07.05.09 Réveil FM: "Les Nouvelles crises sont porteuses, d'un nouvel avenir du Congo" dixit Jean Kalama-Ilunga

Jean Kalama-Ilunga, secrétaire Général de l'Ucdp

En effet, la
perception des faits ou même leur lecture étant relative et souvent
empreinte de subjectivité génératrice d’erreurs d’analyse, n’est pas un
exercice facile!

En tant que politique ayant des convictions fortes, je suis exposé
aussi à la subjectivité donc à l’erreur d’analyse, je le reconnais!

Mais, pour aider mon pays, il est nécessaire de promouvoir une
approche objective qui tient compte des réalités de l’environnement
mondial qui évolue chaque jour et évidemment des réalités locales!

A ce titre, Je me fais violence afin de contenir ma colère et ma
révolte. je suis effectivement un homme en colère et révolté contre ce
qui se passe dans mon pays la RDCongo et sur le scénario qui s’y
déroule sous forme de résolution de crise. En colère et révolté
également face à l’ostracisme délibéré contre les victimes des crimes
de guerre, des viols privées de justice ! Enfin,Je suis en colère et
révolté face au pouvoir congolais qui, sournoisement, s’efforce
d’imposer un vernis de ’’paix’’ en piétinant la justice qui est
pourtant la garante de toute paix sérieuse et durable.

 

Mon pays demeure un nain politique, social, économique, à cause de la défaillance humaine

 

Situé au cœur du continent africain, la République Démocratique du
Congo est un pays immense du point de vue de la superficie et elle
dispose des potentialités évidentes notamment, une position
géostratégique avantageuse si elle est bien exploitée, des réserves
énergétiques et minéralogiques qui n’appellent pas à l’indifférence,
une diversité écologique ainsi que plus ou moins ¾ de la forêt vierge
de l’Afrique tropicale .

Forcément, cette description de mon pays ne peut que me donner de la
fierté d’une part ! Malheureusement et paradoxalement, d’autre part,
mon pays demeure un nain économique, social, politique à cause d'un
manque de volonté politique et de la défaillance humaine.

En effet, face à la complexité des problèmes inhérents à l’exercice du
pouvoir, le pilotage de la RDCongo impose aux dirigeants une volonté et
des qualités exceptionnelles indispensables pour dépasser les
contraintes et les contradictions à court terme voire, pour sortir
notre pays de la tyrannie du hasard et du joug des déterminismes qui
sont un frein pour la construction de l’avenir de la RDCongo !

Pour comprendre d’abord ce qui se passe autour de nous et pour savoir
distinguer dans notre environnement les contraintes et les opportunités
de façon à les influencer ou à nous adapter pour y faire face, disposer
d’un état d’esprit inspiré des principes de l’anticipation est
l’indication appropriée!

A cause de la défaillance humaine, la République Démocratique
du Congo est depuis plusieurs années le théâtre des atrocités
consécutives à l’incurie d’une crise multiforme délibérée!

Pour cette occasion, j’ai pris l’option de focaliser mon
intervention sur ces crises afin d’en donner un sens pour qu’elles
soient porteuses d’espoir !

Sortie du crise : En RDCongo, les crises s’entremêlent… : crise d’hommes, crise de pouvoir, crise de moralité,

Comment sortir des crises comme celles qui sévissent en RDCongo,
lorsqu’on n’en saisit pas les tenants ni les aboutissants? Quand est-ce
qu’on peut dire qu’il y a crise?

Les crises classiques dans un jeu d’acteurs sont souvent
consécutives à l’absence de régulation ou de règles du jeu adaptée
voire au refus de s’adapter aux nouvelles règles du jeu!

Mais, dans mon pays, la RDCongo , les crises s’entremêlent de
telle sorte que, si, pour les crises classiques, pour en sortir, il
convient de s’adapter en instaurant les nouvelles règles de jeux
locales ou internationales afin de maîtriser les mutations et ne pas
seulement les subir, ce chapelet de crises de chez moi sont devenues
des rigidités structurelles difficiles à éradiquer du fait de leur
accumulation au cours de nombreuses années si bien qu’il est hasardeux
de s’y attaquer sans risquer d’en provoquer d’autres!

La communauté internationale à savoir les Nations Unies était
intervenue plusieurs fois pour organiser la sortie de crise en RDCongo
en apportant et en appuyant comme nouvelles règles du jeu : l’impunité!
Les criminels de guerre, les violeurs, les pilleurs reçoivent, sous
l’égide de l’ONU, l’immunité et les postes de pouvoir en prime! Ces
criminels, arrivés au pouvoir politique noyautent et bloquent le
système judiciaire qui privent aux victimes l’accès à la justice!

Le cas probant de la négociation gouvernement-CNDP est le copier-coller
de ce qui s’était passé avec le Rcd de Ruberwa et consorts! Les mêmes
ingrédients sont utilisés notamment celles qui concernent la
soit-disant minorité tutsi en RDCongo où chaque tribu est pourtant une
minorité par rapport à toutes les autres!

Pendant 5 ans, nous avions assisté à des scènes de violence qui
avaient semé la mort et la désolation. En quelques jours, les Nations
Unies qui avaient déjà fait preuve de son instrumentalisation contre la
RDCongo , ont couvert la mascarade consistant à abuser du slogan’’ paix
’’ par la voie de la facilité consistant à installer la paix sur base
d’ingrédients du débat de société de nature conflictuelle!

A la lumière de tout ceci, il apparaît qu’il n’y a aucune volonté
politique réelle de changer les choses dans le sens des aspirations des
congolais qui aspirent profondément à la paix, à la justice et à la
souveraineté! La justice et la paix étant indissociables! N’en
déplaisent à certains!

Après la grande guerre des années 1940 à 45, il avait fallu frapper
fort avec le procès de Nuremberg comme variable clé du processus pour
la réconciliation et la paix durable en Europe. En France, le maréchal
Pétain était déferré devant la justice pour haute trahison et il y
était condamné à mort avant d’être gracié!

Il est avéré qu’en RDCongo, le blocage délibéré de la justice à
l’encontre des criminels de guerre, de génocide et autres viols dans le
processus de paix est générateur d’autres crises et de germes de
conflits futurs!

Face à la complexité des crises qui sévissent en RDCongo et,
pour éclairer, en particulier, l’opinion congolaise en vue d’optimiser
la compréhension en profondeur pour se défendre, Je me suis interrogé
si, à cette table ronde, je ne devrai pas faire de la redite sur les
faits tant décriés que, d’ailleurs les premiers intervenants ont
développé brillamment chacun à sa façon! Mais, après réflexion, j’ai
résumé ma pensée au travers l’intitulé de ma communication :"La
nécessité pour le changement en vue de la construction d’un nouvel
avenir par des crises dites porteuses d’espoir".

La plupart des pays sont confrontés aux mêmes mutations de
l’environnement international, mais, l’origine des crises varie d’un
pays à l’autre parce qu’elle est plus interne qu’externe!

C’est pour cette raison, d’ailleurs, que toute sortie de crise devra, avant tout être cherchée en interne!

Autrement dit, dans un même système normal, la crise résulte de
l’opposition entre les forces du changement à savoir géopolitique,
sociale, économique face aux forces d’inertie comme les mentalités, les
comportements collectifs, les structures politiques, sociales ou
juridiques….

Dans un jeu d’acteurs, la crise s’installe lorsque le
changement de rapport des forces est suffisamment puissant pour
perturber les anciennes règles du jeu mais pas assez pour en imposer
des nouvelles! Dans ce cas, le système restera déréglé et en crise
constante tant que durera la phase de transition pendant laquelle
l’ancien ordre continue à investir le terrain alors que le nouveau
n’est pas né!

La RDCongo est en plein dans ce délire! L’ancien système qui
constitue l’essentiel des forces d’inertie, continue effectivement à
envahir l’espace national avec tout son lot de tares à savoir la
corruption à tous les niveaux, l’impunité institutionnalisée, le
mensonge politique!

Quant aux forces du changement, elles n’ont pas pu imposer les
nouvelles règles du jeu qui correspondent aux aspirations du peuple
étouffées!

Des interrogations restent toujours les mêmes :

1. Comment provoquer l’indispensable changement des comportements et des structures socio-organisationnelles ?

2. Que faire pour s’attaquer aux rigidités structurelles évoquées précédemment ?

3. Comment et par qui trouver la volonté politique suffisante pour provoquer le changement ?

Je ne peux pas terminer, sans proposer quelques pistes en vue de
la sortie des crises. Pour le cas de la RDCongo , il n’est pas évident
de sortir d’une seule crise sans provoquer la naissance d’autres crises
qui vont rejoindre le chapelet de crises qui s’y enchevêtrent: crise
d’homme, crise politique, crise économique, crise sociale, crise de
souveraineté, crise de moralité, crise de pouvoir

Quête de crise majeure génératrice de nécessité pour le changement

– A mon humble avis, à défaut de la possibilité d’une nouvelle
donne sociale, il faudra, hélas! hélas! plus et encore des crises pour
que s’imposent les transformations et les adaptations nécessaires en
opposition aux résolutions-marchandises pour la paix en RDCongo qui
n’ont été que des occasions créées pour installer au pouvoir des
criminels, et autres violeurs!

– En revanche, tout en étant pessimiste pour le court terme,
je reste optimiste pour le long terme parce qu’en effet, certaines
crises bien qu’elles soient porteuses des menaces, peuvent être aussi
porteuses d’opportunités de changement qu’il faut saisir! Ce changement
devra sortir d’un consensus dicté par la nécessité ! De ce fait,
certaines crises sont porteuses d’espoir parce qu’elles ont le mérite
de provoquer effectivement la nécessité!

Au regard de la manière dont sont menées les résolutions de crises en
RDCongo à savoir dans l’opacité totale derrière laquelle :

– les congolais sont exclus du débat politique, bien que

concernés au premier chef par toute décision prise dans leur

propre pays,

– les victimes des viols, des massacres sont privées délibérément

de justice tandis que les violeurs, les criminels, les pilleurs

reçoivent en prime les postes de pouvoir et l’amnistie de fait au

nom d’une ’’paix’’ sans contenu,

– l’armée est fragilisée et infiltrée à tous les niveaux, les

institutions sont déstabilisées,

– le pouvoir politique manque de leadership et il est assujetti
aux intérêts qui ne sont pas ceux du peuple congolais et à un pouvoir
étranger!

Seule une crise majeure est susceptible d’engendrer la
nécessité pour le changement! Plus de 6 millions de congolais qui
avaient péri par les massacres consécutifs à certaines crises imposées
au peuple congolais, sont privés de justice parce que les
commanditaires font du lobbying pour bloquer toute action judiciaire
contre les criminels de guerre, les pilleurs, les violeurs, les
responsables du génocide en RDCongo!

En RDCongo, l’action de l’ONU, instrumentalisée par le groupe
d’intérêt que nous avons déjà identifié et dénoncé, a perdu toute
crédibilité, elle ne pourra la recouvrer que si elle lance, sans état
d’âme, des mandats de comparution à la CPI contre les commanditaires!

 

Pendant le débat modéré par le journaliste Jacques Matand de
radio Okapi, la présidente de RIFEN Nord-Pas-Calais Madame Eliane Aissi
qui a introduit la rencontre, est intervenue pour dépassionner les
échanges!

Quelques contributions intéressantes ont démontré l’utilité de
la table ronde pour l’éveil des consciences et l’engagement populaire
pour la lutte contre la tragédie humaine qui sévit à l’Est de la
RDCongo , notamment les contributions de l’association Objectif Congo
pour la mobilisation de la jeunesse, de Monsieur Eva Lumanisha qui a
plaidé pour la création d’un collectif pouvant servir de support pour
la sensibilisation des dirigeants du monde, du professeur Loseke qui a
fait remarquer que la lutte contre les viols, … ne doit pas être
l’exclusivité des seules femmes !

Pour terminer, madame Christine Boko a lancé un appel solennel à tous
les congolais pour un éveil patriotique pour faire face aux adversités
multiformes imposées au peuple congolais!

Nous l'avions évoqué
depuis plusieurs mois. Joseph Kabila et Paul Kagamé viennent de passer
une autre étape du plan d'occupation du Kivu par la Rwanda.

Sur
le prétexte de pourchasser les FDLR, l'occupation du Kivu(Nord et Sud)
par l'armée rwandaise se fait de façon très habile et insoupçonnée sous
"anesthésie générale" . Avec les opérations mixage avec les troupes du
CNDP et Umoja wetu (notre unité), le Rwanda vient d'infiltrer des
milliers de ses soldats dans les FARDC avec la complicité actuellement
explicite de Joseph Kabila. Ces militaires de RDF(rwanda défense
forces) désarment et chassent tous les militaires de FARDC partout où
ils s'installent dans le Kivu.
La majeur partie des brigades des FARDC ont été récemment mutés dans
d'autres provinces pour laisser la place aux prétendus troupes des
FARDC issues du CNDP mais qui en réalité sont des éléments de RDF
infiltrés au Kivu.. Il va certainement se crée un état de fait : un
pays, deux systèmes de gouvernement. L'ouest du pays dirigé par Joseph
Kabila et l'est du pays sous la coupe de Kagamé mais seulement pour le
contrôle et le pillage des ressources du Kivu. Celui qui a l'armée;
c'est celui-là qui contrôlera le pouvoir et les richesses du Kivu.
Sarkozy avait déjà préconisé cela : Le partage d'espaces et des
richesses de la RDC avec le Rwanda voisin.

C'est ce qui s'applique actuellement. Qui vivra verra….

Laissez un commentaire

Vous devez être connectés afin de publier un commentaire.