07.05.09 Le Potentiel: Cinq questions à Gabriel Mola Motya, par Stephane Etinga

 

1.Comment se porte le secteur de l’exploitation et de la commercialisation du bois en RDC ?

Le secteur du bois se porte mal quant à l’exploitation et la
commercialisation du bois dans notre pays. La crise financière
internationale qui frappe le monde n’épargne pas ce secteur. A quoi bon
de continuer à exploiter, à abattre les arbres et à produire du bois,
quand on ne sait plus vendre ? L’effondrement des marchés du bois sur
le plan international et l’effritement sans cesse du pouvoir d’achat
sur le marché interne, ajoutez à cela le poids de la fiscalité et de la
parafiscalité, ne sont-ils pas autant de questions qui n’augurent pas
de lendemains meilleurs pour le secteur ?

2. Quelles propositions utiles faites-vous au gouvernement d’une part, et aux opérateurs exploitants forestiers d’autre part ?

Au gouvernement, nous ne cessons d’insister sur le fait qu’il doit
s’assumer en exécutant le plan de sauvetage de crise qu’il a adopté
pour accompagner le secteur du bois en cette période de crise. Le
gouvernement doit comprendre que sans la mise en application des
mesures d’allègement adoptées en réunion du Conseil des ministres du 13
février dernier, il est en train de sacrifier un secteur de production
très important de l’économie nationale. C’est même suicidaire de la
part du gouvernement s’il ne met pas en pratique ce qu’il a lui-même
décidé en âme et conscience. Ces mesures portent, entre autres, sur la
suspension de la redevance de superficie forestière, de la suspension
des droits de sortie, la suppression de la taxe sur carburant, la
diminution de la taxe demi-transit à l’Onatra, la suspension de la taxe
de reboisement, et la suspension de la taxe de promotion de l’industrie
dans le cadre du Fonds de promotion industrielle, la révision au tiers
de l’impôt sur le chiffre d’affaires (Ica) applicable aux ventes
locales de bois, etc. Enfin, nous proposons au gouvernement d’éviter la
double taxation pour une même activité inhérente au secteur et
d’harmoniser réellement avec les différents services taxateurs, car,
agir autrement, serait de la tracasserie et terrorisme fiscal. Le
gouvernement doit ouvrir l’œil sur l’exploitation forestière illégale
et organiser le secteur artisanal. Le dossier relatif à la conversion
des anciens titres en contrat de concession forestière restant pendant,
le Premier ministre doit prendre un décret pour convertir les sociétés
qui ont reçu les observations particulières de la part de la commission
interministérielle conformément à la décision du Conseil des ministres
du 13 février 2009. Pour la FIB (Fédération des industriels du bois en
RDC), il s’agit de Transbois, ITB/Bikoro, Parc Afrique et Safo. Quant
aux exploitants forestiers industriels, ils sont tenus au respect des
textes réglementaires et des lois qui régissent leurs activités et des
obligations vis-à-vis de l’Etat et des populations locales afin de
préserver la paix sociale.

3. En votre qualité d’ancien gouverneur de la province de
l’Equateur, que dites-vous de la détérioration de la situation
politique marquée par des tensions de toutes sortes dans cette partie
de la RDC ?

C’est très malheureux et très regrettable avec tout ce que nous
apprenons sur l’Equateur maintenant. Je crois qu’il y a un sérieux
problème quant au respect des lois, des personnes et même de
l’affirmation de l’autorité de l’Etat. On ne dirige pas un pays sur
base des sauts d’humeur. Il est grand temps que tous, gouvernants et
gouvernés, on apprenne à respecter la loi et qu’on s’y conforme aux
règles de jeu. Les institutions démocratiques mises en place doivent
jouer leur rôle et non être la source de conflit. Il ne faut pas que
l’Assemblée provinciale de l’Equateur crée de la confusion dans les
esprits. Respectons tous les lois du pays, respectons le droit tel
qu’il est dit par nos cours et tribunaux et respectons la procédure
définie par la loi chaque fois qu’on veut amorcer une action. L’heure
est à l’apaisement et non aux tensions. Evitons des déchirements et des
querelles inutiles. Je dis à mes compatriotes de l’Equateur ceci : « la
politique est un métier noble mais exerçons-le avec dignité ».

4. Quelles sont pour vous les stratégies de développement à court et moyen termes pour votre province ?

Deux atouts majeurs pour le développement de la province de
l’Equateur : l’agriculture et l’exploitation forestière industrielle.
L’Equateur doit profiter de sa forêt. Elle doit être une source des
richesses et l’exploitation forestière industrielle est capable de
créer des emplois et de générer des richesses. Quitte à l’Etat
congolais de rétrocéder réellement à la province, conformément aux
lois, la part de la manne forestière qui lui revient. La relance de
l’agriculture est une priorité pour la province. Il faut donner d’abord
à manger à la population. Un apport en intrants agricoles reste
indispensable. Cela suppose aussi la réhabilitation des routes de
desserte agricoles pour faciliter l’évacuation des produits agricoles
vers des centres de consommation. Ce sont des actions à entreprendre à
court terme. A long terme, il faut envisager de remettre en état, les
centres de formation et d’encadrement agricole, les écoles techniques
pour renforcer les capacités des paysans, des moniteurs agricoles, des
animateurs ruraux, des vétérinaires, etc. Il faut enfin relancer
l’agriculture industrielle (palmier, coton, canne à sucre, caféier,
cacaoyer) et l’élevage du gros bétail.

5. La date du 30 avril de chaque année est une dédiée à
l’enseignement en RDC. Quelle place occupe ce secteur dans la vie d’un
individu ?

Vous savez bien que je suis un enseignant, donc un éducateur. Dans
la mesure où l’éducation tend à faire de l’individu un être utile à la
société, le secteur de l’éducation revêt une place de choix dans la vie
non seulement d’un individu, mais aussi de toute une nation. La RDC
pour avoir négligé le secteur éducatif paie les frais aujourd’hui. Le
pays est devenu un empire d’anti-valeurs. Qui l’aurait cru ? Il faut
revaloriser l’enseignant et le secteur pour façonner le Congolais. Un
réarmement moral pour des lendemains meilleurs passe par l’éducation du
Congolais aux vraies valeurs. Le président Joseph Kabila a très bien
compris cela quand il fait de l’éducation l’un des cinq chantiers de la
République.

Droits de reproduction et de diffusion réservés © Le Potentiel

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.