22.04.09 Le Potentiel : Cinq questions à Jean Munyampenda

Par  Le Potentiel

 

1. Le CNDP passe du groupe armé au parti politique. Comment allez-vous gérer cette mutation ?

Nous avons besoin d’un gouvernement vraiment stable, c’est-à-dire un
vrai partenaire avec lequel nous allons asseoir la paix et la sécurité
sur des bases solides et indispensables au progrès, à la reconstruction
de l’Etat. Pour ce faire, le gouvernement doit avoir une majorité
confortable pour opérer des réformes que nous appelons de tous nos vœux
: réforme de l’armée et des services, réforme de la police, réforme de
l’administration publique, réforme de la justice et la réforme des
institutions financières nationales.

Notre parti a un choix. Il n’est pas représenté à l’Assemblée
nationale ni au Sénat. Donc, il est important de s’allier au
gouvernement majoritaire pour faire passer nos idées. C’est une
question de nécessité politique. Le gouvernement a besoin de la paix et
le CNDP a besoin de faire passer un certain nombre de réformes qui
chasse l’exclusion et la mauvaise gouvernance.

2. Votre exposé serait-il la synthèse de votre
contribution dans l’accord du 23 mars ? Avez-vous des éléments
complémentaires à ajouter ?

La substance des accords est liée à notre lutte contre l’exclusion.
L’exclusion ethnique et symptomatique de la mauvaise gouvernance. Elle
est comme la fièvre alors que la mauvaise gouvernance serait la
malaria. Il faudra soigner la malaria pour éradiquer la fièvre. Pour ce
faire, nous avons surtout choisi des thèmes qui militent en faveur de
la bonne gouvernance et qui éradique l’exclusion ethnique et sociale
dans notre pays : libération des prisonniers ; système de conciliation
pour gérer les conflits locaux ou intercommunautaire ; retour des
réfugiés congolais des pays voisins du Congo ; retour des déplacés
internes vers leurs milieux d’origine ; reconstruction des voies
d’évacuation pour permettre aux populations de produire, pour eux et
pour le marché et enfin la mise en route des réformes essentielles pour
toute la nation. Il existe un calendrier de mise en œuvre qui sera
doublement piloté par un Comité national de soutien et un Comité
international de soutien aux Accords.

3. Avez-vous un projet de société spécifique à présenter aux Congolais ?

Je crois qu’il existe une propagande systématique anti-CNDP qui a
été développée durant les 4 dernières années et qui semble avoir marqué
les esprits à Kinshasa. Ce ne sont pas les exclus étrangers qui
refusent l’intégration, c’est l’intégration qui leur était plutôt
refusée pour des raisons obscures et dommageables pour la nation. Notre
lutte a été axée sur 7 principes fondamentaux et 4 axes stratégiques
essentiels. Nous n’avons jamais été des sécessionnistes ni en langage,
ni en actes. Les principes sont les suivants : intégrité territoriale,
cohésion politique à tous les niveaux, bonne gouvernance, démocratie,
développement économique et social et solidarité des peuples africains.
Doctrinalement, nous sommes des panafricanistes et nous nous ne pouvons
penser à l’éclatement des Etats africains. Nous pensons à leur unité, à
l’intégration régionale, économique ou politique. Nous sommes des
fédéralistes. Le Congo peut valablement être, unitaire et fédéral. Nous
prônons l’existence de 10 provinces fédérées au Congo à l’intérieur
desquelles, il y aurait des cantons décentralisés. Ce n’est pas nous de
vouloir subdiviser le Nord-Kivu en deux, mais plutôt notre volonté est
de retrouver plus ou moins le Grand Kivu, avec quelques aménagements.
Nous souhaitons dans le futur que les cantons puissent prélever 100 %
des recettes et les reporter selon la clé de 40 % pour le gouvernement
central ; 20 % pour les provinces fédérées et 40 % pour les cantons
afin de financer sur les programmes de développement.

4. Avez-vous l’intention de modifier l’ordre
institutionnel et constitutionnel ? Est-ce que le CNDP participera-t-il
aux élections locales ?

Nous comptons œuvrer dans
l’ordre institutionnel et constitutionnel en misant sur l’adoption
démocratique des lois après larges débats, voire sur des amendements
constitutionnels si nécessaire. L a logique de la guerre est finie.
Nous espérons que les élites du terroir seront touchées par notre
message. Du reste, nous comptons participer aux élections locales
prévues dans les mois prochains.

5. Le CNDP serait-il manipulé de l’étranger ? Quel est le sort qu’il réserve à Laurent Nkunda ?

Le CNDP est une organisation autonome et responsable. Les mauvaises
langues cherchent à nous assimiler aux étrangers et en particulier aux
Rwandais avec qui nous partageons la langue. Nous récusons cette
propagande irresponsable, qui au fond, est alimentée par des
tribalistes et extrémistes qui veulent nous exclure. Ne nous poussez
pas dans les bras des étrangers pour rien. Nous voulons la restauration
de la dignité congolaise, dans laquelle nous sommes des citoyens à part
entière. La présente paix issue de notre marginalisation volontaire
démontre à suffisance notre caractère pragmatique quitte à nous tous
d’œuvrer pour la convivialité. Quant à Laurent Nkunda, il est un
personnage qui a été longtemps médiatisé Il n’était pas le seul cadre
du CNDP. Il y avait au sein du CNDP un courant qui ne jurait que par
lui et un autre, plus rationnel, qui regardait plutôt aux solutions
ultimes. La paix, la sécurité, les réponses à mettre en route… sont les
bases de notre lutte. Les Congolais doivent apprendre à regarder le
déroulement des événements et à juger sur base du système de jeu en
place plutôt sur base des joueurs particuliers …comme au football.

Porte-parole du CNDP.

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