08.05.09 Le Potentiel : Cinq questions à David Hotte

1. Vous venez d’animer un Séminaire professionnel sur la Lutte contre
le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme. Quels sont
les enseignements principaux qu’on peut tirer de cette formation?

Les enseignements que je viens de tirer dans l’ensemble, c’est le
fait que dorénavant les banques congolaises sont prêtes à accueillir
l’arrivée de la future CENAREF (Cellule nationale de renseignement
financier). Et je pense qu’il y a des acteurs qui sont réellement prêts
et motivés pour lutter efficacement contre ce fléau qui est le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

2. Que dites-vous de ceux qui soutiennent qu’il n’y a
pas de développement économique sans lutte contre le blanchiment de
capitaux?

Je pense effectivement qu’il n’y aura pas de développement
économique sans lutte contre le blanchiment de capitaux pour la simple
et bonne raison que le blanchiment est un fléau qui bloque le
développement économique. Et si on ne fait rien contre le blanchiment,
on arrive à une économie qui stagne voire qui ne se développe pas du
tout.

3. Comment expliquez-vous l’absence quasi-totale des pays africains sur la liste noire du GAFI ?

Il convient de souligner d’abord que le GAFI (Groupe d’Action
Financier) est un organisme intergouvernemental qui établit des normes,
développe et assure la promotion de politique de Lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. C’est une
bonne chose pour le développement du continent africain. Il y a eu le
dernier pays qui a quitté la liste noire du GAFI c’était le Nigeria. A
mon humble avis, rien ne justifiait la présence de ce géant africain
sur cette liste étant donné les résultats obtenus dans le secteur de
lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du
terrorisme. C’est la preuve qu’on a mis en place de bonnes législations
et des actions qu’il faut mener pour combattre ce fléau. Aucun pays
africain n’a sa place sur cette liste.

4. Quels sont les grands axes de recommandations du GAFI?

Ce qu’il faut retenir sur les grands axes de développement du GAFI,
c’est d’abord une recherche de coopération internationale entre les
États. C’est faire en sorte que tous les États aient une législation et
surtout que tous les États soient dotées de cellules de renseignement
financiers mais aussi des institutions qui soient à même de faire des
enquêtes. Il est aussi question de faire en sorte que la justice
travaille sereinement dans tous les cas. Il faut rappeler que les
quarante recommandations et les huit recommandations spéciales du GAFI
ont été reconnues par le Fonds monétaire international et la Banque
mondiale comme les normes internationales en matière de lutte contre le
blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

5. Quelle peut être la thérapie de choc pour la RDC de lutter efficacement contre le blanchiment de capitaux?

Je pense qu’il faut mettre en place les outils de lutte
anti-blanchiment. Il appartient aux pouvoirs publics de soutenir la
CENAREF en la dotant des moyens nécessaires pour son fonctionnement.
La justice doit aussi faire correctement son travail en condamnant
quand c’est nécessaire les gens pour faits de blanchiment de capitaux
et financement du terrorisme.
En ce qui concerne les acteurs de lutte, il ne s’agit pas seulement des
magistrates mais aussi des policiers, les douaniers, les inspecteurs
d’impôts et les futurs fonctionnaires de la CENAREF. A ces acteurs
s’ajoutent également les assujettis que sont les banquiers, assureurs,
avocats, experts­comptables et des gens qui traitent les matières de
haute valeur.

Consultant International et Responsable du Département Prévention de la Délinquance Financière
(Direction Juridique et Conformité) à la Banque Fédérale du Groupe Banque Populaire (BFBP) à Paris/France.

Par BIENVENU MARIE BAKUMANYA

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