20.04.09 Le Potentiel : Cinq questions à Julien Paluku, par Louis-Paul Eyenga Sana

 

1.Quel est l’état des lieux du Nord-Kivu aujourd’hui sur le plan sécuritaire ?

L’ensemble des paramètres rassure après que plusieurs actes posés
par le président de la République, Joseph Kabila eut pesé de tout son
poids pour accompagner le processus de paix au Nord-Kivu. Le 23
janvier, nous avons signé l’accord de paix. C’était une étape
importante avant l’opération conjointe menée par les forces des armées
congolaises et rwandaises contre les FDLR. Par rapport à cela, il y a
trois résultats auxquels nous sommes parvenus. D’abord, la menace
d’attaque contre la ville de Goma par des groupes armés a été écartée.
Nous avons démantelé la menace que brandissait le CNDP qui a adhéré au
processus de paix et accepté l’intégration de ses éléments au sein des
FARDC en signant l’accord de paix. Deuxième résultat : cet accord a
permis de mener la traque contre les FDLR. Cela a permis également
d’anéantir les éléments irréductibles des FDLR à Rutshuru et à
Walikale. Aujourd’hui, il n’existe que quelques groupes résiduels de 5
à 10 individus qui ont changé de tactique en s’attaquant à la
population civile. Enfin, le troisième résultat est l’intégration
accélérée des groupes armés dont le CNDP, les PARECO et autres éléments
Maï-Maï. Cela a permis d’intégrer 8.000 hommes du CNDP et 11.000
membres de PARECO auxquels s’ajoutent d’autres groupes armés. Au total,
il y a 19 hommes qui ont été intégrés au sein des FARDC.

2. Pourtant les groupes résiduels des FDLR ne cessent de s’attaquer à la population civile et aux acteurs humanitaires…

Ce ne sont que des groupes résiduels comme vous l’avez relevé.
Cependant, la situation sécuritaire s’est sensiblement améliorée. Ce
que vous évoquez ne sont que de rares actes de banditisme. Cela n’a pas
empêché la population à se remettre au travail après ces affrontements
récurrents, comme ce fut le cas, en 2002, lors de l’éruption volcanique
de Nyiragongo. Aujourd’hui, la population du Nord-Kivu se remet
petit-à-petit de ses émotions et aspire à la paix après que les FDLR
eurent été neutralisées et que les groupes armés soient intégrés au
sein des FARDC. Nous savons que les groupes résiduels des FDLR gardent
encore des réseaux connectés avec qui, ces éléments restent en contact
pour se ravitailler en armes, en produits miniers afin d’entretenir
leur révolte. A Walikale, par exemple, 12 à 15 groupes ont été
démantelés grâce à l’opération conjointe FARDC-Armée rwandaise,
laquelle opération se poursuit avec l’appui de la Monuc. Après que
l’opération «Umoja Wetu» menée par le général John Numbi, le général
Amuli dirige l’opération conjointe «Kimia II» avec en complicité la
Monuc.

3. Le retour volontaire des déplacés, même des réfugiés
et leur sécurité ainsi que celle des acteurs humanitaires poseraient
des problèmes qu’il faut résoudre. Comment vous y prenez-vous ?

La sécurité n’a jamais été parfaite, ni totale en situation
post-conflit. Nous ne sommes pas découragés pour autant. C’est vrai que
les groupes résiduels des FDLR et quelques bandits tournent autour des
sites de déplacés pour les inquiéter. Nous sommes au début du processus
de paix et ces groupes résiduels traînent en encore les pieds ou
hésitent à adhérer au processus d’intégration ou de démobilisation. Ils
résistent pour plusieurs raisons dont celles de préserver leurs
intérêts économiques. Je suis convaincu qu’ils vont adhérer au
processus de paix. Je suis pour la paix au Nord-Kivu et nous allons
préserver les acquis de l’accord de Goma.

En ce qui concerne le travail abattu par le Groupe de travail
tripartite RDC-Rwanda-HCR sur le rapatriement des réfugiés de deux
pays, c’est une préoccupation pour nous au sujet des réfugiés congolais
partis au Rwanda en 1994. Le résultat des travaux de la Tripartite qui
s’est tenu à Goma concerne le retour volontaire des réfugiés congolais
du site de Kibuye au Rwanda, notamment. Le HCR va aider nos deux Etats
afin d’opérer la mise en place d’un cadre pour rassurer les uns et les
autres. Quant aux déplacés qui sont hébergés dans des camps autour de
Goma, nous avons reçu mission d’assurer leur retour en toute sécurité
dans leur zone de retour, notamment à partir de Kibati, Kibumba, Rugari
et Rumonge. Nous faisons un plaidoyer pour la mise en place pour une
réinsertion humanitaire. Nous sommes assurés de cette démarche, car
nous jouissons de l’appui moral du président de la République.

4. Le retour de la paix au Nord-Kivu est possible comme
vous l’avez dit, quel est l’état des relations entre l’Assemblée
provinciale et l’exécutif provincial ? Eclairez-nous au sujet d’un
prétendu découpage de votre province.

Les relations entre l’Assemblée provinciale et le gouvernement du
Nord-Kivu sont normales et excellentes. Il n’y a pas de bras de fer
comme d’autant l’insinuent. Vous savez que le 7 avril, j’ai été
interpellé par elle pour expliquer dans les détails la situation
politique et surtout sécuritaire sur l’ensemble de la province étant
donné que cela n’a pas été fait pendant les dernières sessions à cause
des affrontements récurrents. La séance du 7 avril a permis d’aplanir
plusieurs malentendus. Les députés sont partis en vacances
parlementaires rassurés par les explications que nous leur avons
données afin de préserver la paix chèrement acquise. Il nous appartient
de se consacrer aux activités économiques et remettre la population du
Nord-Kivu au travail. S’agissant du découpage de la province, il s’agit
d’une réflexion ; mieux une préoccupation faite par un groupe armé
pendant les négociations qui ont abouti à l’accord de paix. A ce sujet,
je rappelle que la Constitution fixe le nombre des provinces à 25. Et
il y a une longue procédure pour la modifier.

5. Comment se porte les 5 chantiers de la République au Nord-Kivu?

Le Nord-Kivu a souscrit à la réalisation des 5 chantiers du
gouvernement ; notamment à Rutshuru et à Goma. Grâce aux fonds propres,
nous avons construits 5 écoles, respectivement à Rutshuru, Lubero,
Kibumba, Nyragongo et à Masisi. Un centre de santé a été construit à
Kasindi et un autre réhabilité à Butembo. Nous avons stabilisé le
bitumage d’une artère principale de Goma à partir de Tora Tina et nous
a eu de la part du président Joseph Kabila un encouragement dans le
cadre de la réhabilitation du chef-lieu du Nord-Kivu. Ces travaux se
déroulent en dépit de la situation d’animosité dans la province.

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