidence à
Butembo, ne va pas à l’hôtel. Chacun doit dormir chez lui. Celui qui
sera trouvé à l’hôtel, c’est un ennemi qui se prépare d’une manière ou
d’une autre. Il fuit sa maison.

De
ce fait, que tous les jeunes, filles ou garçons qui n’ont pas atteint
l’âge de 18 ans n’ont pas le droit de fréquenter ou d’entrer dans des
hôtels ou dans des bars. Celui qui sera trouvé à l’hôtel ou en bar
n’est rien d’autre qu’ennemi.

Si
la sécurité se rétablit, à partir de maintenant, nous refusons que cinq
personnes ou plus ne peuvent plus se promener ensemble. Si vous êtes
plus, soyez trois personnes. Si vous êtes quatre, vous êtes suspects et
là vous n’êtes pas épargné des sérieux dangers. Donc on se promène soit
seul, soit à deux soit à trois. (…).

Nous
ajoutons que nous interdisons vos réunions dites KYAGHANDA. Nous ne
voyons pas son importance car c’est en son sein que les ennemis se
rassemblent pour déstabiliser le gouvernement et tuer d’autres
personnes. En ce moment le KYAGHANDA est interdit. En tout cas nous
souhaitons à toute la population une bonne compréhension. Respectez et
appliquez un ordre.

Nous
demandons aux journalistes ici présent de vous passer ce message à tout
temps pour le bien connaître. Que quelqu’un ne dise pas n’avoir pas été
informé. (…)

Message du commandement Ville de Butembo diffusé le15 avril 2008

 

Premier témoin :

(…)
ce que j’ai vu, moi aussi j’étais arrêté lors de ces tueries [massacre
du 14 au 17 avril]. On nous a dit à la radio que les gens pouvaient
sortir de leurs maisons. J’ai décidé d’aller payer la nourriture à mes
parents. Je suis arrivé au rond point menant vers le camp militaire de
Kikyo. J’y ai rencontré des militaires qui avaient déjà arrêté une
trentaine des personnes avec leurs bicyclettes. Ils m’ont demandé moi
aussi de suivre ces personnes arrêtées. Nous sommes montés lentement la
colline ABC jusqu’au camp Kikyo. Nous y avons rencontré des dépouilles
mortelles, c’était beaucoup alors. Certaines dépouilles, étaient
couverte des bâches à caoutchouc, à certaines autres personnes qui
respiraient encore, on avait déjà coupé soit les bras, soit les jambes
[des vraies et véritables mutilations]. Les militaires nous ont demandé
d’enterrer ces morts, et d’autres personnes qui étaient encore en vie.
Nous avons vu qu’il n’y avait qu’une seule houe et une bêche. Je leur
ai dit que nous n’allons pas vite finir à enterrer les corps sans et
avec vie. J’ai dit que s’ils acceptaient, j’ai plusieurs pioches et
bêches, si on allait les récupèrer. Chez moi c’était au quartier MGL.
Ils m’ont embarqué dans une voiture marque Corola à couleur blanche
jusque chez moi. J’ai donné des pioches et des bêches, je les ai
négocié de me libérer. Ils ont d’abord refusé. Après qu’ils ont vu que
je venais de les aider, ils m’ont abandonné ils sont parti (…).

Deuxième témoin :

(…)
j’étais à la maison, il y a eu de crépitement des balles tôt le matin,
il n’ y avait pas moyen de sortir. Je suis sorti jusque chez mon voisin
du nom de Capito. Nous nous sommes rencontré là avec un enseignant du
nom de MUSANGA, lui d’ailleurs, était tué sur place. Moi on a criblé
une balle à la main (bras). Je suis parti aux soins, on n’a coupé le
bras, je suis guéri par chance. L’enseignant lui, a été enterré dans la
parcelle du voisin.

Ils
nous ont rencontré dans la maison. Ils nous ont exigé de l’argent,
chacun cent dollars US comme gage de notre libération. Le voisin chez
qui nous étions est directement parti demandé son voisin de derrière.
Il est venu avec vingt dollars US. Les soldats nous ont ainsi liés les
mains et tiré sur nous.

C’était un groupe de sept soldats. Ils ne nous ont pas signifié notre péché. Ils nous appelaient des frères des rebelles.

Je me souviens c’était le 17 avril 1998.

Je
me suis d’abord débrouillé avant de rencontrer certains hommes de bonne
volonté qui m’ont aidé à atteindre l’hôpital de Kitatumba (…).

 

Troisième témoin : Un secouriste de la Croix rouge

Nous
étions en plein service, en plein crépitement des balles. Le carburant
s’est épuisé dans notre camionnette au rond point de l’ABC. Nous sommes
descendus en pied. A quelques mètres, nous avons rencontré quatre
morts. A côté il y avait une fosse sceptique dans laquelle nous avons
enterré ces quatre corps sans vie. Ceux-ci étaient essentiellement des
civils.

Cependant,
nous avions vu beaucoup des choses horribles. C’est par exemple des
tortures inhumaines. Je me souviens, nous nous sommes risqués aussi la
vie en voulant plaider pour certaines victimes. Notre chance unique
c’est que nous étions des croix rouges.

Nous avons vu plusieurs péris à cause d’avoir manqué de l’argent à payer à ces soldats. (…).

Nous
avons fait quatre jours entrain d’enterrer les gens au cimetière de
Kitatumba, au camp Kikyo et dans des parcelles où on rencontrait les
cadavres. Pendant ce temps, tout le monde était enfermé. Après qu’on a
libéré les gens, nous avons encore fait cinq jours en cherchant
d’autres victimes dans les environs (…).

Nombreuses
personnes sont mortes par couteaux et certains autres par balles. C’est
vrai, les hommes ont été enterrés vivant par les militaires. Ces
soldats les retiraient de leurs maisons et eux-mêmes ont procédés à ces
ignobles opérations.

 

Le quatrième témoin :

Il
était 10 heures, nous étions en fermé. Mon voisin qui était en voyage
était de retour, nous ne savions pas. Nous avions écouté le crépitement
d’une balle. J’ai songé à l’abattement d’une personne. Exactement on
venait de tuer mon voisin. Après ils sont montés jusque chez moi. Ils
m’ont fait ouvrir en disant « Kangula » en langue Ligala qui signifie
ouvrez ! Ils sont entrés dans la maison. Ils ont dit qu’ils tuaient mon
mari aussi. Ils l’ont fait sortir dehors, canon au front, couteau à la
gorge. Je ne sais plus le miracle qui nous a fait échapper.

En
ce moment, on déclarait à la radio que les gens pourraient sortir. Nous
avions fuit. En passant chez le voisin, nous avions vu des mouches
autour de sa maison (…).

 

 

Cinquième témoin :

Théodore
Kalimumbalo sortait pour aller s’équilibrer à l’extérieur ; du coup,
les soldats l’avaient aperçu. Ils sont partis avec lui. Nous sommes
resté dans le qui vive. Quand on a demandé aux gens de sortir, nous
avons rencontré ses habits jetés dans la cuisine. Nous avons dit que
notre frère était tué comme les autres. Il était né en 1957. (…).

 

Sixième témoin :

Notre
père nous a demandé de fuir comme les affrontements devenaient de plus
à plus violents. Nous sommes sorti, nous sommes partis. Notre père est
resté. Il fermait la porte. Notre père a quitté, arrivé à côté chez
notre frère, ce dernier lui a demandé d’entrer dans sa maison comme les
temps devenaient mauvais. Les militaires sont arrivés dans cette
parcelle. Ils ont demandé à tous ceux qui étaient dans cette maison de
sortir. Notre père était du nombre. Il a montré sa carte en disant
qu’il était enseignant. Les soldats ont déchiré sa carte d’identité.
Ils l’ont fusillé, après lui avoir ôté sa chemise. Il est enterré ici
au lieu du crime. Notre grand frère était venu avec sa chemise pour
nous informer de ce qui venait d’arriver à notre père.

 



[1] J. DUBOIS et alii, Dictionnaire de français contemporain, éd. La rousse, Paris, 1996, p. 714.

[2]
Plus précisément, notons que le RDC a éclaté en plusieurs factions
hétéroclites, lesquelles ont condition des mutations politiques de
taille dans la région. La Ville de Butembo (le camps Kikyo bien
entendu) passera ainsi successivement sous le contrôle du RCD (août
1998- mai 1999), du RCD/KIS (mai 1999- janvier 2001), du F.L.C (janvier
2001- juillet 2001), puis du RCD-Kis ML (juillet 2001- 2003).

[3] Ce qui n’est pas un fait extraordinaire dans la culture du peuple du milieu

[4] Langue vernaculaire du milieu majoritairement peuplé par la tribu Nande dont faisaient partie les miliciens

[5]
Certains se sont vus amenés sur l’escadron de la mort pour avoir
seulement osé un coup d’œil à l’extérieur à travers la porte ou la
fenêtre. D’autres encore, contraints d’ouvrir leurs maisons, ont été
emportés pour avoir manqué d’argent en pourboire aux militaires ou pour
avoir perdu leur pièce d’identité.

[6] Tous deux en exiguïté dans la partie nord de la ville de Butembo

[7] Voir les différents discours de l’autorité militaire à la radio locale en annexe du présent rapport

[8] Radio Télévision Nationale Congolaise / station de Butembo

[9] Discours prononcé par le commandant DJIMY à la R.T.N.C sous station de Butembo, le 14 Avril 1998 à 15 heures 42’

[10] Comme en a témoigné le rescapé AKA

[11] Révélation faite par la victime Monsieur Mak… (2008),

[12]
Il convient de noter ici que les tombes et fosses communes citées ici
ne sont pas exhaustives. Nous reprenons juste celles qui ont été
identifiées au cours de nos enquêtes, sans ignorer que bien d’autres
auraient échappé à la connaissance collective avec le vieillissement du
temps. Les nombreuses tombes des victimes succombées (in)directement à
la suite des effets de ces guerres, érigées en bonne et due forme dans
différents cimetières de la ville, ne sont pas ici reprises.

[13] Témoignage d’un des maçons du centre Uhaï.

[14] CICR., Résumé des Conventions de Genève du 12 août 1949 et leurs protocoles additionnels, Suisse, (SD), p 17

[15] Robert GARRETON cité par SALIMA NYAMUSOMBOLI in La nécessité de création d’un tribunal pénal international pour le Congo, Mémoire de Droit, UCG, Butembo, 2004-2005, p. 45.

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