04.05.09 Le Soir: « Belgique – Congo : « Un nouvel élan », reconnaît Kinshasa »

Les
relations belgo-congolaises vont-elles connaître un nouvel élan ?

Après un
moment de flottement, il y a incontestablement un nouvel élan, nous sommes
déterminés de part et d’autre à porter cette coopération plus loin, plus haut,
d’aller plus vite et de mieux faire. Dès septembre nous nous retrouverons pour
voir de manière concrète comment utiliser l’enveloppe prévue pour 2010, que nous
espérons voir croître de manière progressive. Compte tenu de l’étendue et de la
démographie de ce pays il y a encore de la marge… Nous apprécions beaucoup la
détermination de la Belgique de demeurer solidaire par ces temps de
crise et du côté congolais, nous allons veiller à améliorer notre capacité
d’absorption des ressources.

La partie
congolaise a-t-elle eu gain de cause pour ce qui concerne la défense des
principes que vous avez rappelée ?

Disons
plutôt que le dialogue entre le Congo et la Belgique a produit des
fruits, que des principes ont été acceptés par les deux parties et que nous les
avons traduits dans notre coopération pour l’année à venir. La normalisation est
en marche, en ce qui concerne le consulat de Lubumbashi le titulaire est déjà
désigné, ce n’est plus qu’une question de calendrier et pour Bukavu c’est en
cours également.

Le Ministre
De Gucht viendra-t-il encore au Congo ?

Je ne crois
pas qu’il y ait un sentiment anti De Gucht au Congo… Ce qu’il faut comprendre
c’est que nous considérons que les relations entre la Belgique et
la RDC sont tellement importantes que nous devons les mettre à l’abri
de tout refroidissement. Quand on veut éviter de prendre un coup de froid, il
faut veiller à bien se couvrir…

Vous vous
êtes beaucoup occupé de la situation à l’Est. Or des informations font état de
massacres, de reprise des combats… Où en est-on ?

Pour
apprécier où on en est il faut se remémorer où on en était l’automne dernier. En
octobre novembre c’était la guerre ouverte. Chaque jour on enregistrait des
morts, des viols en grande qualité, c’était une véritable catastrophe
humanitaire, les agences ne pouvaient accéder aux
populations…

Un énorme
travail a été abattu sur plusieurs plans, diplomatique (le réchauffement de nos
relations avec le Rwanda) militaire (l’opération rwando-congolaise Umoja Wetu
contre les rebelles hutus), politique (les négociations directes avec le Congres
national pour la défense du peuple de Laurent Nkunda et la conscientisation des
populations pour préserver la paix et se distancer des groupes armés) Tout cela
a enrayé la tragédie… Je note que, jusqu’aujourd’hui, même s’il y a eu des
incidents dramatiques, ils ont été localisés et qu’ils sont seulement le fait
des FDLR. Les autres accords tiennent, nous n’avons pas enregistré d’actions
offensives de la part des groupes qui ont signé les
accords.

Certes, il
y a des difficultés dans le processus d’intégration des différents groupes mais
elles sont dues au problème général de la restructuration de nos forces armées,
cela n’a rien à voir avec les aspects spécifiques de l’intégration… En plus, la
semaine prochaine, nous attendons l’arrivée d’une délégation du CNDP afin de
finaliser les accords politiques, et la loi sur l’amnistie est en chantier au
niveau du Parlement, les ministères de la Défense et de la
Justice
travaillent sur la question des prisonniers politiques… Bref, tout
avance… Sur le plan international, les réunions tripartites entre nous, le
Haut-commissariat aux réfugiés et les pays voisins où se trouvent des réfugiés
congolais, commencent à se tenir, l’organisation de leur rapatriement est déjà
amorcée… Bref, quand on voit tous les éléments qui font partie de l’accord, moi,
je suis très confiant.

Il faut
savoir que nous avons discuté avec tous ces gens durant une période relativement
longue et on a pu nous le reprocher. Mais ce délai nous a permis d’aborder tous
les aspects des problèmes, aucune des facettes n’a été occultée. Lorsqu’il a été
question de l’intégration des hommes de Nkunda, nous avons dit que, dès le
départ, il fallait qu’ils sachent qu’ils allaient intégrer des forces armées
dans l’état où elles étaient. Forger une conscience nationale, cela passe aussi
par le fait de vivre ensemble certaines difficultés et de travailler ensemble à
l’amélioration de la situation.

Certes, sur
le terrain, les militaires peuvent souffrir de la faim, de difficultés
d’approvisionnement, mais cela ne résulte d’aucune discrimination, tous nos
militaires partagent le même vécu… Et surtout, cela ne leur déplaît pas d’être
en situation de paix et aussi de légitimité…

Puisqu’il y
a de tels progrès, comment expliquer les inquiétudes exprimées par la communauté
internationale, l’absence de félicitations ?

Je le
répète : les quelques incidents que l’on enregistre ne sont pas le fait des
Congolais entre eux, ils résultent de l’action des FDLR, les rebelles hutus.
Nous savons que tant que cela ne sera pas réglé, la paix demeurera fragile. Ce
qu’il faut faire, c’est consolider la confiance entre Congolais, ne pas nourrir
par des déclarations intempestives le ressentiment d’une partie de la population
contre une autre… Sur le plan international, je suis frappé par la profusion de
félicitations que nous recevons en coulisses et le silence assourdissant observé
sur la place publique…

Or
l’amélioration des relations avec le Rwanda est tout de même un élément
fondamental pour la paix régionale et nous sommes déterminés à poursuivre dans
ce sens, car nos deux peuples ne peuvent qu’en tirer
bénéfice.

Nos deux
chefs d’Etat veulent transformer cette région en zone de paix. Et c’est bien
pour cela que cela va marcher…

Où en est
la normalisation avec le Rwanda ?

Elle est en
cours, les échanges d’ambassadeurs vont se faire. Quant aux FDLR, leurs
structures de commandement a subi des coups décisifs. Si la pression est
maintenue, d’ici deux trois mois il y aura un changement majeur car on ne leur
laisse pas le temps de se rééquiper, de se réorganiser, ils n’ont pas réussi à
reprendre le moindre centre important… En outre, leur réseau de communication
est cassé, or c’est à travers cela qu’ils recevaient messages, encouragements et
directives. A ce propos, il faudrait que la communauté internationale fasse
preuve d’un engagement plus déterminé. Or on sent comme une brèche dans la
détermination à régler une fois pour toutes ce problème. De plus, alors que nous
ici nous travaillons à convaincre ces éléments du FDLR qu’ils ont intérêt à
rentrer au Rwanda et à déposer les armes, il n’est pas normal que leur
leadership politique, à partir de capitales occidentales, leur envoie des
messages les incitant à tenir bon, à ne pas s’impliquer dans le programme de
rapatriement. Ces messages viennent de Bruxelles, d’Allemagne, de
Grande-Bretagne, des Etats-Unis. Pourquoi nos partenaires ne disent-ils pas à
ces gens que s’ils continuent à déstabiliser toute une région, et à quel prix,
ils ne seront plus les bienvenus dans ces pays. Il faudrait que l’on fasse
davantage…

Que
pensez-vous du rôle de la Monuc ?

Les 3000
hommes prévus en renfort ne sont toujours pas arrivés, mais la Monuc
nous assiste dans les opérations en cours. Le problème n’est pas celui du
nombre, mais des compétences requises. Il faudrait que la Monuc soit
dotée d’unités spéciales, capables de faire face à ces développements très
particuliers, qui ne sont pas ceux d’une guerre
conventionnelle…

Nous sommes
à un stade où s’affrontent deux volontés : ceux qui veulent mettre fin,
définitivement, à la guerre et à la violence et ceux qui, pour une raison ou une
autre, souhaitent que cela continue… Le camp de la paix pourrait l’emporter,
mais il faut que le dernier petit effort supplémentaire soit fourni, le dernier
coup de pouce. Si la communauté internationale baisse les bras ou temporise,
tout peut être brisé… Je ne comprends pas certaines tergiversations… Il est vrai
que d’aucuns tirent plus de profit de la guerre que de la paix, surtout au
niveau des intérêts locaux, ce qui n’implique pas nécessairement les
Etats…

Les
objections suscitées par les contrats passés avec la Chine sont-elles
en passe d’être surmontées ?

Ces
contrats ont suscité beaucoup d’émotion, beaucoup de craintes souvent
irrationnelles d’ailleurs. Je crois que maintenant nous avons persuadé tous nos
partenaires que, non seulement il y avait de la place pour tout le monde, mais
que le décollage du pays passait par un développement de ses infrastructures.
Quant aux objections du FMI, qui redoute un nouvel endettement car l’Etat
apporte sa garantie aux crédits qui nous sont consentis, nous soulignons que
l’Etat ne s’engage pas directement, qu’il ne se trouve qu’en deuxième ou
troisième position. En fait, nous voulons deux choses, impérativement et
simultanément : atteindre le « point d’achèvement » où nous allons bénéficier
d’une remise de notre dette (rappelons que ce remboursement de la dette coûte de
40 à 50 millions de dollars par mois qui, sinon, pourraient être injectés dans
les secteurs sociaux…) et aussi maintenir les contrats passés avec la
Chine
, cette injection de 9 milliards de dollars dans les infrastructures,
ce qui nous permettra de faire décoller tout de suite notre économie…
Actuellement tout indique que la Banque Mondiale nous comprend et
qu’avec le FMI, nous avançons, très
lentement…

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