21.04.09 Le Potentiel: Cinq questions à Jean-Claude Mokeni, par Stephane Etinga

 

1.Quelle est votre réaction après l’élection du nouveau
Bureau de l’Assemblée nationale avec à sa tête le prof. Evariste Boshab
?

Avant tout, c’est la victoire de la démocratie au sein de notre
Parlement. Nous venons de montrer notre maturité politique qui est
quand même appréciable. Il y avait de la sérénité malgré la fièvre de
la campagne. Et cela est normal. Je me réjouis personnellement de cette
élection parce que c’est le candidat de notre parti qui a été élu à une
écrasante majorité. Je pense fermement que c’est une grande victoire
pour le gouvernement et pour le président de la République.

2. Alors que l’on attendait l’extradition de Laurent Nkunda
en RDC, on vient d’apprendre par voie des ondes que ce dernier serait
en train d’être jugé au Rwanda. Qu’en dites-vous ?

La RDC est partenaire de la Cour pénale internationale. Je suis
choqué d’entendre que Laurent Nkunda est jugé au Rwanda. A quel titre ?
Car pour être jugé, il faut un requérant c’est-à-dire un plaignant. Or,
c’est la RDC qui a introduit la requête, et les ministres des Affaires
étrangères du Rwanda et de la RDC sont en train d’examiner comment
Nkunda va être jugé à Kinshasa. Je considère, pour ma part, qu’il
s’agit d’une simple rumeur. Parce que Nkunda doit être absolument
extradé en RDC où il sera jugé.

3. La situation sécuritaire reste préoccupante dans votre
province, à cause de la présence de la LRA dans le Haut-Uélé et le
Bas-Uélé. Quelle solution préconisez-vous ?

C’est une question excessivement grave. Je suis concerné parce que
je suis l’élu de Bas-Uélé. J’ai été sur place au mois de mars et j’ai
constaté que la situation était morose. Les ressources de la population
sont constituées principalement de l’agriculture, surtout pour les
paysans. Aujourd’hui, la présence de la LRA est néfaste dans la mesure
où elle empêche la reprise des activités économiques en général et
agricoles en particulier, à cause de l’insécurité. On ne parvient pas à
produire. Je saisis l’occasion pour féliciter et admirer le courage du
chef de l’Etat pour avoir fait appel aux armées ougandaise et
soudanaise dans une opération conjointe afin de mettre fin aux
ambitions de la LRA. Malheureusement il y a eu une opinion qui a
demandé que les troupes ougandaise et soudanaise puissent se retirer.
C’est ce qui a annihiler les efforts et détruit les résultats
escomptés, car la coalition n’avait pas terminé son travail.
Aujourd’hui, la LRA qui avait perdu ses bases arrières de commandement,
se trouve dispersée dans le parc de la Garamba. Je sais qu’il y ait des
commandants rebelles qui se sont rendus du fait qu’il y a eu beaucoup
de pertes du côté de la rébellion ougandaise. Au lendemain de la
cérémonie du retour des troupes ougandaises dans leur pays, plusieurs
villages ont été attaqués. Les rebelles restés étaient à court de
vivres et d’argent. Ils ont emportés un montant de 20 mille dollars de
MSF. En réaction, les FARDC ont envoyé un contingent de militaires à
Dingila. Je peux vous assurer que la présence de nos militaires
dissuade la LRA et l’empêche de multiplier ses attaques. J’appelle donc
la communauté internationale à travers ses différents organismes de se
trouver dans le Bas-Uélé pour apporter de l’aide à la population. Car
seul, le gouvernement ne peut rien faire étant donné que la crise
mondiale a entamé aussi notre monnaie, le Franc congolais.

4. Quelle est l’importance de la loi sur la délimitation des
frontières et espaces maritimes de la RDC que le Sénat vient de voter ?

Cette loi est très importante. Je remercie sincèrement les sénateurs
qui ont fait partie de la commission spéciale que j’ai co-présidée.
Cette loi se base sur les conventions existantes sur le droit de notre
pays à la mer. Elle reconnaît à chaque Etat ses frontières maritimes.
Aujourd’hui, il est question de l’accès de la RDC à la mer. Jusqu’à ce
jour, nous n’avions pas délimité notre espace maritime en vue
d’exploiter notre plateau continental où se trouve du pétrole. A
l’époque coloniale, la Belgique était un petit Etat par rapport au
Portugal, à l’Angleterre et à la France. La convention de 1885 signé
par le Portugal et ces pays avait donc aliéné les intérêts du Congo au
profit du Portugal. Léopold II avait fait du Congo une affaire
personnelle et la Belgique n’avait pas la capacité de faire face au
Portugal. C’est ainsi qu’ils ont signé une convention qui défavorisait
le Congo. Cette loi nous donne maintenant un plateau continental assez
large, non pas face-à-face avec l’Angola, mais côte-à-côte. Nous avons
un délai butoir qui expire le 13 mai prochain pour notifier aux Nations
unies notre délimitation du plateau continental. Il était important
pour nous de savoir quelle est la partie que nous devons exploiter et
celle qui n’est pas exploitée par nos voisins.

5. Quelle leçon avez-vous tirée du passage à Kinshasa du président français Nicolas Sarkozy ?

Le président Sarkozy a pu redonner les grandes lignes de la
politique et de la démocratie dans un pays de droit. Il y a un
président de la République et un Parlement qui légifère. Il n’y a pas
de confusion possible. C’est le message fort que j’ai capté. Car il y
avait tendance à croire que le Parlement s’ingère dans les affaires de
l’Etat. Notre rôle est de contrôler. Nous aidons ainsi le gouvernement
à atteindre ses objectifs au profit du peuple. Le président français a
souhaité aussi que les investisseurs français puissent signer des
contrats avec la RDC. C’est un signe positif, car n’oubliez pas que
nous sommes le premier pays francophone du point de vue de la
superficie de notre pays. La RDC est appelée donc à jouer un rôle
important au sein de la Francophonie. Et, le président Sarkozy l’a
confirmé ici. C’est ce que j’ai retenu de son passage à Kinshasa.

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